Le Chemin des ombres heureuses/Halitherse

Édition du Mercure de France (p. 71).

HALITHERSE


Je n’ai pas su jouer un personnage
comme ceux qui toujours ont le même visage
ou souriant ou morne ou tragique ou joyeux,
et qui, leur but choisi, se déchirent les yeux
pour n’être pas tentés d’en découvrir un autre.
J’étais inconséquent et changeant comme un homme ;
on me voyait pleurer, rire un instant après,
croire et douter, suivre une route et la quitter.
Certes, je ne fus pas habile, étant sincère,
et je n’ai converti personne à mon idée,
mais du moins, comme tant, je ne suis pas tombé
dans la glu de mon propre piège.