Le Diable à Paris/Série 4/La vie de jeune homme
La Vie de jeune homme.
— Lambertier est donc avec Caroline ?
— Faut croire ! ou bien c’est que l’autre est à Rouen
— Vois-tu, Julien ! vois-tu, Julien ! vois-tu ! je vais faire des bêtises !…
— Vous en avez le droit.
— On vient de rapporter Louis de Vincennes, avec deux côtes cassées !
— Pourquoi s’est-il battu ?
— Pour une bouffée de cigare.
— C’est une femme que j’ai bien aimée !
— Farceur ! tu l’as gardée quinze jours.
— Mais je lui ai fait la cour deux ans !
— Depuis que j’ai été forcé de tuer un homme pour lui avoir donné un soufflet, ah ! j’ai les soufflets en horreur. Je ne voudrais pas, vois-tu, pour je ne sais quoi au monde…
— En recevoir un.
Quand on dit qu'on a une femme, ça veut dire qu’une femme vous a.
Quand je vous disais que votre Agathe faisait des yeux à mon chenapan de Benjamin !… et vous souffririez ça, Nestor ?
Faut que je voie après mon poulet… Voyons, monsieur Charmé, ne fais pas de bêtises !… …et tiens l’échelle.
J’ai un service à te demander, mon bon Joseph… Il m’arrive quelque chose de bien bête : j’ai à l’heure qu’il est deux adorées sur les bras… Tu ne pourrais pas t’en arranger d’une ?
— Ah ! c’est que c’était une riche nature de femme ! jolie, tout cœur, pleine d’esprit… et si bon garçon ! — Ça, c’est vrai !… Enfin !… il y en a d’autres.
Eh ! ben, après ?… quand j’aurais connu mosieu Bélamy ! c’est-il une raison pour qu’on parle mal sur moi ?… puisqu’il y aurait au moins trois semaines de ça, et que dimanche fera quinze jours que tu m’as parlé, imbécile !
— Mais à ton âge, malheureux ! je ne savais pas ce que c’était que des dettes…
— Mon oncle, c’est ce que je disais ce matin à mon neveu, en lui donnant quinze sous : ce polisson-là me ruine.
— Tu sais bien que Maurice et Charles avaient toujours des histoires ensemble pour la petite Zélie ?… Eh bien !… — Eh bien ! elle a partagé le différend par la moitié. — Juste ! alors ils vont se battre.
— Combien ça coûte-t-il, un habit comme ça ? — Je ne sais pas. — Dieu veuille, mon cher, que tu ne le saches jamais.
Comme ils se sont amusés… avec leur sot roman !… au lieu de venir avec moi à la Comédie-Française, ils auraient vu Georges Dandin, les nigauds !
— Ne va pas te tromper ! Si c’est un mosieu qui t’ouvre, tu diras ce que je t’ai dit, si c’est une dame, tu ne diras rien, tu donneras ça ; si c’est une bonne aussi, ou une petite fille.
— Il n’y a toujours que le mosieu qui ne doit pas voir.
— C’est ça.
— Petit oncle, vois-tu, je voulais te dire… que…
— Connu ! tu repasseras : j’ai pas de monnaie.
— Te voilà propre !… Mon cher, ton imbécile de groom s’est trompé de bouquet ; ton billet pour la petite est chez la tante !
— Ah ! chien ! ! ! Au fait, qu’est-ce que ça me fait ? Tiens ! j’aime mieux la tante.
Tu pourrais te contenter d’un simple coup de pistolet à quinze pas ; c’est déjà bien gentil !… Entre nous, Florentine ne vaut pas davantage hein ?
— Je ne vous ai pas retenu les cinquante francs que vous me devez depuis six mois, comment ! — Ah ! bien, parrain, ça passera pour les intérêts des cent écus que tu m’as donnés. — Comment cela ? — Parce qu’il y a quinze jours que je te les demandais ; parrain, faut être juste !
— « Le marquis de Chancelles est à Naples, » dis donc ! — Ah ! — Tiens ! Naples, c’est une idée, viens-tu à Naples ? — Je n’ai pas le sou cette année… faudrait vendre des rentes ou me défaire de Julia. — Défais-toi plutôt de Julia, bête !
— Écoutez, Juliette ! Bourdin m’a tout conté. — Hein ? — Tout ! — Quoi ? — Tout ! — Eh bien ! voilà du propre !
Il faut le décider, voyons ! ! ! Épouse Claire, avec le bois de Nangie, ou prends Clémence, tu auras les moulins !… Veux-tu le bois, ou veux-tu les moulins ? — Ah ! parrain, je voudrais… — Le bois et les moulins ? — Parrain, je voudrais Félicie, qui n’a ni bois ni moulins. — Vous êtes un sot, filleul. — Je suis amoureux, parrain. — Vous êtes un sot, filleul
— Payes-tu cher à ton hôtel ?
— Affreusement cher, je ne paye pas.
— Voyez-vous là, au second quadrille… des épis de diamants… — Charmante personne ! — Je veux vous présenter après la danse : vous serez enchanté de faire la connaissance de la baronne de Cocardeau. — Je le suis déjà, mosieu le baron, d’avoir fait la vôtre !