La sainte Bible selon la Vulgate (J.-B. Glaire)/Jean

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(introductions, notes complémentaires et appendices)
Traduction par Jean-Baptiste Glaire.
Texte établi par Roger et Chernoviz, Roger et Chernoviz (p. 2545-2602).

Le Saint Évangile
de Jésus-Christ
selon
Saint Jean

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CHAPITRE 1.

Divinité du Verbe. Mission de saint Jean-Baptiste. Incarnation du Verbe. Réponse de saint Jean aux députés des Juifs. Autre témoignage de saint Jean. Deux disciples de saint Jean vont trouver Jésus. André lui amène Pierre. Jésus appelle Philippe, qui lui amène Nathanaël.

1. Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.[1]

2. C’est lui qui au commencement était en Dieu.

3. Toutes choses ont été faites par lui ; et sans lui rien n’a été fait de ce qui a été fait.

4. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;

5. Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas comprise.

6. Il y eut un homme envoyé de Dieu dont le nom était Jean.[2]

7. Celui-ci vint comme témoin pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui ;

8. Il n’était pas la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière.

9. Celui-là était la vraie lumière, qui illumine tout homme venant en ce monde.[3]

10. Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l’a pas connu.[4]

11. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.

12. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu ; à ceux qui croient en son nom ;

13. Qui ne sont point nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.[5]

14. Et le Verbe a été fait chair, et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire comme la gloire qu’un fils unique reçoit de son père, plein de grâce et de vérité.[6]

15. Jean rend témoignage de lui, et il crie, disant : Voici celui-ci dont j’ai dit : Celui qui doit venir après moi a été fait avant moi, parce qu’il était avant moi.[7]

16. Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce ;[8]

17. Car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

18. Personne n’a jamais vu Dieu : le Fils unique qui est dans le sein du Père est celui qui l’a fait connaître.[9]

19. Or voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : Qui es-tu ?[10]

20. Car il confessa, et il ne le nia point ; il confessa : Ce n’est pas moi qui suis le Christ.

21. Et ils lui demandèrent : Quoi donc ? Es-tu Elie ? Et il dit : Non. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non.[11]

22. Ils lui dirent donc : Qui es-tu, afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés ? Que dis-tu de toi-même ?

23. Je suis, répondit-il, la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez la voie du Seigneur, comme l’a dit le prophète Isaïe.[12]

24. Or ceux qui avaient été envoyés étaient du nombre des pharisiens.

25. Ils l’interrogèrent encore et lui dirent : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le prophète ?

26. Jean leur répondit, disant : Moi je baptise dans l’eau, mais il y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez point.[13]

27. C’est lui qui doit venir après moi, qui a été fait avant moi ; je ne suis même pas digne de délier la courroie de sa chaussure.[14]

28. Ceci se passa en Béthanie, au-delà du Jourdain où Jean baptisait.[15]

29. Le jour suivant Jean vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l’agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde.

30. C’est celui de qui j’ai dit : Après moi vient un homme qui a été fait avant moi, parce qu’il était avant moi ;

31. Et moi je ne le connaissais pas ; mais c’est pour qu’il fût manifesté en Israël, que je suis venu baptisant dans l’eau.

32. Jean rendit encore témoignage, disant : J’ai vu l’Esprit descendant sur lui en forme de colombe, et il s’est reposé sur lui.[16]

33. Et moi je ne le connaissais pas ; mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se reposer, c’est celui-là qui baptisera dans l’Esprit-Saint.

34. Et je l’ai vu, et j’ai rendu témoignage que c’est lui qui est le Fils de Dieu.

35. Le jour suivant, Jean se trouvait de nouveau avec deux de ses disciples.[17]

36. Et regardant Jésus qui se promenait, il dit : Voilà l’agneau de Dieu.

37. Les deux disciples l’entendirent parler ainsi, et ils suivirent Jésus.

38. Or Jésus s’étant retourné et les voyant qui le suivaient, leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent ; Rabbi (ce qui veut dire, par interprétation, Maître), où demeurez-vous ?[18]

39. Il leur dit : Venez et voyez. Ils vinrent, et virent où il demeurait, et ils restèrent avec lui ce jour-là : or, il était environ la dixième heure,[19]

40. Or André, frère de Simon-Pierre, était un des deux qui avaient entendu de Jean ce témoignage, et qui avaient suivi Jésus.

41. Or il rencontra d’abord son frère Simon, et lui dit : Nous avons trouvé le Messie (ce qu’on interprète par le Christ).

42. Et il l’amena à Jésus. Et Jésus l’ayant regardé, dit : Tu es Simon, fils de Jona ; tu seras appelé Céphas, ce qu’on interprète par Pierre.

43. Le lendemain, Jésus voulut aller en Galilée ; il trouva Philippe et lui dit : Suis-moi.[20]

44. Or Philippe était de Bethsaïde, de la même ville qu’André et Pierre.[21]

45. Philippe trouva Nathanaël, et lui dit : Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi et ensuite les prophètes, Jésus, fils de Joseph de Nazareth.[22]

46. Et Nathanaël lui demanda : Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? Philippe lui répondit : Viens et vois.

