Le Cantique des cantiques (Renan)/Traduction où l’on a introduit les divisions

Calmann-Lévy (p. Trad.-210).
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TRADUCTION


OU L’ON A INTRODUIT LES DIVISIONS ET LES
EXPLICATIONS SCÉNIQUES.




LE CANTIQUE DES CANTIQUES
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ACTE Ier.


La scène est censée représenter Salomon au milieu de son sérail.


SCÈNE Ire.


une femme du harem.

Qu’il me baise d’un baiser de sa bouche !…


les femmes du harem, en chœur.

Tes caresses sont plus douces que le vin, quand elles se mêlent à l’odeur de tes parfums exquis ; ton nom est une huile épandue ; c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.


la sulamite,
Amenée de force et s’adressant à un ami absent.

Entraîne-moi après toi ; courons ensemble. Le roi m’a fait entrer dans son harem.


les femmes du harem, à Salomon.

Nos transports et nos joies sont pour toi seul. Mieux valent tes caresses que le vin ! Qu’on a raison de t’aimer !


la sulamite.

Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Cédar, comme les pavillons de Salomon. Ne me dédaignez pas parce que je suis un peu noire : c’est que le soleil m’a brûlée. Les fils de ma mère m’avaient prise en haine ; ils m’avaient mise dans les champs pour garder les vignes. Hélas ! ma vigne, à moi[1], je l’ai bien mal gardée.


SCÈNE II.


la sulamite, rêvant.

Dis-moi, ô toi que mon cœur aime, où tu mènes tes brebis, où tu les fais reposer à midi, pour que je n’erre pas comme une égarée autour des troupeaux de tes amis.


une femme du harem.

Si tu es simple à ce point, ô la plus belle des femmes, va te remettre à la suite de ton troupeau et faire paître tes chèvres près des huttes des bergers.


salomon.

A ma cavale, quand elle est attelée aux chars que m’envoie Pharaon, je te compare, ô mon amie. Tes joues sont ornées de rangs de perles, ton cou de files de corail. Nous te ferons des colliers pointillés d’argent.


SCÈNE III.


la sulamite, seule.

Pendant que le roi est à son divan, le nard qui me parfume m’a fait sentir son odeur. Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe ; il va reposer entre mes seins. Mon bien-aimé est pour moi une grappe de troène des vignes d’Engaddi.


Salomon entre.


salomon.

Oui, tu es belle, mon amie ! oui, tu es belle ! Tes yeux sont des yeux de colombe.


la sulamite, s’adressant à son ami absent.

Oui, tu es beau, mon bien-aimé ! oui, tu es charmant ! Notre lit est un lit de verdure[2].


salomon.

Les poutres de notre palais sont de cèdre, nos lambris de cyprès.


la sulamite, chantant[3].

Je suis le lis de Saron,
Le narcisse des vallées !…


le berger,
Entrant brusquement en scène.

Comme un lis au milieu des épines, telle est mon amie au milieu des jeunes filles.


la sulamite.

Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé au milieu des jeunes hommes. J’ai longtemps désiré m’asseoir à son ombre, et son fruit est doux à mon palais.


Les deux amants se réunissent.


la sulamite.

Il m’a introduite dans le cellier ; l’étendard qu’il lève sur moi, c’est l’amour. (Au chœur.) Soutenez-moi avec un peu de raisin, fortifiez-moi avec des fruits, car je me meurs d’amour…


Elle tombe en pâmoison entre les bras de son amant, et dit à mi-voix :

Sa main gauche soutient ma tête, et sa droite me tient embrassée.


le berger, au chœur.

Je vous en prie, filles de Jérusalem, par les gazelles et les biches des champs, ne réveillez pas, ne réveillez pas la bien-aimée, avant qu’elle le veuille.


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ACTE II.


SCÈNE Ire.


la sulamite, seule et comme en rêve.

