Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Allège

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 9-10).
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ALLÈGE, s. f. — 1. Terme de construction, Fort bloc de pierre, grossièrement équarri, que l’on place sur le béton en basses fondations, et en hautes fondations sous les piliers isolés. — D’alléger, parce qu’en répartissant le poids, on allège le point qui supportait le fardeau.

2. Terme de vidange. Au jour d’aujourd’hui on cure, parlant par respect, les fosses de jour et de nuit, été et hiver. Jadis les fiacres de Venissieux n’étaient autorisés à charger que du 1er novembre au 1er mai, de 10 heures du soir à 3 heures du matin. Pourtant arrivait-il des fois que les fosses débordaient ; le contenu se répandait dans les caves, dans les puits, dans les cours. Bocon épouvantable par toute la maison. L’argenterie devenait noire, les boiseries peintes à la céruse se plaquaient de traînées grises. Alors on courait à la Cie, qui, vu l’urgence, était autorisée à faire une allège, c’est-à-dire, parlant par respect à enlever suffisamment de clair pour faire de la place jusqu’à l’hiver. Mais comme déjà on falsifiait toutes les denrées, et que la matière n’était quasiment que de l’eau, au lieu de l’emporter à domicile, on la vidait dans le Rhône de dessus le pont. — Et vous savez maintenant ce que c’est qu’une allège !