47. Jésus vit venir à lui Nathanaël, et il dit de lui : Voici vraiment un Israélite en qui il n’y a point d’artifice.

48. Nathanaël lui demanda : D’où me connaissez-vous ? Jésus répondit et lui dit : Avant que Philippe t’appelât, lorsque tu étais sous le figuier, je t’ai vu.[23]

49. Nathanaël lui répondit et dit : Rabbi, vous êtes le Fils de Dieu, vous êtes le roi d’Israël.[24]

50. Jésus répliqua et lui dit : Parce que je t’ai dit : Je t’ai vu sous le figuier, tu crois ; tu verras de plus grandes choses.

51. Et il ajouta : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l’homme.

CHAPITRE 2.


1. Trois jours après, il se fit des noces à Cana en Galilée : et la mère de Jésus y était.[25]

2. Et Jésus aussi fut convié aux noces avec ses disciples.

3. Or le vin manquant, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont pas de vin.

4. Et Jésus lui dit : Femme, qu’importe à moi et à vous ? Mon heure n’est pas encore venue.[26]

5. Sa mère dit à ceux qui servaient : Tout ce qu’il vous dira, faites-le.

6. Or il y avait là six urnes de pierre préparées pour la purification des Juifs, contenant chacune deux ou trois mesures.[27]

7. Jésus leur dit : Emplissez les urnes d’eau. Et ils les emplirent jusqu’au haut.

8. Alors Jésus leur dit : Puisez maintenant, et portez-en au maître d’hôtel ; et ils lui en portèrent.[28]

9. Sitôt que le maître d’hôtel eut goûté l’eau changée en vin (et il ne savait d’où ce vin venait, mais les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient), le maître d’hôtel donc appela l’époux,

10. Et lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin, et après qu’on a beaucoup bu, celui qui vaut moins ; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à cette heure.

11. C’est là le commencement des miracles que fit Jésus à Cana de Galilée ; et c’est ainsi qu’il manifesta sa gloire et que ses disciples crurent en lui.[29]

12. Après cela il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples ; mais ils y demeurèrent peu de jours.[30]

13. Car la Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem ;[31]

14. Et il trouva dans le temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs assis à leurs tables.[32]

15. Et ayant fait comme un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple avec les brebis et les bœufs, répandit l’argent des changeurs et renversa leurs tables.

16. Et à ceux qui vendaient les colombes, il dit : Emportez cela d’ici, et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic.

17. Or ses disciples se ressouvinrent qu’il était écrit : Le zèle de votre maison me dévore.[33]

18. Les Juifs donc prenant la parole, lui dirent : Par quel signe nous montres-tu que tu peux faire ces choses ?

19. Jésus répondit et leur dit : Détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours.[34]

20. Mais les Juifs repartirent : On a mis quarante-six ans à bâtir ce temple ; et toi, tu le relèveras en trois jours ?[35]

21. Mais Jésus parlait du temple de son corps.

22. Lors donc qu’il fut ressuscité d’entre les morts, ses disciples se ressouvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Ecriture et à la parole qu’avait dite Jésus.[36]

23. Or lorsque Jésus était à Jérusalem pendant la fête de Pâque, beaucoup crurent en son nom, voyant les miracles qu’il faisait,

24. Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu’il les connaissait tous,

25. Et qu’il n’avait pas besoin que personne lui rendit témoignage d’aucun homme, car il savait par lui-même ce qu’il y avait dans l’homme.

CHAPITRE 3.


1. Or il y avait un homme parmi les pharisiens, nommé Nicodème, un des chefs des Juifs.[37]

2. Cet homme vint la nuit à Jésus, et lui dit : Maître, nous savons que vous êtes venu de Dieu pour enseigner ; car nul ne pourrait faire les prodiges que vous faites, si Dieu n’était avec lui.

3. Jésus lui répondit et lui dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.[38]

4. Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère, et naître de nouveau ?

5. Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’Esprit-Saint, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.

6. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit.

7. Ne t’étonne point que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau,

8. L’esprit souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais d’où elle vient ni où elle va : ainsi en est-il de quiconque est né de l’esprit.[39]

9. Nicodème répondit et lui dit : Comment cela se peut-il faire ?

10. Jésus répondit et lui dit : Tu es maître en Israël, et tu ignores ces choses ?

11. En vérité, en vérité, je te le dis, ce que nous savons, nous le disons, et ce que nous avons vu, nous l’attestons, et vous ne recevez pas notre témoignage.

12. Si je vous dis les choses de la terre, et que vous ne croyiez point, comment croirez-vous, si je vous dis les choses du ciel ?

13. Car personne n’est monté au ciel que celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel.

14. Et comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé ;[40]

15. Afin que quiconque croit en lui ne périsse points mais qu’il ait la vie éternelle.

16. Car Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.[41]

17. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.

18. Qui croit en lui n’est point condamné, mais qui ne croit point est déjà condamné, parce qu’il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu.

