Le Drame d'Alexandre Dumas (Parigot)/03/11/02

II

DUMAS FILS RÉALISTE AVANT « LES IDÉES
DE MADAME AUBRAY ».

Il est infiniment probable que Dumas ne connut jamais l’œuvre de La Chaussée, même de nom. Je tiens pour assuré que Dumas fils ne l’avait point lue, le tenant de lui-même. Mais il avait étudié les drames de son père, à fond. Il a dit à plusieurs reprises son admiration, en des termes qui honorent l’un et l’autre, mais qui surtout trahissent les analogies de leurs complexions. Il entre dans cette admiration du fils pour le théâtre et le génie paternels beaucoup du culte de la force, que le père manifeste en ses Mémoires pour les exploits du général. Qu’on se rappelle la page romantique, l’hymme aux colosses qui éclate au beau milieu de la Préface du Fils naturel.

« … C’est sous le soleil d’Afrique, avec du sang africain, dans le flanc d’une Vierge noire qu’elle a pétri celui dont tu devais naître, et qui, soldat et général de la République, étouffait un cheval entre ses jambes, brisait un casque avec ses dents… Tu as fait craquer le Journal, le Livre, le Théâtre trop étroits pour tes puissantes épaules… Quelquefois, tu posais ton lourd marteau sur ta large enclume. Tu t’asseyais sur le seuil de ta grotte resplendissante, les manches retroussées, la poitrine à l’air, le visage souriant ; tu t’essuyais le front ; tu regardais les calmes étoiles en respirant la fraîcheur de la nuit, ou bien tu te lançais sur la première route venue, tu t’évadais comme un prisonnier ; tu parcourais l’Océan, tu gravissais le Caucase, tu escaladais l’Etna, toujours quelque chose de colossal ; et, les poumons remplis à nouveau, tu rentrais dans ta caverne. Ta grande silhouette se décalquait en noir sur le foyer rouge, et la foule battait des mains[1]… »

En cette apostrophe revit la poigne hardie de Porthos. Le fils n’a pas dégénéré. Pendant toute sa vie, il saluera le plastique animal qu’est la femme et observera l’animal vigoureux, qui est l’homme. On trouvera dans l’Édition des Comédiens une note sur la force physique du peintre Marchai, qu’on croirait transcrite de Mes mémoires[2]. Il aime, sans aucun doute, le drame paternel, d’abord et par-dessus toute chose pour l’énergie de l’action, pour la bravoure qui s’y déploie. Puis, arrivant à son tour sur le théâtre, il le prend d’assaut ; il escalade la littérature ; il fonce en avant, tête baissée.

Dumas fils n’a pas la faculté d’invention de Dumas père. Mais (il faut le dire, parce que c’est une vérité trop méconnue) il en a la sensibilité, qu’il s’applique premièrement à contenir par la logique, et qui finira par déborder et rompre les digues dans la seconde partie de son œuvre. Elevé par une mère pauvre, il eut une enfance triste, plus triste encore que celle de son père, qui du moins grandit en pleine nature. Il n’aura jamais ni la même allégresse, ni une telle joie de vivre, ni pareille pétulance. Il cachera d’abord sa tendresse comme une tare du jeune âge ou mieux, une inélégance. Mais c’est une singulière erreur, à mon avis, de croire que sous le sourire impertinent de de Ryons se dissimule « un profond dédain pour les femmes « et « le plus furieux mépris des choses de l’amour[3] ». Les

femmes, qu’il se vantait de fustiger, ne s’y sont pas trompées. Après les Idées de Madame Aubray, cette sensibilité rentrée éclatera en passion vigoureuse, et même effrénée, quelquefois à crédit. Car ils sont parfois crédules, ces athlètes de haute mine, au cœur secret et chaud.

Ainsi s’explique d’abord la Dame aux Camélias, j’entends le drame où Duval père aborde Marguerite d’un ton brutal et puis la bénit, où Duval fils jette[4] Marguerite à ses pieds pour la canoniser ensuite, où la frénésie d’amour et le mal de poitrine font leurs ravages, où la mort de Madeleine (voir Amaury), je veux dire de Marguerite, nous tire de vraies larmes. Et c’est le drame où l’hérédité apparaît chez le dramaturge : même hardiesse aux situations difficiles, même art des préparations, non plus rassemblées au Ier acte, mais jalonnées de scène en scène et d’acte en acte, même tension de tous les ressorts, mêmes résumés vigoureux[5] dans une scène étouffante au détour du III et du IV, et beaucoup du même esprit préventif, beaucoup de la même force et de la même ardeur, et pour tout dire, d’un semblable réalisme dramatique. Certes, il y a déjà autre chose dans la Dame aux Camélias ; mais cela premièrement. Romantisme, si l’on veut ; ou plus véritablement, énergique sensualité dans la peinture de la passion : Manon Lescaut, et non Marion de Lorme[6]. Cela est bien d’un Dumas.

