Le Jour de Saint-Valentin ou La Jolie Fille de Perth
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 23p. 298-306).


CHAPITRE XXIV.

LE PENDU.


Que la potence attende les chiens, et que les hommes soient libres.
Shakspeare. Henri V.


Les incidents d’une histoire du genre de celle-ci doivent s’adapter les uns aux autres, comme les gardes d’une clef doivent répondre exactement à celles de la serrure. Le lecteur, quelque bienveillant qu’il soit, n’est point obligé de se contenter de ce simple fait que telles et telles choses sont arrivées : ce qui, dans le cours ordinaire de la vie, est tout ce qu’il peut savoir de ce qui se passe autour de lui ; mais quand il fait une lecture pour son plaisir, il désire connaître les causes antérieures qui amènent les événements. C’est une curiosité légitime et raisonnable ; car chacun a droit d’ouvrir sa propre montre, faite pour son usage particulier, et d’en examiner les ressorts, quoiqu’il ne soit point permis de regarder ainsi l’intérieur de l’horloge placée sur le clocher de la ville pour l’utilité de tous.

Il serait donc peu poli de ma part de laisser quelque doute à mes lecteurs sur la manière dont l’assassin Bonthron fut enlevé du gibet ; événement que quelques citoyens de Perth imputèrent au diable lui-même, tandis que d’autres l’attribuèrent tout simplement aux habitants du comté de Fife, qui devaient naturellement voir avec répugnance leur compatriote Bonthron pendu sur le bord de la rivière, et regarder ce spectacle comme déshonorant pour leur pays.

À minuit environ, le jour même de l’exécution, quand les habitants de Perth étaient plongés dans un profond sommeil, trois hommes, enveloppés dans leurs manteaux et portant une lanterne sourde, descendirent les allées d’un jardin qui conduisait de la maison de sir John Ramorny au bord du Tay, où on petit bateau était amarré dans une étroite baie. Le vent produisait un bruit mélancolique en sifflant entre les arbrisseaux et les buissons dépouillés de feuilles ; et une lune pâle nageait, comme on dit en Écosse, au milieu de lourds nuages chassés par le vent. Les trois individus entrèrent dans le bateau avec beaucoup de précaution de peur d’être vus. Un d’entre était grand et fort ; un autre petit et courbé ; le troisième était de moyenne taille, et paraissait agile, actif et plus jeune que ses compagnons. C’était tout ce qu’une clarté douteuse permettait d’apercevoir. Ils s’assirent dans le bateau et le détachèrent.

« Il faut le laisser suivre le courant jusqu’à ce que nous ayons passé le pont où les bourgeois montent encore la garde ; car vous connaissez le proverbe « Flèche de Perth ne manque pas le but, » dit le plus jeune des trois qui se chargea des fonctions de pilote et repoussa le bateau de la jetée, tandis que les autres prirent les rames qui étaient entourées de linge, et les firent mouvoir avec beaucoup de précaution jusqu’à ce qu’ils eussent atteint le milieu de l’eau, alors ils cessèrent de ramer, s’appuyèrent sur leurs rames, et se reposèrent sur le pilote du soin de maintenir la barque au milieu du courant.

Ils arrivèrent ainsi sans être remarqués dans les vastes arches gothiques du vieux pont, construit par la munificence de Robert de Bruce, en 1329, et emporté par une inondation en 1621. Bien qu’ils entendissent la voix d’un garde de la ville qui, depuis le commencement des troubles, surveillait la nuit ce passage important, aucune question ne leur fut adressée ; et quand ils furent assez loin pour n’être plus entendus par ces sentinelles nocturnes, ils recommencèrent à ramer, quoique encore avec précaution, et à s’entretenir à voix basse.

