Le Livre rose/1/Qui sait le début sait la fin

Gabrielle Allar-Dorval
Urbain Canel & Adolphe Guyot Date (1p. 158-174).

QUI SAIT LE DÉBUT SAIT LA FIN.


QUI SAIT LE DEBUT SAIT LA FIN.


ANNALES DU PALAIS DE JUSTICE.




I.

Tu es tout seul tout mon mal et mon bien.
Louise Labé (1560).


Ce jour-là, le palais, tout paré d’or qui brille,
Reluisait au soleil qui donnait sur la grille,
Des hommes noirs passaient sur les grands escaliers,
Et semblaient des fourmis dans la salle aux piliers.

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Et les riches tissus comme pour une fête !
C’est un divin spectacle en effet ! une tête,
Quand on doit la couper, est bien plus belle à voir !
Et les femmes allaient, avant le bal du soir,

Contempler l’assassin haletant, sombre et blême,
Regarder s’il portait un signe d’anathême,
Si ses traits n’étaient pas étranges et hideux,
S’il avait l’air de suivre un fantôme des yeux,
S’il frissonnait, le corps tout ployé sous son crime,
S’il avait essuyé le sang de sa victime,
Et s’il n’en restait pas quelque chose à son front.

On dit qu’il ressemblait au petit vagabond,
Qu’une femme tomba lorsqu’on lut sa sentence :
Hélas ! c’était la mort ! Il faut dans la balance
Des deux côtés un poids égal ; et le bourreau
Doit auprès d’un poignard y poser son couteau :
Lorsqu’une tête roule, un juge n’est pas libre ;
Une autre doit tomber pour y faire équilibre.

Madame Anaïs Ségalas.