C’en est un aussi, plus logique et concerté, mais non moins audacieux et fougueux, qui a écrit Diane de Lys. Je l’ai dit ailleurs en une étude du manuscrit original[7]. J’ai pu, sans trop presser le texte, faire voir à quel point, dans cette pièce où se précise le système dramatique de Dumas fils, — sujet, exécution, dénoûment, — il a repris Antony sans l’atténuer. C’est la comtesse qui séduit Paul Aubry ; et c’est le mari qui tue. Dans le manuscrit Diane avait une fille, comme Adèle, que le peintre acceptait, comme Antony[8]. Enfin dans cette première œuvre logique et légale, l’amant tombe en soupirant : « Ma mère[9] ! »

À partir de Diane de Lys, il est clair que Dumas fils, venu à une époque où les idées ont supplanté l’imagination, prétend peindre à même la vie et mettre la simple vérité sur la scène. Il est réaliste d’abord, selon une méthode rigoureuse et déductive, qu’il a pu retenir de Corneille. Il met en scène des caractères tout d’une pièce et des passions rectilignes selon la formule de son père, dont l’auteur du Cid est le premier maître. Il est novateur ; et par raison positive, il abat le quatrième pan du mur : ce qui est le rêve de tous les novateurs au théâtre. Il est novateur et réaliste à sa façon, et aussi selon la manière de l’auteur d’Henri III et d’Antony. Il tire ses premiers drames d’aventures personnelles ; le principal personnage n’est autre que lui-même. Il est le Fils naturel, le fils du Père prodigue, Olivier, de Ryons : ou plutôt, ils sont lui, très modifié, généralisé, et tout de même idéalisé, comme Antony est Dumas. Ils sont lui, en même temps que la synthèse de la génération nouvelle, de ses tendances et de son état d’esprit analytique ou dissertant.

Même le cadre vrai, où ils se meuvent et raisonnent, est exécuté dans le goût et selon le procédé du père. Aux actes II et IV d’Antony est appliquée d’une main sûre la formule de la couleur locale et meublante. J’ai dit que, dès Henri III, les tableaux dont Diderot donnait la théorie et Beaumarchais un premier crayon, font partie intégrante du drame historique et moderne. On se rappelle les effets voulus d’exacte restitution : « Or, écoutez, messieurs : moi, Paul Estuert, seigneur de Caussade, etc. [10]… » ou : « Il est trois heures. Tout est tranquille. Parisiens, dormez. » Mais voici le réalisme qui s’en dégage. « Voyons… Boulanger, vingt francs. Boucher, quatre-vingt-dix francs. Épicier[11] … » — ou encore la tirade des « pêches à quinze sous[12] », ou même la recette de « la salade japonaise[13] ». Et j’avoue qu’entre ce réalisme et cette couleur je ne vois que la différence des temps. Affaire d’exécution.

Ce n’est pas tout. Au moment où Dumas fils trouve avec Diane de Lys la clef de son théâtre, et s’apprête à redresser la loi ou l’opinion des hommes, il est encore un héritier direct de son père. La thèse même, la thèse retentissante et envahissante, au début de son oeuvre, la thèse, et un plus tard les préfaces, qui sont des épilogues en forme de thèse, qui n’en voit là l’origine ? Toujours les monologues d’Hamlet et de Figaro, et les parabases de Dumas père, et le « feuilleton » d’Antony. Le fils ne s’y est pas trompé. Il n’ignorait pas sans doute que Molière a glissé une thèse au premier acte de Tartuffe, et ailleurs[14] ; mais la source de celles-ci est autre. « Quand Hamlet nous dit son monologue : « être ou n’être pas », il fait ce qu’on appelle aujourd’hui dédaigneusement des conférences ; et le directeur de théâtre auquel Shakespeare porterait sa pièce, de nos jours, lui conseillerait certainement de couper ces longueurs[15]… » Elles s’abrégeront et s’insinueront plus modestement dans l’organisme du drame, à mesure que le dramatiste aura davantage son métier et son public dans la main ;

présentement, pour dialectiques et dogmatiques qu’elles soient, elles n’en sont pas moins romantiques, par Shakespeare et Dumas.

