La sainte Bible selon la Vulgate (J.-B. Glaire)/Préface (Nouveau Testament)

(introductions, notes complémentaires et appendices)
La sainte Bible selon la Vulgate
Traduction par Jean-Baptiste Glaire.
Texte établi par Roger et Chernoviz, Roger et Chernoviz (p. 2309-2311).

PRÉFACE (1)


Le Nouveau Testament signifie proprement la nouvelle alliance que Dieu a faite avec les hommes par la médiation de Jésus-Christ mort sur la croix, mais ici il se prend pour les monuments ou les livres sacrés, qui nous font connaître, sous ses divers rapports, cette divine alliance ; c’est-à-dire les Évangiles, les Actes des Apôtres, les Épîtres de saint Paul, de saint Jacques, de saint Pierre, de saint Jean, de saint Jude, et l’Apocalypse.

Le nom d’Évangile, qui est grec, et qui veut dire bonne, heureuse nouvelle, a été donné à l’histoire de l’avènement, de la doctrine, des actions, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, le Messie promis de Dieu, et annoncé par les prophètes. Les seuls Évangiles que l’Église chrétienne ait reconnus comme authentiques sont ceux qui ont été composés par saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean. Or, en écrivant son Évangile, saint Matthieu a eu principalement en vue de prouver aux Juifs que Jésus-Christ était le vrai Messie, fils de David, né d’une vierge, annoncé par les prophètes ; aussi a-t-il cité plus de passages de l’Ancien Testament que les autres évangélistes. Saint Marc, en s’attachant, dans presque tous les chapitres de son livre, à faire ressortir la puissance divine de Jésus de Nazareth, indique suffisamment que dans la composition de son Évangile, son but a été de prouver que ce même Jésus était le maître souverain de toutes choses. Quant à saint Luc, il résulte bien de la lecture de son prologue, qu’il a voulu opposer à des histoires sans autorité ou peu exactes, son Évangile qu’il tenait de saint Paul et des apôtres, témoins fidèles et sûrs des faits qu’il raconte ; mais si on examine son livre sous un point de vue général, on aperçoit que son dessein est de montrer, par l’ensemble des faits et toutes les circonstances de la vie de Jésus de Nazareth, que ce même Jésus est le véritable Sauveur de tous les hommes. Enfin saint Jean a eu plusieurs motifs d’écrire son Évangile. D’abord il ne pouvait résister au désir ardent des fidèles d’Asie, qui voulaient avoir par écrit ce qu’il leur avait dit de vive voix. En second lieu, il était tout naturel qu’il cherchât à réfuter les erreurs de Cérinthe et d’Ebion, qui niaient la divinité du Verbe. Troisièmement, il voulait laisser à l’Église un corps plus complet de l’histoire et de la doctrine du Sauveur, et qui fût le supplément des autres Évangiles.

Le livre des Actes des Apôtres, écrit par saint Luc, est ainsi nommé, parce qu’il contient le récit de ce que firent les apôtres à Jérusalem, dans la Judée et dans les autres parties de l’univers, après l’ascension de Jésus-Christ. Ainsi il forme comme le complément des Évangiles, qui contiennent en effet des promesses et des prédictions, dont il présente lui-même l’accomplissement et la réalisation. Ajoutons qu’il est très utile pour faire comprendre les Épitres des apôtres et surtout celles de saint Paul, lesquelles, sans les lumières qu’il nous fournit, resteraient dans bien des passages entièrement inintelligibles.

Les Épîtres de saint Paul sont au nombre de quatorze, savoir : une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Éphésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon et une aux Hébreux. Dans notre Abrégé d’introduction, etc., nous avons signalé les principales sources des difficultés particulières à ces Epîtres, en indiquant les moyens de les faire disparaître, au moins en partie.

Les autres Épîtres sont au nombre de sept, savoir : une de saint Jacques, deux de saint Pierre, trois de saint Jean et une de saint Jude. On les appelle catholiques, ou universelles, parce qu’elles contiennent des choses communes à toutes les Églises. On les nomme aussi canoniques, parce qu’elles renferment des règles ou canons importants pour les mœurs et les instructions sur les matières de la foi, ou plutôt parce qu’elles font partie du canon ou catalogue des livres sacrés. Le but général des Épîtres catholiques est, selon saint Augustin (De fide et operib., c. xiv), de réfuter les hérésies naissantes de Simon le Magicien, celles des Nicolaïtes, des Ébionites et autres hérétiques qui, abusant de la liberté évangélique, et prenant à contre-sens les paroles de saint Paul, enseignaient que la foi sans les œuvres suffisait pour le salut, et introduisaient ainsi une morale très corrompue.

Le mot grec Apocalypse, qui signifie révélation en général, désigne ici la révélation particulière qu’eut saint Jean l’Èvangéliste dans l’île de Patmos, et qu’il a décrite lui-même dans un livre qui, pour ce motif, a été aussi nommé Apocalypse. Mais comme ce livre, qui est en grande partie prophétique, contient un grand nombre de passages difficiles à comprendre, nous avons cru en faciliter l’intelligence, en établissant dans notre Abrégé d’introduction, etc., p. 503 et suiv., quelques principes à suivre, et quelques règles à observer dans son explication.

Nous rappellerons ici que l’Écriture sainte est la parole même de Dieu, son divin Testament, le dépôt de ses secrets et de ses divines volontés, et qu’elle ne saurait être profitable, qu’autant qu’on la lira avec une foi vive, une humilité profonde, une soumission parfaite et une entière pureté d’intention.

J.-B. Glaire.

  1. (1) Ce qui fait l’objet de cette Préface ne peut être indiqué ici que fort sommairement, on le trouvera plus développé dans notre Abrégé d’introduction aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, p. 379 et suiv.