Le Foyer et les Champs/Temple et poète

Le Foyer et les ChampsSociété centrale de librairie catholique (p. 86).

Temple et Poète.

Sonnet.


Voyez ! l’ombre s’étend sur les ailes du soir :
Le vieux temple, paré de dentelles gothiques,
S’enfonce dans la brume, et comme un spectre noir
Seul, l’aveugle gémit près des saints des portiques.

Tout est sombre, et pourtant, sous les arceaux antiques,
Dans les stalles du chœur, les prêtres vont s’asseoir ;
L’autel brille, et tressaille aux rumeurs des cantiques
Qui frôlent dans leur vol l’urne de l’encensoir !…

Toi, poète, rêvant sur les chemins des villes,
Où les doutes moqueurs et les hontes serviles
Couvrent tes rêves d’or d’un long voile de deuil,

Ton front est triste et froid comme un temple de pierre,
Mais ton cœur, pour tous ceux qui franchissent son seuil,
Est rempli de parfums, de chants et de lumière !…