Le Cadran de la volupté ou les Aventures de Chérubin/03

Le Porte-feuille



LE PORTE-FEUILLE.


Quelle fut ma surprise en ouvrant le porte-feuille, qui, par lui-même était fort riche, de trouver dedans pour quarante-mille livres de billets de caisse ? Les boucles valaient pour le moins autant… C’est une fée, disais-je, ou bien c’est la…… elle seule peut faire de si magnifiques présens ; et puis le mystère qu’elle employe pour me faire ignorer qui elle est, les superbes appartemens qu’elle occupe… J’étais fort intrigué pour savoir le mot de cette énigme, je n’étais pas encore sûr, je n’avais que des soupçons, et je craignais la certitude : j’aimais à voir dans Divine une fée, ou bien mon égale, l’idée de grandeur suprême effarouchait mon amour.

Je passerai légèrement sur le détail de la journée… pour arriver à la nuit, qui fût de même que les deux précédentes, témoin des plus grandes voluptés. Divine dans le désordre des sens, était dans un aimable délire : elle se livra à toute la fougue de son tempérament, plus de contrainte, elle cherchait à multiplier ses jouissances et les miennes par mille attitudes qui avaient pour moi tout le charme de la nouveauté…

Quinze nuits se passèrent dans ces ébats érotiques… Mais la seizième mérite une place honorable dans cet écrit.

C’était un jeudi. A peine ouvrais-je les yeux à la lumière, que je vis entrer mon guide. — On attend de vous des prodiges pour cette nuit : voici une essence qu’il faut prendre à l’instant de partir, elle est de la composition de Cagliostro ; ne craignez rien, jeune Athlète, cette huile sacrée, doit chez tous augmenter tous les feux de l’amour, doubler, tripler votre force, et par un heureux miracle vous élever au-dessus de la sphère commune, et faire de vous un dieu ; trouvez-vous ce soir sut la terrasse du château, vous entendrez une guittare, on pincera dessus l’air : Sentir avec ardeur, ce sera le signal : vous approcherez de l’endroit d’où partirons les sons, et l’amour fera le reste. Adieu, reposez-vous, et sur-tout ménagez vos riches dispositions. Je voulus l’embrasser. Arrêtez : il n’est pas tems encore, me dit-elle… Un jour peut-être… Elle sortit.


Le Cadran de la volupté, vignette fin de chapitre
Le Cadran de la volupté, vignette fin de chapitre