Traduction par Abdul-Haqq Effendi.
Qizmich-Aga (Gay et Doucé) (p. 37-65).
Seconde partie

Bandeau pour le Livre de volupté
Bandeau pour le Livre de volupté


SECONDE PARTIE.


LES NEUF RÉCITS FÉMININS.


Méhémet-ben-Ismaïl-abou-Békir-ben-Eyoub raconte qu’un vizir nommé Ali-ibn-Qaïs comptait parmi ses amis un certain El-Fitekir ; il avait fait de lui son ami le plus intime en raison de sa conversation enjouée et de ses connaissances nombreuses et variées en matière de plaisir. Nul ne pouvait lui être comparé sous ce rapport. Notre auteur ajoute qu’il était également au mieux avec le fils de ce vizir, grand amateur de femmes et de bruyantes parties.

Certaine nuit, ce jeune homme avait convié à une réunion intime une vingtaine de personnes, jeunes beautés pétulantes et de bonne volonté ou joyeux compagnons. Tous furent ponctuels ; on n’aurait pu trouver, dans tout Bagdad, une société qui réunit plus de grâces d’un côté, plus d’amabilité de l’autre. Ils s’étaient assemblés au palais de Koutb-Eddin, le fils du vizir, lieu de plaisance éminemment propre à de pareilles parties, car il avait fait construire ce château avec une magnificence digne d’Hatim-Thâï.

Pendant qu’ils jouissaient de la vue de ce bel endroit, des mets choisis circulaient, ils se livraient à la joie et aux plaisirs, aux ris et à une douce gaieté. Comme de coutume la guitare et les castagnettes se faisaient entendre et des danseurs s’appliquaient à récréer l’œil des convives qui, pendant ce temps, buvaient où se livraient à une conversation croustillante, émaillée de récits grivois. Ils s’entretenaient ainsi quand quelques uns d’entre eux émirent la pensée que le commerce charnel affaiblit successivement l’homme que, graduellement, il y trouve moins de jouissance et qu’enfin il n’y a aucun avantage à se livrer à ce genre de plaisir.

En les entendant parler ainsi Koutb-Eddin, le fils du vizir, ne put s’empêcher de les interrompre : — Vous parlez là, leur dit-il, d’une chose que j’ai le bonheur d’ignorer ; ce dont je voudrais être instruit, ajoute-t-il pour changer de sujet, c’est des secrets de ces dames.

À ces mots toutes se lèvent et s’avancent vers lui.

— Ce que je désirerais savoir de vous toutes, ajoute-t-il, c’est le détail de l’aventure d’amour où chacune de vous a pris le plus de plaisir ; entrez, à ce propos, dans les plus infimes détails, évitez surtout le mensonge : vous serez comblées de mes bienfaits si, en toute vérité, vous dévoilez vos plus intimes pensées.

Elles se sentent alors quelque peu confuses et rougissent, mais elles ne s’en préparent pas moins à parler.


I

Le Voisin de terrasse.


Une des jeunes beautés présentes s’avance vers le fils du vizir et lui adresse un salut respectueux :

— Effendi, lui dit-elle, votre servante, de son premier métier, était polisseuse ; alors j’entrai en relations avec des femmes galantes. Un jour l’une d’elles m’annonça la visite d’un amant ; je fis mes préparatifs en conséquence, c’est-à-dire que je me vêtis avec soin et cherchai à mettre en relief tous mes avantages. Ensuite je montai sur le toit en terrasse de la maison, m’accroupis et plaçai devant moi un miroir ; puis, en conformité des recommandations saintes, je commençai à m’épiler où il est prescrit. Pendant cette opération, la soif du plaisir me gagnait par degrés, à mesure que je me regardais dans la glace. — Hélas, soupirai-je, aucun homme n’entendra-t-il donc mes vœux ! Ce disant, je commençai à me tourmenter de la main.

Un voisin qui se trouvait également sur une terrasse, me regardait faire. À cette vue, le désir de la jouissance s’empare de lui ; il franchit le parapet qui nous séparait, arrive auprès de moi, puis, sans me laisser le temps de me reconnaître, il me prend, m’entoure de ses bras, se place entre mes cuisses et sort une verge semblable à celle d’un âne, qui me saisit de frayeur. Sans pouvoir m’en empêcher je me détournai ; je ne savais plus vraiment où j’en étais. Lui, cependant, riait aux éclats de ma surprise. — Ne crains rien, ma belle, me dit-il ; tu ne saurais concevoir quelles jouissances il procure ! As-tu jamais vu un gaillard aussi bien monté que moi ! Regarde-moi un peu cela !

