Le Lalita-Vistara, ou Développement des jeux/Appendices

Traduction par Philippe-Édouard Foucaux.
Texte établi par Musée Guimet, Paris (Annales du Musée Guimet, tome 6p. 375-398).


APPENDICE


I

Voici ce que Csoma de Körös a extrait, sur l’origine des Çâkyas, du XXVIe vol. de la section mdo du Kanjour tibétain. L’original sanskrit Abhinichkramaṇa soûtra n'a pas été retrouvé jusqu’à présent :

« Les Çâkyas, qui habitaient la ville de Kapilavastou, s’adressèrent au Bouddha pour être instruits par lui sur l’origine de leur race. Celui-ci chargea son disciple Ayouchmat Maudgalyâyana de leur expliquer ce fait. Il le dit de la manière suivante :

Après que la terre eut été repeuplée par des hommes, et que ceux-ci eurent peu à peu perdu les facultés supérieures dont ils étaient d’abord doués, des disputes s’élevèrent fréquemment entre eux. Ils choisirent donc parmi eux un chef qui fut appelé Mahâsammata (honoré par la multitude). Un de ses descendants fut Karṇa, qui résida à Pôtala[1]. Il avait deux fils, Gautama et Bharadhvadja. Le premier se fit religieux ; mais ayant été injustement accusé d’avoir tué une femme publique, il fut empalé à Pôtala, et son frère succéda à Karṇa. Bharadhvadja étant mort sans enfants, les deux fils de Gautama, qui étaient nés d’une manière surnaturelle, héritèrent du trône. C’est à cause des circonstances de leur naissance qu’eux et leurs descendants sont appelés de divers noms, tels qu’Angirasa, Soûrjavaiïça, Gâutama et Ikchvakou. Un de ses frères mourut sans postérité ; l’autre régna alors sous le nom d’Ikchvakou. Il eut pour successeur son fils, dont les descendants, au nombre de cent, occupèrent le trône de Pôtala. Le dernier fut Ikchvakou Virouthaka. Il avait quatre fils. Après la mort de sa première femme, il se remaria avec la fille d’un roi dont il obtint la main sous la condition de transmettre le trône au fils qu’il aurait d’elle. Pressé par les grands officiers de la cour, il exila ses quatre premiers fils pour assurer la succession à leur jeune frère puîné 1. Les quatre princes emmenèrent leurs propres sœurs avec eux et, accompagnés d’une grande multitude, ils quittèrent Pôtala, se dirigèrent vers l’Himalaya, et arrivèrent sur les bords de la rivière Bhagirathî, où ils s’établirent dans le voisinage du Rîchi Kapila, vivant dans des huttes faites de branches d’arbres. Ils se nourrissaient de leur chasse et visitaient quelquefois l’ermitage du Rïchi Kapila. Celui-ci, voyant qu’ils avaient très mauvaise mine, leur demanda pourquoi ils étaient si pâles. Ils lui exposèrent alors combien ils souffraient de la continence forcée dans laquelle ils vivaient. Le Rîchi leur conseilla de prendre pour femmes celles de leurs sœurs qui n’étaient pas nées de la même mère qu’eux. — Ô grand Richi, dirent-ils alors, cela nous serait-il permis ? — Oui, seigneurs, leur répondit le Rïchi ; des princes bannis peuvent agir de cette manière. — Ainsi, se réglant d’après la décision du Rïchi, ils cohabitèrent avec leurs sœurs qui n’étaient pas de la même mère qu’eux, et en eurent beaucoup d’enfants. Le bruit que faisaient ces enfants interrompait le Rïchi dans ses méditations, et il désira aller habiter autre part. Cependant ils le prièrent de rester où il était, et de leur indiquer un autre emplacement pour y vivre. Le Rïchi leur montra alors l’endroit où ils devaient bâtir une ville ; et comme le sol leur avait été donné par Kapila, ils appelèrent cette ville Kapilavastou (sol de Kapila ou le sol

1 La même légende se trouve dans le Mahâvañça : « Quatre frères se sont retirés dans la jongle avec leurs cinq sœurs afin de laisser au plus jeune fils de leur père, né d’une jeune reine favorite, la succession au trône. Établis auprès de l’ermitage du sage Kapila, ils demeuraient dans des cabanes faites avec des branches d’arbres et vivaient du produit de leur chasse. Au bout de quelque temps, ils firent de Priyà, leur sœur aînée, la reine mère et chacun d’eux prit pour femme une de ses sœurs qui n’était pas de la même mère. C’est ainsi qu’ils fondèrent la ville de Kapilapour » (The History of India, by J. Talboys Whiler, t. I, p. 117, note 1). du Jaune). Leur nombre ayant augmenté considérablement, les dieux leur indiquèrent une autre place où ils bâtirent une ville qu’ils appelèrent Lhas-bstan (montrée par un dieu).

« Se rappelant la cause de leur bannissement, ils firent une loi d’après laquelle aucun d’eux ne devait épouser une seconde femme de la même tribu et devait se contenter d’une seule épouse.

« À Pôtala, le roi Ikchvakou Virouthaka, se ressouvenant un jour qu’il avait quatre fils, demanda à ses officiers ce qu’ils étaient devenus. Ils lui répondirent que pour certaine faute il les avait lui-même expulsés du pays, qu’ils s’étaient établis dans le voisinage de l’Himalaya, qu’ils avaient pris leurs propres sœurs pour épouses, et qu’ils s’étaient considérablement multipliés. Le roi très surpris de ce récit, s’écria plusieurs fois : Çâkya ! Çâkya ! (Est-il possible ! est-il possible !) Après la mort d’Ikchvakou Virouthaka, son fils cadet lui succéda. Etant mort sans enfants, les princes bannis héritèrent successivement de lui. Les trois premiers n’eurent pas de descendants. Les descendants du quatrième, au nombre de cinquante-cinq mille, ont régné à Kapilavastou.

« C’est d’eux que descendaient les Çâkyas du temps du Bouddha Çâkya Mouni 1. »

Voici maintenant les noms des parents du Çâkya Mouni, suivant le Mahâvanso (d’après la version anglaise de M. Georges Turnour, p. 9 et 10) :

« Il y a eu quatre-vingt-deux mille souverains, fils et descendants directs du roi Sihassaro ; le dernier fut Djayasêno. Ils ont été célèbres comme rois des Sâkyas de Kapilavatthou.

Le grand roi Sihahanou était fils de Djayasêno. La fille de Djayasêno s’appelait Yasôdarà. Dans la cité Dêwadaho, il y eut un chef des Sâkyas nommé Dêwadaho. De lui naquirent deux enfants, Aujano et Kachchàna. Cette dernière devint l’épouse du roi Sihahanou.

Yasodharâ devint l’épouse du Sàkya Anjano. Anjano eut deux filles : Mâyâ et Padjâpati, et deux fils de la race de Sàkya : Dandapàni et Souppabouddho.

Sihahanou eut cinq fils : Souddhodano, Dhothùdano, Sukkodano (Ghattitôdano) et Amitôdano ; et deux filles : Amitâ et Pamità. Amitâ devint

1 Journal of the Asiatic Society of Bengal, 1833, t. II, p. 385 et suiv. l’épouse du Sâkya Souppabouddho. Soubhaddakachchànâ et Dèwadatta furent leurs deux enfants.