C’est la voix de mon bien-aimé ! Le voici qui vient bondissant sur les montagnes, franchissant les collines. Mon bien-aimé est semblable au chevreuil ou au faon des biches. Le voilà qui se tient derrière la muraille, qui regarde par la fenêtre, qui épie par le treillage. Il me dit : « Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens. Car voici que l’hiver est fini ; la pluie est passée ; elle a disparu. Les fleurs commencent à paraître sur la terre ; le temps des chansons approche. La voix de la tourterelle a été entendue dans nos champs ; les jeunes pousses du figuier commencent à rougir ; la vigne en fleur exhale son parfum. Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens. Ma colombe, nichée aux trous de la pierre, cachée au haut du rocher, montre-moi ton visage, fais-moi entendre ta voix ; car ta voix est douce et ton visage est charmant. » (Elle chante.)

Prenez-nous les petits, les petits renardeaux
Qui ravagent les vignes ;
Car notre vigne est en fleur[4].

Mon bien-aimé est à moi et moi je suis à lui… mon bien-aimé, qui fait paître son troupeau parmi les lis… À l’heure où la chaleur tombe et où les ombres s’inclinent, reviens, et sois semblable, mon bien-aimé, au chevreuil ou au faon des biches sur les montagnes ravinées.


SCÈNE II.


la sulamite.

Sur ma couche, pendant la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime ; je l’ai cherché et ne l’ai point trouvé… « Levons-nous, me suis-je dit, faisons le tour de la ville, parcourons les marchés et les places, cherchons celui que mon cœur aime. » Je l’ai cherché et ne l’ai point trouvé… Les gardes qui font la ronde dans la ville m’ont rencontrée : « Avez-vous vu, leur ai-je dit, celui que mon cœur aime ? » A peine les avais-je passés, que j’ai trouvé celui que mon cœur aime ; je l’ai saisi, et ne l’ai point lâché jusqu’à ce que je l’aie introduit dans la maison de ma mère, dans la chambre de celle qui me donna le jour.


Les deux amants se réunissent ; la bergère s’évanouit dans les bras de son amant.


le berger, au chœur.

Je vous en prie, filles de Jérusalem, par les gazelles et les biches des champs, ne réveillez pas, ne réveillez pas la bien-aimée, avant qu’elle le veuille.


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ACTE III.


SCÈNE Ire.


La scène se passe dans les rues de Jérusalem.


chœur d’hommes, composé d’habitants de Jérusalem.
Le cortège de Salomon commence à se montrer dans le lointain.


Qu’est-ce ceci qui s’élève du désert comme une colonne de fumée, exhalant l’odeur de la myrrhe, de l’encens et de toutes les poudres du parfumeur ?


Le cortège défile.


premier bourgeois.

Voici le palanquin de Salomon. Soixante braves l’entourent, d’entre les braves d’Israël ; tous portent l’épée et sont exercés au combat ; chacun d’eux a son épée sur sa hanche, pour écarter les terreurs de la nuit.


deuxième bourgeois.

Le roi Salomon s’est fait faire une litière de bois du Liban. Les colonnes en sont d’argent ; les balustres, d’or ; le siège, de pourpre. Au centre, brille une belle choisie entre les filles de Jérusalem.


le chœur des hommes,
S’adressant aux femmes, qui sont censées cachées dans leurs maisons.

Sortez et voyez, filles de Sion, le roi Salomon avec la couronne dont sa mère l’a couronné le jour de ses épousailles, le jour de la joie de son cœur.


SCÈNE II.
La scène se passe dans le harem.


salomon.

Oui, tu es belle, mon amie ! oui, tu es belle ! Tes yeux sont des yeux de colombe sous les plis de ton voile. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres suspendues aux flancs du Galaad. Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues qui sortent du bain ; chacune d’elles porte deux jumeaux, aucune d’elles n’est stérile. Tes lèvres sont comme un fil de pourpre, et ta bouche est charmante. Ta joue est comme une moitié de grenade, sous les plis de ton voile. Ton cou est comme la tour de David bâtie pour servir d’arsenal, où sont suspendus mille cuirasses et tous les boucliers des braves. Tes deux seins sont comme deux jumeaux de gazelle, qui paissent au milieu des lis. Quand le jour fraîchira et que les ombres s’inclineront, je m’acheminerai vers le mont de la myrrhe, vers la colline de l’encens.


SCÈNE III.
Le soir.


salomon.

Tu es toute belle, mon amie, et il n’y a pas de tache en toi.


le berger,
Censé au pied de la tour du sérail.