Tout en cherchant ainsi à me rassurer, il ne me laissait point de repos : il fit si bien qu’il plaça son membre à l’endroit voulu et pénétra entre les grandes lèvres : je souffrais, mais je jouissais. Tantôt je me sentais partir comme si le sommeil se fût emparé de mes sens et tantôt je me réveillais comme en sursaut ; à mes premières craintes avait fait place un vif sentiment de plaisir ; enfin je goûtai, comme conclusion, des délices qui dépassent toute description.

À partir de ce moment j’abandonnai mon métier et vécus maritalement avec cet homme. Il ne devait me quitter de ma vie, disait-il… Hélas ce bonheur et ces doux moments n’eurent qu’une bien courte durée.

Ainsi parla-t-elle.


II

La Voisine.


Alors une autre jeune fille s’avance vers le fils du vizir, lui adresse le salut et prend la parole.

— Votre servante, Effendi, n’a point été comblée des dons de la fortune, mais, grâce à d’aimables jeunes gens, je recevais habits, parures et argent. Certain jour une dame voisine vint me visiter. J’étais en ce moment en froid avec mon amant pour une cause futile, et j’en éprouvais quelque tristesse. Informée du fait, elle m’en blâmait.

— Pleurez, me disait-elle ; comment trouverez-vous encore pour amant un pareil jeune homme ? Vous semblez ignorer quelle faute vous avez commise ; qui pourrait jamais vous en témoigner indulgence et miséricorde ? Nul ne peut lui être comparé pour le fait d’amour, aucun ne peut s’y livrer si longtemps et avec une telle ardeur, personne n’aime plus que lui procéder à la confection d’enfants ! Qui ne connaît de quelle façon il est armé et quelles jouissances il procure ! Il est de ceux qui ont toujours à tirer un chat noir de leur sac, un de ces hommes vraiment insatiables !

Ainsi elle ne cessait de parler et de mêler des conseils à ses discours ; elle ne s’arrêta que quand les forces lui manquèrent. Émue de ce qu’elle m’avait dit, je sentis le chagrin s’emparer de mon cœur et le désir sensuel m’agiter tout entière.

— Ma chère voisine, lui dis-je, savez-vous que la passion du plaisir me fait perdre patience et repos ! Comment pensez-vous que je doive me conduire pour me satisfaire ?

— Consolez-vous, ma belle, ajoute-t-elle toute joyeuse, venez me voir demain, je vous instruirai à ce propos et vous ferai atteindre au but de vos désirs.

À ces mots je me sentis toute ragaillardie. Le lendemain je me couvre de mes plus beaux vêtements, me parfume des plus suaves odeurs et me rends chez ma voisine. Elle avait pour frère un aimable garçon, grand amateur de femmes et fort distingué : il s’offrit à ma vue dès mon arrivée. À son aspect inattendu, je me sentis si fort troublée que ma langue, comme un oiseau sauvage, me refusa tout service. Il s’avance à ma rencontre et me comble de politesses, de compliments et de marques de considération, tout en témoignant de la joie qu’il éprouvait.

— Soyez la bienvenue, Madame ; de grâce ne vous fatiguez pas davantage et asseyez-vous.

Ainsi il se répand en discours caressants et s’empare de mon cœur. Bientôt je me sens rougir et commence à regretter ma démarche ; cependant je me rassurai par degrés, tant ses procédés avenants avaient le don de me plaire. Je ne laissai pas, toutefois, de garder le silence.

À la vue de mon embarras, ma voisine, qui avait déjà tout préparé en conséquence, me dit : — Puisque vous êtes venue ici pour vous amuser, ne faites-donc pas tant de façons, chère madame ; si vous le voulez-bien nous allons essayer de goûter, dans leur réalité, plaisir et gaieté en nous livrant à une petite débauche.

À ces mots, elle joint l’acte à la parole, se verse à boire, nous sert d’échanson et, par ses instances, m’oblige à lui faire raison à plusieurs reprises. Comme il arrive à tout le monde, nous nous animions à mesure que nous vidions plus de coupes, si bien qu’enfin je n’avais plus la tête à moi. Je commençai alors à badiner avec le frère dont j’ai parlé et à sentir mes sens me maîtriser. À chaque coupe nous nous embrassions, je cédais de plus en plus à l’entraînement de la passion.

Bientôt sa main se glisse sous mes vêtements, il dénoue la coulisse de mon chalwar et se met à caresser mes plus secrets appats. À cette vue, notre hôtesse, mue par un sentiment de délicatesse, se lève : — Je vois, dit-elle, que votre affaire est en bon train, et, à ces mots, elle nous quitte, ferme la porte et s’éloigne.

Alors mon amant se débarrasse de ses vêtements, s’approche de moi, me renverse, prend place entre mes cuisses et me retrousse. Je m’aperçois alors qu’il était doué d’un membre de si respectable aspect que je n’en avais jamais vu de semblable de ma vie : je pensai en perdre connaissance. — N’aurez-vous donc point pitié de moi, m’écriai-je ? Sans avoir égard à mes doléances il me saisit par la taille, mouille ses doigts de salive, en humecte son dard et se met à le frotter, de bas en haut, entre mes grandes lèvres.