« Màvâ et Padjàpati furent toutes deux en même temps femmes de Souddhôdauo. Notre Vainqueur fut le fils du grand roi Souddhôdano et de Mâyà. Le grand et divin sage descendait en ligne directe de Mahasammato, le pinacle de toutes les dynasties royales. Soubhaddakachchànâ devint l’épouse du Bodhisatthô Siddhato. Son fils fut Râhoulo.

Les princes Bimbisâro et Siddhato furent amis. Leurs pères à tous les deux furent également des amis dévoués. Le Bôdhisattho avait cinq ans de plus que Bimbisâro. C’est à vingt-neuf ans que le Bôdhisattho partit (pour sa mission religieuse).

Après six années d’épreuves, il arriva à l’état de Bouddha, et alla, à trente-cinq ans, retrouver Bimbisâro.

Le grand sage Bimbisâro avait été lui-même, à l’âge de quinze ans, mis par son père (Bhâtiyo) à la tête du royaume. Le Bouddha lui proposa ses doctrines la seizième année de son règne. Il gouverna le royaume pendant cinquante-deux ans. Quinze ans de son règne s’étaient écoulés avant qu’il se réunit à la congrégation du Vainqueur ; il régna trente-sept ans depuis sa conversion, période pendant laquelle le successeur des premiers Bouddhas vivait encore.

Le faible et perfide fils de Bimbisâro, Adjâsatton, ayant mis son père à mort, régna trente-deux ans. C’est la huitième année du règne d’Adjâtasattou que le Bouddha mourut. »

II

J’emprunte au XXe vol. des Recherches asiatiques les détails suivants qui font le complément du récit du Lalitavistara.

« Outre les cinq personnages que l’on a vus devenir les premiers disciples du Bouddha 1, cinq autres personnes vinrent se ranger aussi parmi ses disciples, et bien d’autres se mirent à sa suite. Dans sa route vers

1 Voyez page 212. Râdjagriha, soixante personnages à la fois prirent le caractère de religieux et le suivirent. Le roi de Magadha, Vimbasâra, l’invita à venir à Râdjagrïha 1, et lui offrit un Vihàra, appelé Kalantaka du nom d’un oiseau. Çàripoutra et Mongaljana (plus tard deux de ses principaux disciples) entrent en religion. Kàtyàyana devint aussi disciple de Çâkya, qui l’envoya dans la suite à Oudjayaiia pour convertir le roi et son peuple, mission qu’il remplit avec succès.

Un riche maître de maison 2 de Çràvasti, dans le Kôçala, ayant adopté le Bouddhisme, élève une maison religieuse avec de grands bâtiments, dans un bois appelé Djètavana, et invite Çâkya à y faire sa résidence avec ses disciples. Çâkya Mouni y passa vingt-trois ans, et c’est là qu’il communiqua à ses auditeurs la plus grande partie des Soùtras.

Prasènadjit, roi du Kôçala, qui résidait à Çràvasti, adopte le Bouddhisme.

Cependant Çouddhôdana, le père de Çâkya, lui envoie successivement huit messagers pour l’inviter à venir à Kapilavastou. Mais tous restent avec Çàkva Mouni et se font religieux. Enfin il lui expédie Tcharka, l’un de ses ministres. Ce dernier se fait aussi religieux ; mais il retourne vers le roi pour lui annoncer la visite que Çâkya se propose de lui faire. Le roi fait, à cause de cela, bâtir près de Kapilavastou le couvent (cihâra) de Nyagrôdha.

Après une absence de douze ans, Çâkya visite son père. Plusieurs miracles s’accomplissent à l’occasion de l’entrevue du père et du tils. Les Çàkyas adoptent le Bouddhisme, i-t prennent, pour la plupart, le caractère religieux 3.

La mort de Çàkya Mouni, d’après l’accord général des livres thibétains, arriva dans l' Assam, près de la ville de Kouçinagara, sous une couple d’arbres de l’espèce Sala (Shorea rohusta).

Tous les êtres vivants, avertis par une voix puissante des approches de

1 Çàkya Mouni accepta le Vihàra (dans le bois de Kalantaka près de Râdjagriha) que lui offrait Bimbasàra : il y passa plusieurs années, et c’est là qu’il fit un grand nombre de ses discours. Il y avait aussi près de Râdjagriha un autre lieu appelé Gridhrakouta parcata (montagne du pic des vautours), où il fit aussi plusieurs discours, spécialement sur la Pradjndpâramitd (sagesse transcendante).

2 Il s’appelait Anàthapindika ou Anâthapindada.

3 Gàutami (tante de Çàkya), Yaçôdhard, Gôpa et Outpalavarnà (ses femmes), furent les premières femmes qui entrèrent en religion, mais longtemps après l’institution de l’ordre des Religieux. Le Bouddha ne consentit qu’après une longue hésitation à fonder l’ordre des Religieuses. la mort de Çâkya, se hâtent de lui apporter leurs dernières offrandes, de lui soumettre quelques doutes sur certains articles de sa doctrine, et d’entendre ses instructions à ce sujet.

Avant de mourir, Çâkya dit de quelle manière on avait coutume de brûler anciennement les monarques universels (Tchakravartins), et ordonne à ses disciples de faire de même pour son corps. Suivant ses instructions, après avoir lavé plusieurs fois le corps avec toutes sortes d’eaux parfumées, ils le mettent dans un coffre de fer qu’ils emplissent d’huile végétale d’une odeur suave, et le gardent ainsi sept jours. Alors ils retirent le corps, l’enveloppent premièrement de coton moelleux, puis l’entourent de cinq cents pièces de toile de coton, après quoi ils le replacent dans le coffre, qu’ils remplissent de nouveau d’une huile végétale parfumée, et, après l’avoir gardé encore sept jours, ils le brûlent avec du bois de sandal et d’autres bois précieux et odoriférants.

Son corps ayant été brûlé ainsi, ils recueillirent les cendres qui, remplirent huit mesures (Drônas). On les déposa dans huit urnes, qu’on plaça sur huit trônes, richement ornés, et pendant plusieurs jours on leur offrit des adorations et des sacrifices, après quoi on les déposa dans un magnifique monument pyramidal (Tchâitya), dans la cité de Kouçinagara.

Les princes de l’Inde centrale, chez lesquels Çâkya Mouni avait vécu, apprenant sa mort, et désireux d’obtenir ses reliques sacrées, vont eux-mêmes ou envoient des gens pour en avoir une partie. Le peuple de Kouça leur permet de visiter le Tchâitya et d’honorer les reliques sacrées, mais refuse de leur en donner la moindre partie.

Après la mort de Çàkya, sa doctrine fut d’abord compilée par ses principaux disciples. Kâcyapa, qui lui succéda dans la hiérarchie, compila la classe des livres métaphysiques (S. Pradjnâpdramitâ), Ananda, la classe des préceptes moraux et récits légendaires (S. Soûtras), et Oupâli rédigea la classe appelé discipline (S. Vinaya). Ces trois compilations furent appelées les Trois corbeilles (S. Tripitakas), et aussi principaux préceptes (S. Prabhâchana).

