Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« L’enfance est aux humains le matin de leur jour »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 166).

CXCIIII.


L'enfance est aux humains le matin de leur jour
Le Prin-temps de leur an l'amoureuse Jouvence,
Et la virilité qui suit l'adolescence
Le mydi & l'esté si dous à son retour.

La vieillesse contraire aux esbas de l'amour
Du vespre & de l'Automne a pris sa ressemblance,
La mort de nos forfais rigoureuse vengence
Est la nuit & l'hyver qui nous gelle à son tour.

O DIEU tu as prefis le terme de nostre àge
Qu'on n'outre-passe point & si l'homme volage
Dont le soufle & la vie à ses narines pend,

Ne considérant pas que le frivole nombre
De ses jours passagers devant toy n'est qu'une ombre
Pensant vivre toujours jamais ne se repend.