LXI. La prière à Mercure
◄   LX LXII   ►




Il est maintenant indispensable que nous revenions au pauvre Cogolin, qui avait été si mal reçu par Capestang, auquel, avec un si louable empressement, il apportait le fameux talisman qui faisait gagner une fortune au jeu - la prière écrite par Lorenzo ! On a vu que le cavalier avait préféré se rendormir, après avoir déversé sur la tête de son fidèle écuyer trop zélé toutes les imprécations et toutes les menaces que peut trouver un homme réveillé au meilleur moment de son somme.

Cogolin, donc, avait battu en retraite vers le cabinet qu’il occupait, et qui précédait la chambre de son maître. Tandis que le chevalier de Capestang se rendormait en grommelant, Cogolin se frottait le crâne ; de désespoir, il avait jeté sa perruque dans un coin.

"Vit-on jamais pareil entêtement, pareil dédain de la fortune ! gémissait Cogolin en levant les bras au ciel. Cinq pistoles ! Les cinq dernières pistoles ! Perdues ! Dépensées pour avoir ce talisman infaillible ! Qu’allons-nous devenir ? Il ne reste pas un sol, pas un denier, pas une maille à M. le chevalier. Ah ! l’entêté ! Si seulement j’avais appris moi-même la prière !"

Ainsi se lamentait Cogolin. Bien entendu, il ne songeait guère à dormir. Un temps se passa, une heure ou deux, peut-être. Et Cogolin, toujours inconsolable, soupirait encore après les cinq dernières pistoles données à Lorenzo en échange d’une prière à Mercure, lorsqu’il entendit des allées et venues dans l’auberge endormie.

À ce moment, on frappa.

Cogolin se redressa tout effaré. Pourtant, il alla ouvrir ; c’était maître Garo, le patron de la Bonne-Encontre, et maître Garo disait à Cogolin :

"Éveillez à l’instant votre maître ; il y a ici un gentilhomme qui veut lui parler."

Rendu prudent par la première réception de Capestang, Cogolin allait se mettre à parlementer, lorsque derrière l’aubergiste apparut un gentilhomme enveloppé jusqu’aux yeux dans son manteau. Ce gentilhomme ne dit rien. Seulement, par-dessus l’épaule de Garo, il tendit à Cogolin une bourse pleine d’or, genre d’éloquence qui donna instantanément à l’écuyer de Capestang une dose extraordinaire du courage. Cogolin saisit la bourse, prit une lampe et, tout joyeux, entra dans la chambre du chevalier.

"Holà, monsieur le chevalier, éveillez-vous, de grâce, éveillez-vous ! Ce n’est pas la guigne qui vient, c’est la chance !"

Capestang, ainsi réveillé pour la deuxième fois, ne jura pas, ne poussa pas d’imprécation, mais il sauta du lit, saisit un bâton et le leva sur les épaules de l’infortuné Cogolin.

"Ne le battez pas, mon cher chevalier, dit à ce moment une voix, c’est moi qui ai forcé la consigne !"

Et le gentilhomme à la bourse d’or entra. Cogolin profita de la diversion pour fuir et fermer la porte derrière lui. L’inconnu alors, devant Capestang stupéfait, laissa tomber son manteau.

"Cinq-Mars ! s’écria le chevalier. (Il vient me provoquer, songea-t-il.) Un instant, mon cher marquis. Permettez-moi d’abord de me mettre dans une tenue plus présentable, et veuillez, cependant, prendre ce siège. Vous êtes le bienvenu, bien que l’heure soit plutôt au sommeil qu’à l’épée."

Cinq-Mars s’assit. Il paraissait ému. Il avait répondu d’un signe de tête à la bienvenue de Capestang, lequel ne perdit pas de temps pour s’habiller de pied en cap et assurer sa bonne rapière à son côté.

"Là, dit-il alors en s’asseyant à son tour. Je suis à vous. Qu’avez-vous à me dire ? Il faut que ce soit grave, pour que vous ayez choisi une pareille heure."

Cinq-Mars se taisait toujours. Capestang éclata de rire :

"Vous rappelez-vous, marquis, notre première rencontre sur les bords de la Bièvre ? Vous m’appelâtes capitan. Nous devions nous pourfendre. Est-ce pour renouer cette conversation que vous êtes venu ? Ne vous gênez pas, mon cher. Capitan j’étais, capitan je suis resté. Ainsi donc, si le cœur vous en dit, je suis votre homme, bien que je vous en veuille un peu de m’avoir réveillé. Mais sans doute il était écrit quelque part que je ne dormirais pas cette nuit."

