Société d’éditions publications et industries annexes (p. 31-32).

CHAPITRE IV

Le lendemain, Irène Jalade se leva d’assez bonne heure, sans réveiller son mari, lequel d’ailleurs, aimant parfois à faire la grasse matinée, feignait de dormir. Cette gourmande d’Irène préparait d’habitude elle-même, en bas, dans la cuisine, son chocolat bien gras et bien sucré. Quel ne fut pas son étonnement de trouver devant le fourneau son amie Eugénie, s’occupant sans façon, en bonnet blanc et tablier blanc de bonne ménagère, d’une tisane pour son fils !

Té ! Eugénie !… Pourquoi n’as-tu pas sonné la bonne ?

— Je la dérange déjà trop.

— Mais c’est son travail de nous servir. Enfin, n’importe. Philippe, comment va-t-il ?

— Il a passé une bonne nuit. Il ne s’est réveillé que voici un quart d’heure.

— Ah ! Tant mieux !… Et, sais-tu que Thérèse est rentrée hier soir !

— Quelle enfant terrible !… Où avait-elle filé ?

— Pas loin. Chez Micquemic, sur la colline du Cap.

— Et pourquoi cette escapade ?

— Parce qu’elle craint qu’on ne la rende responsable de l’accident. Cependant elle n’y est pour rien.

— Naturellement.

Eugénie détourna la tête, gênée qu’elle était d’avoir eu, ainsi que son mari, et d’avoir peut-être encore la pensée d’incriminer cette Thérèse si étourdie.

— Que d’ennuis nous allons vous occasionner ! dit-elle.

— Tu veux rire ! Entre nous, voyons !… Est-ce que nous ne formons pas une seule famille !

— Oui, je ne n’en disconviens pas. Pourtant !…

Té !… Remonte auprès de Philippe. Je t’apporterai la tisane pour lui et pour toi ton déjeuner. Si ! Si !… Ton devoir est de rester là-haut !

Irène reconduisit jusqu’à l’escalier son amie, qui, malgré tout, se félicitait d’un si chaleureux dévouement.