Société Nouvelle de Librairie et d’Édition (p. 87-100).

CHAPITRE VII

LE COLONIALISME ET LE MILITARISME


Le colonialisme ne jette pas seulement les nations, qui se sont livrées à son étreinte, dans les campagnes continues, sur les sols lointains ; il ajoute une menace de guerre, plus générale et plus immédiate, à toutes celles qui assaillent déjà l’humanité ; il complique et aggrave les relations entre États ; il multiplie les chances de conflits, à proportion même des conquêtes qu’il réalise et des convoitises que suscitent les expansions territoriales.

Il triomphe dans la lutte ; il engendre la lutte. Après avoir entraîné les blancs au massacre et à la spoliation des noirs, des jaunes et des rouges, il les achemine au massacre réciproque et à la spoliation mutuelle. La violence appelle la force. C’est ainsi que dans le monde contemporain les intérêts africains et asiatiques dominent tous les autres, et que les puissances maîtresses d’empires jettent des regards d’envie sur celles qui sont mieux pourvues et méritent la jalousie de celle qui, trop tard venues, ou trop faibles, ou trop timides, n’ont pas su pratiquer la politique de l’annexion incessante.

Mais, pour cette raison même qu’il est artisan de guerres, le colonialisme alourdit, à chaque heure, la cuirasse qui écrase les peuples de race blanche. Les nations augmentent leurs armées et leurs flottes, au fur et à mesure qu’elles allongent leurs frontières sur d’autres continents, et qu’elles ont plus de sujets à conserver, ou plus d’ambitions à assouvir.

Plus loin, nous examinerons la transposition de points de vue, qui s’est opérée dans la politique des grands États, depuis que le champ de bataille des hommes dits civilisés s’est élargi à l’infini, et que le Congo ou le Niger, le Nil ou le Mé-Kong, ont remplacé, dans les préoccupations des gouvernants, l’Escaut ou le Rhin, le Pô ou le Danube. S’il est un fait incontestable, c’est que la méthode des armements renforcés a prévalu en même temps que celle des expéditions en territoire barbare. Les champions du colonialisme ont toujours été les champions des gros budgets militaires, et c’est à peine s’il est besoin de justifier logiquement un rapport qui apparaît à tous les yeux.

Mais le militarisme n’est pas seulement déplorable parce qu’il prélève des dotations colossales sur le revenu public, ou mieux sur le salaire des prolétaires ; il ne doit pas être uniquement dénoncé et flétri, parce qu’il sort du mécanisme capitaliste, dont il est à la fois le produit et la sauvegarde provisoire ; il suscite encore la condamnation, parce qu’il exerce une influence déprimante sur la moralité des peuples. Ses tares, après tout, sont celles du colonialisme.

Toute expédition, à moins qu’elle ne soit désastreuse, met en relief le soldat qui l’a conduite, et accroît son prestige aux yeux de la foule mal éduquée, ou détournée du bon sens par un faux enseignement ; tout massacre glorifié, exalté par la presse quotidienne, par le parlementarisme, par l’esprit public (et tel est le cas de tous les carnages exotiques) engendre une diminution dans la valeur mentale, dans l’humanité des citoyens.

Peut-être, en ces quelques lignes, avons-nous indiqué suffisamment les relations du colonialisme avec le régime de paix armée qui règne sur l’Europe, et aussi l’influence néfaste qu’il détient, par répercussion, sur la cérébralité des masses encore inorganisées. Tels sont les deux points qui seront traités, avec un peu plus de détail, en ce chapitre.