Alors mes sens s’éveillent et, sous son étreinte, je tremblais, tant le désir de le sentir pénétrer m’agitait. Je le sens enfin réussir et, après une lente introduction, nos deux personnes se confondent. Dans l’ardeur du plaisir et de la jouissance, je jetais sur lui des regards pleins de langueur. En proie au paroxysme du plaisir, il m’assaillait avec une telle violence que les larmes m’en vinrent aux yeux et finirent par se répandre. Cependant, il s’enfonçait de plus en plus tout en continuant de se frotter ; en se comportant ainsi, il goûta plusieurs fois, dans l’espace d’une heure, la suprême volupté.

— Mon cher ami, lui dis-je alors, je n’ai encore rencontré personne, parmi les jeunes gens, qui puisse t’être comparé en ce qui concerne l’amour, et c’étaient cependant ce qu’on peut appeler des hommes.

— Tu parles avec franchise, me dit-il ; n’est-ce pas que je t’ai fait plus de plaisir que tu n’en as éprouvé de ta vie ?

Alors nous nous lavons les mains, puis je lui offre une coupe de vin, — puis il m’en offre une à son tour.

— À vos amours, lui dis-je en la vidant !

Bref, nous passâmes ensemble le reste de la journée. À plusieurs reprises encore nous nous livrâmes au plaisir de l’union intime ; il m’abreuva de voluptés.

Après avoir continué à nous voir pendant quelque temps, il partit pour la guerre et depuis j’attends vainement de ses nouvelles. Plût à Dieu que je fusse morte à sa place ; qu’il daigne au moins l’admettre à sa droite !

Cela dit, elle se tut.


III

Le Batelier.


Cette fois encore une jeune femme s’avance et commence un récit.

— Effendi, dit-elle, votre servante possédait autrefois plus de mérites qu’un anachorète n’en pourrait dénombrer dans l’année : je m’attachais assiduement à la prière, à l’étude des traditions orales et à la lecture. Pendant les nuits prescrites, je visitais les tombeaux des savants et des hommes renommés pour leurs vertus. Si l’on en croit les galants, nulle femme de Bagdad ne pouvait m’être comparée pour la beauté et la grâce. Jamais un homme, quel qu’il fût, ne m’avait connue.

Un jour, dans le dessein d’aller visiter le mausolée d’Ahmed, je suivais à pied les bords du Tigre. Bientôt l’air s’obscurcit d’un tel brouillard qu’on n’aurait pu compter ses doigts ; de plus une forte pluie se mit à tomber. Je me décidai alors à prendre un caïque. — Où allez-vous me demanda le caïqdji (batelier) ? — Je me rends, lui dis-je, au mausolée d’Ahmed. — À merveille, reprit-il et, sans plus tarder, il pousse au large et marche à la voile et à la rame.

Comme je passais les nuits en dévotions, je sentis bientôt le sommeil s’appesantir sur moi ; je m’appuyai alors au bateau et ne tardai pas à m’endormir. Pendant que je m’abandonnais ainsi au besoin de repos, le caïqdji se mit à me regarder, il se rassasie à loisir du plaisir d’admirer ma beauté et mes charmes, les désirs charnels s’éveillent chez lui, Satan le maudit exerce sur son âme les séductions tentatrices ; il pense aux moyens de faire de moi sa proie.

Le voilà qui aborde une plage peu fréquentée et s’amarre à la rive déserte ; si, à ce moment, il m’avait assassinée, personne n’eut jamais connu son crime.

— Lève-toi ! me crie-t-il alors. Je me réveille et me vois près de la terre, dans un lieu inconnu. — Au nom de Dieu, lui dis-je, réponds-moi : où m’as-tu donc menée ?

— Tu vas le voir, me répond-il.

À son ton et à l’expression de son visage, je compris quelle était sa trahison ; je me mets à pleurer, à gémir, à me tourmenter, à pousser les hauts cris.

— Tais-toi, me dit-il en tirant son poignard, sinon je te coupe la gorge.

À cette menace, je sens un grand trouble s’emparer de mon cœur.

— De grâce, lui dis-je, prends ce que j’ai sur moi, mais ne me maltraite pas.

— Je méprise ce que tu m’offres, mon dessein est de jouir de toi.

À ces mots, je me mets à déployer toutes les ressources de ma parole, à évoquer devant lui l’effrayant spectacle des peines éternelles. — Quelle honte, lui ajoutais-je en citant un poète, que de renoncer au paradis pour une femme !

— Malgré ce beau distique, réplique-t-il, comme il n’est pas probable qu’un visage d’ange comme toi me tombe de nouveau sous la main, tu ne me feras pas abandonner mon entreprise avec des paroles.