Tous ces ouvrages sont maintenant trop volumineux ; leur étendue et leur contenu prouvent avec évidence qu’ils sont l’ouvrage de plusieurs âges successifs, quoique tous soient attribués à Çâkya. Cent dix ans après la première compilation, on en fit une seconde, au temps d’Açôka, le roi célèbre qui résidait à Pàtalipoutra. Une troisième compilation fut encore faite au temps de Kanichka, roi fameux dans le nord de l’Inde, alors qu’il s’était écoulé quatre cents ans depuis la mort de Çâkya. « Vers cette époque les Bouddhistes se divisèrent en dix-huit sectes, à la tête desquelles se trouvaient quatre disciples de Çâkya : Râhoula son fils, Oupâli, Kâcyapa et Kâtyâyana. »

II
MORT ET FUNÉRAILLES DE ÇÂKYA MOUNI
D’après le Doulva (t. XI, p. 635). —

« Aussitôt que le Bouddha fut délivré de la douleur, cette grande terre trembla ; il tomba un météore, les coins du monde furent en feu, et du ciel illuminé se fit entendre un grand bruit de tambours frappés par les dieux.

Au même instant Ayouchmat Mahâ Kâcyapa, qui était à Ràdjagrïha dans le bois de Kalantaka, fut éveillé par ce tremblement de terre, et réfléchissant sur ce qu’il annonçait, il s’aperçut que Bhagavat avait été complètement délivré de la douleur. Comme il était instruit de la nature des choses, il dit : — Telle est la destinée de tout ce qui est un composé.

Puis Kâçyapa partit pour la cité de Kouça.

Aussitôt que le Bouddha fut mort au pied des deux Sâlas[2] qui répandaient sur lui leurs fleurs, et tandis qu’il dormait comme un lion, un Religieux récita ces Gâthâs (vers) :

— Une couple de Salas superbes, au milieu de ce bosquet d’arbres verts excellents, répandent des fleurs sur le maître délivré de la douleur.

Au même instant aussi, Indras dit en vers :

— Hélas ! une chose composée n’est pas durable ; parce qu’elle est produite, elle est de nature périssable ; parce qu’elle est produite, elle périt. C’est un bonheur pour un être tel que lui d’être au repos.

De même Brahmâ, le maître de l’univers, dit en vers :

— Toutes les choses rassemblées en ce monde par toutes les créatures doivent être abandonnées ; l’homme qui n’avait pas d’égal dans le monde, le Tathâgata, qui avait acquis de grands pouvoirs et des yeux clairvoyants, un pareil maître aussi à la fin est mort.

Et enfin Âyouchmat Anirouddha dit : — Celui qui était un protecteur doué d’un esprit solide, celui qui avait obtenu la fermeté et la tranquillité, son souffle d’expiration et d’aspiration étant arrêté, l’être à l’œil clairvoyant s’est éteint à la fin. Quand le maître par excellence a été délivré de la douleur, j’ai été grandement troublé, ma chevelure s’est dressée. Pour lui, il était sans crainte ; il était au delà des objets des sens ; son esprit s’était dégagé. Tant de lumière est éteinte aujourd’hui.

Aussitôt que le Bouddha Bhagavat fut délivré de la douleur, quelques Religieux se roulèrent à terre ; quelques-uns, croisant leurs bras, poussèrent de grands cris ; quelques-uns, accablés de chagrin, s’assirent sans remuer ; quelques-uns, qui se reposaient sur la religion, dirent : — Le Victorieux qui nous instruisait eu toutes choses, qui était doux, agréable, et cher au cœur de tous, le voilà disparu, anéanti, détruit, perdu pour nous.

Alors Ayouchmat Aniroudda dit à Ayouchmat Ananda : — Si par quelques moyens de douceur vous n’apaisez pas les Religieux, les dieux qui vivent pendant plusieurs centaines de Kalpas, diront avec reproche et dédain : — Il y a là bien des Religieux qui ont pris le caractère religieux d’après les excellents préceptes de la discipline, mais qui n’ont ni jugement ni réflexion.

Ananda demanda à Anirouddha : — Savez-vous combien il y a de dieux présents ?

— Ananda, dans l’espace qui sépare la cité de Kouça de la rivière Yigdan ; depuis le bosquet des deux Salas jusqu’au Tchâitya, orné au sommet par les Mallas, douze milles (chacun de quatre mille brasses) à la ronde sont remplis, sans qu’il y ait un seul vide, par des dieux sages et très puissants ; il n’y a pas de place laissée par les dieux inférieurs où fixer un bâton. Quelques-uns de ces dieux se roulent à terre ; quelques-uns croisent leurs bras en poussant des gémissements ; quelques-uns, accablés par la grandeur de leur chagrin, restent immobiles ; quelques-uns, se reposant sur la religion, disent etc. (comme plus haut).

Ce soir-là, Âyouchmat Anirouddha, après avoir fait quelques réflexions morales, s’assit à la manière d’un sage vénérable, et garda le silence.

Puis, la nuit étant écoulée, il dit à Ânanda : — Va, et dis aux Mallas qui habitent Kouça : — Citoyens, ce soir, à minuit, le Maître a été délivré de la douleur, en ce qui regarde les cinq agrégats de son corps ; faites maintenant votre devoir, et montrez votre mérite moral. Et recommande-leur de ne pas se mettre dans l’esprit de dire : — Habitants des environs de notre cité, notre maître étant mort, nous ne pouvons désormais lui faire des offrandes et les autres choses requises.

Après qu’Anirouddha eut parlé ainsi, Ananda se revêtit de son vêtement de Religieux, et accompagné d’autres Religieux, se rendit à la salle du conseil des Mallas habitants de Kouça, où se trouvaient alors environ cinq cents de ceux-ci, réunis pour délibérer sur leurs affaires. Alors Ananda leur dit : — Citoyens de Kouça, veuillez m’écouter. Ce soir, à minuit, le Maître a été complètement délivré de la douleur, quant aux cinq agrégats de son corps. Faites maintenant votre devoir, et montrez votre mérite moral. Ne vous mettez pas dans l’esprit de dire : Habitants des environs de notre cité, etc. (comme plus haut).

Après qu’Ananda eut parlé ainsi, quelques-uns des Mallas qui habitent Kouça se roulèrent à terre ; quelques-uns se croisèrent les bras en poussant de longs soupirs, etc. (comme plus haut).

Alors les Mallas de Kouça prenant avec eux, de tous les points de la cité, des fleurs, des guirlandes, de l’encens, des poudres parfumées et des instruments de musique ; accompagnés de leurs enfants, de leurs femmes, de leurs esclaves des deux sexes, des laboureurs, des publicains, de leurs amis, de leurs parents, des magistrats et des officiers, sortirent de la cité de Kouça, se rendirent au bosquet des deux Salas, et là, rendirent toutes sortes d’honneurs et de respects à Bhagavat (endormi comme un lion), en lui offrant de la myrrhe, des guirlandes, de l’encens et des poudres parfumées, au son de la musique.