Dès Diane de Lys, Dumas fils prend une forte position entre la loi et le préjugé, la vérité morale et absolue et la vérité relative et conventionnelle. Qu’est-ce à dire, sinon que la lutte d’Antony le tente, et que ni la scène des « enfants trouvés » ni celle des « préjugés » ne lui sont étrangères ? Au fond de cette âpre et fière raison, qui s’attache à réformer le monde, n’apercevez-vous pas la vaillance d’opinion, la foi en soi-même, l’invincible besoin d’être à part, et encore le muscle, le muscle de famille qui brandit passions et raisonnements ? Cette logique même, qui supplée à l’imagination, est impétueuse et pousse volontiers jusqu’aux défis. Elle considère et traite l’humanité de haut en bas. Elle raisonne, analyse, déduit, aussi impérieuse (mais plus maîtresse de soi) dans ses syllogismes que l’autre dans ses blasphèmes. Surtout elle dénote une vigueur admirable dans le dessin de la pièce et des caractères.

Au reste, tous ces héros positifs sont fils d’Antony par leurs aspirations et quelques-unes de leurs illusions, qui appartiennent décidément en propre à notre société renouvelée. Aucun d’eux ne dédaigne ni les titres ni la particule ni les savonnettes à vilains. Antony, Buridan, Paul Aubry, Jacques Vignot sont tous nés grands d’Espagne : ils convoitent grandement. L’un est un grand artiste, amoureux d’une grande dame, d’une très grande dame. L’autre, M. Jacques Vignot, aspire à la main de la nièce d’une marquise, récente, il est vrai, mais qui tient ferme au parchemin — et lui aussi. Nous retrouvons notre Dumas, le fougueux artilleur républicain, ami de tous les princes, ducs, comtes et marquis ; et, si je ne reconnaissais là les saines traditions de Figaro et de M. Kean, je n’affirmerais pas que la valeur démonstrative du théâtre de Dumas fils n’en fût un peu diminuée[16]. Le faubourg Saint-Germain vit dans l’isolement et le silence ; ailleurs gronde et s’agite le monde moderne ; en d’autres faubourgs fermente la société de demain. Antony a marqué sur ces types nouveaux d’autres empreintes. Du génie, ils en ont par droit de naissance, comme Figaro a de l’esprit. Jacques Vignot sait tout, a tout vu, tout lu, tout appris ; et il fait un excellent secrétaire de ministre vers l’âge de vingt-trois ans[17]. M. René de Charzay, gentilhomme sans fortune, M. de Cayolles, gentilhomme théoricien, ne sont pas moins heureusement doués[18]. Les livres ne leur coûtent aucune peine à écrire. C’est pure modestie si, dès leur majorité, ils n’entrent pas à l’Institut. Pour Olivier de Jalin et de Ryons, ils possèdent en propre le plus rare mérite, et le plus précieux. Quelle maxime leur est inconnue de la subtile science d’aimer ? Et tout cela est observé : car l’observation a succédé à l’imagination, le positivisme à la légende.

