Le Livre rose/1/Une Croix d’or

Ménessier-Nodier
Urbain Canel & Adolphe Guyot Date (1p. 175-238).

UNE CROIX D’OR.

I.

Le retard.



« En vérité, je vous le dis, Henriette, Arthur devrait être ici depuis plus d’une heure. »

Lord Glennaker accompagna ces paroles, qui ne veulent pas dire grand’chose, d’un malin sourire et d’un clignement d’yeux qui en voulaient dire beaucoup, et frappa légèrement du doigt sur la montre qui accusait l’absent, en fredonnant la vieille chanson anglaise : By the gaily circling glass.

Tout cela s’adressait à une jolie personne, qui faisait semblant de travailler avec ardeur à une broderie qui pourtant n’avançait guère, et qui était assise sur une petite chaise à côté du grand fauteuil du vieillard. Il n’y avait rien de moins anglais que la beauté de cette jeune fille. En Angleterre, généralement, quand les femmes ne sont pas horriblement laides, elles sont charmantes ; elles ont une peau blanche et rose, et satinée, des cheveux blonds, doux comme de la soie, et qui brillent comme de l’or, quand, par hasard, le rare soleil de leur pays laisse tomber un de ses rayons sur eux.

Miss Henriette Weyland, au contraire, née de parens anglais, mais née dans l’Inde, en avait rapporté un teint qui n’était pas absolument blanc, et des cheveux qui étaient absolument noirs. Ses traits étaient plus jolis que beaux, plus gracieux que réguliers. Sa taille était trop petite ; et bien qu’elle eût les lèvres très-roses et les dents très-blanches, sa bouche était trop grande. Ses yeux seuls, grands et bleus, eussent été sans défauts, si un vague indéfinissable, plein, il est vrai, de je ne sais quelle expression mélancolique et rêveuse, qui contrastait bizarrement avec la folle gaîté de son caractère, ne fût pas venue détruire la limpidité de son regard. En somme, toutes ces imperfections composaient une femme charmante.

Au moment où cette histoire commence, la réputation de patience de miss Henriette, qui, il faut le dire, n’avait jamais été bien intacte, était on ne peut plus compromise.

Après avoir cherché, dans un rapide coup-d’œil de la montre à la pendule, s’il n’y avait pas moyen de rejeter, sur la trop grande précipitation de la première, une partie des torts qu’on reprochait à son fiancé ; après avoir renoncé à trouver là une excuse que l’incorruptible horloge s’obstinait à lui refuser, la jeune miss se leva avec humeur en laissant tomber son ouvrage. Lord Glennaker le ramassa ; puis il se mit à battre la mesure avec l’étui et les ciseaux, et recommença avec plus de force que jamais son impitoyable chanson.

Henriette s’était approchée de la fenêtre, et, sans le savoir peut-être, elle avait les yeux constamment fixés sur l’avenue par laquelle lord Arthur devait arriver. Cette avenue était extrêmement droite et longue, et l’on n’y voyait personne. La jeune fille se retourna et donna un coup de pied au chien de lord Glennaker, qui se trouva sur son passage.

« Pauvre Lovely ! comme s’il était cause de cela, dit celui-ci sans se détranquilliser, en caressant le fidèle animal qui était venu, en gémissant, chercher un refuge à ses pieds.

« — De cela ! mais de quoi ? s’écria Henriette impatientée.

« — De rien, de rien ! ma chère enfant, dit le vieux lord. Dans tous les cas, il n’y aurait rien là d’étonnant.

L’habitude des femmes est de toujours faire peser leur mauvaise humeur sur un autre que sur celui qui la cause. Vous, c’est sur un chien ; c’est bon. J’ai vu le jour où votre père aurait autant aimé que votre mère en eût un ; et, à propos de cela, c’est une histoire que je ne vous ai jamais racontée, et qui pourra servir à votre instruction ; vous y verrez comment on entendait l’amour de mon temps, ma belle dédaigneuse, ajouta-t-il avec une espèce de fierté, et vous comparerez. D’ailleurs, si notre tête-à-tête doit encore durer long-temps, comme je commence à le croire, il ne sera peut-être pas inutile de le distraire par quelques récits variés et agréables.

« — Comme vous voudrez, mon oncle, dit la jeune fille avec préoccupation.

« — Prêtez l’oreille, Henriette, reprit lord Glennaker en quittant le ton goguenard qu’il avait conservé jusque-là, prêtez l’oreille, il s’agit de ma sœur, de votre mère, mon enfant.

« — Oh ! j’écoute, j’écoute, » dit sa nièce en se rapprochant encore du fauteuil dans lequel il était à demi-couché.

