Le Calvaire (Laprade)

Poèmes évangéliquesLévy frères (p. 239-254).


Le Calvaire


 
I

Celui qui vint sauver l’Esprit du joug des sens
Et rendre le plus humble égal aux plus puissants,
Montrant que sans l’amour il n’est pas de justice
Et que chacun à tous se doit en sacrifice,
Jésus, de nos péchés portant pour nous le poids,
Gravissait le Calvaire avec sa lourde croix.

Le sang et la sueur, sous son bandeau d’épines,
Coulent abondamment de ses tempes divines ;
Sur le sentier rapide, au tranchant des cailloux,
Il déchire, en rampant, ses mains et ses genoux ;
S’il tombe et s’il s’arrête on l’entraîne avec rage ;
Les fouets et les bâtons le frappent au visage,
Et le peuple acharné qui le suit pas à pas,
A l’outrager encore excite les soldats.


La mort a des terreurs même à qui se dévoue ;
Le Calvaire est affreux, c’est un Dieu qui l’avoue.
O Jésus, votre corps, en holocauste offert,
Dans ce trajet sanglant, sans doute, a bien souffert !
Mais le plus rude assaut de l’heure expiatoire,
Le calice mortel qu’on refuse de boire,
Cet infini du mal que vous aperceviez
Pendant votre agonie au mont des Oliviers,
O Maître, ce n’était ni la roche escarpée,
Ni la croix, ni le fiel dont l’éponge est trempée,
Ni la dérision du sceptre de roseaux,
Ni la lance et les clous prêts à percer vos os !…
Cette suprême horreur, non, ce n’était pas même
Ceux pour qui vous mouriez vous jetant l’anathème,
Tout Israël ingrat préférant Barrabas,
Non !… pas même, ô Seigneur, le baiser de Judas !

Moi je sais, — s’il se peut qu’un grand amour m’obtienne
Dans une âme de Dieu de lire avec la mienne, —
Je sais ce qui du Christ causa l’abattement,
Et de sa passion le plus cruel moment :
C’est quand, cherchant des yeux, au bas de la montagne,
Si de ses douze élus le groupe l’accompagne,
Souriant aux bourreaux, le cœur plein de pardon,

De tous ceux qu’il aimait il connut l’abandon,
Et, contraint de pleurer leur lâche ingratitude,
Tout autour de son cœur sentit la solitude !

C’est qu’à voir le néant au fond de l’amitié,
L’âme la plus divine est brisée à moitié ;
Qu’aux heures du combat, et pour croire en soi-même,
Le plus fort a besoin d’avoir quelqu’un qui l’aime,
Un cœur qui le soutienne et qui l’aide à mourir ;
Que souffrir sans amis, enfin, c’est trop souffrir !

Dès qu’aux soldats livré par l’apôtre des traîtres,
Le Dieu resta captif des princes et des prêtres,
Ses amis, oublieux des miracles passés,
Ont douté de leur Maître et se sont dispersés;
Car la peur enchaînait ces âmes inactives
Qui n’avaient pu veiller au jardin des Olives.
A l’aspect de la croix les plus fermes ont fui:
Lazare, du tombeau ressuscité par lui !
Simon même, Simon, cette forte poitrine
Sur qui doit se bâtir la maison de doctrine,
Qui seul osa tirer le glaive du fourreau,
L’a renié trois fois jusqu’au chant de l’oiseau,
Et, loin du rude autel où la victime monte,
Il cache maintenant ses remords et sa honte.



II

Mais non, tu n’es pas seul ; tu vois couler des pleurs ;
Une troupe fidèle, au sentier des douleurs,
Marche avec toi, Jésus, et tes juges infâmes
N’ont pu de ton Calvaire écarter d’humbles femmes ;
Leur charité te suit plus vive au dernier jour.