19. Or cette condamnation vient de ce que la lumière a paru dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.[42]

20. Car quiconque fait le mal hait la lumière, et il ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient découvertes ;

21. Mais celui qui accomplit la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles ont été faites en Dieu.

22. Après cela, Jésus vint avec ses disciples dans la terre de Judée, et il y demeurait avec eux, et il baptisait.[43]

23. Or Jean aussi baptisait à Ennon, près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau et on y venait, et on y était baptisé.[44]

24. Car Jean n’avait pas encore été mis en prison.[45]

25. Or il s’éleva une question entre les disciples de Jean et les Juifs, touchant la purification.[46]

26. Et ceux-là étant venus vers Jean, lui dirent : Maître, celui qui était avec vous au-delà du Jourdain, et à qui vous avez rendu témoignage, baptise maintenant, et tout le monde va à lui.[47]

27. Jean répondit et dit : L’homme ne peut rien recevoir, s’il ne lui a été donné du ciel.

28. Vous m’êtes témoins vous-mêmes, que j’ai dit : Ce n’est pas moi qui suis le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui.[48]

29. Celui qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui est présent et l’écoute, se réjouit de joie, à cause de la voix de l’épouse. Ma joie est donc maintenant à son comble.[49]

30. Il faut qu’il croisse et que je diminue.

31. Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est sorti de la terre est de la terre et parle de la terre. Ainsi celui qui vient du ciel est au-dessus de tous.

32. Et il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage.

33. Celui qui a reçu son témoignage a attesté que Dieu est véritable.[50]

34. Car celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce que ce n’est pas avec mesure que Dieu lui donne son esprit.

35. Le Père aime le Fils, et il a tout remis entre ses mains.

36. Qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.[51]

CHAPITRE 4.


1. Lors donc que Jésus sut que les pharisiens avaient appris qu’il faisait plus de disciples et baptisait plus que Jean,[52]

2. (Quoique Jésus ne baptisât point, mais ses disciples),

3. Il quitta la Judée, et s’en alla de nouveau en Galilée ;

4. Or il lui fallait passer par la Samarie.

5. Il vint donc dans une ville de Samarie, nommée Sichar, près de l’héritage que Jacob donna à Joseph, son fils.[53][54]

6. Là était le puits de Jacob. Ainsi, Jésus, fatigué de la route, s’assit sur le bord du puits. Il était environ la sixième heure.[55]

7. Or une femme de Samarie vint puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donnez-moi à boire.

8. (Car ses disciples étaient allés à la ville acheter de quoi manger.)

9. Cette femme samaritaine lui répondit donc : Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi, qui sais une femme samaritaine ? car les Juifs n’ont point de commerce avec les Samaritains.[56]

10. Jésus lui répondit et dit : Si vous saviez le don de Dieu, et qui est celui qui vous dit : Donnez-moi à boire, peut-être lui en eussiez-vous demandé vous-même, et il vous aurait donné d’une eau vive.

11. La femme lui repartit : Seigneur, tu n’as pas même avec quoi puiser, et le puits est profond ; d’où aurais-tu donc de l’eau vive ?

12. Es-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu, lui, ses enfants et ses troupeaux ?

13. Jésus répliqua et lui dit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; au contraire, qui boira de l’eau que je lui donnerai, n’aura jamais soif ;

14. Mais l’eau que je lui donnerai deviendra une fontaine d’eau jaillissante jusque dans la vie éternelle.

15. La femme lui dit : Seigneur, donne-moi de cette eau afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne point puiser ici.

16. Allez, lui répondit Jésus, appelez votre mari et venez ici.

17. La femme répliqua et dit : Je n’ai point de mari. Jésus ajouta : Vous avez bien dit : Je n’ai point de mari ;

18. Car vous avez eu cinq maris, et celui que vous avez maintenant n’est pas votre mari ; en cela vous avez dit vrai.

19. La femme lui dit : Seigneur, je vois que vous êtes vraiment prophète.[57]

20. Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous dites, vous, que Jérusalem est le lieu où il faut adorer.[58]

21. Jésus lui dit : Femme, croyez-moi, vient une heure où vous n’adorerez le Père ni sur cette montagne ni à Jérusalem.

22. Vous adorez, vous, ce que vous ne connaissez point ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, parce que le salut vient des Juifs.[59]

23. Mais vient une heure, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont de tels adorateurs que le Père cherche.

24. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent doivent l’adorer en esprit et en vérité.[60]

25. La femme lui dit : Je sais que le Messie (c’est-à-dire le Christ) vient ; lors donc qu’il sera venu, il nous apprendra toutes choses.[61]

26. Jésus lui dit : Je le suis, moi qui vous parle.

27. En même temps ses disciples vinrent, et ils s’étonnaient de ce qu’il parlait avec une femme ; néanmoins aucun ne dit : Que lui demandez-vous ? ou pourquoi parlez-vous avec elle ?[62]

28. La femme donc laissa là sa cruche, s’en alla dans la ville et dit aux habitants :

29. Venez, voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait, n’est-ce point le Christ ?

30. Ils sortirent donc de la ville, et ils venaient à lui.

31. Cependant ses disciples le priaient, disant : Maître, mangez.

32. Mais il leur dit : Moi, j’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez point.

33. Les disciples disaient alors entre eux : Quelqu’un lui a-t-il apporté à manger ?

34. Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre.