Alors les principaux d’entre les Mallas de Kouça parlèrent ainsi à Ayouchmat Ananda :

— Vénérable Ânanda, nous voulons faire un sacrifice à Bhagavat (ou honorer sa mémoire) ; veuillez donc nous apprendre de quelle manière il faut faire ses funérailles.

— Citoyens, il faut les faire comme celles d’un roi Tchakravartin (universel).

— Vénérable Ânanda, comment se font ces funérailles ?

— Citoyens, le corps d’un monarque universel est enveloppé d’abord dans du coton et du bois de cotonnier (mis en lames), et ensuite il est roulé dans cinq cents pièces de toile de coton, puis placé dans un cercueil de fer rempli d’huile végétale, recouvert en dessus d’un double couvercle de fer ; alors on amasse toutes sortes de bois odoriférants, il est brûlé avec eux, et le feu est éteint avec du lait ; et enfin, ses os étant mis dans une urne d’or et un Tchâitya étant construit pour ces ossements, à un endroit où se rencontrent quatre routes, on plante un parasol, des bannières et de longues banderoles d’étoffe, on leur rend des hommages et des respects, avec des parfums, des guirlandes, des poudres parfumées et des concerts de musique, après quoi on célèbre une grande fête. Citoyens, telles sont les cérémonies qu’on fait aux funérailles d’un monarque universel. Pour le Tathâgata Arhat, Bouddha vraiment accompli, vous devez faire plus encore.

— Vénérable Ânanda, nous ferons ce que vous nous avez commandé ; mais il n’est pas facile de se procurer promptement toutes les choses requises. Dans sept jours tout sera prêt, et nous exécuterons les sacrifices funèbres avec des substances odorantes, des guirlandes, de l’encens, des poudres parfumées, et, au milieu des concerts de musique nous rendrons toutes sortes d’honneurs à Bhagavat qui sommeille sur son trône de lion.

Faites comme il est convenu, dit Ânanda.

Ils s’en allèrent donc, et pendant sept jours préparèrent tout ce qui était nécessaire. Et le septième jour, ayant de plus préparé une bière dorée, et apporté avec eux toutes les substances, les guirlandes et les instruments de musique trouvés dans l’espace de douze milles, depuis Kouça jusqu’à la rivière Yigdan, depuis le bosquet des deux Sâlas jusqu’au Tchâitya dont le sommet est orné, ils sortirent de la ville et s’avançant vers le bosquet des deux Salas, rendirent hommage à celui qui sommeillait sur son trône de lion, avec toutes sortes de substances odorantes, de guirlandes, etc. (comme plus haut).

Alors, les principaux Mallas de Kouça parlèrent ainsi à ceux qui se rassemblaient de toutes parts :

— Citoyens, écoutez. Les femmes et les filles des Mallas feront un dais d’étoffe au-dessus du corps de Bhagavat ; les femmes et les filles porteront la bière de Bhagavat ; et nous, après l’avoir honoré en lui offrant des parfums et des guirlandes au son de la musique, nous irons par la porte occidentale de la ville, que nous traverserons et nous sortirons par la porte orientale ; puis, après avoir passé la rivière Yigdan, nous nous arrêterons auprès du Tchâitya (appelé le Tchâitya) qui a un ornement au sommet, et là nous briderons le corps.

Les Mallas répondirent : — Nous agirons en conséquence.

Les femmes et les filles des Mallas firent un dais d’étoffe sur le corps de Bhagavat ; mais quand elles voulurent enlever la bière, elles ne purent y parvenir.

Alors Anirouddha dit à Ananda :

— Ayouchmat Ananda, les femmes des Mallas de Kouça ne peuvent soulever la bière de Bhagavat. Et pourquoi ? — C’est que telle est la volonté des dieux.

— Ayouchmat Anirouddha, que veulent donc les dieux ? — Que la bière soit portée par les Mallas et leurs fils.

— Ayouchmat Ananda, qu’il soit donc fait suivant la volonté des dieux. « Aussitôt que la bière eut été enlevée par les Mallas et leurs fils, les dieux, qui habitent les espaces lumineux du ciel, jetèrent des fleurs divines telles que des lotus bleus, jaunes, blancs et rouges et des poudres parfumées de sandal ; ils firent entendre une musique divine et laissèrent tomber des étoffes et des vêtements. Alors quelques-uns des principaux Mallas dirent aux autres : — Faisons cesser la musique des hommes et le reste, et accomplissons les cérémonies funèbres avec la musique divine, avec les fleurs et les parfums divins. Et ils continuèrent les cérémonies funèbres (comme il a été dit plus haut), jusqu’à ce qu’ils arrivassent au Tchâitya où le corps devait être brûlé.

En ce temps-là, il tomba dans la ville de Kouça une telle quantité de fleurs de Mandaraka, qu’il y en avait jusqu’aux genoux. Un homme qui avait ramassé une grande quantité de cette fleur divine se rendit pour quelque affaire à la tour de Digpatchan.

Dans le même temps Mahâ Kâcyapa, accompagné de cinq cents personnes (ou Religieux), était en route pour Kouça, afin de rendre ses derniers devoirs au corps intact de Bhagavat. Ayant rencontré cet homme sur la route, entre Koucinagara et Digpatchan, il lui demanda d’où il venait et où il allait. Celui-ci répondit : — Vénérable seigneur, je viens de Kouça et je me rends pour affaire à Digpatchan. — Connais-tu mon Maître ? — Oui, vénérable seigneur, je le connais ; c’est le Çramana Gâutama. liya aujourd’hui sept jours qu’il est mort. Cette fleur divine de Mandaraka je l’ai prise parmi les fleurs du sacrifice qu’on offrait à ses reliques.

Quand les Mallas de Koucinagara voulurent brûler le corps de Bhagavat, ils ne purent allumer le feu. Alors Anirouddha dit à Ânanda : — Les Mallas de Kouça ne peuvent brûler le corps de Bhagavat. Et pourquoi ? — C’est que telle est la volonté des dieux.

Anirouddha, d’après la volonté des dieux, Mahâ Kâçyapa, avec cinq cents autres personnes, est en route pour Digpatchan et Koucinagara, et désire rendre ses hommages au corps intact de Bhagavat avant qu’il soit brûlé. Anirouddha, nous devons nous conformer à la volonté des dieux.

Alors Ânanda dit aux Mallas de Koucinagara : — Écoutez, vous tous, Mallas de la ville de Kouça rassemblés en foule, le corps de Bhagavat ne pourrait être brûlé. Et pourquoi ? — C’est que les dieux le veulent ainsi. Ils répondirent : — Nous ferons donc comme c’est la volonté des dieux.

Cependant Mahâ Kâcyapa arriva à Kouça. Il fut aperçu de loin par ceux de sa suite qui marchaient en avant avec des substances odorantes, des guirlandes, de l’encens, des poudres parfumées, et toutes sortes d’instruments de musique. Ceux-ci, après s’être prosternés à ses pieds, le suivirent Et lui, accompagné d’une grande foule de peuple, se rendit à l’endroit où était le corps de Bhagavat, et écartant tous les bois odoriférants, il ouvrit le cercueil de fer, défit l’enveloppe de cinq cents pièces de coton, et alors rendit hommage au corps entier et intact de Bhagavat.