Et sur ce mot, Capestang devint tout à coup pensif. Ces hasards répétés qui lui coupaient son sommeil finissaient par prendre une mystérieuse signification, et il lui semblait maintenant qu’une voix lui criait : « Ne t’endors pas ! Debout ! Capestang à la rescousse ! » À ce moment, le marquis de Cinq-Mars, d’un accent ému, lui disait :

"Chevalier, je suis arrivé à minuit à Paris. Je suis venu ici en ne prenant que le temps de laisser mon cheval aux Trois-Monarques, car je ne voulais pas être remarqué. Excusez-moi de vous avoir réveillé. C’est que j’étais pressé, voyez-vous, pour trois raisons ; la première, la moins importante, c’est que proscrit, traqué par les agents de M. de Richelieu, je ne pouvais traverser Paris que la nuit. La deuxième, c’est que je dois repartir avant le point du jour. La troisième, c’est que ce que j’ai à vous dire ne souffre aucun retard."

Capestang s’inclina froidement. Cinq-Mars reprit :

"Chevalier, j’ai eu des soupçons contre vous au sujet de ma chère Marion. Je sais maintenant que ces soupçons étaient injustes.

— Bah ! fit le chevalier en ouvrant de grands yeux.

— Oui, Marion m’a prouvé votre innocence.

— Eh bien ! vous pouvez m’en croire, vous m’ôtez un poids de dessus la poitrine !

— Et puis, continua Cinq-Mars, vous m’avez sauvé la vie lorsque je fus attaqué rue Dauphine, alors que vous pouviez justement me considérer comme votre ennemi.

— Bah ! fit Capestang, ébahi de la tournure que prenait cette rencontre, ne parlons pas de cela, je vous en supplie. Vous en eussiez fait tout autant à ma place."

Cinq-Mars secoua la tête.

"Ce n’est pas sûr, dit-il. En tout cas, je ne l’ai pas fait. Chevalier, ce n’est pas tout : c’est vous qui m’avez tiré du carrosse qui me conduisait à la Bastille, où j’eusse été jeté dans quelque oubliette...

— Bon ! Je ne savais pas que c’était vous. Donc, vous ne me devez rien.

— Chevalier, reprit Cinq-Mars d’une voix de plus en plus émue, Marion m’a appris hier un dernier trait de votre héroïsme : c’est vous qui l’avez arrachée à Richelieu. C’est vous qui me l’avez ramenée à mon hôtel...

— C’est vrai", dit simplement Capestang.

Cinq-Mars se leva. Sa parole, maintenant, tremblait :

"Chevalier, je vous dois trois fois la vie. Vous n’êtes pas seulement pour moi un héros invincible, une fleur de bravoure et de loyauté comme on en voyait au temps des paladins, et comme on n’en voit plus dans notre misérable époque d’égoïsme forcené, chevalier, alors que j’étais votre ennemi, vous avez été pour moi l’ami sûr et précieux qui donne sans compter son esprit, son cœur et son sang."

Les yeux du petit marquis se remplirent de larmes. Sa poitrine s’oppressa. Il considéra un instant Capestang avec une admiration où il y avait au fond un peu d’effroi.

"Chevalier, acheva-t-il, lorsque Marion m’eut raconté la scène héroïque, impossible et pourtant vraie de votre arrivée chez Richelieu, j’ai senti que j’étouffais si je ne venais à vous. Et je suis accouru. Chevalier, je vous demande pardon de vous avoir insulté dans les caves de l’hôtel d’Angoulême.

— Marquis ! fit Capestang, qui pâlit au souvenir de Giselle.

— Chevalier, je vous demande pardon d’avoir croisé l’épée contre vous sur la route de Meudon. Je vous demande pardon d’avoir été votre ennemi. Et je vous demande : Voulez-vous me faire cet insigne honneur de me considérer comme votre frère ? Voulez-vous me permettre d’être votre ami ?"

Pour toute réponse, Capestang ouvrit ses bras, et Cinq-Mars s’y jeta en pleurant...


.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..


Une fois que l’émotion fut calmée, une fois que la réconciliation fut scellée, Capestang appela Cogolin, lui commanda d’aller chercher du vin, du meilleur qui se trouvât dans les caves de maître Garo, et de monter, en outre, quelque poulet froid, accompagné de quelque pâté. Cogolin, non sans une grimace, puisa dans la bourse même qu’il venait de recevoir, et bientôt les deux amis s’attablèrent. Alors, devant le bon pâté au succulent fumet, sous l’influence des vins généreux, toute trace d’embarras disparut, et ce fut un assaut pareil à celui qu’ils s’étaient livrés à l’hôtellerie des Trois-Monarques.

Enfin, Cinq-Mars annonça qu’il allait reprendre son cheval aux Trois-Monarques, afin de s’éloigner de Paris avant le jour. Il fit jurer à Capestang de le venir voir à Orléans, où il s’était réfugié. Enfin, après les dernières embrassades et les derniers serments d’amitié fidèle, Cinq-Mars, sur le pas de la porte de la chambre, s’arrêta embarrassé comme s’il eût eu quelque chose de difficile à dire.

