Librairie Hachette et Cie (p. 10-12).

II

Le relief du sol. – Montagnes et volcans.

Les îles qui constituent l’empire du Japon ont été probablement formées par un immense soulèvement du sol. La plupart sont traversées dans toute leur longueur par des chaînes de montagnes, où se rencontrent en grand nombre des volcans dont les uns sont éteints depuis un temps plus ou moins long, tandis que les autres vomissent encore aujourd’hui des cendres, des laves ou de la boue.

Le massif montagneux qui constitue l’île d’Yéso se termine au sud-ouest par un volcan nommé le Komaga-také. Ses flancs offrent une pente assez douce pour qu’on puisse monter à cheval jusqu’au sommet. Le cratère, à moitié comblé par une glaise molle, laisse échapper une fumée brûlante, et rejette souvent du soufre et des matières vitrifiées.

Le Niphon est constitué par une longue chaîne de montagnes qui court du nord-est au sud-ouest en projetant de nombreux contreforts, presque tous dans la direction du sud. Les géographes, qui ont comparé l’Italie à une botte, pourraient trouver à la principale île du Japon la forme d’un ver à soie. Deux des volcans de cette île sont voisins de Yédo, la capitale de l’empire, et donnent aux paysages des environs de cette grande ville un caractère particulier de splendeur et de majesté.

L’un, qui a encore aujourd’hui de fréquentes éruptions, est l’Asama Yama. On voit en tout temps bouillonner dans son cratère d’énormes flots de laves incandescentes. L’autre, dont la dernière éruption remonte à l’année 1707. est d’une forme si majestueuse, d’une si magnifique couleur, qu’il a depuis bien des siècles excité l’admiration des Japonais, pour lesquels il est devenu la montagne sacrée. C’est l’illustre Fousi Yama, dont l’image est reproduite à satiété en traits bleus sur l’émail des porcelaines, en traits d’or sur la laque des plateaux et des coffrets par tous les artistes de l’empire du Soleil levant.


LE FOUSI YAMA.

Sikokf et Kiou-Siou sont aussi riches en montagnes et en volcans éteints ou actifs que Yéso et Niphon. Les petites îles ont souvent elles-mêmes des cratères qui vomissent toute l’année de la fumée et des flammes.

Le Japon est depuis trop peu de temps ouvert aux Européens, et aujourd’hui même il l’est encore d’une façon trop incomplète pour que nous puissions avoir des renseignements exacts et complets sur toutes ces chaînes de montagnes et connaître les noms et les hauteurs de leurs principaux sommets. Nous savons cependant que le Fousi Yama s’élève à 3 800 mètres au-dessus du niveau de la mer, et l’Asama Yama à 2 300. Les autres montagnes, dont certains voyageurs nous indiquent les hauteurs approximatives, sont beaucoup moins élevées ; ainsi deux volcans situés dans deux petites îles voisines de Kiou-Siou ont, au dire de M. R. Lindau, l’un 700 mètres environ et l’autre 730 à 740.

Le Fousi Yama est évidemment le colosse des montagnes japonaises, et il domine tellement toutes celles qui l’entourent, qu’on l’aperçoit de partout à plus de cent lieues à la ronde. Il est inférieur de 1 000 mètres à notre mont Blanc, et le géant des Alpes semblerait à son tour une montagne assez ordinaire si on pouvait la placer à côté du pic le plus élevé de l’Himalaya, le Gaurisankar, qui atteint à la hauteur prodigieuse de 8 840 mètres.