Le Lévrier (Gilkin)

La NuitLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 80).




LE LÉVRIER


À Georges Picard.


Le lévrier d’Écosse aux poils fauves, très longs,
Accompagne au jardin matinal sa maîtresse.
Sous le frisson léger du doigt qui le caresse
Des rêves de baisers pleurent dans ses yeux blonds.

Le soir, sur les tapis orgueilleux des salons,
Allongeant sa pensive et hautaine paresse,
Sous les pieds de sa reine il pâme de tendresse
Et râle de plaisir en léchant ses talons.

Et, le regard peuplé de captives pensées
Dans l’horreur d’un silence invincible enfoncées,
Il se meurt lentement du secret de son mal.

Ainsi, dans leurs amours étranges, les poètes
Épris d’un impossible et sublime idéal
Expirent, le cœur plein de paroles muettes.