Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/32

Imprimerie de Chatelaudren (2p. 867-868).


CHAPITRE XXXII

CHIMIE ET ALGÈBRE



Les manuels typographiques sont, de manière générale, fort sobres d’explications en ce qui concerne la composition des formules chimiques ; ils se limitent même parfois à une simple énumération des symboles, que l’on rencontre au chapitre Abréviations. Th. Lefevre, en son Guide pratique du Compositeur et de l’Imprimeur typographes, n’a fait nulle mention de la composition des formules chimiques, non plus que Leclerc en son Nouveau Manuel complet de Typographie. Desormes, Fournier, Daupeley-Gouverneur et nombre des auteurs des petits manuels si fréquemment cités au cours de ce travail ont imité ce silence. Par contre, Jean Dumont, l’auteur du Vade-Mecum du Typographe[1], a consacré un paragraphe entier au sujet dont il s’agit. Mais quelques-unes des règles qu’il énumère rappellent plutôt les habitudes belges que les prescriptions ou les usages français, et, à ce titre, peuvent servir seulement de point de comparaison.
xxxx Il a paru utile de donner en ce volume quelques explications, tant sur la notation chimique que sur les principales règles à observer lors de la composition. La chimie est en effet, parmi les autres, l’une des branches les plus importantes de la science moderne, et nombreux sont les travaux d’impression auxquels, chaque année, elle donne naissance. Mais il s’est établi, en ce genre, une sorte de spécialisation : les éditeurs, pour des raisons faciles à comprendre — aussi bien au point de vue financier qu’exécution convenable, — ont leurs imprimeurs, et ces derniers, grâce à un personnel bien entraîné, composent, sans difficultés apparentes, des labeurs aux formules de plus en plus compliquées. Sans doute, il eût été bon de préciser plus complètement certaines règles ou d’expliquer plus longuement quelques-unes de ces longues notations dont l’emploi est général en chimie organique. Mais on a supposé, tout d’abord, qu’un correcteur devait posséder au moins les notions essentielles de la chimie, et que dès lors il suffisait de se borner au rappel des principales, de celles qui sont à la base même et desquelles découlent normalement toutes les autres règles ; puis, il est bon de remarquer qu’il s’agit ici d’un travail destiné aux correcteurs, et non point aux typographes, compositeurs, et que les premiers, avant de se mettre à la tâche de la correction, doivent avoir acquis suffisamment de connaissances techniques pour constater qu’une opération quelle qu’elle soit comporte une erreur de composition.

Si les ouvrages sont à peu près muets sur les règles qui doivent présider à la composition typographique des formules chimiques, il n’en est pas de même en ce qui concerne les formules algébriques. Il n’est point en effet d’auteur qui n’ait consacré au moins quelques lignes aux mathématiques et à l’algèbre. Il semble dès lors que, de ce côté, les explications à donner peuvent être restreintes aux indications les plus générales.

  1. Composition des formules chimiques, p. 196-203 (4° éd.).