C’est un fait certain, quoique assez rarement constaté et signalé, que les vieux problèmes des frontières européennes ne passionnent plus autant les nations de notre continent : la France, l’Allemagne, l’Italie, etc. Au moyen âge, on se battait pour une seigneurie, une baronnie, un comté, parfois une commune. Plus tard, les peuples unifiés les premiers se disputèrent avec acharnement des provinces, la Normandie ou l’Aquitaine, la Lorraine ou la Flandre. Avec le xviiie siècle apparaissent déjà les rivalités coloniales : la France et l’Angleterre, tout en se heurtant dans les mers d’Europe, guerroient au Canada et dans l’Inde ; mais la campagne aux colonies, si longue et si acharnée soit-elle, demeure un phénomène spécial, et les litiges du continent restent décisifs. La France perd ses possessions, ou la plupart d’entre elles, sous Louis XV ; de 1770 à 1830, les États-Unis, puis l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud se rendent indépendants. Par la force même des événements, la rivalité exotique s’atténue au point de disparaître pendant une grande partie du xixe siècle. L’unification allemande et l’unification italienne, qui sont les grandes sources de conflits armés, après la Révolution française et l’expansion de l’Empire napoléonien, affranchissent les antagonismes nationaux des litiges accessoires de l’Océan Indien ou de la côte d’Afrique.

Mais une fois la nouvelle structure politique du continent réalisée, ce sont des soucis d’un autre genre qui s’emparent des classes gouvernantes, et qui dominent les combinaisons d’États. Partout surgit, s’implante, triomphe la grande industrie ; partout le machinisme bouleverse la vieille économie et décuple l’activité publique. Dans l’Allemagne Bismarckienne, comme en Angleterre et en Belgique, se forme une bourgeoisie que la manufacture enrichit et pousse de plus en plus au premier plan. Pour la production moderne, les frontières nationales sont trop étroites, et alors les débouchés extérieurs deviennent une nécessité.

On conçoit que brusquement les questions purement européennes soient reléguées dans l’ombre, et que les relations des États se déterminent désormais, sur l’accord temporaire ou l’opposition permanente de leurs convoitises coloniales.

Jadis l’Allemagne rêvait de s’agrandir en France, au détriment de la France ; mais aujourd’hui, si l’on exclut les velléités de certains pangermanistes attardés, il est reconnu outre-Rhin que l’annexion de Meurthe-et-Moselle ou même de la Meuse, des Ardennes, du territoire de Belfort, n’offrirait aucune utilité. Déjà l’Alsace, par Mulhouse, par Sainte-Marie-aux-Mines, fait une concurrence redoutable à certains centres usiniers de la Westphalie, de la Prusse rhénane et de la Saxe. En acquérant, par la spoliation du voisin, une province de plus, l’Empire satisferait peut-être son orgueil de soldat casqué ; il servirait mal ses intérêts économiques, qui l’emportent de plus en plus sur les autres, au fur et à mesure que la production industrielle se développe et englobe des contingents d’hommes et des capitaux plus considérables.

De même la Pologne accapare beaucoup moins que par le passé les regards des dirigeants de Berlin. L’antagonisme des Germains et des Slaves de Russie s’est atténué à proportion de la croissance des entreprises coloniales de l’Allemagne. Ce que recherche fiévreusement ce pays, à l’heure présente, ce sont des marchés nouveaux, des Arabes ou des Hottentots, des Cafres ou des Chinois, à habiller et à pourvoir de couteaux ou de parapluies.

Autrefois la France convoitait la Belgique ; ses gouvernements estimaient qu’en prenant Bruxelles, Anvers et Liège, ils eussent grossi la puissance de l’État, et consolidé son prestige matériel et moral. En se plaçant au point de vue nouveau, qui s’impose à tous les peuples, l’acquisition de la Belgique ne serait plus pour la France qu’une déplorable opération. Cette annexion, en régime capitaliste, aboutirait à des catastrophes économiques pour nos verriers du Centre, pour nos tisseurs du Nord, pour nos métallurgistes de Saône-et-Loire et d’ailleurs. Elle créerait tout simplement une concurrence intérieure contre laquelle, cette fois, le protectionnisme le plus ardent ne pourrait trouver moyen de réagir. À chaque instant, telle ou telle de nos productions risquerait d’être écrasée.