Homme de peu de foi, car il a peu d’amour,
L’apôtre en vain connut ta vie et tes oracles,
Tes préceptes plus grands encor que tes miracles ;
Les splendeurs du Thabor, le pain multiplié,
Et l’Océan docile : il a tout oublié !

Mais vous n’oubliez pas, ô vous, mères et veuves,
Qui fut votre recours au moment des épreuves ;
Vous voyez, dans vos cœurs, tous les êtres chéris,
Par la main de Jésus consolés et guéris ;
Vos pères ranimés à sa voix prophétique,
Et soulevant leur lit d’un bras paralytique ;
Vos fils dans le tombeau retrouvant leur beauté ;
Quelle mère oublia son fils ressuscité !

Vous savez, dans nos maux vous qui gardez nos âmes,
Quel pouvoir ont sur Dieu les prières des femmes ;
Car Jésus, de sa grâce ouvrant tous les trésors,
N’a jamais que pour vous fait revivre des morts !

Aussi, quand des douleurs acceptant le calice,
Il se livre à la mort pour que tout s’accomplisse,
Votre cœur se souvient de l’avoir invoqué,
Et pas une de vous à sa croix n’a manqué.
Vos lèvres, après lui, cherchent l’éponge amère.
Marchant comme des sœurs à côté de sa mère,
Vous faites un soutien de tous vos bras tremblants
A celle dont un glaive a déchiré les flancs.
Je vous vois à sa suite, ô belles repenties,
Au véritable amour par Jésus converties ;
Vous à qui vos parents par lui furent rendus,
Vous toutes qui gardez ses discours entendus,
Femmes de Chanaan, femmes de Samarie,
La mère de Joseph, la seconde Marie,
Et l’enfant qu’il guérit chez le centurion,
Première âme conquise à Rome par Sion ;
La veuve de Naïm, les deux sœurs de Lazare,
Chez qui, pour son linceul, le fin lin se prépare ;
Marthe et vous Madeleine, ô nom tout embaumé !
Cœur devenu si pur pour avoir tant aimé !

Elles suivent le Christ et pleurent en silence ;
D’affreux soldats, en vain, du bâton de la lance
Les frappent ; ni les coups, ni les cris outrageux
N’éloignent du pasteur le troupeau courageux.
Lorsque Jésus s’arrête et regarde en arrière,
Il rencontre leurs yeux et les voit, en prière,
Épier, à genoux, l’instant de l’approcher,
Marcher dès qu’il se lève et se met à marcher,
Et poser à l’envi leurs lèvres sur les places
Où de ses pieds l’amour a reconnu les traces.
Elles montent courbant la tête et ramassant
Les cailloux des sentiers qu’il a teints de son sang ;
Sur le large rocher, s’il en pleut quelques gouttes,
Leur voile les essuie et les conserve toutes ;
Les gazons qu’il rougit sont cueillis brin à brin.

Tels, lorsque le semeur vient semer le bon grain,
Tous les oiseaux du ciel dans son sillon le suivent
Prenant de la semence une part dont ils vivent.
Vous, ainsi, dans ce champ où le Christ a voulu
Semer une moisson dont pas un n’est exclu,
O femmes, amassant un trésor de bonne heure,
Vous avez pris la part première et la meilleure !

Et lui, de ce fardeau dont l’homme l’a chargé,
Ah ! combien doucement vous l’avez soulagé !
Comme, à travers vos yeux, les rayons de vos âmes
Fortifiaient son cœur en y lançant leurs flammes ;
Combien dans son martyre, à chaque accablement,
Vous lui donniez de calme et de joie en l’aimant !

Quand du rude trajet les bourreaux las eux-mêmes,
Assouvis à la fin de coups et d’anathèmes,
S’écartent pour s’asseoir sur le bord des chemins
Où Jésus, épuisé, se traîne sur ses mains,
Vous accourez, ô vous que la souffrance attire,
Et donnez de vos pleurs le baume à son martyre.

