Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Allée

Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 9).

ALLÉE. — Allée qui traverse, Allée qui a deux issues. Où est-il le temps où, par quelque grosse radée, je venais de la place de la Comédie chez nous, en rue Belle-Cordière, d’allée qui traverse en allée qui traverse et toujours à la soute. Mais hélas : « Où est la très sage Heloïs ? »

On assure que le bien parler exige allée de traverse. Pourtant, dans « allée qui traverse » il n’y a qu’une de ces métonymies d’effet pour la cause, dont la langue française est si coutumière. Ne dit-on pas, suivant l’Académie, une rue passante, une couleur voyante ? Une rue qui passe, une couleur qui voit, ne sont pas moins rares qu’une allée qui traverse.

Cette expression est si répandue chez nous que Saint-Olive, qui soignait son style, n’a pas manqué à écrire, dans ses Vieux Souvenirs : « Un jour, je me trouvais dans la cour d’une maison qui traverse de la place de la Comédie à la rue Désirée. »