"Cher ami, dit-il enfin d’une voix sourde, c’est un dernier service que j’ai à vous demander : un service plus important, peut-être, que tous ceux que vous m’avez rendus, car alors c’était seulement mon amour et ma vie qui se trouvaient engagés, tandis que maintenant il s’agit de mon honneur.

— Parlez ! fit Capestang étonné. Voulez-vous que je vous serve de second en quelque rencontre ?

— Non, non, ce n’est pas cela. Écoutez, chevalier, un jour bientôt peut-être, vous serez marié."

Capestang pâlit et secoua énergiquement la tête.

"Si fait ! reprit Cinq-Mars. Je vois plus clair que vous en toute cette affaire. Vous épouserez, mon cher, une jeune fille de grand cœur et d’âme vaillante comme vous, je vous le prédis.

— Jamais, murmura Capestang.

— Enfin, écoutez. Si cela arrive, voici le service que j’ai à vous demander. Envers celle qui vous est destinée, envers son père, ma conduite a été indigne d’un gentilhomme. J’ai été odieux.

— Mais, balbutia Capestang, vous connaissez donc...

— Écoutez jusqu’au bout, interrompit gravement Cinq-Mars. À cette jeune fille, à ce père, donc, je vous supplie de dire que le marquis de Cinq-Mars n’a qu’une excuse : il était aveuglé par une passion. Vous leur direz que je me mets à leurs pieds. Vous leur direz que moi-même, devant vous, me suis déclaré indigne du titre de gentilhomme tant qu’ils ne m’auront pas pardonné. Et c’est vous, Capestang, c’est vous, mon ami, qui obtiendrez mon pardon."

Capestang, stupéfait, hagard, palpitant, écoutait avidement.

"Enfin, acheva Cinq-Mars, à elle, à elle seule, vous ajouterez ceci : c’est que le marquis de Cinq-Mars est honteux jusqu’au fond de l’âme de sa conduite, mais qu’il est tenté de se réjouir de cette conduite qui le déshonore, puisqu’elle permet à Giselle d’épouser le plus noble chevalier de ce temps !"

Capestang poussa un cri, se couvrit les yeux d’une main et alla retomber sur le bord de son lit. Cinq-Mars s’élança légèrement dans l’escalier. Une minute plus tard, il sortait de l’auberge.


.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..


Cinq-Mars s’avança d’un bon pas vers la rue de Tournon. Il avait le cœur léger, l’esprit soulagé ; il souriait à l’avenir ; il souriait à Marion, dont l’image adorée l’escortait. Tout à coup retentit un coup de sifflet. Des haies qui bordaient la route surgirent des ombres pareilles à ces démons qui bondissent dans les tableaux des primitifs ; en un instant Cinq-Mars fut entouré ; il tira l’épée, décidé à vendre chèrement sa vie ; l’idée d’appeler Capestang à son secours traversa son cerveau comme un éclair. Dans cet instant, une voix cria :

"Capestang, vous êtes mort si vous résistez !

— Capestang ! rugit Cinq-Mars en lui-même. C’est à Capestang qu’on en veut !"

Et dans cet inappréciable espace de temps que dure ce que dure une pensée, un souffle de dévouement et d’héroïsme passa sur lui. Confirmer les assaillants par un mot quelconque dans cette idée qu’il était bien Capestang, se dévouer une fois pour celui qui s’était si souvent dévoué ! Et il frappa au hasard en répondant :

"Vous allez voir comment meurt un Capestang !"

Nos lecteurs savent ce qui advint de la fin de cette aventure, et que Cinq-Mars, bien et dûment garrotté, jeté sur un cheval, fut conduit au Louvre pour être amené devant le roi !


.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..


Revenons maintenant à notre aventurier que les dernières paroles de Cinq-Mars avaient frappé de stupeur - et de douleur. En effet, rien ne pouvait autoriser Capestang à imaginer une vraisemblance quelconque à la prédiction de son nouvel ami.

"Cinq-Mars, se disait-il, a voulu me jeter une consolation. Il s’est aperçu que j’aime Giselle. Et comme il est heureux dans son amour, il ne voit que des gens heureux autour de lui. Allons, tâchons, pour la troisième fois, de reprendre notre somme, c’est ce que j’ai de mieux à faire. Puis, demain, il faut que je m’occupe de trouver de l’argent. Nous sommes ruinés, à ce que dit Cogolin. Ce diable de Cogolin compte comme un marchand de la friperie. Il n’y a pas moyen d’échapper à ses calculs. Et cet imbécile qui a été jeter à un charlatan mes cinq dernières pistoles !"

