Alphonse Picard et Fils (p. 23-24).
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XX

Je vray Dieu ta créature dessoubz lombre de tès eles atendray et en ta bonté ! Aussi par laquele mas fait. Aide sires ta créature, laquele a faite ta saincte benignité, si que ie perisse en ma malice les euvres que a faites ta très haulte bonté ne soyent pas péries, en ma misère les choses que a faites ta souveroine clémence, et quel proufit ay-ie en ta création se ie descent en corruption. Tu es créateur, et donc sires gouverne ce que tu as fait ! leuvre de tes mains ne desprizes pas, sires tu mas fait de niant, et se tu ne me gouvernes ie retourneray a niant. Ainsi sires comme ie nestoye rien et de nient tu me feis, ainsi se tu ne me gouvernes a nient retourneray. Ayde moy sires, mon doulz Dieu et ma doulce vie si que ie ne perisse en la malice de moy. Se tu ne meusses fait ie ne fusse, et pour ce que tu mas fait ie suy, non mes merites ne ma grace ne te constraindrent que tu me feisses, maiz la très benigne et souveraine bonté qui est en toy, et ta clémence. Cette charité sires Dieu qui te constraint à création celle prie ie sire Dieu qu’il te contraigne à ma gouvernation. Que aproufite à ta charité qui mas fait de niant, se ie peris en ma misère et ta dextre ne me gardes. Ia sires sces tu quant as tu fait par moy, ia sces tu sires que ie suy imparfait se ta grace ne maide, ia sces tu sires que tu de tes mains me feis, ia sces tu sires que ma fragilité tu voulsis envoyer ton doulz fils en terre pour notre salvation et puisque tant pour moy as fait et tant de coust as mis pour ma salvation, par mes pechiez ors deshonnestes, sera ta perfection si foible que ie vieigne en corruption et dampnation.

Ha sire regarde a toy et non pas a moy, regarde ta bonté et non ma mauvaistie, regarde ta perfection et non pas ma insuffisance, celle meismes charite te vieigne a ma salvation qui te vint a ma creation car ie say bien que tu es aussi puissant en charite a moy sauver comme tu es puissant a moy faire car tu es celluy meismes, ta main nest pas abregiee. Ta misericorde nest pas faillie ne iamaiz ue fauldra que tu ne me puisses sauver, car tes oreilles ne sont pas assourdies que tu ne moyes, maiz les miens treshorribles pechiez senz nombre et mes cogitations et miseres ont fait division entre toy et moy et entre tenebres et lumiere et entre lymage de mort et de vie er entre vanité et verite et entre ceste défaillant vie et perpetuable gloire, laquelle ie te suppli doulz sires que tu me vueilles octroyer.