Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Aller

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 10).
◄  Allège
Allonger  ►

ALLER. — Aller à l’économie, Ne pas attacher ses chiens avec des saucisses. M. Z…, gros négociant lyonnais, non sans talent sur le violon, était à la fois passionné pour la musique et pour l’économie. Un soir, chez Mme *** où l’on faisait des séances de quatuor, il jouait faux comme Judas. — « Mais Monsieur X…, lui fit Georges Hainl, votre chanterelle est trop basse ! — Sans doute ! reprit-il, mais si je la montais, elle courrait risque de se casser. »

Aller contre les beaux jours, contre l’hiver. Simplification de l’expression « aller à l’encontre de ».

Aller de pied, pour aller à pied (mais on ne dit pas aller de cheval). Analogie avec d’autres locutions telles que aller du pied comme un chat maigre ; n’y aller ni de pied ni d’aile (Montaigne), etc.

Cet homme me va : c’est-à-dire, me botte. Aller du ventre. Point d’explication. Venir du corps. Voy. Aller du ventre.

Je t’allais au devant. Molard a oublié celle-là, si usitée à Lyon. En effet, on ne va pas « au-devant quelqu’un ». Mais la locution est si enracinée que je serais bien étonné si nos académiciens s’en privaient.

Aller au-devant par derrière. Se dit de quelqu’un qui use de moyens détournés.

Aller en champ, Mener paitre les bestiaux..

Aller tout à la douce, Aller tout plan plan, Aller tout doucement, ne pas être malade, mais ne pas être resplendissant de santé. Le dialogue suivant se répète cinq cents fois par jour à la Croix-Rousse et à Saint-Just : C’est toi, ganache ! Comment que te vas ? — C’est donc toi, grande bugne ! ça va ben tout plan plan. — La première locution s’explique toute seule ; la seconde est le piano piano des Italiens.

Où vas-tu ? — Je vas place Sathonay… je vas rue Mercière, pour « à la place Sathonay » ou « en rue Mercière ». Mais on ne le dit pas devant un nom de quartier. On ne dit pas : Je vais Vaise… je vais Perrache. Il faut dire alors : « Je vais en Vaise », et « à Perrache ».