Le Compositeur typographe/Considérations générales sur le travail des compositeurs

Adrien Delahaye et Émile Lecrosnier (p. 7-9).


considérations générales sur le travail des compositeurs


Les compositeurs typographes se recrutent actuellement dans les deux sexes ; mais les hommes forment la majorité. Le plus souvent les compositeurs et les compositrices travaillent dans des ateliers séparés. Il est à remarquer que ces dernières sont généralement assises devant leur rang, tandis que les ouvriers, ainsi que nous l’avons dit plus haut, effectuent leur travail debout.

Le personnel de la composition se compose en majeure partie d’éléments jeunes : la moyenne d’âge est d’environ vingt-cinq ans pour les hommes, vingt et un pour les femmes.

On ne trouve point de gauchers parmi les compositeurs ; l’apprenti qui aurait cette tendance est forcé de la modifier. La persistance de cette habitude entraînerait certaines difficultés et nécessiterait une construction spéciale pour le composteur, une disposition particulière pour les cassetins qui, dans l’état actuel, ne seraient plus en harmonie avec les mouvements du bras.

L’installation des ateliers de composition est très variable ; en province le local affecté à ce travail est en général plus spacieux qu’il ne l’est à Paris.

On conçoit que certains genres de travaux, tels que la confection des journaux, les ouvrages de ville (factures, prospectus, cartes d’adresse, cartes de visite, etc., etc.) exigent l’établissement des imprimeries dans une situation qui se prête parfois difficilement aux conditions réclamées par l’hygiène ; nous verrons plus loin quels sont les moyens capables de remédier, dans une certaine mesure, à cet inconvénient.

La façon dont l’ouvrier est éclairé pendant son travail dépend de la disposition générale de l’atelier : à Paris et dans les grandes villes, certains locaux sont assez obscurs pour nécessiter l’éclairage artificiel pendant toute la durée du jour.

Le compositeur travaille habituellement nu-tête ; une longue blouse constitue son costume d’atelier.

La journée du typographe est, en moyenne, de dix heures, avec une interruption d’une heure pour le repas.

Dans les établissements où s’impriment les journaux du matin, la composition se fait la nuit et dure environ cinq heures, sans interruption ; la distribution s’effectue dans le cours de la journée.

Les compositeurs travaillent aux pièces ou à la conscience ; le prix du travail aux pièces varie avec l’objet du labeur, avec la nature du caractère employé et avec celle de la copie, il est proportionnel au nombre de lettres composées et distribuées. À Paris le salaire du typographe aux pièces s’élève de cinq à sept francs, pour la journée de dix heures, et celui du compositeur en conscience, à six francs cinquante. Ce sont, en général, les ouvriers les plus âgés qui sont placés à la conscience. En province les salaires sont inférieurs d’un quart environ à ceux de Paris.