Il y avait à cette époque sur la surface de cette grande terre quatre grands auditeurs (Çrâvakas) de Çakya Mouni : Kâundinya, Tchounda, Daçabala Kâcyapa et Mahâ Kâcyapa.

Mahâ Kâcyapa, qui était celui d’entre eux qui avait le plus de connaissances et de mérite moral, avait reçu en aumônes plus de vêtements, de fournitures de lit, de médicaments et d’ustensiles nécessaires. Il réfléchit et se dit : — Je ferai moi-même un sacrifice à Bhagavat. Et aux premières enveloppes qui couvraient le corps, il en substitua de toutes nouvelles, remit le corps dans le cercueil de fer, qu’il couvrit d’un double couvercle, puis amassant toutes sortes de bois odoriférants, il se rangea de côté, et le bois s’alluma de lui-même.

Les Mallas de Kouçinagara éteignirent le feu avec du lait, et les reliques furent mises par eux dans une urne d’or, qu’on plaça sur une bière dorée ; et après lui avoir rendu tous les respects prescrits, on l’emporta dans la ville de Kouça, au milieu de laquelle on la déposa.

Les Mallas de Kouçinagara qui habitaient le pays de Digpatchan, informés que sept jours s’étaient écoulés depuis que Bhagavat avait été délivré de la douleur, et que les habitants de Kouçinagara avaient bâti un Tchâitya pour ses reliques, revêtirent leurs armures, et avec une armée de quatre corps de troupes (éléphants, chevaux, chars et infanterie) se rendirent à Kouçinagara, et dirent aux Mallas de cette ville : — Vous tous, Mallas de Kouçiuagara rassemblés, Bhagavat, vous le savez, a été longtemps possédé et aimé par nous ; mais puisqu’il a été délivré de la douleur tandis qu’il était dans le voisinage de votre cité, nous vous demandons de nous accorder une partie des reliques de son corps, pour que nous les emportions à Digpatchan où nous leur bâtirons un Tchâitya. Lâ nous leur rendrons toutes sortes d’hommages, et nous instituerons une grande fête à la mémoire de Bhagavat.

Las Mallas de Kouçinagara leur répondirent : — Bhagavat nous a été cher aussi ; il est mort dans les environs de notre ville, nous ne vous donnerons pas une partie de ses reliques. Les autres dirent : — Si vous voulez les donner, bien : sinon nous les prendrons de force avec nos troupes. Alors les Mallas de Kouçinagara dirent : — Nous vous les accorderons.

Outre les habitants de Digpatchan, il y avait six autres prétendants au partage des reliques de Bhagavat :

1o  La tribu royale de Boulouka ;
2o  La famille royale de Krodtya ;
3o  Un Brahmane du pays de Vichnou (Vichnou-dvipa) ;
4o  La famille royale de Çâkya à Kapila (la famille du Bouddha) ;
5o  La tribu royale des Litsabyis ;

6o  Le roi de Magadha, Adjâtasatrou.

Adjâtasatrou voulut aller lui-même à la tête de ses troupes ; mais, au souvenir de Bhagavat, il tomba de son éléphant, privé de sentiment. On le mit à cheval, mais il tomba de nouveau. Il confia alors ses troupes au Brahmane Oudâyana, l’un de ses principaux officiers, et le chargea de saluer de sa part les Mallas de Kouçinagara, et de leur demander une part des reliques de Bhagavat, qui lui avait été cher, parce qu’il voulait bâtir un Tchâitya à ces reliques, leur rendre toutes sortes d’hommages, et instituer une grande fête en leur honneur.

Oudâyana fit ce que le roi lui avait commandé ; mais les Mallas de Kouça lui refusèrent une part des reliques.

Oudâyana leur dit : — Si vous ne voulez pas les donner de bonne grâce, nous les prendrons de force avec nos troupes. On lui répondit : — Nous vous en donnerons.

Quand les Mallas de Kouçinagara virent la grande multitude de troupes qui venaient pour enlever de force les reliques de Bhagavat, ils exercèrent leurs femmes et leurs enfants à lancer des flèches. Et quand leur ville fut assiégée par sept armées différentes, ils sortirent pour les combattre. Mais un Brahmane, prévoyant les conséquences de ce conflit, réussit à obtenir des Mallas de Kouçinagara le partage des reliques, en leur rappelant les vertus et la patience que Bhagavat Gâutama n’avait cessé de leur recommander en leur donnant l’exemple. Il leur dit qu’il n’était pas convenable qu’ils s’égorgeassent entre eux, à cause des reliques de Bhagavat, et après les avoir réconciliés, obtint que ces reliques seraient divisées en huit parts :

1. Pour les Mallas de Kouçinagara ;
2. Les Mallas de Digpatchan ;
3. La tribu royale de Boulouka ;
4 La tribu royale de Krodtya ;
5. Le Brahmane du pays de Vichnou ;
6. La famille royale de Çâkya, à Kapila ;
7. La race royale des Litsabyis ;
8. Et Oudâyana, le Brahmane du Magadha, l’envoyé d’Adjâtasatrou, roi de cette contrée.

Et tous, dans leur pays, bâtirent des Tchâityas, rendirent toutes sortes d’hommages à ces reliques, et instituèrent une grande fête en leur honneur.

L’urne dans laquelle les reliques avaient d’abord été mises et déposées dans le Tchâitya, fut donnée ensuite au Brahmane qui avait été médiateur entre les parties. Il emporta cette urne, et dans sa ville bâtit un Tchâitya et rendit toutes sortes d’hommages aux reliques de Bhagavat, en l’honneur desquelles il institua une grande fête.

Enfin un jeune Brahmane, appelé Nyagrôdha, demanda aux Mallas de Kouça de lui céder les cendres ou les charbons qui avaient servi à brûler le corps de Bhagavat. Il obtint ce qu’il demandait, et bâtit dans le village des (arbres) Nyagrôdhas un Tchâitya, appelé le Tchâitya des Charbons, auxquels il rendit toutes sortes d’hommages et en l’honneur desquels il institua une grande fête.

Il y avait alors dans le Djamboudvîpa dix Tchàityas contenant des reliques de Bhagavat :

Huit des restes de son propre corps ;

Celle de l’urne (qui les avait contenus) ;

Et celle des charbons (qui les avaient consumés).

Les quatre dents œillères de Bhagavat furent partagées ainsi :

La première fut prise par les dieux Trâyastrimçats ; la seconde fut déposée dans la ville de Yid dou hong va (Manâpa ? la ville délicieuse) ;

La troisième, dans le pays du roi de Kalinga ;

La quatrième est honorée par un roi de Nàgas, dans la ville de Sgrasgrogs.

Le roi Açôka, qui résidait à Pàtalipoutra, augmenta beaucoup le nombre des Tchàityas des sept espèces.

Bhagavat (Çâkya Mouni), qui était né à Kapila, arriva à la suprême perfection dans le pays de Magadha, tourna la roue de la Loi à Kaci (Bénarès), et fut délivré de la douleur à Kouçinagara.