A moi, à moi, ma fiancée ! viens à moi du Liban[5] ; regarde-moi du haut de l’Amana, du sommet du Sanir et de l’Hermon, du fond de la caverne des lions, du haut des montagnes qu’habitent les léopards.

(Elle le regarde.)

Tu m’as rendu le cœur, ma sœur fiancée, tu m’as rendu le cœur par un de tes yeux, par une des boucles qui flottent sur ton cou. Que ton amour est charmant, ma sœur fiancée ! Que tes caresses sont douces ! Elles valent mieux que le vin, et l’odeur de tes parfums vaut mieux que tous les baumes. Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée ; le miel et le lait se cachent sous ta langue, et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban. C’est un jardin fermé que ma sœur fiancée, une source fermée, une fontaine scellée[6] ; un bosquet où le grenadier se mêle aux plus beaux fruits, le troëne au nard, le nard, le safran, la cannelle, le cinname à toutes sortes d’arbres odorants, la myrrhe et l’aloès à toutes les plantes embaumées ; une fontaine dans un jardin, une source d’eau vive, un ruisseau qui coule du Liban. Levez-vous, aquilons ; venez, autans ; soufflez sur mon jardin, pour que ses parfums se répandent.


la sulamite.

Que mon bien-aimé entre dans son jardin, et qu’il mange de ses beaux fruits.

Elle lui accorde un baiser.


le berger.

Je suis entré dans mon jardin, ma sœur fiancée ; j’ai cueilli ma myrrhe et mon baume ; j’ai mangé mon sucre et mon miel ; j’ai bu mon vin et mon lait. (Au chœur.) Mangez, camarades ; buvez, enivrez-vous, amis.

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ACTE IV.


SCÈNE UNIQUE.


la sulamite, seule.

Je dors, mais mon cœur veille… C’est la voix de mon bien-aimé ! Il frappe : « Ouvre-moi, dit-il, ma sœur, mon amie, ma colombe, mon immaculée ; car ma tête est toute couverte de rosée, les boucles de mes cheveux sont toutes trempées de l’humidité de la nuit. » — « J’ai tiré ma tunique ; comment veux-tu que je la remette ? J’ai lavé mes pieds ; comment les salirais-je ? » — Mon bien-aimé alors a étendu sa main par la fenêtre, et mon sein en a frémi. Je me lève pour ouvrir à mon bien-aimé ; ma main s’est trouvée dégoutter la myrrhe ; mes doigts, la myrrhe liquide qui couvrait la poignée du verrou[7]. J’ouvre à mon bien-aimé ; mais mon bien-aimé avait disparu, il avait fui. Le son de sa voix m’avait fait perdre la raison : je sors, je le cherche et ne le trouve pas ; je l’appelle, il ne me répond pas. Les gardes qui font la ronde dans la ville me rencontrent ; ils me frappent, me meurtrissent ; les gardiens de la muraille m’enlèvent mon manteau. (Au chœur des femmes.) Je vous en prie, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon amant, dites-lui que je me meurs d’amour.


le chœur des femmes.

Quelle supériorité a donc ton amant, ô la plus belle des femmes ; quelle supériorité a donc ton amant, pour que tu nous supplies de la sorte ?


la sulamite.

Mon amant a le teint blanc et vermeil ; on le distingue entre mille. Sa tête est de l’or pur ; ses boucles de cheveux sont flexibles comme des palmes et noires comme le corbeau. Ses yeux sont des colombes sur des rigoles d’eau courante, des colombes qui se baignent dans le lait, posées sur les bords d’un vase plein. Ses joues sont comme une plate-bande de baume, comme un carreau de plantes de senteur ; ses lèvres sont des lis, la myrrhe en ruisselle. Ses mains sont des anneaux d’or émaillés de pierres de Tharsis ; ses reins sont un chef-d’œuvre d’ivoire, couvert de saphirs ; ses jambes sont des colonnes de marbre posées sur des bases d’or ; son aspect est celui du Liban, beau comme les cèdres. De son palais se répand la douceur, de toute sa personne le charme. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem.


le chœur.