Le vieillard essuya une larme, sourit, et se pencha vers le front d’Henriette, qu’il baisa.

« Or donc, ma chère, votre mère n’avait plus qu’une semaine à s’appeler miss Glennaker, comme vous n’avez plus qu’un jour à vous nommer miss Weyland, lorsqu’on annonça à Londres un fort beau bal chez un haut personnage. J’ai tout-à-fait oublié son nom, au surplus je pense que cela doit vous être parfaitement égal. C’était en été, et nous passions les six mois qu’on est convenu d’appeler la belle saison en Angleterre, dans ce château, qui était alors moins vieux et moins délabré qu’aujourd’hui, et dont ma mère et ma sœur faisait les honneurs avec la grâce dont vous avez hérité. Lord Henri Weyland était notre voisin de campagne. Je vous ai souvent montré à une lieue d’ici sur la route de Londres la maison qui lui a appartenu et le jardin qu’il aimait à cultiver lui-même. Ses roses entre autres avaient une réputation fort étendue et justement méritée. D’après cela, vous imaginez bien que les bouquets arrivaient en foule à Glennaker, et que les jours de bal surtout, ils étaient remarquables par leur fraîcheur et par leur élégance. Ma sœur attendait donc avec impatience celui qui, dans sa pensée, devait surpasser tous les autres, car l’occasion était belle, et le jeune amoureux courait toujours au-devant de tout ce qui pouvait plaire à sa jolie future. Mais, chose inouïe ! ce jour-là on eut beau attendre, et attendre encore, le bouquet n’arriva pas. Je vois avec plaisir, ma bonne Henriette, que vous partagez l’étonnement, et je pourrais même dire l’indignation dont nous étions tous plus ou moins saisis. Je me souviens que votre mère était inabordable. Elle portait cependant une coiffure à la belle poule qui aurait dû la consoler de tout. On se décida à partir, il y a huit lieues d’ici à Londres, et il faisait grand jour encore lorsque nous nous mîmes en route. Moi, je galopais à côté de la voiture, car j’étais leste et fringant dans ce temps-là et j’y voyais clair. Aussi je fus le premier à découvrir le valet de chambre de lord Henri qui, immobile devant la grille, attendait le passage de la calèche pour remettre à sa future maîtresse le plus beau bouquet que j’aie jamais vu de ma vie, et que par un redouble ment de précautions galantes, il avait reçu l’ordre de ne cueillir qu’au moment où il nous apercevrait au haut de la côte, afin que les fleurs fussent données dans tout l’éclat de leur première pureté. Qui fut bien confuse ? Ce fut votre mère. Elle n’avait point cherché à dissimuler sa mauvaise humeur, et de notre côté, nous n’avions épargné ni les méchantes plaisanteries, ni les sots propos sur sa mésaventure. Elle résolut de s’en venger, non pas sur nous, qui l’avions indignement contrariée, mais sur celui qui avait tout fait et trop fait pour lui être agréable. Ceci se rapporte à ce que je vous disais tout-à-l’heure, Henriette, et fait beau coup d’honneur à votre jugement et à votre raison, mesdames. Elle passa donc le reste du voyage à pré parer en silence sa petite noirceur, et lorsqu’en entrant dans le salon elle aperçut sa victime, un sourire de triomphe éclaira son visage. Henri s’empressa de venir la saluer, et peut-être espérait-il un mot ou un regard de remerciement pour ce charmant bouquet, qui avait déjà fixé l’attention de toutes les femmes, lorsque sans avoir l’air d’attacher la moindre importance à ses paroles, ſelle lui dit : « Oh ! milord, j’ai vu en passant devant chez vous une rose mousseuse pour laquelle je donnerais tous les bouquets du monde. » Henri soupira et ne répondit rien, puis après quelques mots de politesse à ma mère, il s’éloigna. Je craignis que l’étourderie de ma sœur ne l’eût offensé, et j’allais me placer près de lui, afin d’essayer de lui expliquer de mon mieux la cause de cette mauvaise réception. Il ne m’en laissa pas le temps.

« Vous savez, me dit-il, qu’on va faire de la musique avant de danser, combien de temps pensez-vous qu’elle dure ? — Mais, lui répondis-je, je viens d’en tendre dire à un des accompagnateurs qu’il y en avait bien pour deux heures ? C’est long, n’est-ce pas ? — Pas trop, » répliqua-t-il en souriant. Pour le coup, je crus qu’il voulait prendre sa revanche ; je savais qu’il devait danser avec ma sœur, et j’applaudis en moi-même au moyen fort innocent qu’il avait trouvé de lui faire savoir, car il me connaissait assez pour être sûr que je ne manquerais pas de lui aller dire, qu’il n’avait aucun empressement de voir arriver ce moment là. Après avoir fait tranquillement ma petite histoire à votre mère, je m’assis et j’écoutai la musique qui commençait, sans m’occuper de tout cela davantage. À la fin du second morceau, ma sœur vint me prendre par le bras en me priant de faire un tour de salon avec elle.

