Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Banc

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 31-32).
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BANC. — Vieux comme un banc. Madame la baronne de Pouillevaisse a dû être fort belle. C’est dommage qu’elle soye vieille comme un banc ! Je n’ai jamais compris cette métaphore. Les bancs, c’est comme les femmes ; s’il en est de vieux, il en est de jeunes.

Banc de menuisier, Établi. Ce sens s’explique par ce fait, que le vieux haut allem. banch signifiait aussi table. Aussi l’allemand a-t-il Werkbank, établi.

Banc de tisane ou Pied humide. Échoppe où l’on vend du coco l’été, et l’hiver des bavaroises chauffées, sucrées, un sou le verre. Elle se compose d’un comptoir revêtu d’étain, abrité d’un toit. L’échoppe a un fond, parfois orné d’une belle glace. À droite et à gauche, des côtés en bois pour abriter la bonne femme des courants d’air. Sous ses pieds, un plafond en bois pour l’élever et lui tenir les pieds au sec. L’hiver un réchaud avec un cornet de poêle fumant au-dessus du toit. Le réchaud porte une vaste bouilloire à robinet. Avec le développement écrasant du luxe, on a joint à la vente du coco l’été celle des glaces à deux sous. Les plus beaux bancs de tisane étaient rangés en files sur la place des Jacobins. À Bellecour, le banc de tisane À la Renommée portait, tirée en peinture, une belle Renommée jouant de la trompette. Vers 1840, il y avait là tous les soirs une énorme affluence. Un M. Grabowski, gentilhomme très original, très spirituel, de séjour à Lyon, se loua au banc de tisane comme garçon, pour faire des études de mœurs.