De quel côté est allé ton amant, ô la plus belle des femmes ? Vers quel côté s’est-il tourné, pour que nous le cherchions avec toi ?

Les deux amants se retrouvent.


la sulamite.

Mon amant est descendu dans son jardin ; il est venu vers la plate-bande de baume, pour faire paître son troupeau dans les jardins et cueillir les lis. Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi… mon bien-aimé qui fait paître son troupeau au milieu des lis.

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ACTE V.


La scène se passe au harem.


SCÈNE Ire.


salomon.

Tu es belle, mon amie, comme Thersa, charmante comme Jérusalem, mais terrible comme une armée en bataille[8]. Détourne tes yeux de moi, car ils me troublent. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres suspendues aux flancs du Galaad. Tes dents sont comme un troupeau de brebis qui sortent du bain ; chacune d’elles porte deux jumeaux, aucune d’elles n’est stérile. Ta joue est comme une moitié de grenade, sous les plis de ton voile…


le berger, du dehors.

Il y a là soixante reines, quatre-vingts concubines, et des jeunes filles sans nombre. Mais l’unique, c’est ma colombe, mon immaculée ; elle est l’unique de sa mère, la préférée de celle qui lui donna le jour. Les jeunes filles l’ont vue et l’ont proclamée bienheureuse ; les reines et les concubines l’ont vue et l’ont louée.


SCÈNE II.


le chœur.

Quelle est celle-ci dont le regard est comme celui de l’aurore, belle comme la lune, pure comme le soleil, mais terrible comme une armée en bataille[9] ?


la sulamite.
A part et tournant le dos aux dames du harem.

J’étais descendue au verger des noix, pour voir les herbes de la vallée, pour voir si la vigne avait germé, si les grenades étaient en fleurs. Imprudente ! voilà que mon caprice m’a jetée parmi les chars d’une suite de prince[10].


les femmes du harem.

De grâce, de grâce, Sulamite ; de grâce, tourne-toi, pour que nous te voyions.


une danseuse du harem.

Comment regarder la Sulamite devant une danse de Mahanaïm[11] ?

Elle danse.


salomon.

Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince ! La courbure de tes reins est comme celle d’un collier, œuvre d’une main habile. Ton sein est une coupe ronde, pleine d’un vin aromatisé ; ton corps est un monceau de froment entouré de lis. Tes deux seins sont comme les deux jumeaux d’une gazelle. Ton cou est comme une tour d’ivoire ; tes yeux sont les piscines d’Hésébon, situées près de la porte Fille de la foule ; ton nez est droit et fier comme la tour du Liban, qui surveille le côté de Damas. Ta tête ressemble au Carmel ; tes cheveux sont comme des fils de pourpre ; un roi est enchaîné à leurs boucles. Que tu es belle, que tu es charmante, mon amour, aux heures de la volupté ! Ta taille est semblable à un palmier, et tes seins à ses grappes. J’ai dit : Je monterai au palmier ; je cueillerai ses rameaux. Que tes seins soient pour moi les grappes de la vigne ; ton haleine, l’odeur du pommier ; ta bouche, un vin exquis, qui coule doucement et humecte les lèvres de l’amant assoupi !


la sulamite,
Persistant dans son isolement.

Je suis à mon bien-aimé, et lui aussi, c’est vers moi qu’il soupire.


SCÈNE III.


la sulamite.
Accourant vers son amant.

Viens, mon bien-aimé ; sortons dans les champs, allons coucher au village. Levons-nous de bonne heure pour courir aux vignes ; voyons si les ceps ont germé, si les bourgeons se sont ouverts, si les grenades sont en fleur. Là, je te donnerai mes caresses. La pomme d’amour fait sentir son parfum ; à notre porte roulent les plus beaux fruits ; nouveaux et vieux, je les ai gardés pour toi, mon bien-aimé. Oh ! que n’es-tu mon frère ! que n’as-tu sucé le sein de ma mère, pour qu’il me fût permis, quand je te rencontre dehors, de t’embrasser sans qu’on me raille ! Je veux te conduire, t’introduire dans la maison de ma mère ; là, tu m’apprendras tout, et je te ferai boire le vin aromatisé, le jus de mes grenades.