Cesse de t’entêter, abandonne la voie de la résistance et soumets-toi de bonne grâce ; nous goûterons ensemble les plus grands plaisirs du monde ; de ta vie tu ne trouveras meilleure occasion.

Ces paroles me jetèrent dans une si étrange confusion que je ne pus lui faire aucune réponse. Sans hésiter, il se jette sur moi, me saisit par les cheveux et me fait sortir du caïque. Puis il pèse sur mes épaules, me force à me baisser en s’appuyant sur mon dos, relève mes jupes, fait glisser mon chalwar et se découvre lui-même, me laissant voir sa verge.

Il l’introduit par degrés, d’une façon que je ne saurais décrire et la fait aller violemment depuis l’orifice du vagin jusqu’à la hauteur de mon nombril ; cependant il appuyait sa tête sur mon dos. Ainsi continua-t-il de m’assaillir jusqu’à ce qu’il ait assouvi sa brutale passion.

Alors je pus me dégager quelque peu de son étreinte et, sans pouvoir distinguer derrière moi, je le sentis se lever de dessus mon échine. Sans perdre un instant, il tire une corde de son caïque et me lie les bras et les jambes, puis il arrive par derrière, pénètre violemment dans mon ouverture postérieure et me cause une douleur si insupportable, qu’elle m’arrache un cri.

— Hélas ! lui dis-je, si tu veux user de moi, au moins n’enfonce ton énorme outil que devant, car tu me fais souffrir actuellement un atroce supplice ; je ne puis vraiment supporter pareille torture.

À ces mots il se retire, mais la violence de l’assaut m’avait mise en sang.

— Puisque tu as bien voulu, ajoutais-je, exaucer ma prière, je cesse de te résister et m’abandonne à ta discrétion.

Il se lève alors de dessus moi, me délie et je remets la corde à l’eau. Couchée tout de mon long je me livrais aux affligeantes réflexions que me suggérait la singulière situation d’être ainsi prise.

Pendant que j’étais absorbée dans mes réflexions, étendue sur le dos, je le vis se placer entre mes cuisses, prendre sa verge en main et l’introduire selon son désir dans le fourreau ; il commence là un vif mouvement de va-et-vient ; naturellement les désirs voluptueux s’éveillent chez moi et je lui en donne des preuves. Il m’étreint de ses bras, nous nous baisons, nous nous cajolons et, par ce moyen, tout en continuant à nous frotter mutuellement, je ressentis la suprême volupté : je ne sus vraiment si je dormais ou si j’étais véritablement éveillée.

Je l’examinai alors pour la première fois et m’aperçus que j’avais affaire à un garçon de bonne mine et d’agréable apparence.

Nos assauts terminés, je me promis bien de recommencer encore, car je m’étais éprise de lui à l’improviste et j’éprouvais la plus douce satisfaction à l’admirer. Ses grâces m’avaient si fort enchantée que je compris que, de ma vie je ne goûterais autant de plaisir qu’avec lui. Comme, de son côté, il éprouvait pour moi un vif penchant, je quittai la vie ascétique et nous nous abandonnâmes aux joies d’une passion mutuelle. Peu après sa femme, rusée commère, s’aperçut de nos relations. Nous dûmes cesser de nous voir ; malgré cela son souvenir ne s’est jamais effacé de ma mémoire dit-elle en finissant.


IV

Le Jeune Marchand.


Une autre jeune femme, désireuse d’être agréable au fils du vizir, s’avance d’un air gracieux et commence ainsi son récit.

— Effendi, votre servante était encore une enfant que, sur le bruit de ma beauté et de mes agréments, un homme conçut la pensée et le projet de m’épouser. Bien qu’il fût déjà d’un certain âge je m’abandonnai à mon sort et me donnai à lui. Il eut l’idée de me faire apprendre le métier de coiffeuse ce qui me donna l’accès des plus grandes maisons, car j’avais fait marché à cet égard.

Quand je me rendais d’un quartier à l’autre les jeunes gens, à la vue de mes charmes et de mes appâts, ne manquaient point de s’étendre sur mon compte :

— Quel dommage, disaient-ils, que tant d’attraits et de fraîcheur se trouvent échoir à un vieux ! N’aurait-elle donc pas plus de plaisir avec un de nous autres jeunes gens ?

De tels discours ne laissaient pas de m’impressionner et de faire naître chez moi une certaine curiosité mélancolique. Ils ne cessaient de solliciter de moi un rendez-vous d’amour, mais aucun ne m’inspirait de tendre sentiment, je leur refusai toute faveur.

Parmi eux se trouvait le fils d’un marchand qui, charmé de me voir, ne manquait aucune occasion de se trouver sur mon chemin et de m’adresser quelques mots à la dérobée ; c’est ainsi qu’il me récita ce galant distique :

— Le Créateur a établi sur nous ta royale domination. Expose-toi aux traits de ses yeux et tu seras forcé de t’écrier : Dieu qu’elle est belle !

