Œuvres de Platon,
traduites par Victor Cousin
Tome cinquième
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NOTES
SUR LE LACHÈS.

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J’ai eu sous les yeux l’édition générale de Bekker, Ficin et Schleiermacher.

Page 349. — Sa lâcheté n’en sera que plus en vue…
Page 360. — Et dans l’harmonieux accord de ses actions et de ses discours…
Θρασύτερος ἂν δι’ αὐτὸ γενόμενος ἐπιφανέστερος γένοιτο [ἢ] οἷος ἦν. (Bekker, partis primæ vol.  prius, p. 262.)
Ἡρμοσμένος [οὗ] αὐτὸς αὐτοῦ τὸν βίον σύμφωνον τοῖς λόγοις… (Bekker, p. 271.)

Je retranche avec Schleiermacher et Bekker, et οὗ avec Cornarius, Heusde et Bekker, malgré l’autorité des manuscrits.

Page 349. — Nous avons encore besoin d’un juge…
Ὥσπερ ἔτι τοῦ διακρινοῦντος δοκεῖ μου δεῖν… (Bekker, p. 261.)

Les éditions : ἐπὶ τοῦ… Heindorf et Schleiermacher proposent ἔτι et Bekker l’adopte avec raison. Mais les manuscrits donnent-ils cette leçon ?

Page 358. — C’est que tu ne puisses pas savoir qu’il suffit de causer avec Socrate pour qu’il vous traite comme son parent ; il ne faut qu’entrer en conversation avec lui, quand même on commencerait à parler de toute autre chose…
Οὔ μοι δοκεῖς εἰδέναι ὅτι ὃς ἂν ἐγγυτάτα Σωκράτους ᾗ λόγῳ, ὥσπερ γένει, καὶ πλησιάζῃ διαλεγόμενος…, (Bekker, p. 270.)

Heindorf, dans une note du Sophiste, pag. 441, a très bien expliqué ἐγγυτάτα ᾗ λόγῳ ὥσπερ γένει. Ἐγγυτάτα γένει, ou γένους, est une locution ordinaire pour dire : en rapport de parenté avec quelqu’un. Or Platon, voulant employer l’expression inusitée ἐγγυτάτα λόγῳ : en rapport de conversation avec quelqu’un, a dû, pour transiger avec l’usage, ajouter ὥσπερ γένει, ce qui, en ramenant ἐγγυτάτα λόγῳ à une locution à-peu-près connue, donne à la phrase de la clarté et de la grâce. — Schleiermacher avait proposé de retrancher ὥσπερ γένει, et Jacobs (in Athenæum p. 334) propose ὥσπερ δίνῃ. Bekker conserve, avec raison, ὥσπερ γένει. Il suffit d’entrer en conversation avec Socrate, ce qui est une sorte de parenté, et de l’approcher.

Page 367. — Il est vrai.
Ἀληθῆ λέγεις. (Bekker, p. 274.)

Toutes les éditions rapportent ceci à Lysimaque. Schleiermacher et Bekker l’attribuent avec raison à Lachès.

Page 368. — Lachès. Par tous les dieux, ce que tu dis là est très vrai, Socrate. Dis-nous donc en bonne foi, Nicias, crois-tu que ces animaux que nous reconnaissons tous pour courageux, soient plus éclairés que nous ; ou oses-tu, en contradiction avec tout le monde, leur contester le courage ?
Νὴ τοὺς θεούς, καὶ εὖ γε λέγεις, ὦ Σώκρατες, καὶ ἡμῖν ὡς ἀληθῶς τοῦτ’ ἀπόκριναι, ὦ Νικία, πότερον σοφώτερα φῂς ἡμῶν ταῦτα εἶναι τὰ θηρία, ἃ πάντες ὁμολογοῦμεν ἀνδρεῖα εἶναι, ἢ πᾶσιν ἐναντιούμενος τολμᾷς μηδὲ ἀνδρεῖα αὐτὰ καλεῖν. (Bekker, p. 289, 290).

Toutes les éditions et Schleiermacher lui-même attribuent à Nicias νὴ τοὺς θεούς, καὶ εὖγε λέγεις, ὦ Σώκρατες, et attribuent à Lachès καὶ ἡμῖν ὡς ἀληθῶς… Mais il est aisé de voir que Nicias ne peut ainsi s’avouer vaincu, puisque plus bas il va répondre très bien à l’objection de Socrate. Il convient donc de réunir les deux phrases νὴ τοὺς θεούς… et καὶ ἡμῖν ὡς ἀληθῶς et de les mettre sur le compte de Lachès. C’est ce qu’a fait Bekker et ce qu’avait fait Dacier.