35. Ne dites-vous pas vous-mêmes : Il y a encore quatre mois, et la moisson viendra ? Mais moi, je vous dis maintenant : Levez les yeux et voyez les champs ; car ils blanchissent déjà pour la moisson.[63]

36. Et celui qui moissonne reçoit une récompense, et recueille du fruit pour la vie éternelle, afin que celui qui sème se réjouisse aussi bien que celui qui moissonne.[64]

37. Car, en ceci, ce qu’on dit est vrai : Autre est celui qui sème, et autre celui qui moissonne.

38. Pour moi, je vous ai envoyés moissonner où vous n’avez point travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes entrés dans leurs travaux.

39. Or beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en lui, sur la parole de la femme qui avait rendu ce témoignage : Il m’a dit tout ce que j’ai fait.

40. Lors donc que les Samaritains furent venus à lui, ils le prièrent de demeurer en ce lieu, et il y demeura deux jours.

41. Et beaucoup plus crurent en lui, à cause de ses discours.

42. De sorte qu’ils disaient à la femme : Maintenant ce n’est plus sur votre parole que nous croyons, nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui qui est le Sauveur du monde.

43. Ainsi après les deux jours il partit de là et s’en alla en Galilée.

44. Car Jésus lui-même a rendu ce témoignage qu’un prophète n’est point honoré dans sa patrie.[65]

45. Quand il fut venu en Galilée, les Galiléens l’accueillirent, parce qu’ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem pendant la fête ; car ils étaient venus, eux aussi, à la fête.[66]

46. Il vint donc de nouveau à Cana de Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Or il y avait un officier du roi dont le fils était malade à Capharnaüm.[67]

47. Lorsque cet officier eut appris que Jésus venait de Judée en Galilée, il alla vers lui, et le pria de venir guérir son fils qui se mourait.

48. Jésus lui dit donc : Si vous ne voyez des miracles et des prodiges, vous ne croyez point.

49. L’officier lui dit : Seigneur, venez avant que mon fils meure.

50. Jésus lui répondit : Va, ton fils vit. Cet homme crut à la parole que lui dit Jésus, et s’en alla.

51. Or, comme il s’en retournait, ses serviteurs vinrent à sa rencontre et lui annoncèrent que son fils vivait.

52. Et il leur demandait à quelle heure il s’était trouvé mieux. Et ils lui dirent : Hier, à la septième heure, la fièvre l’a quitté.[68]

53. Le père reconnut alors que c’était l’heure à laquelle Jésus lui avait dit : Ton fils vit ; et il crut, lui et toute sa maison.

54. Ce fut là le second miracle que fit encore Jésus quand il fut revenu de Judée en Galilée.

CHAPITRE 5.


1. Après cela se trouvait la fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem.[69]

2. Or il y a à Jérusalem une piscine probatique appelée en hébreu Bethsaïda, et ayant cinq portiques.[70]

3. Sous lesquels gisait une grande multitude de malades, d’aveugles, de boiteux, de paralytiques, attendant le mouvement des eaux.

4. Car un ange du Seigneur descendait en un certain temps dans la piscine, et l’eau s’agitait. Et celui qui le premier descendait dans la piscine après le mouvement de l’eau, était guéri de quelque maladie qu’il fût affligé.

5. Or il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans.

6. Lorsque Jésus le vit couché et qu’il sut qu’il était malade depuis longtemps, il lui dit : Veux-tu être guéri ?

7. Le malade lui répondit : Seigneur, je n’ai personne qui, lorsque l’eau est agitée, me jette dans la piscine ; car, tandis que je viens, un autre descend avant moi.

8. Jésus lui dit : Lève-toi, prends ton grabat et marche.

9. Et aussitôt cet homme fut guéri, et il prit son grabat, et il marchait. Or c’était un jour de sabbat.

10. Les Juifs donc disaient à celui qui avait été guéri : C’est un jour de sabbat, il ne t’est pas permis d’emporter ton grabat.[71]

11. Il leur répondit : Celui qui m’a guéri m’a dit lui-même : Prends ton grabat et marche.

12. Alors ils lui demandèrent : Qui est cet homme qui t’a dit : Prends ton grabat et marche ?

13. Mais celui qui avait été guéri ne savait qui il était ; car Jésus s’était retiré de la foule assemblée en ce lieu.

14. Jésus ensuite le trouva dans le temple, et lui dit : Voilà que tu es guéri, ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pis.

15. Cet homme s’en alla et annonça aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri.

16. C’est pourquoi les Juifs persécutaient Jésus, parce qu’il faisait ces choses un jour de sabbat.

17. Mais Jésus leur répondit : Mon Père agit sans cesse, et moi j’agis aussi.

18. Sur quoi les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir ; parce que non seulement il violait le sabbat, mais qu’il disait que Dieu était son Père, se faisant ainsi égal à Dieu. Jésus répondant, leur dit :

19. En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, si ce n’est ce qu’il voit que le Père fait ; car tout ce que le Père fait, le Fils le fait pareillement.

20. Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait ; et il lui montrera des œuvres encore plus grandes que celles-ci, de sorte que vous en serez vous-mêmes dans l’admiration.

21. Car, comme le Père réveille les morts et les rend à la vie, ainsi le Fils vivifie ceux qu’il veut.

22. Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement à son Fils.

23. Afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père : qui n’honore point le Fils n’honore point le Père qui l’a envoyé.

24. En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne ’ vient pas en jugement ; mais il a passé de la mort à la vie.

25. En vérité, en vérité, je vous le dis, vient une heure, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue, vivront.

26. Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même ;

27. Et il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu’il est Fils de l’homme.[72]

28. Ne vous en étonnez pas, parce que vient l’heure où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de Dieu,

29. Et en sortiront, ceux qui auront faille bien, pour ressusciter à la vie ; mais ceux qui auront fait le mal, pour ressusciter à leur condamnation.[73]

30. Je ne puis rien faire de moi-même. Selon que j’entends, je juge ; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche point ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé.

31. Si je rends témoignage de moi-même, mon témoignage n’est pas vrai.

32. C’est un autre qui rend témoignage de moi, et je sais que le témoignage qu’il rend de moi est véritable.[74]

33. Vous, vous avez envoyé vers Jean, et il a rendu témoignage à la vérité.[75]

34. Pour moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois témoignage ; mais je dis ceci afin que vous soyez sauvés.

35. Il était la lampe ardente et luisante, et un moment vous avez voulu vous réjouir à sa lumière.

36. Mais moi, j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean. Car les œuvres que mon Père m’a données à accomplir, ces œuvres que je fais moi-même, rendent témoignage de moi, que le Père m’a envoyé.

37. Et mon Père qui m’a envoyé a rendu lui-même témoignage de moi ; vous n’avez jamais entendu sa voix ni vu sa figure ;[76]

38. Et vous n’avez pas sa parole demeurant en vous, parce que vous ne croyez pas à celui qu’il a envoyé.

39. Scrutez les Ecritures, puisque vous pensez avoir en elles la vie éternelle, car ce sont elles qui rendent témoignage de moi ;[77]

40. Mais vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie.

41. Je n’accepte point une gloire venant des hommes.

42. Mais j’ai reconnu que vous n’avez pas l’amour de Dieu en vous.

43. Je suis venu moi-même au nom de mon Père, et vous ne me recevez point ; si un autre vient en son nom, vous le recevrez.

44. Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez la gloire l’un de l’autre, et ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ?

45. Ne pensez pas que ce soit moi qui doive vous accuser devant le Père : celui qui vous accuse, c’est Moïse, en qui vous espérez.

46. Car si vous croyiez à Moïse, vous croiriez sans doute à moi aussi, parce que c’est de moi qu’il a écrit.[78]

47. Mais si vous ne croyez point à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ?

CHAPITRE 6.


1. Après cela Jésus s’en alla de l’autre côté de la mer de Galilée, c’est-à-dire de Tibériade ;[79]

2. Et une grande multitude le suivait, parce qu’ils voyaient les miracles qu’il faisait sur ceux qui étaient malades.

3. Jésus monta donc sur la montagne, et là il était assis avec ses disciples.[80]

4. Cependant approchait la Pâque, jour de la fête des Juifs.[81]

5. Jésus donc ayant levé les yeux et vu qu’une très grande multitude était venue à lui, dit à Philippe : Où achèterons-nous des pains, pour que ceux-ci mangent ?

6. Or il disait cela pour l’éprouver ; car pour lui il savait ce qu’il devait faire.

7. Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pain ne leur suffiraient pas pour que chacun d’eux en eût même un petit morceau.

8. Un de ses disciples, André, frère de Simon-Pierre, lui dit :

9. Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons : mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ?

10. Jésus dit donc : Faites asseoir ces hommes. Or il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu. Ces hommes s’assirent donc au nombre d’environ cinq mille.[82]

11. Alors Jésus prit les pains, et quand il eut rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis ; et de même des poissons, autant qu’ils en voulaient.

12. Lorsqu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Amassez les morceaux qui sont restés, pour qu’ils ne se perdent pas.

13. Ils les amassèrent donc, et remplirent douze paniers de morceaux des cinq pains d’orge qui restèrent à ceux qui avaient mangé.

14. Or ces hommes, ayant vu le miracle que Jésus avait fait, disaient : Celui-ci est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde.

