Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Bas

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 36-37).
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BAS, s. m. — Petit cabinet borgne au rez-de-chaussée. Quand j’étais apprenti, on avait mis l’apprentisse coucher sus la suspente et le compagnon dans un petit coin au rez-de-chaussée, rapport à la décence. Le compagnon ronchonnait. Il disait qu’y avait tout plein de bardanes, mais c’était pour ce qu’il aurait voulu coucher sus la suspente, le gone ! Voilà comme ça que, tout par un jour, s’amène le père Compasteur, de la rue Saint-Denis. Après avoir fait de compliments au bourgeois sur la bonne tenve de l’atelier : Mais où couche le Joset, qu’il fait ? Oh moi, dit le Joset, d’un air d’avoir deux airs, i me font coucher dans un bas ! Le père Compasteur aimait à couyonner, comme en partie tous les vieux canuts : Comment, qu’il fait, te couches dans un bas ! ah, par exemple, te me feras pas croire celle-là ! Y aurait jamais de bas assez grand. — Oh, c’te grande bugne qui croit que je couche dans un bas ! fit le Joset d’un air de pitié ; mais c’est pas un bas qu’est un bas, comprenez don ! C’est un bas qu’est une cadolle ?

Le bas de la Grand’Côte. Voy. Grand’ Côte.

À bas. — Quand le métier est à bas, c’est quand il n’y a plus, hélas ! de pièce à donner chez le fabricant. — À bas ! dernier mot de tout. Beaux amoureux, vous ne songez guère qu’un temps viendra où vous n’aurez plus d’huile dans le chelu, rien que des canettes ébôyées dans le caissetin. — Métier à bas ! — Politiciens qui vous gonflez comme des haricots crevés, un jour vous serez renversés, ef qui pis est, oubliés ; Métier à bas ! Et tous, riches comme le père Crépin ou pauvres comme Bibasse, le métier sera à bas, un jour que l’on aura fabriqué sa dernière longueur, la plus malaisée, pleine d’écorchures et de bouchons.

Et mourut Paris et Heleine.
Quiconque meurt, meurt à douleur.

Puisque c’est un faire le faut, ami lecteur, puisse au moins ton métier n’être à bas que le plus tard possible !