Je n’y fis aucune attention, car je compris que ce n’était pas le moyen de le calmer que de me faire voir, de l’écouter et de lui parler.

Il se mit alors à user de ruse et à employer envers moi toutes les finesses. Une intrigante d’apparence honnête vint me trouver, elle se présente décemment.

— Telle dame de haut rang, me dit-elle, est sur le point de se marier ; elle voulait vous écrire à cet égard ; voulez-vous me suivre chez elle pour l’accommoder ? Elle vous comblera de bienfaits.

Dans la simplicité de mon cœur, j’ajoutai foi à ses paroles et je partis. Après avoir marché un certain temps nous arrivons à un quartier éloigné. Là, celle qui me conduisait ouvre une porte ; après avoir monté un étage, je regarde de côté et d’autre et n’aperçois âme qui vive. Je compris alors que j’étais tombée dans un piège ; l’angoisse de la peur me saisit.

Je songeais à m’enfuir quand, tout à coup, paraît un gracieux jeune homme, aussi agréable à voir que la lune à son dixième jour. Il ferme une porte solide, me prend entre ses bras, m’embrasse, me caresse, puis il sort une élégante cassette remplie d’ornements et de parures qui semblait avoir été préparée à mon intention. Il me l’offre d’une façon dégagée et comme s’il n’y attachait aucune importance ; je pousse un cri de surprise et tout mon sang reflue vers mon cerveau. Ce n’était toutefois là qu’une feinte car, aussitôt, il met le poignard à la main et menace de me tuer si je ne me tais : terrifiée, je gardai le silence et m’assis.

— Ma fille, me dit alors celle qui m’avait amenée, je t’ai conduite ici pour te mettre à même de goûter, avec ce jeune homme à la figure d’ange, les plus doux plaisirs. Pourquoi te montrerais-tu indocile et passerais-tu les jours et les nuits à te lamenter ? Ne t’abandonne point à pareille opiniâtreté.

Puis elle s’étend jusqu’à m’ennuyer sur les avantages de l’amour. Cependant mon visage, mon regard et mon attitude témoignaient d’un sentiment de crainte.

— Mets de côté, me dit-elle, toute fâcheuse idée ; si tu veux m’en croire, livre-toi docilement à lui il faut profiter du moment où l’on est jeune pour se livrer aux plaisirs de la coupe et de l’amour.

Ainsi parle-t-elle, puis elle nous quitte.

À ce moment on apporte mets et boissons tout préparés ; je persévérai, toutefois, dans ma réserve et ne voulus rien accepter. À la vue de ma timidité le jeune homme se met en colère, il s’agite et se lève.

— Apprends, s’écrie-t-il, que je ne reculerai devant aucun moyen pour te posséder ; n’espère donc pas t’échapper de mes mains avant d’avoir satisfait mes vœux !

À ces mots il porte la main à la coulisse de mon chalwar, le fait glisser en bas et se place sur moi. Dans mon trouble la force de prononcer une parole me manque. Ainsi découverte il m’admire un instant, puis il m’embrasse et me comble de caresses.

Cependant je me réconciliai peu à peu avec lui et commençai à m’appuyer sur son cou. Il n’avait pas cependant été jusqu’où il voulait : à ce moment il relève mes jambes, les place sur ses épaules, prend de sa bouche un peu de salive, en met d’abord à sa verge puis à l’entrée de ma porte et s’introduit chez moi. Après avoir éprouvé tout d’abord une légère douleur je me sentis bientôt plus à mon aise ; dans l’ardeur de la passion je l’étreignis entre mes jambes et le pressai contre mon sein. Sans cesser de m’agiter je le sentis jouir et goûtai moi-même, en cet instant, le suprême plaisir. Nous restâmes jusqu’au soir à nous abreuver de voluptés. Dans cet espace de temps nous nous unîmes dix fois l’un à l’autre et, chaque fois, nous eûmes la satisfaction de savourer l’un et l’autre, la suprême volupté !

Alors je me lève, me couvre de mon féradjé (manteau) et, sans m’arrêter, je rentre chez moi où, sous un prétexte, je cherche dispute à mon mari. — Je ne veux plus de toi, me dit-il à la fin, je te répudie et tu ne resteras pas un jour de plus ici.

À ces mots je rassemble mes effets, retire de lui mon douaire et me dirige vers la maison du jeune marchand. Après avoir passé un certain temps à nous livrer ensemble aux délices de l’amour, il mourut. Plût à Dieu que je sois morte à sa place, ainsi il m’aurait évité bien des regrets et l’amertume de bien doux souvenirs !


V

L’Aveugle endormi.


Une cinquième jeune femme s’avance vers le fils du vizir et prend la parole d’un air grave et digne.