« Vous avez trouvé un nouveau métier, camarade, depuis que je vous ai quitté, dit un des rameurs à l’autre ; quand je vous ai quitté vous soigniez un chevalier blessé, et maintenant vous vous employez à enlever un corps mort à la potence. — Un corps vivant, s’il vous plaît, maître Buncle, ou bien mon art aurait mal servi mes desseins. — À ce que vous dites, maître apothicaire ; mais, n’en déplaise à votre science, jusqu’à ce que vous m’ayez dit votre secret, je me permettrai de douter du succès. — C’est un moyen fort simple, maître Buncle, et qui sans doute ne plaira point à un esprit aussi subtil que celui de votre vaillance. Le voici : Cette suspension du corps humain, qu’on appelle vulgairement pendaison, produit la mort par apoplexie, c’est-à-dire que les veines se trouvant comprimées, le sang ne peut plus retourner au cœur, se précipite vers la tête, et que l’homme meurt. De plus, et comme cause additionnelle de dissolution, les poumons ne reçoivent plus la quantité nécessaire d’air vital, attendu la ligature de la corde autour du thorax, et il faut que le patient périsse. — Je comprends fort bien tout cela ; mais comment l’empêcher, sire médecin ? » dit le troisième individu, qui n’était autre qu’Éviot, le page de Ramorny.

« Eh ! pendez-moi le patient de telle façon, répondit Dwining, que les artères carotides ne soient point comprimées, le sang ne se portera pas au cerveau et l’apoplexie n’aura pas lieu ; et s’il n’y a pas de ligature autour du thorax, les poumons ne manqueront pas plus d’air que si le pendu avait les pieds sur la terre ferme. — Je conçois cela encore, dit Éviot ; mais comment ces précautions peuvent-elles se concilier avec l’exécution de la sentence de pendaison, voilà ce que ma faible intelligence ne saurait comprendre. — Ah ! bon jeune homme, ta vaillance a gâté un excellent esprit. Si tu avais étudié sous moi, tu aurais appris des choses bien plus difficiles. Au reste, voici mon secret. Je me procure certains bandages faits de la même substance que les sangles des chevaux de Votre Vaillance, ayant un soin tout particulier qu’ils ne puissent faiblir ni s’étendre, car mon expérience manquerait. Sous chacun des pieds du patient est placé un nœud de ces bandages, qui remontent ensuite de chaque côté des jambes jusqu’à une ceinture à laquelle ils s’attachent. À cette ceinture tiennent diverses courroies qui montent le long de la poitrine et du dos pour diviser le poids, puis quelques autres moyens pour mettre le patient plus à l’aise. Mais voici le point le plus important. Ces courroies ou bandages sont attachés à un large collier d’acier recourbé en dehors, avec quelques crochets pour mieux assurer la corde ; l’exécuteur, dont on est sûr, place la corde fatale autour de ce collier au lieu de la mettre au cou nu du condamné. Et ainsi, quand on retire l’échelle, le patient se trouve suspendu, non par le cou, s’il vous plaît, mais par le collier d’acier qui supporte les bandages placés sous les bras. Ainsi ni les veines, ni la trachée-artère n’étant comprimées, l’homme, sauf l’effet de la frayeur et la nouveauté de la situation, respirera