Il jeta un regard indifférent sur le parchemin roulé en boule qu’il avait envoyé dans la chambre, la prière écrite par Lorenzo, la prière à Mercure ! Puis, haussant les épaules, il s’étendit tout habillé sur le lit. Ce fut sans doute grâce à cette stupeur et à ces pensées que nous signalons, que Capestang n’entendit pas le bruit de la lutte rapide sur la route. Mais Cogolin avait entendu, lui, et, tout tremblant, il ouvrit la porte juste au moment où le chevalier fermait les yeux pour tâcher de se rendormir et de ne plus songer à Giselle.

"Monsieur, dit Cogolin, je crois qu’on se massacre sur le grand chemin !"

Capestang ouvrit un œil. Mais dans cet œil fixé sur lui, Cogolin ne lut cette fois que de la résignation.

"Je ne dormirai pas cette nuit ! songea le chevalier. C’est écrit quelque part. Il ne faut pas que je dorme !"

Il se leva, fit allumer une lanterne, descendit sur la route, explora les environs, constata que tout était parfaitement paisible, et remonta.

"Est-ce qu’il y a des morts, monsieur ? demanda Cogolin.

— Imbécile ! répondit Capestang... Oh ! oh ! qu’est-ce à dire, mon drôle ! Vous osez paraître devant moi avec ce crâne déplumé ? Et puis, que vois-je ! Vous avez eu l’audace de replacer sur ma table ce misérable torchon de parchemin qui me coûte mes cinq dernières pistoles ! Hors d’ici, faquin ! ou gare la trique ! Et puis, vociféra-t-il, tandis que Cogolin disparaissait, si tu as le malheur de pénétrer encore ici sans que je t’appelle, je t’embroche tout vif !"

Et Capestang se rejeta sur son lit sans plus faire attention au parchemin roulé en boule, à la fameuse prière à Mercure ! Et cette fois, il s’endormit d’un sommeil fiévreux.

Au jour, il se réveilla, se secoua, vida d’un trait un restant de flacon qui contenait du vin d’Espagne, et rajusta sa toilette. Sans savoir pourquoi, il se sentait tout joyeux et appela son écuyer, qui vint à l’ordre. Cogolin, voyant la bonne humeur de son maître, crut avoir une idée de génie. Il joignit les mains, et dit bravement :

"Monsieur, peut-être qu’il n’est pas trop tard !

— Trop tard ? fit le chevalier étonné. Voyons, explique-toi. Je te veux du bien, ce matin.

— Monsieur ne m’embrochera pas ?

— Non, foi de Capestang.

— Eh bien ! monsieur, lisez-la une fois, tenez, rien qu’une fois ! Peut-être que cela vous décidera ?

— Lire quoi, imbécile !

— La prière ! La prière à Mercure ! La prière qui doit vous faire gagner tout ce que vous voudrez. Une fortune royale, monsieur ! Le sorcier a dit : « Une fortune royale » !"

L’attitude de Cogolin était si pitoyable et si comique à la fois que Capestang fut ému tout en riant. Il prit le parchemin roulé en boule, le défripa, rompit le cachet, le déplia et, jetant un coup d’œil malicieux à Cogolin :

"Attention, voici la fortune ! Ouvre tes poches ! Je lis, Cogolin !"

Et il lut !

Dans le même instant, Cogolin le vit chanceler et devenir livide ; il vit le parchemin trembler dans ses mains convulsivement crispées. Capestang lut jusqu’au bout, mot à mot ! Et alors un cri terrible retentit.

"Ciel et terre !" hurla Capestang dont les deux poings serrés se dressèrent au ciel.

En même temps, d’un geste foudroyant, il écarta Cogolin, qui s’écroula anéanti de stupeur. Il se rua dans l’escalier. Il bondit jusqu’à l’écurie. Jeter un mors dans la bouche de Fend-l’Air, ce fut l’affaire de quelques secondes.

Et Capestang, sans se donner le temps de seller l’animal, sautait sur son bon cheval. Pour la première fois depuis qu’il le montait, il lui enfonçait ses deux éperons au ventre. Fend-l’Air s’élançait en poussant un hennissement furieux, renversant du poitrail un valet qui passait.

L’instant d’après, on put voir sur la route une sorte de trombe, un ouragan lancé avec la vitesse vertigineuse et la folie d’allure des ouragans et des trombes. C’était Fend-l’Air, le gigantesque, l’apocalyptique Fend-l’Air qui courait en tempête vers Meudon !

Ivre, fou furieux, livide, Capestang, sur ce cheval sans selle qu’il labourait à coup d’éperon, passait comme un météore. Il râlait ! Fend-l’Air râlait ! À eux deux, ils n’étaient qu’un râle et qu’une tempête ! Et dans cette prodigieuse randonnée, où il semblait vraiment que Fend-l’Air eût des ailes, le chevalier se rugissait :

"Trop tard ! Trop tard ! Trop tard !"