— Effendi, votre servante est fille d’un marchand, qui, après avoir pris soin de ma première enfance, mourut en me laissant encore fort jeune. Quand j’eus atteint l’âge de puberté, je me mariai avec le fils de mon oncle paternel. Selon la coutume on le conduisit auprès de moi à l’issue des fêtes nuptiales et, cette nuit là même, il me ravit la fleur virginale. Nous nous aimions tous deux.

Après avoir passé quelque temps dans un parfait accord. Dieu permit qu’il tombât malade ; je ne saurais vous dire combien de médecins lui prodiguèrent leurs soins et leurs conseils, mais en vain. Je ressentis de sa perte un si profond chagrin que je pensai succomber ; la mort ne vint pas toutefois et je me rétablis par degrés.

Bientôt je fus visiter le cimetière, et lui fis construire un mausolée et choisis cinq gardiens pour en avoir soin. Un jour je me levai à l’aube et, avant le lever du soleil, je me dirigeai vers son tombeau. J’aperçus, sous la coupole, un gardien aveugle plongé dans un profond sommeil ; graduellement je vis sa verge se dresser. À cet aspect je me recommandai à Dieu et m’avançai vers le dormeur, livrée aux tentations de Satan le maudit, car je n’avais jamais vu un homme pourvu d’un tel membre. Je me sentais bien résolue à ne pas laisser échapper pareille occasion et à m’abandonner aux séductions du plaisir.

Je m’avançai avec précaution vers l’aveugle, écartai ses vêtements, et mis à découvert son instrument. Aussitôt je dénouai la coulisse de mon chalwar et plaçai dans ma fente la tête de son dard ; je m’appuyai sur lui, l’introduisis tout entier et ressentis ainsi les délices de la volupté : ainsi cet aveugle combla, sans le savoir, mes vœux et mes désirs.

À partir de ce moment mes sens me dominèrent tellement que je m’abandonnai à la prostitution.

Cela dit, elle se tut.

VI

Le Concierge.


Une sixième femme, s’avançant vers le fils du vizir, s’exprima ainsi :

— Fille de marchand, votre servante épousa un bey. Bien que fort orgueilleux, il ne laissait pas de s’approcher de moi, de porter la main à mes grandes lèvres et de placer sa verge dans l’intervalle quand parfois des pensées sensuelles l’agitaient.

Mais ses sensations étaient si rapides qu’il n’avait pas le temps de l’introduire : il laissait l’éjaculation se produire à la porte. De cette façon je restais toujours sans satisfaire mes désirs, ma passion de jouissances sexuelles restait inassouvie ; vivre de cette manière me semblait pire que la mort.

Un jour il avait invité quelques amis. Profitant de ce moment, notre servante noire avait disparu. — Où est-elle donc passée, me disais-je ? Je me mets à la chercher de côté et d’autre et l’aperçois à quatre pattes ; je me place près de la porte et vois notre concierge qui, comme un diable, l’assaillait et se fourbissait chez elle. Ainsi j’observai toute l’affaire, mais ne savais à quoi me résoudre.

— Misérable jeune homme, m’écriai-je tout à coup, que fais-tu là ? À ces mots, il s’interrompt et reste tout penaud. Je me tourne alors vers la négresse : — Que ferai-je maintenant ? lui dis-je alors : si j’en parle à mon mari, il va renvoyer cet homme.

Alors la servante se jette à mes pieds : — De grâce, madame, me dit-elle, n’en dites rien à notre maître et nous serons tout dévoués à vos ordres.

— Alors faites-moi un plaisir ; j’ai pitié de vous, mais veille au bas de cet escalier et avertis-moi si quelqu’un vient.

Ainsi je l’envoie faire le guet, puis je m’adresse au jeune garçon : — Rassure-toi, lui dis-je, et uses-en avec moi comme tu as fait avec l’esclave.

À ces mots il perd toute crainte, s’avance, m’attire vers lui, me retrousse et s’aperçoit que je n’étais ni moins bien faite ni moins agréable que la négresse. Il respire à longs traits la suave odeur du musc dont j’étais parfumée, puis il se met à besogner entre mes jambes. — Pas si vite, lui disais-je, entraînée par le désir de la jouissance, pendant qu’il s’agitait avec rapidité. Docile à mes ordres, ce vaillant cavalier ne se laisse aller qu’au moment même où j’atteignais le but de mes désirs.

Ainsi mon cœur lui dut le remède à ses maux ; jamais aucun autre ne me procura pareille jouissance et semblable volupté ; c’est depuis ce jour-là que je me suis adonnée à la galanterie.

Ayant ainsi parlé elle se tut.

VII

Le Muletier.


À son tour une septième femme prit la parole.