Je vis qu’elle avait l’air triste et embarrassé, je cher chai des yeux lord Henri ; elle devina ma pensée : « Oh ! il n’est plus ici, » me dit-elle. Il y avait bien du repentir dans la manière dont ce peu de mots étaient prononcés. Il était très-vrai qu’Henri avait disparu.

Deux heures se passèrent, votre mère comptait toutes les minutes avec anxiété. La musique avait fini sans qu’elle s’en doutât, et celle qui annonçait le commencement du bal, ordinairement si bien reçue par elle, venait ce soir de l’arracher péniblement à sa rêverie, lorsqu’en levant les yeux elle aperçut devant elle, lord Weyland tout haletant et couvert de poussière. Il venait de faire quatorze lieues pour lui donner la rose dont elle lui avait parlé, et il la tenait à sa main. Il lui demanda en échange le bouquet déjà fané qu’elle avait porté, et je crois bien qu’elle le lui donna. Au reste, son cheval chéri mourut le lendemain, mais la fleur était arrivée intacte, et il n’avait pas manqué à sa promesse. Ce fut le premier et le dernier caprice de ma pauvre sœur. »

« Mon oncle, mon oncle, n’entendez-vous rien ? » dit Henriette en courant à la fenêtre.

En effet, la voiture de lord Arthur venait d’entrer dans l’avenue.

« Voilà la morale de mon récit perdue ! » s’écria lord Glennaker.




II.

Réflexions.




Avant d’introduire lord Arthur là où il est si impatiemment attendu, il ne sera peut-être pas inutile de dire la véritable cause de son inexactitude ; car il est fort à craindre que, malgré sa franchise habituelle, il se trouve forcé de s’en fabriquer une autre, bonne ou mauvaise, vraisemblable ou non, mais acceptée avec empressement par son indulgente cousine, et à la quelle lord Glennaker trouvera mille démentis qu’il aura le bon esprit de garder pour lui. Le jeune lord, fort ennuyé d’une matinée de complimens et de visites, venait enfin de recevoir le dernier et de reconduire la dernière. Il rentra en bâillant dans son appartement, et songea avec angoisse qu’il lui serait bien difficile d’arriver à Glennaker à l’heure du dîner. Son valet de chambre entra une lettre à la main.

Pour Dieu, Tomy ! dit Arthur, faites bien vite atteler, et surtout qu’on ne m’amène plus personne, nous devrions déjà être sortis de Londres. En disant cela, il décachetait la lettre, et jetait les yeux sur la signature.

On viendra ce soir chercher la réponse de milord, dit Tomy, puis il sortit.

Arthur passa plusieurs fois la main dans ses cheveux blonds, ce qui annonçait chez lui une grande préoccupation, en disant : le comte de Val d’Oissy ? où l’ai je vu ? et que peut-il vouloir de moi ?

La réponse la plus prompte et la plus précise à ces questions, était la lecture de la lettre qu’il tenait à la main, et dont l’écriture lui paraissait toute aussi inconnue que le reste. Il s’appuya donc le plus commodément qu’il put sur son fauteuil, car le papier était couvert des deux côtés, et depuis les lettres que son précepteur lui écrivait quand il était allé passer l’heureux temps des vacances chez quelques amis, il n’en avait jamais reçu d’aussi longue. Il la lut pourtant : c’est ce que nous allons faire avec lui.

« Londres, 26 février 1796.
« Milord,

« Vous avez vingt-quatre ans, vous êtes beau, vous êtes noble, vous êtes riche, vous êtes aimé. Enfin, cette vie, si fatale pour beaucoup, n’a pour vous que des fêtes et des sourires. Et pourtant, milord, personne ne songe à trouver injuste la main qui vous comble ainsi de toutes ses grâces, de toutes ses faveurs, car on sait qu’il n’est pas d’instant où vous soyez assez occupé de votre propre bonheur, pour ne pas penser d’abord au malheur des autres. C’est pourquoi je m’adresse à vous en toute confiance, car je suis bien à plaindre, et je n’ai pas un ami qui puisse apaiser ma douleur en l’écoutant. Si j’avais suivi plus tôt le mouvement de mon âme qui m’en traînait à vous, ce besoin indicible que j’avais de vous connaître et de vous aimer, je n’aurais peut-être pas à supporter tant de cruelles souffrances, car j’aurais su plus tôt ce que je sais aujourd’hui, aujourd’hui qu’il est trop tard pour ne plus souffrir. Écoutez-moi, milord.