15. Et Jésus, ayant connu qu’ils devaient venir pour l’enlever et le faire roi, s’enfuit de nouveau sur la montagne tout seul.[83]

16. Dès que le soir fut venu, ses disciples descendirent à la mer.

17. Et quand ils furent montés dans la barque, ils vinrent de l’autre côté de la mer, vers Capharnaüm. Or les ténèbres s’étaient déjà faites, et Jésus n’était pas venu à eux.[84]

18. Cependant, au souffle d’un grand vent, la mer s’enflait.

19. Après donc qu’ils eurent ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils virent Jésus marchant sur la mer et s’approchant de la barque, et ils eurent peur.[85]

20. Mais il leur dit : C’est moi, ne craignez point.

21. C’est pourquoi ils voulurent le prendre dans la barque, et aussitôt la barque se trouva à la terre où ils allaient.

22. Le jour suivant, le peuple, qui se tenait de l’autre côté de la mer, observa qu’il n’y avait eu là qu’une seule barque, que Jésus n’était point entré avec ses disciples dans cette barque, mais que ses disciples seuls étaient partis ;

23. Cependant, d’autres barques vinrent de Tibériade, près du lieu où ils avaient mangé le pain, le Seigneur ayant rendu grâces.[86]

24. Quand le peuple eut vu que Jésus n’était point là, ni ses disciples, il monta lui aussi dans les barques et vint à Capharnaüm, cherchant Jésus.

25. Et l’ayant trouvé de l’autre côté de la mer, ils lui dirent : Maître, comment êtes-vous venu ici ?

26. Jésus leur répondit, et dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et avez été rassasiés.

27. Travaillez, non pas en vue de la nourriture qui périt, mais de celle qui demeure pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera ; car Dieu le Père l’a scellée de son sceau.[87]

28. Ils lui demandèrent : Que ferons-nous pour travailler aux œuvres de Dieu ?

29. Jésus répondit et leur dit : L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé.[88]

30. Ils lui repartirent : Quel miracle donc faites-vous pour que nous voyions et que nous croyions en vous ?

31. Nos pères ont mangé la manne dans le désert, comme il est écrit : Il leur a donné du pain du ciel à manger.[89]

32. Jésus leur dit donc : En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a point donné le pain du ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel.

33. Car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel, et donne la vie au monde.

34. Ils lui dirent donc : Seigneur, donnez-nous toujours ce pain.

35. Et Jésus leur dit : C’est moi qui suis le pain de vie : qui vient à moi n’aura pas faim, et qui croit en moi n’aura jamais soif.[90]

36. Mais je vous l’ai dit, vous m’avez vu, et vous ne croyez point.

37. Tout ce que me donne mon Père viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le rejetterai pas dehors :[91]

38. Parce que je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé.

39. Or c’est la volonté de mon Père qui m’a envoyé, que de tout ce qu’il m’a donné, rien ne se perde, mais que je le ressuscite au dernier jour.

40. C’est la volonté de mon Père qui m’a envoyé, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour.

41. Cependant les Juifs murmuraient contre lui, parce qu’il avait dit : Moi je suis le pain vivant qui suis descendu du ciel,

42. Et ils disaient : N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment donc dit-il : Je suis descendu du ciel ?[92]

43. Mais Jésus répondit et leur dit : Ne murmurez point entre vous ;

44. Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et moi je le ressusciterai au dernier jour.

45. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous enseignés de Dieu. Quiconque a entendu la voix du Père et a appris, vient à moi.[93]

46. Non que personne ait vu le Père, si ce n’est celui qui est de Dieu ; car celui-là a vu le Père.[94]

47. En vérité, en vérité, je vous le dis : Qui croit en moi, a la vie éternelle.

48. C’est moi qui suis le pain de la vie.

49. Vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts.[95]

50. Voici le pain qui descend du ciel, afin que si quelqu’un en mange, il ne meure point.

51. Je suis le pain vivant, moi qui suis descendu du ciel.

52. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde.

53. Les Juifs donc disputaient entre eux, disant : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ?

54. Et Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis : Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous.[96]

55. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.

56. Car ma chair est vraiment nourriture et mon sang est vraiment breuvage ;[97]

57. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.

58. Comme mon Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi je vis par mon Père, ainsi celui qui me mange vivra aussi par moi.

59. Voici le pain qui est descendu du ciel. Ce n’est pas comme vos pères, qui ont mangé la manne et sont morts. Celui qui mange ce pain vivra éternellement.

60. Il dit ces choses, enseignant dans la synagogue, à Capharnaüm.[98]

61. Mais beaucoup de ses disciples l’ayant entendu, dirent : Ces paroles sont dures et qui peut les écouter ?

62. Or Jésus sachant en lui-même que ses disciples en murmuraient leur dit : Cela vous scandalise ?[99]

63. Et si vous voyiez le Fils de l’homme montant où il était auparavant ?

64. C’est l’esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien : or les paroles que je vous ai dites sont esprit de vie.[100]

65. Mais il en est parmi vous quelques-uns qui ne croient point. Car Jésus savait, dès le commencement, qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui devait le trahir.

66. Et il disait : C’est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, s’il ne lui est donné par mon Père.

67. Dès lors, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient plus avec lui.

68. Jésus donc dit aux douze : Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ?

69. Mais Simon-Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Vous avez des paroles de vie éternelle ;

70. Pour nous, nous avons cru, et nous avons connu que vous êtes le Christ, le Fils de Dieu.[101]

71. Jésus leur répondit : N’est-ce pas moi qui vous ai choisis tous les douze ? Cependant l’un de vous est un démon.

72. Il parlait de Judas Iscariote, fils de Simon : car c’était lui qui devait le trahir, quoiqu’il fût un des douze.

CHAPITRE 7.


1. Après cela Jésus parcourait la Galilée : car il ne voulait point parcourir la Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir.