aussi librement, son sang coulera aussi tranquillement que le vôtre quand vous êtes appuyé sur vos étriers en parcourant un champ de bataille. — Par ma foi ! c’est une belle invention, dit Buncle. — N’est-ce pas ? reprit l’apothicaire, et bien digne d’être connue d’esprits aussi ambitieux que les vôtres, car on ne sait jusqu’à quelle hauteur peuvent s’élever les hommes de la suite de sir John Ramorny. Et s’il arrivait qu’il fût nécessaire de vous faire descendre au bout d’une corde, vous trouveriez mon invention plus commode que la manière ordinaire. Mais il faudrait vous pourvoir d’un pourpoint à haut collet d’acier, et surtout d’un aussi bon compagnon que Smotherwell pour ajuster la corde. — Vil marchand de poison, dit Éviot, les gens de notre profession meurent sur le champ de bataille ! — Toutefois, je veux me souvenir de la leçon, reprit Buncle, pour quelque occasion pressante. Mais quelle nuit ce chien de pendu, ce féroce Bonthron doit avoir passée, dansant un branle en l’air au son de ses chaînes, et poussé à droite et à gauche par le vent. — Ce serait une bonne œuvre de le laisser là, dit Éviot ; car le sauver du gibet, ce sera l’encourager à commettre de nouveaux meurtres. Il ne connaît que deux éléments, le vin et le sang. — Peut-être sir John Ramorny aurait-il été de notre avis, répondit Dwining ; mais alors il aurait fallu couper la langue à ce coquin, de peur que du haut du gibet il ne racontât d’étranges histoires. Il y a encore pour le ménager d’autres raisons qui intéresseraient peu Votre Vaillance… En vérité, j’ai montré de la générosité à le servir ainsi ; car le drôle est bâti aussi solidement que le château d’Édimbourg, et son squelette ne l’aurait cédé à aucun de ceux qui sont dans la salle de chirurgie à Padoue. Mais dites-moi, maître Buncle, quelles nouvelles avez-vous apportées de l’illustre Douglas ? — Ceux qui les savent peuvent les dire, reprit Buncle ; je suis comme l’âne qui porte le message et ne voit rien de ce qu’il renferme. C’est peut-être le plus sûr pour moi. J’ai porté des lettres du duc d’Albany et de sir John Ramorny à Douglas, et en les ouvrant, il avait l’air aussi sombre qu’une tempête du nord. Je leur ai rapporté la réponse du comte, et ils ont souri comme quand le soleil sort des nuages après un orage d’été. Allez consulter vos éphémérides, médecin, et dites-nous ce que cela signifie. — Je crois pouvoir le deviner sans beaucoup de frais d’esprit, dit le chirurgien ; mais j’aperçois là-bas, au clair de lune, notre mort vivant. S’il avait crié pour appeler quelque passant, c’eût été une singulière chose pour un voyageur de nuit d’être hélé du haut d’un gibet. Écoutez, il me semble que j’entends ses gémissements au milieu du sifflement du vent et du cliquetis de ses chaînes. Bien, doucement, sans bruit ; amarrez le bateau avec le grappin ; apportez ma cassette et mes instruments. Il serait mieux d’avoir un peu de feu, mais la lumière pourrait nous faire remarquer. Avançons, mes braves, et marchez avec précaution, car nous allons au gibet. Suivez-moi avec la lanterne : j’espère qu’on aura laissé l’échelle. »