Autant jadis les agrandissements territoriaux étaient prisés en Europe, quand la culture de la terre était le mode essentiel d’activité, autant nos capitalistes souverains doivent les rejeter délibérément aujourd’hui. Car les domaines nouveaux, que les États conquerraient à leurs frontières immédiates, révolutionnés déjà, eux aussi, par le machinisme, ne leur fourniraient point de consommateurs ; ils leur opposeraient seulement une surproduction de plus.

Le champ des conflits contemporains s’est de la sorte transporté dans les mondes lointains, dans ces espaces que les explorateurs mêmes n’avaient point encore sillonnés il y a cinquante ans. Et ces conflits sont innombrables ; de terribles guerres sont en perspective. Chacun menace toutes les colonies d’autrui. Tout État se rend compte qu’à moins d’élargir la clientèle de ses fabriques, il périra, et pour sauvegarder son existence, il ne répugne point à saisir par la force la clientèle des autres États.

L’Angleterre et l’Allemagne vivent dans une perpétuelle crise de tension. Ce ne sont point des litiges européens qui les dressent l’une contre l’autre. L’Allemagne, qui a Hambourg et Brême, n’a plus besoin de Rotterdam ou d’Anvers, et l’Angleterre n’aspire plus à prendre pied sur le continent et à redevenir vulnérable. Mais la Grande-Bretagne voudrait tuer le trafic grandissant de l’empire germanique, et par suite lui ravir les stations qu’il s’est créées sur les mers, tandis que celui-ci, mal partagé dans la délimitation de l’Afrique et de l’Asie, souhaiterait bien enlever quelque riche marché au Royaume-Uni.

Pendant plusieurs années, l’Angleterre et la France se sont mesurées du regard. La France entendait empêcher sa rivale de construire sa ligne ferrée du Cap au Caire, et le cabinet de Londres eût été fort aise de dépecer une fois de plus le domaine colonial que le gouvernement de la République s’était reconstitué.

D’une face à l’autre du monde, les problèmes de débouchés, se substituant aux problèmes de frontières, arment les unes contre les autres les nations industrielles. La France et l’Allemagne sont beaucoup plus animées par leurs convoitises africaines, que par les souvenirs de 1870-71 et par l’annexion de l’Alsace-Lorraine. La France et l’Italie ont failli en venir aux mains, non point pour la ligne des Alpes, mais pour la Tunisie et la Tripolitaine. L’Angleterre et la Russie ne se heurtent ni dans la Baltique ni dans les détroits du Nord, mais en Afghanistan, à la lisière de l’Inde ; l’Allemagne et les États-Unis, dépourvus jadis de tout point de contact, ont appris à se combattre commercialement dans le Pacifique ; il n’est pas jusqu’au Japon, qui désormais ne semble appelé à heurter ses flottes et ses armées contre celles de la France, de l’Union, de l’Allemagne, peut-être même de l’Angleterre, depuis que sa prodigieuse expansion industrielle l’a poussé hors de ses frontières.

Le colonialisme a multiplié (et ce n’est point là le moindre de ses torts), les surfaces de frottements entre tous les États contemporains de quelque importance. La nature les avait séparés les uns des autres, jetant entre eux des chaînes de montagnes, de larges fleuves, des bras de mer, des océans. Violentant la géographie primitive, ils se sont dotés d’innombrables frontières mitoyennes.

La France et l’Allemagne se rencontrent sur la côte de Guinée, tandis que l’Angleterre et la Russie, distantes de milliers de kilomètres, ont trouvé brusquement leurs possessions juxtaposées dans l’Asie centrale. Les dépendances françaises et anglaises, les dépendances anglaises et allemandes sont souvent enchevêtrées, au point que seules des lignes conventionnelles, plus ou moins bien tracées et étudiées, les délimitent.

Cette transformation de la carte du globe, qui n’est pas encore terminée, ne saurait servir la cause de la paix. Au fur et à mesure que s’accroît la contiguïté entre deux nations augmentent les chances de conflagration. Déjà fermentaient des rancunes séculaires, des haines ataviques, auxquelles s’adjoignaient les appétits mercantiles rivaux. La communauté de lisière diplomatique est un élément menaçant, répété à l’infini, de discorde et de guerre.