2. Or approchait la fête des Juifs, la Scénopégie.[102]

3. Ses frères donc lui dirent : Pars d’ici et va en Judée, afin que tes disciples voient, eux aussi, les œuvres que tu fais.[103]

4. Car personne n’agit en secret, lorsqu’il cherche lui-même a paraître en public : puisque tu fais de telles choses, manifeste-toi au monde.

5. Car ses frères mêmes ne croyaient pas en lui.

6. Mais Jésus leur dit : Mon temps n’est pas encore venu, mais votre temps est toujours prêt.

7. Le monde ne peut pas vous haïr : pour moi, il me hait, parce que je rends de lui ce témoignage que ses œuvres sont mauvaises.

8. Allez, vous, à cette fête : pour moi je n’y vais point, parce que mon temps n’est pas encore accompli.

9. Ce qu’ayant dit, il demeura en Galilée.

10. Mais lorsque ses frères furent partis, il alla aussi lui-même à la fête, non publiquement, mais comme en cachette.

11. Les Juifs donc le cherchaient pendant la fête et disaient : Où est-il ?

12. Et il y avait une grande rumeur dans le peuple à son sujet. Les uns disaient : En effet, c’est un homme de bien ; mais d’autres disaient : Non, car il séduit la foule.

13. Cependant personne ne parlait de lui ouvertement par crainte des Juifs.

14. Or, vers le milieu de la fête, Jésus monta au temple, et il enseignait.

15. Et les Juifs s’étonnaient, disant : Comment celui-ci sait-il les Ecritures, puisqu’il ne les a point apprises ?

16. Jésus leur répondit et dit : Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé.

17. Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra, touchant ma doctrine, si elle est de lui ou si je parle de moi-même.

18. Celui qui parle de lui-même cherche sa propre gloire ; mais qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, celui-là est vrai, et il n’y a point d’injustice en lui.

19. Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi ? Cependant nul de vous ne pratique la loi.[104]

20. Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ? Le peuple répondit et dit : Tu es possédé du démon : qui cherche à te faire mourir ?[105]

21. Jésus répliqua et leur dit : J’ai fait une seule œuvre, et vous êtes tous étonnés.[106]

22. Cependant Moïse vous a donné la circoncision (bien qu’elle ne soit pas de Moïse, mais des patriarches) : et vous circoncisez le jour du sabbat.[107]

23. Or, si un homme reçoit la circoncision le jour du sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit point violée, comment vous indignez-vous contre moi, parce que j’ai rendu un homme sain tout entier un jour de sabbat ?

24. Ne jugez point sur l’apparence, mais rendez un juste jugement.[108]

25. Quelques-uns de Jérusalem disaient donc : N’est-ce pas là celui qu’ils cherchent à faire mourir ?

26. Et voilà qu’il parle publiquement, et ils ne lui disent rien. Les chefs du peuple auraient-ils réellement reconnu que c’est lui qui est le Christ ?

27. Cependant pour celui-ci, nous savons d’où il est : mais quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est.

28. Ainsi Jésus parlait à haute voix dans le temple, enseignant et disant : Et vous savez qui je suis, et vous savez d’où je suis ; et je ne suis point venu de moi-même : mais il est vrai, celui qui m’a envoyé, et que vous ne connaissez point.

29. Moi je le connais, parce que je suis de lui, et que c’est lui qui m’a envoyé.

30. Ils cherchaient donc à le prendre ; mais personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue.

31. Mais beaucoup d’entre le peuple crurent en lui, et ils disaient : Le Christ, quand il viendra, fera-t-il plus de miracles que celui-ci n’en fait ?

32. Les pharisiens entendirent le peuple murmurant ainsi à son sujet ; et les princes des prêtres et les pharisiens envoyèrent des archers pour le prendre.

33. Jésus leur dit : Je suis encore un peu de temps avec vous ; et je m’en vais à celui qui m’a envoyé.

34. Vous me chercherez et ne me trouverez pas ; et où je suis vous ne pouvez venir.[109]

35. Les Juifs dirent entre eux : Où doit donc aller celui-ci, que nous ne le trouverons point ? doit-il aller chez les nations dispersées, et enseigner les gentils ?[110]

36. Quelle est cette parole qu’il a dite : Vous me chercherez et ne me trouverez point : et où je suis vous ne pouvez venir ?

37. Le dernier jour de la fête, qui est le plus solennel, Jésus se tenait debout et s’écriait, disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive.[111]

38. Celui qui croit en moi, comme dit l’Ecriture, des fleuves d’eau vive couleront de son sein.[112]

39. Il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car l’Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié.