C’est ainsi qu’étanchant ton sang et tes sueurs,
De ta face, où perçaient de célestes lueurs,
L’une d’elles, ô Christ, dans une molle étreinte,
Sur un lin vierge et blanc a dérobé l’empreinte ;
Pour que l’homme connût dans toute sa beauté
Ce front où des douleurs siégeait la majesté.

Mais jusqu’au faîte où va s’achever le supplice,
L’innocent a gravi le mont du sacrifice ;
Pour fixer par des clous ses membres sur le bois,
Les bourreaux sont courbés aux deux bouts de la croix.

Or, pendant l’œuvre affreuse, auprès d’eux prosternées,
Vers la face du Christ les femmes sont tournées,
Ne quittant pas ses yeux, comme si leur regard
Allégeait ses tourments en en prenant leur part.
Lui, sur son front, noyé dans les sueurs sanglantes,
A d’un sourire encor les clartés consolantes,
Et, par moments, au lieu de l’ami torturé
Fait luire aux cœurs des siens le Dieu transfiguré.

Sur les quatre horizons, quand la croix fut dressée,
Dans vos bras, tour à tour, vous la teniez pressée,
Et l’arbre de salut, sur vous, en gémissant
Répandait sa rosée et de pleurs et de sang.
Vos lèvres, à ses pieds, jusqu’à l’heure dernière,
Ont réjoui son cœur du bruit de la prière.
Vous l’avez vu donner aux bourreaux leur pardon ;
Et lorsque, de son Père accusant l’abandon,
Quand la mort l’entourait des horreurs de son ombre,
Le doute l’effleura d’une aile froide et sombre,
O femmes ! il vous vit ; il sentit, devant vous,
La douceur de mourir pour le salut de tous,
Et comprit que sa vie Rivait été féconde
Pour fonder de l’amour le royaume en ce monde.

Du pieux testament il vous eut pour témoins,

Quand d’un fils à Marie il a légué les soins,
Et fait, pour adoucir leur veuvage éphémère,
Au frère de son cœur le don d’une autre mère.

Car un homme, avec vous, que je n’ai pas nommé,
Jusqu’au dernier soupir suivit le bien-aimé ;
Il recueillit son sang ; et, seul de douze apôtres,
A côté de la croix mêla ses pleurs aux vôtres ;
C’est Jean, le plus doux cœur et partant le plus fort.
Tous les enseignements sont cachés dans ta mort,
O Christ ! et d’un exemple, , en toutes tes souffrances,
Tu vins pour confirmer nos plus chères croyances ;
Tu voulus qu’aux martyrs d’un monde sans pitié
Il ne fût pas permis de nier l’amitié,
Et qu’aux pieds du Calvaire, où sa vertu se prouve,
Jean leur fût annoncé lorsque Judas s’y trouve.
Jean, ce front pacifique et ce cœur tout de feu,
L’homme à qui, sans serment, l’on croit comme à son Dieu,
Dont l’âme à nos bourreaux ne s’est jamais cachée
Et reste comme l’ombre à notre âme attachée ;
Cet ami, qu’au matin si vous nous le donnez,
Avant le soir, souvent, vous nous le reprenez,
Seigneur ! car si nos pleurs là-haut tournent en joies,
Vous êtes bien cruel, ici-bas, dans vos voies !



III

Or, le troisième jour après que le tombeau
Des hommes dans son sein eût scellé le plus beau,
Le matin du sabbat, l’ombre crépusculaire
Couvrant encor le haut du rocher tumulaire,
Une femme au front pâle et dans l’abattement
Monta seule, avant tous, au sacré monument ;
Apportant des parfums, choisis d’une main pure,
Pour honorer Jésus jusqu’en sa sépulture.
Étonnée, elle vit, quoique tout fût désert,
La pierre soulevée et le sépulcre ouvert ;
Et, bien vite, elle alla vers Pierre et vers l’apôtre
Que Jésus chérissait, les pressant l’un et l’autre :
« Car on a pris le Maître en sa tombe couché,
« Et nous ne savons pas où son corps est caché ! »
Pierre et le bien-aimé montent d’un pas rapide,
Et, tous les deux, entrant dans le sépulcre vide,
Ils trouvent dépliés et posés sur le seuil
Les bandeaux de fin lin qui formaient le linceul ;
Et sortant, ils rêvaient, sondant la lettre obscure
Au miracle dernier prédit par l’Écriture.

