Le Japon (Gautier)/L’histoire

A. et C. Black (p. 17-19).

l’histoire

C’est vers le VIe siècle que le Japon commence à relever du domaine de l’histoire. À ce moment, la période belliqueuse des invasions et des conquêtes s’achève. Il s’agit d’organiser les provinces acquises et de leur donner une forme de gouvernement. Les yeux fixés sur la Chine, à qui ils devaient déjà tant, les Japonais imitèrent sa constitution et l’empire centralisé naquit. Il eut pour chef le Fils du Ciel, le Mikado, « qui règne sur le Japon depuis le commencement des temps et à jamais. » Toutefois, la constitution était peu en harmonie avec la conformation géographique du pays. Comme un vêtement usé et trop étroit, elle céda au bout de deux siècles, et la nation fut divisée en un grand nombre de principautés. Après des luttes intestines qui durèrent assez longtemps, le sceptre demeura aux mains d’un seul homme ayant sous lui des vassaux nombreux. Ce fut le régime de la féodalité.

Le Mikado était à la fois le Souverain et le Père de son peuple : c’est dire que son pouvoir était illimité. Trop auguste pour se laisser contempler par des yeux profanes, il ne se montrait jamais, vivant retiré au fond de son palais de Kioto. Il communiquait avec ses sujets par l’intermédiaire du Shogoun ou Taicoun, auquel il dictait ses volontés. Le shogounat devint bientôt héréditaire et ce qui n’était, au début, qu’une fonction, se transforma, peu à peu, en une royauté réelle et puissante.

Les grands vassaux, propriétaires de fiefs considérables se nommaient Daimio ; au-dessus d’eux, il y avait les Samuraï, officiers nobles, mais souvent très pauvres. Le commerce leur était interdit. Enfin, au dernier rang, les marchands et le bas peuple.

Cet état de choses dura fort longtemps et les révolutions n’attentèrent, pour ainsi dire pas, à l’ordre établi. De nos jours, seulement, en 1868, le Japon subit une transformation politique. Las de n’être plus qu’une formule, sans vie, sans pouvoir, le Mikado rompit les barrières qui, sous prétexte de le garantir contre la désécration, le retenaient prisonnier. Il fit lui-même une révolution, et prit d’une main ferme les rênes du gouvernement. Il conduit un peuple toujours jeune, enthousiaste et actif dans la voie des progrès modernes.