— Effendi, votre servante était l’une des femmes du sultan de Bagdad. Mon époux, aussi beau que distingué, était fort amateur du beau sexe. Grâce à l’emploi de ruses subtiles, je m’adonnai, avec un de ses esclaves, à un commerce galant ; mais il avait chargé de nombreux espions de veiller sur son harem. Il est bientôt instruit de notre intrigue, fait saisir le coupable et ordonne de le mettre à mort. Cependant, à force d’instances, on parvint à lui sauver la vie ; le sultan se contenta de lui faire enlever les testicules et de le réduire à l’état d’eunuque : alors il lui fut permis de ne plus s’éloigner de moi.

Aussitôt sa guérison, il quitta le service du sultan et se résolut à s’éloigner du pays. Bientôt nos effets sont chargés sur des bêtes de somme, nous montons à cheval, nous nous mettons en marche et sortons de la ville. Ainsi nous parcourons plusieurs étapes et atteignons un pays où nous résolûmes de nous reposer une journée, car c’était vraiment un joli endroit. Alors les charges sont mises à bas et nous campons, entourés de nos bêtes.

Une fois couchés, mon mari m’embrasse de la façon la plus tendre ; pour mieux me caresser, il se place sur moi et commence à me frotter, comme aurait fait une femme. Notre muletier, qui ne dormait pas, ne se douta cependant de rien.

Peu après, mon mari s’endort, mais il avait tellement surexcité mes appétits sensuels que je ne pouvais goûter le sommeil. Toute éveillée, je regardais de côté et d’autre. Bientôt je vis le muletier se lever, s’approcher d’une ânesse, tirer son dard, en frotter la tête de salive, s’étendre sur le dos de l’animal et pénétrer dans son réduit secret.

Cette femelle s’agitait sous lui pour activer l’éjaculation ; une fois qu’elle s’est produite, il s’éloigne et regagne sa couche.

Comme on le pense bien ce spectacle n’avait pas contribué à me calmer ; je me sentais au contraire brûler de toutes les ardeurs ; mais je ne savais que faire. Troublée que j’étais de ce que je venais de voir je ne pouvais fermer les yeux et ne savais comment m’y prendre pour recouvrer ma tranquillité d’esprit. Hélas ! disais-je en moi-même, si mon mari s’est satisfait il ne m’a pas contentée ! C’est maintenant comme un mort, à quoi vais-je me résoudre en cette occurrence ?

Alors je me lève avec précaution et m’éloigne sans bruit. — Qu’as-tu fait ? dis-je au muletier en lui parlant à voix basse ; il n’est pas permis, mon ami, tu le sais, de séjourner en un endroit où il n’y a pas d’eau !

— Ne s’en trouve-t-il donc pas ici ? Et d’ailleurs, quel besoin y en a-t-il ? ajoute-t-il en riant. Ce n’est pas votre serviteur qui commettra la faute de vous en laisser manquer.

— L’occasion est belle, ajoutai-je ; puisque mon mari laisse, en dormant, échapper sa proie, profitons-en : c’est maintenant le moment de nous livrer au plaisir.

Alors il me fait signe, s’approche de moi, m’étreint dans ses bras et me couvre de baisers.

— Laisse-moi voir, lui dis-je, comment tu es armé et si tu es capable de me donner du plaisir.

J’écarte ses vêtements et découvre son plus bel ornement ; par degrés il dresse la tête : il était tel que je ne saurais vous le décrire. À cette vue, je ne pus me retenir et me mis à le cajoler et à le baiser avec un plaisir indicible.

Quand il est prêt à pleurer, il se place entre mes cuisses, je l’enserre de mes jambes et il s’introduit doucement dans mon réduit secret. Alors je ressentis des délices aussi variées que voluptueuses.

Comme l’ânesse, je m’agitais sous lui et, au moment de l’éjaculation, je ressentis d’immenses jouissances : encore aujourd’hui, je suis toute ragaillardie rien que d’y penser.

Ayant ainsi satisfait ma passion, je m’éloignai de lui en lui témoignant toute ma reconnaissance.

Tel fut le récit de cette joyeuse commère.


VIII

Le Prisonnier.


La huitième de ces femmes entama ainsi sa narration :

Votre servante, Effendi, est fille de geôlier ; on vantait chez moi une beauté et une amabilité rares ; c’était par charité pour les détenus que mon père et ma mère s’étaient résolus à se faire gardiens de prison.

J’avais à peine atteint ma dixième année qu’un jeune garçon de la suite du padischah fut incarcéré dans notre prison : il était plus agréable à voir que la lune dans son plein.

Un redoublement de surveillance et de vigilance fut prescrit à son égard et, d’après les ordres du grand-vizir, il fut chargé de chaînes pesantes, rivées à ses chevilles. En vue de veiller sur lui avec plus de soin, mon père me prescrivit de ne pas le quitter des yeux ; lui, de son côté, exerçait une attentive garde.