III
MORT ET FUNÉRAILLES DU BOUDDHA ÇÂKYA MOUNI
— D’après les Annales Pâlies[3]

À l’instant même où Bhagavat atteignit le Nirvana complet (Parinirvâna), le grand tremblement de terre produisit une terreur qui fit dresser les cheveux et la musique des dieux retentit dans l’air. Au même instant, Brahmâ, maître des créatures (Sahâmpati !), chanta cette Gathâ : — Toutes les créatures vivantes abandonneront l’existence dans ce monde, et, de la même manière, le divin Maître, l’être incomparable dont l’arrivée et le pouvoir étaient un bonheur, le suprême Bouddha aussi meurt.

À l’instant même où Bhagavat atteignit le Nirvana complet, Çâkya, le roi des dêvas, chanta cette Gathâ :

Les choses, qui sont sujettes à la reproduction et à la mort étant passagères, sont certainement périssables : ayant été produites, elles périssent ; c’est une bénédiction d’arriver à leur extinction. À l’instant même où Bhagavat atteignit le Nirvana complet, le vénérable Anirouddha chanta ces Gathâs :

Comme lorsqu’il vivait, il ne montre plus le souffle d’inspiration et d’expiration.

Le Mouni sans tache, dont le but était le Nirvana a expiré. Il a souffert l’agonie de la mort en pleine possession de ses facultés mentales qui se sont exhalées comme une lampe qui s’éteint.

À l’instant même où Bhagavat atteignit le Nirvana complet, le vénérable Ananda chanta cette Gathâ ;

Quand le suprême Bouddha complètement parfait a expiré, il y a eu une grande terreur et les cheveux se sont dressés.

À l’instant où Bhagavat atteignit le Nirvana, parmi ceux des Religieux qui n’étaient pas encore arrivés à l’état d’Arhat, quelques-uns pleuraient tout haut avec les bras élevés, quelques-uns tombaient sur la terre comme si on les avait abattus, et d’autres tournaient sur eux-mêmes en criant :

— Trop tôt Bhagavat a expiré ; trop tôt Sougata a expiré : trop tôt il a fermé l’œil (qui veillait) sur le monde !

Mais les Religieux qui avaient obtenu la qualité d’Arhat, rassemblés et recueillis, disaient : — Les choses qui passent sont périssables, comment pouvons-nous obtenir dans ce monde qu’il en soit autrement !

Le vénérable Anirouddha s’adressa alors aux Religieux : — Amis ! c’est assez ; ne pleurez plus, ne vous lamentez plus ! — Pourquoi ? — N’a-t-il pas été solennellement déclaré par Bhagavat lui-même que, même en toute communauté de personnes heureuses et contentes, arrivent la destruction et le changement. Amis ! comment, dans ce monde, pouvons-nous obtenir une durée permanente ? Ce n’est certainement pas en disant de toute chose, qui est née ou produite autrement et qui, par sa nature périssable, est transitoire : « assurément elle ne périt pas, » qu’elle ne passera pas. Amis ! les dieux nous font des reproches (pour nos lamentations).

Les Religieux demandèrent : — Seigneur, est-ce que le vénérable Anirouddha aperçoit les divinités ?

— Oui, ami Ânanda, les dieux regardent sur la terre du haut des cieux ; ils pleurent avec leurs cheveux épars ; ils se lamentent avec les bras levés ; ils tombent, se roulent sur eux-mêmes, en criant : — Trop tôt Bhagavat a expiré ; trop tôt Sougata a expiré ; trop tôt il a fermé l’œil (qui veillait) sur le monde ! »

Ici est répété, dans le livre d’où sont extraits ces détails, ce qui a été dit des Religieux, pour ceux d’entre eux qui avaient obtenu la qualité d’Arhat et ceux qui n’avaient pas obtenu ce degré de sainteté. Puis vient une description de la manière différente dont ils supportaient la perte du Bouddha.

Le vénérable Anirouddha et le vénérable Ananda passèrent le reste de cette nuit à discourir sur la Lui. À la pointe du jour, le vénérable Anirouddha parla ainsi au vénérable Ananda : — Ami Ananda, pars ; entre à Kouçinagara et avertis les tribus Mallas de cette ville en disant : — Descendants de Vasichtha, Bhagavat est arrivé au nirvàna ; sachez que c’est le temps de faire ce qu’il vous est prescrit de faire. Le vénérable Ananda, après avoir dit : — Oui, seigneur, obéissant à cette invitation, de bonne heure, le matin, se préparant et prenant sa robe et son vase aux aumônes, accompagné d’une seconde personne, entra à Kouçinagara. En ce moment, les tribus Mallas de Kouçinagara étaient réunies dans leur salle d’assemblée, par suite de cette même circonstance. Le vénérable Ananda s’y rendit, et parla ainsi aux Mallas de Kouçinagara : — Descendants de Vasichtha, Bhagavat est arrivé au Nirvana complet. Sachez que c’est le temps de faite ce qu’il vous est prescrit de faire.

En entendant ces paroles du vénérable Ananda, les Mallas, les jeunes gens, les jeunes filles et les femmes, furent affligés, désespérés, accablés de chagrin. Quelques-uns pleuraient, avec leurs cheveux épars ; quelques-uns se lamentaient enlevant les bras ; quelques-uns tombaient comme abattus ; d’autres tournaient çà et là, en s’écriant : Trop tôt Bhagavat est mort (etc. comme plus haut).

Et, pour la circonstance, les Mallas de Kouçinagara donnèrent cet ordre à leurs hommes : — Faites une provision de guirlandes de fleurs, et procurez-vous des instruments de musique de tout genre.

Les Mallas de Kouçinagara, se conformant à cet ordre, en prenant avec eux des guirlandes de fleurs et des instruments de toute sorte et cinq cents paires de vêtements, s’approchèrent du corps de Bhagavat, puis, en dansant et avec une musique de voix et d’instruments, avec des guirlandes odoriférantes, accomplissant les cérémonies prescrites avec toutes les marques de respect et de soumission, se mirent eux-mêmes, ce jour-là, à suspendre des draperies d’étoffe et à élever des tentes (pareilles à des) pavillons.

Alors les Mallas de Kouçinagara pensèrent : Le temps est tout à fait insuffisant aujourd’hui pour brûler le corps de Bhagavat ; nous ferons demain la crémation de Bhagavat.

Les Mallas de Kouçinagara, avec dos danses, de la musique vocale et instrumentale, des fleurs odoriférantes, accomplirent les cérémonies prescrites pour le corps de Bhagavat, humblement et respectueusement, en suspendant des draperies d’étoffe et en dressant des tentes ; et, de cette manière, ils passèrent le second jour. De la même manière aussi, ils passèrent le troisième, le quatrième, le cinquième et le sixième jour.

Puis, le septième jour, il vint à la pensée des Mallas de Kouçinagara : Après avoir, pour le corps de Bhagavat, avec des danses et de la musique vocale et instrumentale et des fleurs aux odeurs suaves, accompli les cérémonies prèscrites, avec respect et humilité ; le transportant dehors, par la porte du sud, du côté sud de la ville et par le faubourg, en restant au côté sud de la ville, nous ferons la crémation du corps de Bhagavat.