À l’importance que prend l’adultère sur ce théâtre, à la façon dont l’amour y est représenté, on reconnaît encore l’influence d’Antony. Ni Olivier ni de Ryons ne s’écrient plus : « Honte au lien de sang !… » Grattez ce vernis d’ironie désabusée (« … Désabusés !… Suzon, Suzon, Suzon ! Que tu leur donnes de tourments[19] ! ») leur sourire trahit la suprématie musculaire ; leur expérience pessimiste dénote un tempérament vigoureux qui s’exerça de bonne heure, avec moins de fracas qu’au IIIe acte d’Antony, mais avec moins de détours que dans le Demi-Monde et l’Ami des femmes. Il n’est pas jusqu’à leur science préventive qui ne révèle des cœurs sensibles, avides et déçus. Ils ont tous le foie un peu gros et le cœur trop tendre ; tous de Montègre, tous un peu taureaux en leur tréfonds. La voix du sang les émeut vivement, non pas celle de Zaïre. Si vous vous en tenez à leurs propos, raisons et analyses, qui ont remplacé le byronisme et le satanisme, il n’est sorte de dédain que ces jeunes hommes ne professent pour les folies amoureuses. Mais observez-les dans le drame et l’action. Si la jalousie les mord, ils sont pâles[20] ; ils tordent les poignets de la femme aimée sans plus de façons que le duc de Guise ou Richard Darlington ; Armand Duval, le correct de Nanjac lui-même se laissent aller à ces violences[21] : il leur arrive même de bousculer l’enfant[22], plus emportés qu’Antony même, qui l’adoptait pour jouir de la mère. Ils donnent l’assaut sans répit : c’est le scandale secret du ménage de Simerose. Cet air de supériorité que les plus forts affectent à l’égard de l’autre sexe, s’humanise alors qu’ils ont les sens en émoi ou le cœur pris.

Après avoir beaucoup discouru, Olivier épouse la jeune fille qu’il brusquait tout à l’heure[23]. Quant à de Ryons, lorsqu’il aura bien étonné les légères cervelles de ces dames par ses sortilèges, qu’on croirait issus de l’imagination de Dumas père, et développé les résultats de ses observations, qui sont de Dumas fils, — il épousera mademoiselle Hackendorf ou s’assiéra, lui, troisième, au foyer de madame Leverdet[24]. Ces raisonneurs, qui ne sont plus des titans, sont des volcans à leurs heures, et quand ils suivent « ces raisons que la raison ne connaît pas ». Ce mot profond de Pascal, ils en ont fait une périphrase honnête, pour exprimer ce qu’on ne dit point. N’est-ce pas un adoucissement notable, et un singulier tempérament de la doctrine : « Tue-la »[25] ?

Dumas fils ne la tuée qu’une fois[26], parce qu’au fond il l’adore, quoi qu’on en dise et quoi qu’il en ait. Pendant qu’il écrit la Femme de Claude, l’idée lui vient que la thèse contraire serait aussi dramatique[27] ; il compose la Princesse Georges, où le pauvre de Fondette paye pour Sylvanie. Il hait la mauvaise femme de toutes les forces du drame et du mélodrame paternels. Mais il aime l’autre, même déchue, de toute la sensibilité et de toute la sensualité que son père étalait, et qu’il cache. Son indulgence est passionnée, il pardonne avec exaltation : c’est le fonds de nature. Son imagination, plus pédestre et positive, ne s’émeut que pour la femme. Sa plume se met en frais ; sa prose rectiligne s’assouplit et s’insinue. Il a des digressions qui sont comme des caresses attendries : la vie de Marcelle, le voyage de Strasbourg[28]. Il en a d’autres qui sont des désirs voilés[29]. Pour sauver Jane de Simerose il métamorphose l’ami des femmes en Joseph Balsamo[30]. Mais quand il découvre en elles l’héroïsme résigné, alors la logique hautaine s’attendrit jusqu’aux larmes : c’est Jenny, c’est Angèle — c’est Marguerite Gautier, Clara Vignot, Elisa de Roncourt.

Ajouterai-je que ces douces créatures sont vraiment des femmes, de chair faible, et nullement immatérielles ? Nous sommes plus proches d’Adèle que de Théodore, vierge et martyre. Jane de Simerose est d’origine grecque ; « le sang d’Epaminondas » tourmente ses veines[31]. Au surplus, superstitieuses presque toutes, en bonnes filles du vieux Dumas. Dans le premier manuscrit du Demi-Monde^ madame de Lornan remettait à Olivier, au moment du duel, une médaille, souvenir de sa mère[32] : presque le talisman de Saint-Mégrin. Et à peu près toutes, même les pires, sont entêtées, enivrées de l’amour idéal, de l’amour de l’âme, éthéré, extatique, que Victor Hugo célébrait et dont Dumas parfumait la scène avant de lâcher l’autre à travers le drame.

Je n’oserais toucher le bout de votre doigt[33]


Cependant elles donnent dans un de Montègre. Jeunes filles et femmes, elles sont comme leurs mères Catherine de Clèves, Jenny, Angèle, sous le charme de la voix des hommes et d’une certaine harmonie, qui leur chatouille l’âme et le corps. L’histoire de Jane est leur histoire, au mariage près. « … Un jour, elle rencontre un jeune homme qui s’occuppe d’elle plus que des autres jeunes filles, qui lui révèle ainsi qu’elle est une femme en âge d’être aimée… La nature, la poésie, la musique deviennent leurs intermédiaires[34]… » Ainsi Angèle devint mère, à Cauterets, au pied des grands monts, vers le déclin de sa quinzième année[35].



