Le Conseiller des femmes/01/05

VARIÉTÉS.

Il est généralement reconnu que l’éducation religieuse est le meilleur refuge contre le malheur et la pauvreté. Le sage lui doit de supporter les maux qu’il ne peut toujours éviter. Riche de sa piété il trouve en elle de puissans motifs de joie, et un revenu perpétuel de satisfaction intérieure !

Dans une visite que nous fîmes dernièrement à la maison de charité de…, nous eûmes une preuve frappante de la vérité de cette doctrine en la personne de Mme ***.

Laissée orpheline, dès l’âge le plus tendre, c’est aux bontés d’un oncle qu’elle dut le bien précieux d’une éducation solide.

On lui apprit à se rendre compte de toutes ses impressions, à connaître le cœur humain, à n’attendre des hommes que ce qui peut raisonnablement leur être demandé. Avec cela, un temps bien employé, des heures marquées par des travaux utiles, une extrême sévérité dans ses examens de conscience ; tout, en un mot, avait contribué à prémunir son ame contre les coups possibles de l’adversité.

Mariée, à l’âge de 22 ans, à un homme estimable, elle quitta, non sans regrets mais avec résignation, la respectable famille de son oncle. Les premières années de son mariage furent douces et paisibles, mais bientôt elle eût à donner des larmes à son oncle et à son mari ; restée veuve, sans fortune, il lui fallut gagner sa subsistance du travail de ses mains. Dix années se passèrent ainsi, pendant lesquelles Mme *** suffit honorablement à tous ses besoins, et sut s’attirer l’admiration et le respect de ses nombreux amis ; mais au bout de ce temps, le feu ayant pris à une maison voisine de la sienne, se communiqua si rapidement à son humble demeure, qu’elle n’échappa aux flammes qu’en sautant par la croisée. Cette chûte lui fut des plus funestes. Obligée de subir l’amputation, elle perdit, presque en même temps, l’usage de son autre jambe et du bras droit. Cependant la souffrance et le malheur n’altérèrent pas la sérénité de cette ame chrétienne. Ses amis qui lui montraient le plus vif intérêt, voulaient qu’elle consentit à vivre de leurs dons, mais elle, sachant combien est grand le nombre de malheureux qui réclament des secours particuliers, et possédant cette indépendance d’esprit qui caractérise les grandes ames, se décida à prendre asyle dans une de ces maisons que la bienfaisance publique ouvre aux indigens. Le nom d’hospice n’offrit rien d’humiliant à sa pensée, car elle avait appris, dans sa jeunesse, qu’une conduite irréprochable est le meilleur titre à l’estime générale. Elle entra donc, sans rougir, dans l’hôpital de **, et l’habite depuis ce temps. Sa gaîté, sa patience ne l’ont jamais abandonnée, et la font chérir de tout ce qui l’entoure. Elle instruit les jeunes, encourage les vieux, et se rend agréable à tous, par sa conversation pleine d’intérêt. Son caractère donne de la dignité à sa situation et ceux qui la visitent sont pénétrés de respect et d’admiration pour cette habitante volontaire de la maison de charité.

(Extrait de The frugal housewife, imprimé aux États-Unis.)
Élisa M…
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