Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Il y à me dis-tu de la peine à mourir »
Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
XLII.
Il y à me dis-tu, de la peine à mourir,
Il y à bien du mal à curer un ulcere :
Mais telle est du destin l'ordonnance severe
Qu'il faut avec douleur aus douleurs secourir :
Un mal se veut tousjours par un autre guarir,
A l'enflure est requis le glaive, & le cautere,
Le bien mondain s'acquiert par travail, & misere,
Et le moindre accident le nous fait encherir :
Mais bien que tel passage ait quelque mal-encontre,
Si ne doit on pourtant, quant on vient eu rencontre
Le passer en tramblant d'un courage douteus ;
Abouche un marinier qui pratique sur l'onde,
Tu verras s'il te dit qu'il y ait port au monde
Qui n'ait l'acces estroit, difficile, & fascheus.