Elle se pâme, et dit à mi-voix :

Sa main gauche soutient ma tête, et sa droite me tient embrassée.


le berger, au chœur.

Je vous en prie, filles de Jérusalem, ne réveillez pas, ne réveillez pas la bien-aimée, avant qu’elle le veuille.


SCÈNE IV.


Le voyage de Jérusalem au village est censé s’effectuer.


le chœur,
A la vue de la Sulamite portée endormie par son amant.

Quelle est celle-ci qui s’élève du désert, appuyée sur son bien-aimé ?

Les amants sont censés arrivés au village.


le berger.
Il dépose son amante sous le pommier de la maison maternelle, et l’éveille.

Je te réveille sous le pommier (Lui montrant la maison :) Voilà l’endroit où ta mère te mit au monde, où ta mère te donna le jour.


la sulamite.

Mets-moi maintenant comme un sceau sur ton cœur, comme un anneau sur ton bras ; car l’amour est fort comme la mort ; la passion est inflexible comme l’enfer. Ses brandons sont des brandons de flamme, des flèches du feu de Jéhovah.


sage,
Apparaissant pour tirer la conclusion du poëme.

Les grandes eaux ne sauraient éteindre l’amour ; les fleuves ne sauraient l’étouffer. Quand un homme veut acheter l’amour au prix de ses richesses, il ne recueille que la confusion.




ÉPILOGUE


La scène se passe à Sulem, dans un pavillon au fond d’un jardin.


un des frères de la sulamite.
(Ils ignorent son enlèvement et son retour.)

Nous avons une petite sœur, qui n’a pas encore de mamelles. Que ferons-nous à notre sœur, le jour où on la recherchera ?


un autre frère.

Si c’est un mur, faisons-lui des créneaux d’argent ; si c’est une porte, faisons-lui des panneaux de cèdre[12].


la sulamite, intervenant brusquement.

J’ai été un mur ; mes seins ont été des tours ; voilà comment j’ai obtenu qu’il[13] me laissât en paix. Salomon avait une vigne à Baal-Hamon ; il l’a donnée à des fermiers, dont chacun lui paye mille sicles pour son fermage. Voilà ma vigne devant moi[14] ! Mille sicles pour toi, Salomon, et deux cents sicles pour les fermiers de la vigne[15].


le berger,
Au pied du pavillon, où il attend avec ses paranymphes.

Belle qui habites ce jardin, les compagnons sont réunis et prêtent l’oreille ; fais-moi entendre ta voix.


la sulamite.

Fuis, mon bien-aimé, et sois semblable au chevreuil ou au faon des biches sur les montagnes parfumées.



FIN

  1. C’est-à-dire, mon honneur de jeune fille. Elle fait allusion à la surprise dont elle a été victime. (Voir acte v, scène 2.)
  2. Elle se reporte par la pensée au temps où elle était au village.
  3. La Sulamite chante ce couplet, qui probablement faisait partie d’une chanson populaire, pour rassurer son amant sur sa fidélité et lui révéler sa présence. (Voir ci-dessous, acte ii, scène 2.)
  4. Elle chante une chanson de printemps, qui doit la faire reconnaître de son bien-aimé. (Comparer, ci-dessus, acte i, scène 3.)
  5. Le Liban et les images qui suivent représentent à mots couverts les hauteurs inaccessibles du palais et les dangers qu’y court l’innocence de son amie.
  6. Il se rassure sur sa fidélité.
  7. Le berger est censé répondre par une espièglerie à celle de la Sulamite.
  8. La Sulamite, fidèle à son amant, ne répond aux caresses de Salomon que par des regards fiers.
  9. Le chœur s’étonne de la fierté de la paysanne.
  10. Elle raconte la façon dont elle a été surprise dans une promenade matinale par les gens de Salomon.
  11. La danseuse semble jalouse de l’effet que produit la beauté de la paysanne, et cherche à attirer sur elle l’attention du sérail.
  12. Ils expriment en termes couverts l’intention de vendre leur sœur à un harem.
  13. Salomon.
  14. C’est-à-dire : J’ai su toute seule garder ma vigne.
  15. Ironie contre Salomon et contre ses frères, qui l’ont si mal gardée.