Et la femme, à genoux et toute à ses douleurs,
Sans pensée, inondait la terre de ses pleurs.

Soudain le tombeau luit de lumières étranges,
Et Jésus apparaît, précédé de deux anges ;
Il demeure visible, et, tout comme autrefois,
Pour instruire et bénir fait entendre sa voix.
Mais Pierre et vous, ô Jean ! vous son élu, son frère,
Vous qu’il venait pour fils de donner à sa mère,
Vous ne le vîtes point ; une autre âme a joui
De ce premier réveil de l’astre évanoui :
Pour cette âme mieux faite à goûter ses délices
Le Dieu ressuscité réservait ses prémices.
Le premier œil humain, tourné vers l’avenir,
Qui de la mort a vu le vainqueur revenir,
La voix qui des élus, rassemblés autour d’elle,
Fit palpiter les cœurs par la bonne nouvelle,
C’est une voix plus tendre et c’est un œil plus doux,
C’est une femme en pleurs, Madeleine, c’est vous !


IV

Ainsi sur son Calvaire et jusque dans sa tombe,
Vous assistez toujours le juste qui succombe,

Ô femmes ! les grands cœurs par la foule opprimés,
Les proscrits, les souffrants sont ceux que vous aimez.
Le Dieu que l’on flagelle et l’autel qu’on insulte,
Ont votre foi toujours et toujours votre culte ;
Si la pitié vous montre une âme à soulager,
Votre ardente faiblesse appelant le danger
Près d’elle a fait pâlir le plus fort, le plus sage ;
Car c’est de votre amour que naît votre courage.

Pour guérir les blessés, les lépreux des chemins,
Quand Dieu touche leurs cœurs, il se sert de vos mains.
Ah ! quel homme en naissant, maudit de corps et d’âme,
Vieillit sans rien devoir aux bienfaits d’une femme,
Et, dans l’ombre plongé dès avant son sommeil,
Meurt sans avoir joui d’un rayon de soleil ?
Le plus triste a son heure et son éclair de joie,
Sa révélation que le bonheur envoie ;
Car vivre sans y croire et l’entrevoir un peu,
C’est ignorer le ciel et jusqu’au nom de Dieu !
Mais dans ce vide affreux, sans t’y faire connaître,
Tu ne laisses jamais une pauvre âme, ô Maître !
C’est pourquoi ton sourire, éclairant notre nuit,
Habite dans la femme et par ses yeux nous luit ;
Tout homme participe à sa vertu calmante,
Et bénit ou la mère, ou la sœur, ou l’amante.


Mais du baume à nos cœurs par votre amour offert,
Pour savoir tout le prix il faut avoir souffert ;
Et, chargé d’une croix, vous avoir rencontrées
Telles que le Calvaire au Christ vous a montrées,
Belles de la beauté que vous donnent les pleurs,
Et voulant votre part de toutes nos douleurs.
Il faut, tout frissonnant des sueurs qui nous baignent,
Ceint de l’affreux bandeau sous qui les tempes saignent,
Avoir senti son front par vos mains essuyé,
Et sur vos bras tremblants s’être une heure appuyé.
Il faut, quand notre honneur souillé de calomnies,
Tombe aux pieds de la foule et roule aux gémonies,
Entendre à notre nom lâchement insulté,
Vos voix, en le disant, rendre sa pureté.

