Le Japon (Villetard)/Conclusion

Librairie Hachette et Cie (p. 190).

CONCLUSION

Nous avons résumé le plus brièvement qu’il nous a été possible ce que nous ont appris sur le Japon les voyageurs qui l’ont visité depuis une vingtaine d’années. Il nous resterait encore beaucoup à dire ; mais il faut savoir se borner. Nous n’avons pas dit tout ce que nous aurions pu et voulu dire. Nous en avons dit assez du moins pour faire connaître à nos lecteurs cette contrée restée si longtemps mystérieuse.

La civilisation européenne a tué un certain nombre de peuples qui n’ont pu la supporter et qui ont gagné tous nos vices sans imiter une seule de nos qualités. Les Japonais arriveront-ils à prendre, comme ils y aspirent en ce moment, une place honorable parmi les nations entraînées dans le mouvement de nos idées, de nos sciences, de notre commerce et de notre industrie ? Les verrons-nous, au contraire, divisés de nouveau entre eux comme avant Taïko Sama et Iyeyas, retomber dans les guerres civiles incessantes et dans les révolutions stériles ? N’ont-ils pas aussi à craindre que l’invasion pacifique des Européens, et surtout des Chinois, ne les fasse peu à peu, sans secousse et sans crise violente, tomber dans leur propre pays au second ou au troisième rang ? Ce sont là des questions auxquelles personne ne peut encore répondre, mais que les faits ont posées. Si nos lecteurs ne peuvent pas plus que nous deviner en ce moment ce qu’un avenir prochain réserve aux « Français de l’extrême Orient », ils ont pu du moins prendre dans ce livre une idée générale de l’état actuel du Japon et se préparer à apprendre sans trop de surprise les événements étranges qui peuvent s’y accomplir avant peu.

FIN