Le Laurier noir/V/Les Vendanges

Société de la Revue Le Feu (p. 107-108).

LES VENDANGES


Septembre est revenu couvert de ses lumières.
Les femmes, de la vigne ont repris le chemin.
Sous l’ombre d’un pin bleu que convoite le lierre,
Bacchus est étendu, des coupes dans les mains.

Une odeur de blé mûr qui ruisselle des granges
Parfume le couchant langoureux de l’été.
Mon cœur, dans les raisins, pense à d’autres vendanges,
Dans les cuves de l’Est pèse l’éternité.


Entre la terre et Dieu monte une double treille
Dont le feuillage lourd porte de doubles fruits.
Les flûtes de roseau dans des sanglots s’éveillent
Et l’aurore du ciel tremble aux bras de la nuit.

De la vie à la mort je franchis les étapes.
C’est vous nobles amants, c’est vous jeunes guerriers,
D’un immense pressoir qui devenez les grappes,
Et la France est assise aux portes du cellier.