Chantons, trois joyeux hommes et trois joyeux hommes, trois joyeux hommes sont ici, toi sur la terre, moi sur le sable, et Jack suspendu à la potence.

En approchant du gibet, ils purent entendre distinctement des gémissements étouffés. Dwining se hasarda à tousser deux ou trois fois par manière de signal ; mais ne recevant point de réponse : « Nous aurions dû nous hâter davantage, dit-il à ses compagnons, car notre ami doit être à l’extrémité, puisqu’il ne répond pas au signal qui lui annonce du secours. Allons, mettons la main à l’œuvre ; je vais monter le premier au haut de l’échelle et couper la corde. Suivez-moi tous deux, et tenez fortement le corps afin qu’il ne tombe pas quand le licou sera coupé. Saisissez-le bien ; les bandages vous serviront à le soutenir. Songez que s’il joue cette nuit le rôle d’un hibou, il n’en a pas les ailes, et qu’il peut être aussi dangereux de tomber d’une potence que d’y être accroché. »

En parlant ainsi il montait l’échelle, et s’étant assuré que les deux hommes d’armes qui le suivaient tenaient le corps, il coupa la corde, et les aida lui-même à soutenir le criminel presque sans vie.

Avec beaucoup d’adresse et de force, le corps de Bonthron fut déposé à terre, et quand on se fut assuré qu’il y avait encore en lui un reste de vie, quoique bien faible, on le transporta au bord de l’eau ; là nos trois compagnons purent éviter toute observation à la faveur de la hauteur de la rive, tandis que Dwining cherchait à ramener le meurtrier à la vie par les secours dont il s’était muni.

Le médecin commença par débarrasser le patient de ses fers que l’exécuteur avait laissés ouverts à dessein, et en même temps il enleva les nombreux bandages par lesquels il avait été suspendu. Les efforts de Dwining ne réussirent pas sur-le-champ ; car, malgré toute l’adresse avec laquelle l’appareil avait été construit, les sangles destinées à soutenir le corps avaient cédé considérablement, et la suffocation était imminente. Mais l’habileté du médecin triompha de tous les obstacles ; et, après avoir éternué et s’être étendu avec deux ou trois convulsions, Bonthron donna une preuve certaine de son retour à la vie ; il saisit la main de l’opérateur qui lui versait un cordial sur la poitrine et le cou, et dirigeant la bouteille vers ses lèvres, il en avala, presque de force, une assez forte dose.

« C’est une essence spiritueuse deux fois distillée, » dit le médecin étonné, « elle déchirerait le gosier et brûlerait l’estomac de tout autre homme. Mais cette brute extraordinaire ressemble si peu aux autres créatures humaines, que je ne serais pas étonné qu’elle lui rendît l’usage complet de ses facultés. »

Bonthron, comme pour confirmer ceci, se leva sur son séant, regarda autour de lui d’un air égaré, et donna quelques signes de connaissance.

« Du vin, du vin ! » furent les premiers mots qu’il fit entendre.

Le médecin lui donna un verre de vin médicamenté et mêlé d’eau. Bonthron le rejeta en lui donnant l’épithète peu honorable de lavage de ruisseau, et répéta ces mots : « Du vin, du vin ! — Prends-en donc, au nom du diable, s’écria Dwining, puisque lui seul peut juger de ta constitution ! »

Un coup assez copieux pour déranger les facultés de tout autre rendit à Bonthron le complet usage des siennes. Cependant, il paraissait ne pas se rappeler où il était, et ce qui lui était arrivé ; il demanda de son ton brusque et bref pourquoi on l’avait apporté sur le bord d’une rivière, à une pareille heure de la nuit.

« Autre folie de ce maudit prince, pour me jeter dedans, comme il a déjà fait. Ongles et sang, je voudrais !… — Tais-toi, dit Éviot, et s’il est en toi quelque reconnaissance, remercie-nous d’avoir sauvé ton corps du bec des corbeaux, et ton âme, d’un lieu où l’eau est trop rare pour tu puisses t’y noyer. — Je commence à me rappeler, » dit le scélérat ; et portant le flacon à sa bouche, il lui donna une longue et cordiale accolade, puis posant à terre la bouteille vide, il baissa la tête sur sa poitrine, et sembla s’occuper à mettre en ordre ses souvenirs confus.

« Nous ne pouvons pas attendre plus long-temps la fin de ses méditations, dit alors Dwining ; il sera mieux après avoir dormi. Allons, levez-vous ; vous avez voyagé en l’air pendant quelques heures ; essayez si l’eau n’est pas un moyen de transport plus commode. Allons, vous autres, aidez-moi. Je ne puis pas plus remuer cette masse que je ne pourrais soulever un bœuf mort. — Tiens-toi debout, Bonthron, maintenant que nous t’avons mis sur tes pieds, dit Éviot. — Je ne peux pas ; chaque goutte de mon sang coule dans mes veines comme si elle avait une pointe d’épingle, et mes genoux refusent de porter leur fardeau. Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est quelqu’un de tes tours, chien de médecin. — Oui, oui, honnête Bonthron, dit Dwining, un tour dont tu me remercieras quand tu le connaîtras. En attendant, étends-toi à la poupe de cette barque, et laisse-moi te couvrir de ce manteau. »

Ils portèrent Bonthron dans la barque et l’y placèrent aussi commodément qu’il se pouvait. Il répondit à leurs soins par quelques murmures semblables au grognement d’un sanglier qui trouve une nourriture qu’il aime.