  1. Préface du Fils naturel (Th., III), pp. 16, 17, 18.
  2. Plaquette I. Notes de la Question d’argent, n. A., pp. iii et iv : « … Nous revenions à pied, le long du boulevard… d’une première à la Porte Saint-Martin… Marchal se détacha de nous en disant : « Vous allez voir ». Il roula une cigarette et s’acheminant dans la direction de ce drôle, qui, le voyant venir tout seul, distrait et inoffensif en apparence, se dirigea de son coté, comme s’il ne le voyait pas, avec un dandinement imitant le roulis, les épaules haussées à moitié de la tête. Au moment où il allait heurter Marchal, celui-ci se rassembla, serra les coudes au corps et reçut le choc avec une telle unité de contraction et de résistance, que l’agresseur imbécile alla rouler à dix pas de là, les quatre fers en l’air. Furieux, il se releva et courut sur cet adversaire inattendu ; mais Marchal, retroussant lestement ses manches et pliant légèrement sur ses jarrets, immobile et ferme comme un roc, sans abandonner sa cigarette, lui dit : « … Si tu bouges, je t’assomme ». Cf. Mes mémoires, t. IV, ch. cix, p. 284. C’est aussi à la sortie du théâtre de la Porte Saint-Martin : « Deux individus attaquaient un homme et une femme. L’homme attaqué essayait de se défendre avec une canne ; la femme attaquée était renversée, et le voleur tentait de lui arracher une chaîne qu’elle avait au cou. Je sautai sur le voleur, et, en un instant, il fut renversé à son tour et mis sous mon genou. Ce que voyant le second voleur, il abandonna l’homme et se sauva. Il paraît que, sans y faire attention, je serrais le cou du mien outre mesure…  »
  3. Jules Lemaître. Journal des Débats, 31 mars 1894.
  4. La Dame aux Camélias (Th., I). IV, sc. vii, p. 164 : « Écoute, Marguerite, je suis fou, j’ai la fièvre, mon sang brûle, mon cerveau bout, je suis dans cet état de passion où l’homme est capable de tout »… Et p. 166, la fin de la scène : « Décidément, monsieur, vous êtes un lâche » …
  5. « Ainsi, vous n’avez rien dans le cœur ? » — « Rien. » — « Vous n’aimez aucune femme ? » — « Aucune. » — « Pas un regard que vous cherchiez avec plaisir ? » — « Pas un. » — « Pas une main que vous pressiez avec affection ? » — « Pas une. » — « Pas d’enfant d’un premier mariage ? » — « Non. » — « Pas d’enfant d’adoption ? » — « Non. » — « Pas d’enfant naturel ? » — « Non »…
    (Catilina, II, tabl. iii, sc. x, p. 78.)


    Cf. : « Vous m’avez trompé. » — « Non. » — « Vous m’avez dit qu’elle n’était pas veuve, j’ai vu l’acte de décès de son mari. Me direz-vous que cet acte est une invention ? » — « Non,… etc. »

    (Le Demi-Monde, III, sc. xii, pp. 146-147.)


    Cf. le Fils naturel, III, sc. x, p. 157 et p. 163. — Cf. Denise, III, sc. vi, p. 217. — Cf. Monsieur Alphonse, III, sc. ii, p. 133 et passim dans ce théâtre.

