Le Canapé couleur de feu/Introduction

Le Canapé couleur de feu : Histoire galante (1741)
Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux (p. i-iii).


INTRODUCTION


Le Canapé couleur de feu, par Fougeret de Montbron, est une des nombreuses productions qui, avec Le Sopha, de Crébillon le fils, forment cette littérature à transformations par quoi se manifesta avant tout l’influence des contes orientaux sur les auteurs européens. En Italie, le théâtre fiabesque de Gozzi en est l’illustration la plus singulière et la mieux réussie. En Angleterre, le génie de Shakespeare l’avait inventée et ses comédies n’ont pas attendu que l’Orient vînt rappeler à l’Occident qu’au temps du paganisme les métamorphoses n’étaient point niées.

Il est vrai qu’en France, la tradition de la littérature merveilleuse ne s’était point perdue, et Perrault avait su remettre en honneur les contes de fées.

Le Canapé couleur de feu ressortit à la fois à la littérature merveilleuse et à la littérature galante ; l’histoire qui y est rapportée a encore l’avantage de ne point avoir été, comme Le Sopha, habillée à l’orientale. C’est un conte de fées, mais un conte français, et il est de son époque, sur les mœurs de laquelle il nous renseigne.

L’histoire est jolie : Un chevalier, n’ayant pu satisfaire aux désirs de la laide fée Crapaudine, elle le métamorphose en canapé ; il ne doit reprendre sa forme première que lorsque pareille mésaventure aura lieu sur lui. Cela ne manque point d’arriver lors de la noce d’un vieux Procureur.

Le Canapé couleur de feu est de Fougeret de Montbron, et c’est seulement par erreur qu’on en a fait une réédition où il est attribué à Gresset.

Il y en a plusieurs éditions : Amsterdam 1714, in-12 ; Lyon, 1717, in-4o ; La Haye, 1737, in-12 ; Amsterdam, 1741-1742 ; La Haye, s. d. ; Londres, 1742 ; 1745, in-12 ; Paris, à l’Hôtel de Soissons, 1775. Il a été inséré en 1733 et en 1734 dans les deux éditions du volume in-8 intitulé Les dons des enfants de Latone.

Les éditions les plus répandues dans le commerce sont celles de Bruxelles 1867 (Vital-Puissant), in-8 de 54 pages, tiré à 312 exemplaires, et une autre qui vient également de Bruxelles, 1887. Cette dernière édition a été tirée à 610 exemplaires. En voici la description :

Le Canapé couleur de feu, histoire galante, par Fougeret de Montbron [marque : satyre trayant une chèvre]. À Paris, rue Saint-Honoré ou à l’Hôtel Soissons, mdccclxxvii, in-8 de 54 pages, couverture imprimée.

Nous avons mentionné Le Sopha, de Crébillon le fils. Il est juste d’ajouter que cet ouvrage est avant tout une imitation du Canapé couleur de feu, et sans compter ses propres mérites littéraires, le prototype d’un roman aussi célèbre mérite qu’on le réimprime.

G. A.