Aussitôt huit chefs Mallas, se baignant de la tête aux pieds et se couvrant d’un vêtement neuf, dirent : — Nous porterons le corps de Bhagavat. Mais ils ne purent parvenir à le soulever. Les Mallas de Kouçinagara interrogèrent alors le vénérable Anirouddha : — Seigneur Anirouddha, comment et pour quelle cause ces huit chefs Mallas, qui se sont purifiés de la tête aux pieds, et revêtus d’un vêtement neuf en disant : « Nous porterons le corps de Bhagavat, » se sont-ils trouvés incapables, dans leurs efforts, de le soulever.

— Descendants de Vasichtha, c’est que vos intentions diffèrent de celles des dieux. — Quelles sont donc, seigneur, les intentions des dieux ? — Descendants de Vasichtha, votre intention est celle-ci : Nous voulons porter le corps de Bhagavat, avec des danses, de la musique vocale et instrumentale (etc., comme plus haut), tandis que, descendants de Vasichtha, l’intention des dieux est celle-ci : Nous, avec des danses, une musique céleste de voix et d’instruments, parés de guirlandes odoriférantes, portant le corps de Bhagavat, accomplissant toutes les cérémonies prescrites, avec humilité, respect et soumission, par la porte du nord, vers le nord de la cité, portant le corps au milieu de la cité et entrant dans la ville par la porto du nord, puis par la porte centrale, le portant au milieu de la cité, et sortant au dehors par la porte de l’est du côté oriental de la ville, dans la salle de couronnement des Mallas, nous ferons la crémation du corps de Bhagavat.

— Seigneur, quelle que soit l’intention des dieux, il convient de s’y conformer.

Aussitôt, à Kouçinagara, tout endroit qui était un réceptacle d’ordures, de malpropreté et de décombres, fut, jusqu’à la hauteur du genou, couvert de fleurs célestes de Mandàra, et les dieux, aussi bien que les Mallas de Kouçinagara, portant le corps de Bhagavat, avec des danses célestes et humaines, avec une musique de voix et d’instruments, avec des guirlandes odoriférantes, accomplissant toutes les cérémonies prescrites avec humilité, respect et soumission, et portant ce corps en passant par la porte du nord, du côté nord de la cité et entrant par la porte du milieu au centre de la ville, déposèrent là le corps de Bhagavat dans la salle de couronnement des Mallas. crites, avec respect et humilité ; le transportant dehors, par la porte du sud, du côté sud de la ville et par le faubourg, en restant au côté sud de la ville, nous ferons la crémation du corps de Bhagavat.

Aussitôt huit chefs Mallas, se baignant de la tête aux pieds et se couvrant d’un vêtement neuf, dirent : — Nous porterons le corps de Bhagavat. Mais ils ne purent parvenir à le soulever. Les Mallas de Kouçinagara interrogèrent alors le vénérable Anirouddha : — Seigneur Anirouddha, comment et pour quelle cause ces huit chefs Mallas, qui se sont purifiés de la tête aux pieds, et revêtus d’un vêtement neuf en disant : « Nous porterons le corps de Bhagavat, » se sont-ils trouvés incapables, dans leurs efforts, de le soulever.

— Descendants de Vasichtha, c’est que vos intentions diffèrent de celles des dieux. — Quelles sont donc, seigneur, les intentions des dieux ? — Descendants de Vasichtha, votre intention est celle-ci : Nous voulons porter le corps de Bhagavat, avec des danses, de la musique vocale et instrumentale (etc., comme plus haut), tandis que, descendants de Vasichtha, l’intention des dieux est celle-ci : Nous, avec des danses, une musique céleste de voix et d’instruments, parés de guirlandes odoriférantes, portant le corps de Bhagavat, accomplissant toutes les cérémonies prescrites, avec humilité, respect et soumission, par la porte du nord, vers le nord de la cité, portant le corps au milieu de la cité et entrant dans la ville par la porto du nord, puis par la porte centrale, le portant au milieu de la cité, et sortant au dehors par la porte de l’est du côté oriental de la ville, dans la salle de couronnement des Mallas, nous ferons la crémation du corps de Bhagavat.

— Seigneur, quelle que soit l’intention des dieux, il convient de s’y conformer.

Aussitôt, à Kouçinagara, tout endroit qui était un réceptacle d’ordures, de malpropreté et de décombres, fut, jusqu’à la hauteur du genou, couvert de fleurs célestes de Mandàra, et les dieux, aussi bien que les Mallas de Kouçinagara, portant le corps de Bhagavat, avec des danses célestes et humaines, avec une musique de voix et d’instruments, avec des guirlandes odoriférantes, accomplissant toutes les cérémonies prescrites avec humilité, respect et soumission, et portant ce corps en passant par la porte du nord, du côté nord de la cité et entrant par la porte du milieu au centre de la ville, déposèrent là le corps de Bhagavat dans la salle de couronnement des Mallas. ordonné quand son esprit était affaibli, parla ainsi à ces Religieux : — Amis, en voilà assez ; ne pleurez plus, ne vous lamentez plus. Nous voilà heureusement délivrés de cet ascète qui nous tenait sous sa domination en disant : — Cela vous est permis, cela ne vous est pas permis ; maintenant, tout ce que nous voulons, nous pouvons le faire et laisser de côté ce que nous ne voulons pas.

Là-dessus, le vénérable Mahâ Kâçyapa parla ainsi aux Religieux : — Amis, ne pleurez pas, ne vous lamentez pas. — Pourquoi ? — Cela n’a-t-il pas été solennellement déclaré par Bhagavat lui-même : — Au milieu même de toute communauté de personnes heureuses et contentes, ne vient-il pas à se manifester des causes de destruction et de changement ? Amis, comment pouvons-nous, en ce monde, obtenir une durée permanente ?

Ce n’est pas seulement en disant de toute chose qui est née ou autrement produite, qui, par sa nature périssable est passagère :« certainement elle ne périt pas, » que cette chose passera.

En ce moment, à Kouçinagara, quatre chefs Mallas s’étant purifiés de la tête aux pieds et s’étant revêtus d’habits neufs, dirent : Nous approcherons la torche du bûcher[4] funéraire de Bhagavat, mais ils ne purent y mettre le feu. Les Mallas de Kouçinagara demandèrent alors au vénérable Auirouddha : — Seigneur Anirouddha, comment et par quelle cause ces quatre chefs Mallas qui sont purifiés de la tête aux pieds et vêtus de vêtements neufs et qui ont dit : Nous voulons mettre le feu au bûcher funéraire de Bhagavat, ont-ils été incapables de l’enflammer ?

— Parce que, descendant de Vasichtha, la volonté des dieux était différente.

— Seigneur, quel est donc le désir des dieux ?

— Descendants de Vasichtha, le vénérable Mahâ-Kâçyapa, accompagné d’une grande suite composée de cinq cents Religieux, est maintenant en route de Pâvâ à Kouçinagara, et tant que Mahâ Kâçyapa ne se sera pas inchné avec les bras levés aux pieds de Bhagavat, le bûcher funéraire de Bhagavat refusera de prendre feu.