« Il y a six ans que j’émigrai avec mon père. J’en avais alors vingt-deux. Nous allâmes nous établir à Oxford, car je n’avais pas fini mes études, et mon père prévoyait qu’une éducation un peu forte me serait un jour plus utile que les biens que nous avions laissés en France avec ma mère et ma sœur, qui s’étaient obstinées à rester afin de les conserver. J’étais alors si faible et d’une délicatesse nerveuse si grande que mon pauvre père voulut me cacher ce qui se vit dans ce temps là plus d’une fois, la mort de toutes deux et sur le même échafaud. Ce ne fut qu’à son lit de mort, lorsque ce chagrin long-temps concentré eut brisé le reste de ses forces, que j’appris qu’il ne restait de toute ma famille, que celui que je n’avais plus qu’une heure pour aimer. Je ne saurais vous dire où je puisai l’énergie nécessaire pour supporter une telle complication de douleurs, et l’année qui s’écoula ensuite est tellement sortie de ma mémoire que j’ai oublié si elle a duré un jour ou un siècle. En tout cas, je la passai seul, comme celles qui sont venues depuis, comme celles qui me restent peut-être encore à subir sur la terre. Seulement, il y a un an, je voulus secouer cet isolement qui m’était devenu insupportable ; je quittai Oxford pour Londres, et peu après je me fis présenter dans deux ou trois maisons où l’on recevait. J’y trouvai un grand plaisir, et malheureusement je fus trop long-temps avant de m’en avouer la cause. Je vais vous la dire, milord, bien que je tienne tout ce qui a rapport à ceci renfermé dans mon cœur comme dans un sanctuaire, je vais vous la dire. Il y avait là une jeune fille, je ne vous la dépeindrai pas, je vous la nommerai tout-à-l’heure, une jeune fille de seize ans, milord, un enfant, et sans m’en apercevoir cet enfant devint bientôt mon unique pensée ; sans aucun espoir, non pas de lui plaire, mais d’être remarqué par elle, je passais ma vie à la regarder, à l’entendre ! J’étais bien sûr qu’elle ne m’aimait pas, mais je me croyais aussi sûr qu’elle n’en aimait pas d’autre ; au moins je la voyais si calme, et si inattentive au milieu des hommages dont elle était l’objet, que rien ne venait troubler la paix dont le seul son de sa voix remplissait mon âme, et je jouissais de chacun de ses mouve mens, de chacune de ses paroles comme de quelque chose qui m’appartenait à moi seul, car je savais bien qu’entre tous les jeunes gens empressés autour d’elle, moi seul je l’aimais comme elle devait être aimée. J’arrive à la fin, milord ; un soir deux jeunes gens causaient devant moi ; elle était là, et je n’écoutais qu’elle, même quand elle se taisait. Cependant, son nom, prononcé par eux, me rendit attentif ; ils m’apprirent ce dont je me suis assuré depuis, ce qui fait que je quitte pour jamais l’Angleterre. Miss Henriette Weyland sera demain votre femme. Hélas ! milord, ne croyez pas qu’un sentiPage:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/203 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/204 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/205 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/206 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/207 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/208 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/209 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/210 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/211 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/212 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/213 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/214 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/215 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/216 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/217 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/218 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/219 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/220 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/221 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/222 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/223 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/224 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/225 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/226 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/227 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/228 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/229 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/230 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/231 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/232 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/233 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/234 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/235 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/236 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/237 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/238 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/239 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/240 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/241 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/242 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/243 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/244 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/245 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/246 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/247 Page:Collectif - Le livre rose - 1.pdf/248

Arthur marcha à grands pas dans la chambre. Il s’arrêta devant sa femme qui pleurait, et dit en levant les bras vers le ciel : « Qu’il voie au moins que vous l’avez pleuré, Henriette, et qu’il me pardonne tout le malheur involontaire que je lui ai causé !

« — Oui, Arthur, je pleure, et à quoi bon cacher mes larmes ? Je pleure celui qui vous a sauvé la vie, celui qui est mort en vous défendant. »

Elle mit la croix dans sa robe, et passa les bras autour du cou de son mari, en ajoutant : Cette croix ne me quittera plus, je vous le promets. Pour le monde, elle me viendra d’un frère inconnu mort bien loin quand j’étais bien enfant ; pour vous, elle me viendra de votre ami ; pour moi, elle me viendra de vous.