Le Mespris de la vie et consolation contre la mort/« Ce que tu vois de l’homme, homme, l’homme n’est pas »

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort
Le Mespris de la vie et consolation contre la mortNicolas de Moinge (p. 73).

XCVII.


Ce que tu vois de l’homme, homme, l’homme n’est pas
C'est seulement l'escorce, & la cocque fragile
De l'ame incorruptible, immortelle, & fubtile
Durant ce peu de tems quelle loge icy las.

En voulons nous esclorre, & maugré le trespas
Devenir Citoyen de l'eternelle ville ?
Rompons premierement ceste prison servile
Foulant dessous les piés les terrestres appas.

Ainsi quant le Phœnix aggravé de viellesse
Se veut regénerer en nouvelle jeunesse
Soy-mesme il se bastit son nid, & son tombeau

Se bruslant au Soleil, un vert nait de sa cendre,
Du vert, un euf, de l'euf s'esclot un oiseau tendre,
A l'autre tout pareil, mais plus jeune, & plus beau.