— Seigneur, quelle que soit la volonté des dieux, il faut s’y conformer. Après cela, à l’endroit où se trouvait la salle de couronnement des Mallas de Kouçinagara, le vénérable Mahâ Kaçyapa se rendit auprès du bûcher funéraire de Bhagavat. En y arrivant, il arrangea ses robes de manière à laisser une épaule nue, et, avec les mains jointes, ayant fait trois fois le tour du bûcher en lui présentant le côté droit, il ouvrit le bûcher à sa base, puis, avec respect, inclina sa tête aux pieds de Bhagavat. Les cinq cents Religieux qui l’accompagnaient, eux aussi, ajustant leurs robes de manière à laisser une épaule nue, et, les mains jointes, ayant aussi tourné trois fois autour du bûcher, s’inclinèrent de même révérencieusement aux pieds de Bhagavat. Pendant que le vénérable Mahâ Kaçyapa et ces cinq cents Religieux étaient prosternés en adoration, le bûcher funéraire de Bhagavat s’alluma spontanément.

Il arriva, pour le corps de Bhagavat, qui fut consumé par le feu, que ni la peau de dessus, ni celle de dessous, ni sa chair, ni ses nerfs, ni ses muscles ne déposèrent de cendres ou de suie et qu’aucune de ces parties de son corps ne resta (sans être consumée). De la même manière, ni le beurre, ni l’huile consumés par le feu, les feuilles, les cendres ou la suie ne laissèrent de trace. Tous les vêtements, composant les cinq cents paires de vêtements, furent consumés. Au moment où les parties intérieures ou extérieures du corps de Bhagavat furent absorbées, des courants d’eau descendant des deux éteignirent les flammes du bûcher funéraire de Bhagavat. Les Mallas de Kouçinagara aidèrent enfin ; éteindre ce bûcher en jetant toutes sortes d’eaux de senteur.

Les Mallas de Kouçinagara faisant alors un treillis avec leurs lances et l’entourant de leurs arcs, transportèrent les restes de Bhagavat à la salle d’Assemblée, dans la ville ; et, pendant sept jours, avec des danses, de la musique vocale et instrumentale et des guirlandes de fleurs odoriférantes, rendirent toutes sortes de respects et d’hommages avec dévotion et humilité.

Le roi de Magadha, Adjàtasatrou, apprit que Bhagavat avait atteint le Nirvana complet à Kouçinagara. À cette nouvelle, il envoya ce messager aux Mallas de Kouçinagara : Bhagavat était un Kchattriya, et moi aussi, je suis un Kchattriya. Je suis donc, par conséquent, digne de posséder une partie des restes du corps de Bhagavat. Je construirai aussi un Stoûpa pour les restes de Bhagavat et célébrerai une fête.

Les Litchavis de Vaiçali, comme étant aussi de race Kchattriya ; la dynastie des Çàkyas de la ville de Kapilavastou comme parents du Bouddha ; les Balayas d’Allalcappa comme étant d’une tribu Kchattriya ; la dynastie Kchattriya de Râmagâma comme étant de race Kchattriya ; les brahmanes de Vâttadipa, comme étant d’une tribu brahmanique ; les Mallas de Pâvâ, comme étant d’une tribu de Kchattriyas, toutes, réclamèrent une part des reliques de Bhagavat, exactement dans les mêmes termes que ceux du message d’Adjâtasatrou.

Les Mallas de Kouçinagara répondirent à l’assemblée des émissaires : — Bhagavat est mort sur notre territoire, nous ne vous donnerons aucune partie de ses reliques[5].

Sur cette réponse, le Brahmane Drôna parla ainsi aux émissaires assemblés :

— Notre Bouddha était d’un caractère très pacifique ; il ne serait pas convenable d’avoir des contestations au moment de la dissolution du corps d’un être si accompli. Amis, tous, de bon accord, et à l’unanimité, divisez les reliques en huit parts. Beaucoup de nations sont converties à la loi du Bouddha, en conséquence, que des Stoûpas nombreux soient élevés en différents pays.

Les émissaires répondirent : — Bien, Brahmane ; partage avec soin les reliques en huit parts. Et le Brahmane Drôna, après avoir, à la demande de l’assemblée, divisé les reliques en huit parts, dit aux émissaires assemblés :

— Mes amis, donnez-moi le vase qui a servi à mesurer les reliques. Et ceux-ci donnèrent le vase au Brahmane Drôna.

Les Mauryas de Pipphalivana apprirent que Bhagavat était mort à Kouçinagara, et, aussitôt, envoyèrent ce message aux Mallas de Kouçinagara :

— Bhagavat était Kchattriya, nous aussi sommes Kchattriyas et dignes de posséder une part de ses reliques. Nous leur élèverons un Stoûpa et célébrerons une fête. On leur répondit qu’il ne restait plus de portion des reliques de Bhagavat qui avaient été partagées, mais qu’ils pouvaient prendre les charbons du bûcher funéraire. Ils emportèrent donc les charbons.

Le roi de Magadha, Adjàtasatrou, dans la ville de Ràdjagriha ;

Les Litchavis de Vàiçali, dans la ville de Vàiçali ;

Les Çâkyas de Kapilavastou, dans la ville de Kapilavastou ;
Les Balayas d’Allakappa, à Allakappa :
Les Ràmagâmas Kôçaligas, à Râmagâma ;
Les Brahmanes de Vêtthadipa, à Vêtthadipa ;
Les Mallas de Pàvà, dans la ville Pâvâ ;
Les Mallas de Kouçinagara, dans la ville de Kouçinagara.

Tous, chacun de leur côté, bâtirent un Stoûpa pour les reliques de Bhagavat et célébrèrent une fête.

Le Brahmane Drôna bâtit un Stoûpa pour le vase qui avait servi à mesurer les reliques, et les Mauryas de Pippalivana bâtirent un Stoûpa pour les charbons et célébrèrent une fête.

Il y avait ainsi huit Stoûpas sur les reliques du corps ; un neuvième Stoûpa pour le vase qui avait servi à les mesurer et un dixième pour les charbons. Telle est l’origine de l’érection des Stoùpas.

Les reliques du Bouddha consistent en huit drônas ; sept de ces drônas sont un objet de vénération dans le Djamboudvîpa (l’Inde), et un drôna[6] est honoré par le roi des Nâgas, à Râmagâma.

Une des dents est l’objet de la vénération des dieux ; une autre est vénérée dans la capitale du pays de Gandhârà ; une autre dans le pays des rois de Kâlinga[7]. La dernière est vénérée par les rois des Nâgas.


  1. Aujourd’hui Tatta, à l’embouchure de l’Indus.
  2. Shorea robusta.
  3. Examination of the Pâli Buddhistical Annals, no 5, p. 18. By the Hon. George Turnour.
  4. Il était de bois de sandal et avait 120 coudées de haut.
  5. Les os qui étaient restés intacts étaient : les quatre dents canines, les deux os du cou, l’os frontal avec une longue touffe de cheveux. Le reste des os avait été en partie détérioré par le feu. Les parties les plus petites avaient été réduites à la grosseur de grains de moutarde, les parties moyennes étaient grosses comme des grains de riz, et les plus grosses comme la moitié d’un grain de mougga (espèce de pois).
  6. Le drôna est une mesure de capacité contenant trente livres de grains, environ.
  7. C’est celle-ci qui, plus tard, a été transportée à Ceylan.