Le Banquet des Muses/Contre une vieille importune

Mertens et fils (p. 60-61).

CONTRE UNE VIEILLE IMPORTUNE.

Furie aux crins retors, execrable megere,
Qui te fait tant vomir de poison contre moy,
Et troubler la beauté qui me donne la loy
Des importuns discours de ta langue legere ?

Quel demon envieux tous les jours te suggere
Les moyens d’ebranlèr le roc de nostre foy ?
Penses tu que la saincte, en qui seule je croy,
Soit infidele autant que tu es mensongere ?

Non, non, vieille sorciere, invente si tu veux,
Mille charmes nouveaux pour dissoudre les nœuds
Dont Cupidon estreint nos amoureuses ames :
Tu feras lors cesser nos honnestes esbats,

Quand tes yeux cesseront d’alumer aux sabats
Dans le sein des démons des impudiques flames.