Aussi ne sied-il point de s’étonner que le colonialisme ait fourni un nouveau prétexte aux armements de terre et de mer, aux dépenses d’outillage belliqueux, au renforcement des troupes et des flottes. Jadis, chaque État n’avait à surveiller que deux, trois, quatre frontières d’une étendue limitée ; sa marine n’avait d’autre objectif que de garder ses côtes ou de brûler éventuellement le littoral de l’adversaire. Par là on s’explique qu’en dehors de l’Angleterre, puissance insulaire, les nations, jusqu’à une date récente, n’aient point mis leur vigueur navale au premier plan de leurs soucis.

Mais l’expansion coloniale a bouleversé l’équilibre et l’économie de toutes choses. Comme les territoires occupés tendaient à s’élargir à l’infini, couvrant une surface triple, quintuple, décuple de celle de la métropole ; comme aussi l’effectif des sujets augmentait sans relâche, il était nécessaire de créer des milices spéciales pour protéger les acquisitions nouvelles. De là, la formation des armées coloniales composées mi-partie d’Européens, mi-partie d’indigènes, qui ont maintenant partout surgi.

Mais il ne suffit pas d’entretenir sur place des contingents permanents, capables à la fois de refouler une révolte des natifs et de repousser une invasion étrangère. Il importe que les communications soient établies, avec quelque certitude, entre la métropole et les diverses parties de son empire. La France, qui envisage l’éventualité d’une rupture avec le Japon et d’une descente des troupes nipponnes dans le golfe du Tonkin, n’ignore point que les 34,000 hommes cantonnés dans l’Indo-Chine seraient impuissants à soutenir pareille attaque. Il lui faut donc déverser à temps des régiments sur son domaine asiatique, et aussi lutter sur mer, pour couper la route aux transports de l’ennemi. Cette action à double fin ne se peut concevoir que par le renforcement de l’escadre, et par l’entretien de divisions navales égales à celles dont le Mikado disposerait en ces parages. On doit donc s’attendre à de nouvelles demandes de crédits de la part du gouvernement.

De même, si l’Allemagne rêve de disputer au Royaume-Uni sa prééminence commerciale, et d’arracher par suite aux Anglais quelques-uns de leurs dépôts de charbon ou de leurs annexes lointaines, il lui convient de développer ses armements sur mer ; — et telle est en effet la préoccupation qui assiège, depuis plusieurs années, Guillaume II, ses ministres et la ligue navale, plus ou moins officieuse, qui a été chargée de stimuler l’opinion. Le cabinet de Berlin aspire à créer une flotte qui puisse rivaliser avec celle du Royaume-Uni et qui corresponde à ses gigantesques velléités d’expansion économique. Si l’Amérique, à l’heure présente, consacre d’énormes et croissantes dotations à la marine militaire, c’est que l’acquisition des Philippines, de Hawaï et des Antilles lui a ouvert des horizons nouveaux ; et en serrant encore de plus près les faits, nous pourrions démontrer que partout, l’extension coloniale a eu, pour corollaire forcé, le marinisme.

Mais il vaut mieux citer des chiffres, qui préciseront un point de fait capital. Nous laisserons en dehors le Japon. De 1898 à 1904, les sept grandes nations de race blanche : l’Angleterre, la France, la Russie, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie[1], l’Italie, l’Union Américaine ont porté leurs dépenses navales de 1,725 à 2,485 millions, c’est-à-dire que la majoration a atteint 38 %. L’Allemagne a poussé ses dotations de 157 à 286 millions, tandis que l’Amérique passait de 300 à 550 millions, et l’Angleterre de 600 à 875 millions.

Pour mesurer d’ailleurs toute la répercussion, que l’expansion exotique a exercée sur les budgets militaires, il faudrait tenir compte des créations de points d’appui ; mais comme nous avons déjà plus haut examiné le coût pécuniaire du colonialisme, nous estimons inutile de nous attarder à cette matière.