  6. Voir la Dame aux Camélias, II. sc. iv, p. 92, et surtout III, sc. vii, p. 139, citation de Manon Lescaut : « Je te jure, mon cher chevalier,… etc. » On notera d’ailleurs que le roman était très proche de celui de Manon Lescaut, qui est la vraie source. Après l’avoir vu, J.-J. Weiss discute, assez inutilement, à mon sens, la question de filiation entre la Dame aux Camélias et la Vie de Bohême (Le drame historique et le drame passionnel, pp. 198 sqq.). Cf. les Théâtres parisiens, pp. 109 sqq.
  7. Voir notre Génie et Métier, ch. viii, pp. 247 sqq.
  8. Voir ibid., pp. 248-249.
  9. Diane de Lys (Th., I), V, sc. v, p. 379.
  10. Henri III et sa Cour, II, sc. iv, p. 155.
  11. La Question d’argent (Th., II), I, sc. x, p. 267. Cf. surtout ibid., II, sc. VIII, pp. 295 sqq. Duo de René de Charzay et de Mathilde que Jean Giraud accompagne en sourdine : « Timbre et courtage… six mille quatre cent cinquante-deux francs quinze centimes ». — Cf. : « … Sire, des dépenses immenses, mais nécessaires… L’approbation du Saint-Père a permis d’aliéner pour deux cent mille livres de rente sur les biens du clergé. Un emprunt a été fait aux membres du Parlement… etc. » (Henri III et sa Cour, II, sc. iv, p. 152), et « … La liquidation a été bonne. Vous avez acheté cent cinquante actions le quinze, à sept cent soixante-dix ; vous avez revendu fin du mois… etc. » (La Question d’argent, II, sc. x, p. 299.) Le procédé est le même.
  12. Le Demi-Monde (Th., II), II, sc. viii, p. 101.
  13. Francillon (Th., VII), I, sc. ii, p. 272. Voir plus haut, p. 167, n. 3.
  14. L’École des maris, l’École des Femmes, le Misanthrope, les Femmes savantes, Don Juan et passim.
  15. Édition des Comédiens. Plaquette I. Note A du Fils naturel, p. ix.
  16. Voir notre Théâtre d’hier, p. 208.
  17. Ibid., p. 209. Voir le Fils naturel (Th., III), II, sc. iii, p. 103. D’ailleurs, Jacques (tels les héros de Dumas père, tel surtout Alfred d’Alvimar), au moment où lui fut révélé ce qu’il pouvait apprendre de plus désagréable, au moment de refaire par lui-même sa vie et son existence, a « douté de la vie », s’est « abandonné à la colère, à la haine " (le Fils naturel (Th., II), III, sc. v, p. 146).
  18. La Question d’argent, III, sc. i, p. 310.
  19. Antony, IV, sc. vi, p. 212 ; et Monologue de Figaro.
  20. La Princesse Georges (Th., V), III, sc. v, p. 157 : « Le voilà qui rugit et qui écume, comme une bête sauvage… etc. »
  21. Le Demi-Monde, IV, sc. xii, p. 180.
  22. La Princesse de Bagdad (Th., VII), III, sc. iv, p. 82. Cf. Don Carlos, IV, sc. ix, p. 128, scène déjà citée, qui a servi de modèle à Dumas père pour Richard Darlington, III, tabl. iv, sc. iii, p. 91. Cf. les Idées de Madame Aubray, III, sc. v, p. 316.
  23. Le Demi-Monde, V, sc, v, p. 205.
  24. L’Ami des femmes (Th., IV).
  25. Conclusion de la brochure l’Homme-Femme.
  26. La Femme de Claude.
  27. Édition des comédiens. Plaquette II. Note A de la Princesse Georges, p. i.
  28. Le Demi-Monde, II, sc. ix, p. 107. L’Ami des femmes, II, sc. iii, pp. 118 sqq.
  29. Les Idées de Madame Aubray (Th., IV), I, sc. i, p. 227.
  30. Dans Diane de Lys, Paul est chiromancien, II, sc. ix, p. 276. Voir plus haut, p. 318, note 1, et p. 167, note 5. La Femme de Claude croit à l’avenir dévoilé par les cartes, I, sc, i, p. 226.
  31. L’Ami des femmes, I, sc. vii, p. 83.
  32. Voir notre Génie et Métier, p. 274.
  33. Ruy Blas, III, sc. iii, p. 164. Cf. l’Ami des femmes, III, sc. ii, p. 134 : « Tenez, je vous aime au-dessus de tout, et je ne toucherais pas à un pli de votre robe…  »
  34. L’Ami des femmes, IV, sc. ix, pp. 176-177. Cf., à l’origine, l’Intrigue et l’Amour, traduction de Schiller par Dumas père (Th., X), I, sc. v, pp. 197-198 : « Quand je le vis pour la première fois,… le sang me monta au visage, mon cœur bondit de joie…  » Cf. (parodie) la Petite Marquise, II, sc. viii, p. 47.
  35. Angèle, acte i.