Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/Avant-propos

Imprimerie de Chatelaudren (2p. v-vii).


AVANT-PROPOS



Il y a dix années — en 1923 — paraissait le premier volume de ce travail consacré au correcteur typographe, au point de vue historique, documentaire et technique.

La deuxième partie réservée à l’étude des règles typographiques n’eût, sans doute, jamais été mise sous les yeux du public, si deux faits particulièrement importants n’étaient venus nous inciter à modifier notre pensée : la nécessité où nous nous sommes trouvé d’aider à l’instruction d’un important personnel, et la publication du Code typographique.

Pour remplir aussi convenablement que possible la tâche professionnelle que nous avions assumée, nous avons, tout d’abord, revu la plupart des notes que nous avions conservées ; nous les avons comparées avec les règles typographiques des principaux auteurs, et nous avons modifié ou complété nos indications et nos renseignements techniques en les adaptant au but qui nous était assigné.

À l’issue de la décision prise par la Société amicale des Protes et Correcteurs d’imprimerie de France, au Congrès tenu à Bordeaux en 1924, notre travail fut publié, par fractions, dans la Circulaire des Protes, au cours des années 1925 et suivantes, et servit de base aux travaux de la Commission du Code typographique. Le lecteur ne sera donc point surpris de retrouver dans les lignes qui vont suivre des phrases entières, des exemples complets qu’il a déjà rencontrés dans le Code typographique : parce qu’une étude à laquelle nous nous étions directement intéressé avait antérieurement utilisé notre texte, nous n’avons pas cru — à la suite des réserves que nous avions formulées, en janvier 1925, dans le numéro 293 de la Circulaire des Protes — nous n’avons pas cru, disons-nous, devoir modifier quoi que ce soit de ce qui nous était personnel.

Sans doute, ce volume que nous offrons aujourd’hui à nos collègues les correcteurs n’est point parfait. Nous avons pu nous rendre compte par nous-même qu’il contient des erreurs, des redites multiples, des opinions discutables. Comme son prédécesseur, il sera l’objet de critiques et d’observations qui nous permettront de compléter et de rectifier ce qu’il contient d’inachevé et d’erroné ; bien volontiers, et certes avec plus de plaisir que les railleries qui, en d’autres circonstances, ont accueilli nos réclamations, nous accepterons toutes les remarques qui nous seront faites et nous en tirerons un utile profit pour nous-même.

La méthode suivie au cours de ce travail est analogue à celle qui nous avait guidé pour une partie de notre première étude : une règle est, tout d’abord, posée, suivie de son exemple et, le cas échéant, d’un bref commentaire destiné à éclairer le texte ; puis, les différents auteurs qui ont signalé cette même règle sont cités, et les exemples qu’ils ont donnés de son application rapportés ; parfois, une courte explication accompagne l’ensemble, indiquant les raisons des différences constatées.

Cette manière d’agir a, il est vrai, obligé à des longueurs de rédaction qui auraient pu être évitées ; elle sera, toutefois, des plus profitables, il faut l’espérer, car elle met sous les yeux du lecteur l’ensemble de la question traitée et permet à ce dernier de se former une opinion en toute connaissance de cause.


Nos collègues ne trouveront pas en ce volume, pour ce qui les concerne, un traité complet de typographie. Volontairement une limite s’est imposée à notre esprit : celle des règles typographiques à suivre dans les labeurs, les périodiques, les brochures. Les travaux de ville — si nombreux, si divers d’essence, d’inspiration et de disposition, surtout aux temps actuels — ont été laissés de côté ; leur style, leur mode de composition sont, en dehors des quelques obligations auxquelles ils ne peuvent heureusement se soustraire, sujets à trop de fantaisies, pour que nous ayons songé à entreprendre un tel travail.

Nous avons été heureux de trouver auprès des Établissements Marinoni, de la Fonderie Deberny et Peignot, de la Maison Buhler Frères, de la Société anonyme « Monotype » et de M. Grenet, président de la Société amicale des Protes et Correcteurs d’imprimerie de France, le meilleur accueil et une aide efficace pour la mise au point de nombreuses questions.

En terminant, nous devons remercier ici bien vivement tous ceux — et particulièrement la Société anonyme du Petit Écho de la Mode — qui nous ont permis de mener à bien, et dans des conditions exceptionnelles, ce travail. Si le résultat n’est pas aussi convenable que nous l’aurions désiré, la faute nous incombe à nous seul.


L. B.
1er mai 1934.