Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/01/01

Imprimerie de Chatelaudren (2p. --2).


CHAPITRE PREMIER

GÉNÉRALITÉS



Le mot typographie a été formé par la réunion de deux noms grecs : tupos, empreinte, figure, caractère, en un mot type, et grapho, j’écris.

L’étude de la typographie embrasse l’ensemble des connaissances nécessaires pour écrire, ou plutôt pour imprimer correctement, au moyen de caractères ou de types.


I

ORIGINE DE L’IMPRIMERIE


L’origine de l’imprimerie est fort ancienne.

Quelques auteurs affirment que, dès les années qui précédèrent la naissance du Christ, la Chine pratiquait déjà cet « art merveilleux ».

Mais d’autres historiens, et particulièrement M. Aug. Rochas, font remonter jusqu’au-delà de trois cents ans avant notre ère le début des essais tentés pour la reproduction, par l’imprimerie, de la parole et de la pensée.

À cette époque lointaine, comme jusqu’au moyen âge, on se servit de textes gravés sur des planches de bois ou de caractères sculptés sur des tablettes.

Les Anciens connurent cependant les caractères mobiles : pour obtenir des empreintes et des marques de fabrique, pour composer des inscriptions, plusieurs catégories d’artisans, et parmi eux les potiers et les monnayeurs de l’Asie-Mineure et de la Phénicie, faisaient un usage fréquent de signes et de lettres alphabétiques gravés à l’extrémité de tiges de métal ou de bois. — Les ruines de Ninive, de Thèbes, de Persépolis ont fourni à cet égard des documents précieux d’une indiscutable autorité.

À leurs prédécesseurs étrangers, les artisans d’Athènes et de la Grèce, de Rome et de l’Italie empruntèrent les procédés de gravure en creux ou en relief qu’ils appliquèrent aux tuiles, aux briques et aux poteries.

Chez les Grecs et les Romains, au témoignage de Platon, de Quintilien, de Cicéron, de saint Jérôme, les enfants apprenaient à lire au moyen de lettres, d’abord isolées, puis assemblées, sculptées sur le buis ou l’ivoire.

Au xie siècle, en 1041, dit-on, on fit, en Chine, quelques essais d’impression sur des caractères mobiles ; mais les défectuosités de la méthode qu’on ne sut perfectionner, le peu de résistance du métal employé (probablement le plomb seul), pour lequel les premiers fondeurs ne purent composer un alliage convenable, ne permirent pas de réaliser quelques progrès dans cette voie.

On en revint bientôt à l’impression tabellaire, et il semble que l’on ne tarda pas à laisser tomber dans un oubli complet jusqu’au souvenir lui-même des tentatives infructueuses qui viennent d’être sommairement rappelées.

Vers le milieu du xve siècle (1440-1445), après quelques essais d’impression tabellaire, Gutenberg (de Mayence), qui n’avait eu, pense-t-on, aucune connaissance des recherches tentées plus de quatre cents ans auparavant, imagina, avec l’aide de Fust et surtout de Schœffer, de sculpter les lettres sur des tiges métalliques mobiles.

Grâce à son ingéniosité, Schœffer trouva le moyen, au cours des années 1453-1455, de fondre les lettres dans des moules munis de matrices frappées à l’aide de poinçons gravés en relief.

Les types obtenus ainsi ayant une égalité suffisante de corps et de hauteur, restait à leur donner la force de résister aux efforts de la presse : Gutenberg, Fust et Schœffer y parvinrent par des modifications successives de l’alliage métallique employé pour la fonte.

De cette époque date l’existence de la véritable typographie dont les productions, d’abord grossières et imparfaites parfois, ont acquis de nos jours un haut degré de perfection.