Comme, d’un monde aveugle oubliant les huées,
Nos âmes, par sa haine à peine remuées,
Sentent dans vos discours un Dieu qui nous bénit !
Comme, à côté de vous, le chemin s’aplanit !
Comme une seule larme, à vos yeux échappée,
Adoucit tout le fiel dont l’éponge est trempée,
Et comme, en les touchant, vous fermez sous vos doigts
Les stigmates saignants des clous et de la croix !

Pendant les jours d’épreuve, aussi, Dieu vous confie
Ses fils que l’on blasphème et que l’on crucifie ;
Et des signes sacrés, que l’homme n’a pas lus,
Entre tous, à vos yeux, annoncent les élus.
Sitôt que dans la foule un prophète se lève,
Dont la parole vient lutter contre le glaive,
Aux mépris des bourreaux osant le soutenir,
Vous écoutez la voix qui parle d’avenir.
Quand un nouveau soleil nous verse ses lumières,
C’est vous que ses rayons éclairent les premières ;
Vous qui sur les hauts lieux les premières montez
Pour voir de leurs tombeaux sortir les vérités.
Vous allez d’un pas ferme et sûrement guidées,
Car le cœur vous conduit ; et les saintes idées
Touchent les cœurs avant d’éclairer les esprits,
Dieu voulant être aimé plutôt qu’être compris.

C’est pour cela qu’en vous le Christ a des apôtres
Dans la nouvelle foi plus ardents que les autres,
Sur le Golgotha même allant le recevoir,
Et pour lui de la loi bravant mieux le pouvoir.
Oh ! puisqu’un lâche effroi loin du Dieu nous repousse,
Rendez sa passion, rendez sa mort plus douce ;
Des vases les plus purs et les plus précieux
Versez-lui les parfums avec l’eau de vos yeux ;

Couvrez de vos manteaux les chemins quand il passe ;
Étanchez la sueur et le sang de sa face.
De l’accent le plus doux qui du cœur peut sortir,
Adorez, consolez le chaste et beau martyr ;
Et d’un culte si tendre entourez son supplice,
Que dans l’oubli du mal son heure s’accomplisse.
Son sang vous a donné le baptême d’amour :
O femmes ! vos grandeurs commencent à ce jour !
Avant qu’en votre cœur eût germé l’Évangile,
Des lis épanouis dans ce vase fragile,
D’un doigt capricieux cueillant les voluptés,
L’homme ignorait encor vos plus douces beautés.
Vos larmes n’avaient pas la majesté sévère
Et le don de guérir qui date du Calvaire.
Vous-mêmes n’avez su, pour la première fois,
Ce que vaut votre cœur, qu’au pied de cette croix ;
Aussi, toujours fidèle à celui qui là porte,
Pour toutes ses douleurs votre tendresse est forte ;
Toujours, pour alléger de vos mains son fardeau,
Près de lui vous marchez de la crèche au tombeau.
A genoux, aujourd’hui, sur les pierres funèbres,
Jusqu’à l’heure qui doit dissiper nos ténèbres,
Vous veillez et priez, répandant sur son corps
Ce baume précieux qui conserve les morts.


Tandis qu’empressés tous vers l’idole commune,
Les hommes, adorant César et sa fortune,
Insultent votre zèle et bien loin des saints lieux,
Avec l’or et le fer vont se forger leurs dieux,
Vous, rien ne vous arrache à ce cadavre auguste ;
Pardonnant aux bourreaux, vous pleurez sur ce juste ;
Vous le redemandez au ciel en gémissant
Le doux crucifié mort en nous bénissant ;
Car votre cœur se trouble à l’aspect des ruines
Et ne peut se passer de ses amours divines.
Comme Rachel, en pleurs vous errez, chaque nuit,
Autour de la montagne où l’espoir vous conduit.
Sur ce sépulcre en vain la haine veille encore ;
Pour en briser le sceau vous devancez l’aurore ;
Et vous serez, baisant le linceul rejeté,
Les premières à voir le Dieu ressuscité !