L’influence morale du colonialisme n’est pas moins déplorable. Durant la période de la paix européenne, qui a succédé à l’unification germanique, et qui n’a été troublée que par la guerre russo-turque de 1877-78 et par le conflit serbo-bulgare ou par le conflit gréco-turc, il a maintenu intacts le prestige de l’uniforme et l’autorité du sabre. Alors que les armées restaient face à face, sans sortir de l’immobilité, derrière les lisières d’États, des détachements nombreux opéraient aux quatre points cardinaux, hors du continent. Entraînés par leurs instincts belliqueux, les peuples suivaient avec soin ces expéditions faciles, où les fusils et les canons perfectionnés fauchaient des milliers « d’inférieurs ». On s’enthousiasmait pour les traits d’héroïsme, que les journaux contaient complaisamment ; on exaltait la bravoure et l’intelligence des généraux chargés de conduire ces campagnes ; on portait si haut leurs victoires, que certains d’entre eux étaient assimilés aux plus grands conquérants de tous les temps. Cette lutte continue sur les deux hémisphères, qui surexcitait la curiosité, qui développait le chauvinisme, contribuait à perpétuer l’orgueil et la domination de la caste militaire. L’officier, qui dans l’apparente concorde européenne, et dans la suppression momentanée des grandes conflagrations, eût perdu une part de sa considération traditionnelle, renouvelait sa puissance dans les tueries de sauvages.

En même temps, le colonialisme ranimait de proche en proche les instincts de barbarie et les tares sommeillantes. Il n’est jamais bon, pour une nation, de verser dans la destruction des races, d’admettre le despotisme et l’asservissement. Les actes odieux tolérés par les gouvernements dans l’Afrique équatoriale, loués même par certains, ressuscitaient des sentiments déjà atténués par une culture plus grande, par les campagnes anti-esclavagistes du milieu du siècle, par la propagande de tous les penseurs. Il apparaissait que sous les déclamations humanitaires, l’homme demeure un loup pour l’homme, et qu’à l’usage de sa force il ne connaît d’autres limites que la résistance de la force d’autrui. Les méfaits et les crimes coloniaux jouèrent, pour notre génération, le même rôle que les combats de gladiateurs ou les massacres de chrétiens dans la Rome impériale. En cette perpétuelle fête du sang, en ce brutal assujettissement de la faiblesse, l’Europe vit surgir de nouveau les passions des vieux âges. Une détérioration continue de l’esprit public a suivi partout la phase de la conquête exotique.

En même temps, le colonialisme balayait sous son souffle délétère et violent les quelques garanties obtenues par les masses. Les Parlements avaient le droit écrit de se prononcer sur la paix et sur la guerre ; eux seuls pouvaient accorder des crédits d’expédition. On passa outre à toutes les constitutions. De même qu’on brutalisait les noirs et les jaunes, on brutalisa la volonté populaire. Comme les foules, malgré tout, n’étaient point sympathiques aux campagnes d’Asie et d’Afrique, dont elles percevaient les mobiles et discernaient les dangers, on se passa du concours de leurs représentants. Les Ferry et les Crispi multiplièrent les initiatives de vacances, restaurèrent dans leur plénitude les prérogatives de l’exécutif, et se comportèrent en despotes omnipotents. Ainsi fut éludé le principal, sinon l’unique mérite du parlementarisme, qui est de fractionner l’autorité au point de la rendre parfois inoffensive, et impuissante pour le mal.

Il faudrait se livrer à de plus longs développements encore, pour étudier toute l’influence que le colonialisme a détenue et détient toujours sur l’évolution de la vie politique. Aucun facteur de régression ne fut aussi néfaste que lui ; mais il sied de ne pas le détacher un seul instant de son massif piédestal, du régime qui l’a engendré : le capitalisme.

  1. L’Autriche-Hongrie n’a pas de colonies ; aussi l’accroissement de sa flotte n’a-t-il pas été comparable à celui des autres États.