« Et maintenant, Buncle, dit le médecin, vous savez ce que vous avez à faire. Vous allez transporter par eau cette masse vivante à Newbourg, où vous en disposerez selon que vous savez. En attendant, voici ses fers et les bandages, marques de sa détention et de sa délivrance. Attachez-les ensemble et jetez-les dans l’endroit le plus profond où vous passerez ; car s’ils étaient trouvés en notre possession, ils pourraient parler contre nous. Ce léger souffle de vent d’est vous permettra de vous servir d’une voile dès qu’il fera jour et quand vous serez fatigués de ramer. Pour vous, maître page Éviot, vous voudrez bien retourner à pied avec moi à Perth, car ici doit se séparer notre belle compagnie. Prenez votre lanterne avec vous, Buncle, car vous en avez plus besoin que nous. Vous me renverrez ma cassette. »

Pendant que les deux piétons retournaient à Perth, Éviot exprima la persuasion où il était que l’intelligence de Bonthron ne se relèverait jamais du choc que la terreur lui avait fait éprouver, terreur qui paraissait avoir dérangé toutes les facultés de son esprit et surtout sa mémoire.

« Il n’en sera point ainsi, ne vous en déplaise, beau page, dit le médecin ; l’intelligence de Bonthron, telle qu’elle est, a un caractère solide. Elle vacillera d’un côté et d’un autre, comme un pendule mis en mouvement, puis s’arrêtera sur son centre de gravité. Notre mémoire est de toutes nos facultés celle dont l’exercice est le plus sujet à être suspendu. Une profonde ivresse, le sommeil, la font perdre, et cependant elle revient quand l’ivresse et le sommeil sont passés. La terreur produit souvent les mêmes effets. J’ai connu à Paris un criminel qui avait été condamné à être pendu : il subit sa sentence sans montrer un degré de crainte extraordinaire sur l’échafaud, parlant et agissant comme font tous les autres dans une pareille position. Un accident fit pour lui ce qu’un artifice ingénieux a fait pour notre charmant ami que nous venons de quitter. La corde fut coupée, et on le rendit à ses parents avant qu’il fût complètement privé de vie, et j’eus le bonheur de le ranimer entièrement. Mais bien qu’il eût recouvré toutes les autres facultés, il ne se souvenait que fort peu de son procès et de sa sentence. De sa confession, le matin de son exécution… hé, hé, hé ! (en disant cela Dwining riait à sa manière ordinaire), il ne s’en rappelait pas un mot ; de sa sortie de la prison, de son arrivée sur la place de Grève où il avait été pendu, de ses paroles pieuses qui, hé, hé, hé ! avaient édifié… hé, hé, hé ! tant de bons chrétiens, au saut fatal, mon revenant n’en avait pas la plus légère idée. Mais voici l’endroit où nous devons nous séparer ; car il ne faut pas que quelque patrouille nous rencontre ensemble ; il serait même prudent d’entrer dans la ville par des portes différentes. Ma profession me fournit des prétextes pour aller et venir à toute heure : Votre Vaillance donnera quelque explication suffisante. — Ma volonté sera une justification suffisante si l’on me questionne, » répondit le hautain jeune homme ; « cependant j’éviterai d’être rencontré, si cela est possible. La lune est tout à fait cachée, et la route est aussi noire que la gueule d’un loup. — Bien ! dit Dwining ; ne vous inquiétez pas de cela ; avant peu nous marcherons par des chemins encore plus noirs. »

Sans demander le sens de ces paroles de mauvais augure, et même après les avoir à peine écoutées, dans son humeur hautaine et insouciante, le page de Ramorny quitta son artificieux et dangereux compagnon, et chacun d’eux s’en alla de son côté.