J’observai le trouble de son âme et de sa parole, sa beauté et ses grâces et m’appliquai à deviner tout ce que décelait de chagrins secrets l’expression de son aimable figure.

Un jour mon père, obligé de se rendre dans le voisinage, me recommanda un strict guet.

— Ce jeune homme, conclut-il, est comme un lion en cage ; ne le perds pas un instant de vue, ajoute-t-il en s’éloignant.

À peine fut-il parti que, désireuse de profiter de l’occasion, je me rends auprès du prisonnier et me mets à préparer son repas. À sa vue je me sentis toute joyeuse, car sa beauté m’avait inspiré les plus tendres sentiments. Une fois les mets apprêtés, je m’approchai de lui pour accomplir mon service.

Bientôt nous nous engageons dans un entretien qui mit au grand jour l’affection et l’amour qui nous unissaient l’un à l’autre. Je l’entoure de mes bras, il couvre de baisers mes yeux et mes lèvres, je m’enivre du plaisir de respirer le parfum de ses joues de rose.

Il me demande alors si j’étais vierge, et se montre tout joyeux de ma réponse négative. Alors il me couche sur le dos et fait pénétrer dans ma gaîne le plus désirable des poignards ; je l’entoure aussitôt de mes bras et me mets à fourbir son arme. Je sens bientôt l’éjaculation se produire et ainsi nous savourons les plus doux plaisirs. Avant que la nuit ne fût venue nous nous livrâmes trois fois à cet exercice, puis je m’éloignai de lui.

Dès le lendemain je débarrassai ses pieds des fers qui les entravaient ; l’ayant ainsi tiré de peine, il sortit de la prison et s’enfuit. Il ne me reste d’autre souvenir de nos amours qu’une boucle de cheveux cueillie sur sa tempe.

Ainsi parla-t-elle.


IX

Le Garçon de Magasin.


Une neuvième femme s’avance alors.

Votre servante, Effendi, devra bannir toute honte pour lui parler de ses amours. Mon père travaillait en cornes ; il avait chez lui un garçon des plus rusés. À l’âge de onze ans votre servante était encore tellement innocente qu’on la laissait librement circuler hors du harem. J’évitais, toutefois, de me mêler aux ouvriers.

Cependant ce garçon malin dont j’ai parlé me comblait d’attentions, de dragées et de gâteaux ; pour cette raison je me rendais souvent auprès de lui. Alors il me prenait sur ses genoux et se mettait à me faire sauter. Parfois son dard se plaçait entre mes cuisses, se frottait contre moi et me mouillait. Je commençai bientôt à comprendre de quoi il s’agissait ; je sentis alors mes sens s’éveiller et la soif des plaisirs de la copulation naître chez moi.

Une fois que, comme de coutume, je m’étais rendue auprès de lui, il se mit à en user à sa façon ordinaire, je voulus lui faire comprendre que je n’étais pas si niaise qu’il le pensait :

— Quel est ton dessein, lui dis-je ? Comporte-toi en homme ou bien laisse-moi tranquille !

— Ma chère, réplique-t-il, puisque tu es disposée à te montrer complaisante, tu vas voir comment je sais me comporter à l’occasion.

— As-tu jamais eu affaire, poursuivis-je, à une fille vierge ?

À ces mots je le vis trembler de tous ses membres. Sans tarder il m’étend cependant à terre, prend place entre mes cuisses, humecte ma fente de salive et en use de même à l’égard de son arme virile, dont il se met à travailler entre mes grandes lèvres : à force de frotter et de pousser, son membre pénètre graduellement. Je me sens alors en proie à toutes les ardeurs de la passion ; des larmes brûlantes coulaient de mes yeux au moment où il achevait son opération. — Enfin, m’écriai-je, je suis arrivée à mon but ! Quand il s’est introduit jusqu’au fond, il se met à genoux ; je soulève mes hanches pendant qu’appuyé sur ses mains, il m’assaillait. Sans doute la douleur se peignait sur mon visage et dans mes yeux, mais le plaisir l’emportait encore sur elle. Dans notre ivresse un souffle bruyant s’échappait de nos narines. À force de nous caresser ainsi, un doux sentiment de volupté, un bien-être délicieux fut le prix de nos fatigues. Après avoir ainsi goûté par trois fois les délices amoureuses il s’éloigna de moi. Je m’aperçus alors que je saignais, mais je le quittai sans que personne se fût aperçu de rien. Pour lui donner une dernière et nouvelle preuve de mon affection, et puisqu’il était devenu mon amant, je lui laissai voir mon visage.

Ayant ainsi parlé, elle se tut.

Alors le fils du vizir, satisfait de la complaisance de ces dames, leur fit à toutes des cadeaux. Comme, à cet instant, le jour commençait à poindre, la compagnie se sépara et chacun s’en fut chez soi en songeant à ce qu’il avait entendu.


Vignette pour le Livre de volupté
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