40. Parmi donc cette multitude qui avait entendu ces paroles : les uns disaient : Celui-ci est vraiment le prophète.

41. D’autres disaient : Celui-ci est le Christ. Mais quelques uns disaient : Est-ce de la Galilée que vient le Christ ?

42. L’Ecriture ne dit-elle pas que c’est de la race de David et du bourg de Bethléem, où était David, que vient le Christ ?[113]

43. Il s’éleva donc une dissension dans le peuple à cause de lui.

44. Quelques-uns d’eux voulaient le prendre, mais aucun d’eux ne mit la main sur lui.

45. Ainsi les archers revinrent vers les pontifes et les pharisiens, qui leur demandèrent : Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ?[114]

46. Les archers répondirent : Jamais homme n’a parlé comme cet homme.

47. Mais les pharisiens leur répliquèrent : Avez-vous été séduits, vous aussi ?

48. Est-il quelqu’un d’entre les chefs du peuple ou d’entre les pharisiens, qui ait cru en lui ?

49. Mais cette foule, qui ne connaît pas la loi, ce sont des maudits.

50. Nicodème leur dit (c’était celui qui était venu de nuit à Jésus, et qui était l’un d’entre eux):[115]

51. Est-ce que notre loi condamne un homme sans qu’auparavant on l’ait entendu, et sans qu’on sache ce qu’il a fait ?[116]

52. Ils répondirent, et lui dirent : Est-ce que tu es aussi Galiléen ? Lis avec soin les Ecritures, et tu verras : De la Galilée prophète ne surgit.[117]

53. Et ils s’en retournaient chacun en sa maison.

CHAPITRE 8.


1. Mais Jésus s’en alla à la montagne des Oliviers ;[118]

2. Et dès le point du jour il revint dans le temple, et tout le peuple vint à lui ; et, s’étant assis, il les enseignait.

3. Cependant les scribes et les pharisiens lui amenèrent une femme surprise en adultère, et la placèrent au milieu,

4. Puis ils dirent à Jésus : Maître, cette femme vient d’être surprise en adultère.

5. Or Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes. Toi donc, que dis-tu ?[119]

6. Or ils disaient cela, le tentant, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus, se baissant, écrivait du doigt sur la terre.

7. Et comme ils continuaient à l’interroger, il se releva et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché jette le premier une pierre contre elle.[120]

8. Et se baissant de nouveau, il écrivait sur la terre.

9. Mais, entendant cela, ils sortaient l’un après l’autre, à commencer par les vieillards. Et Jésus demeura seul avec la femme, qui était au milieu.

10. Alors Jésus, se relevant, lui dit : Femme, où sont ceux qui vous accusaient ? Personne ne vous a condamnée ?

11. Elle répondit : Personne, Seigneur. Et Jésus lui dit : Ni moi, je ne vous condamnerai pas : allez, et ne péchez plus.

12. Jésus leur parla de nouveau, disant : C’est moi qui suis la lumière du monde : qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie..[121]

13. Alors les pharisiens lui dirent : C’est toi qui rends témoignage de toi-même ; ton témoignage n’est pas vrai.[122]

14. Jésus répondit, et leur dit : Bien que je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est vrai ; parce que je sais d’où je viens et où je vais, mais vous, vous ne savez ni d’où je viens ni où je vais.

15. Vous, vous jugez selon la chair ; moi je ne juge personne ;

16. Et si je juge, mon jugement est vrai, parce que je ne suis pas seul ; mais moi et mon Père qui m’a envoyé.

17. Or dans votre loi il est écrit que le témoignage de deux hommes est vrai.[123]

18. C’est moi qui rends témoignage de moi-même ; mais il rend aussi témoignage de moi, mon Père qui m’a envoyé.

19. Ils lui disaient donc : Où est ton Père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père : si vous me connaissiez, vous connaîtriez sans doute aussi mon Père.

20. Jésus dit ces paroles, enseignant dans le temple, au lieu où est le trésor : et personne ne se saisit de lui, parce que son heure n’était pas encore venue.[124]

21. Jésus leur dit encore : Je m’en vais et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Mais où je vais vous ne pouvez venir.

22. Les Juifs disaient donc : Se tuera-t-il lui-même, puisqu’il dit : Où je vais vous ne pouvez venir ?

23. Il leur disait aussi : Vous, vous êtes d’en bas, moi je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde, moi je ne suis pas de ce monde.

24. Je vous ai donc dit que vous mourriez dans vos péchés ; car si vous ne me croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans votre péché.

25. Ils lui dirent donc : Qui es tu ? Jésus leur dit : Le principe, moi-même qui vous parle.

26. J’ai beaucoup de choses à dire de vous, et à condamner en vous ; mais celui qui m’a envoyé est vrai, et moi, ce que j’ai entendu de lui, je le dis au monde.[125]

27. Et ils ne comprirent pas qu’il disait que Dieu était son Père.

28. Jésus leur dit donc : Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, c’est alors que vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle comme mon Père m’a enseigné ;

29. Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul, parce que pour moi je fais toujours ce qui lui plaît.

30. Comme il disait ces choses, beaucoup crurent en lui.

31. Jésus disait donc à ceux des Juifs qui croyaient en lui : Pour vous, si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples ;

32. Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.

33. Ils lui répondirent : Nous sommes la race d’Abraham, et nous n’avons jamais été esclaves de personne ; comment dis-tu, toi : Vous serez libres ?

34. Jésus leur repartit : En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave du péché ;[126]

35. Or l’esclave ne demeure point toujours dans la maison ; mais le fils y demeure toujours ;

36. Si donc le fils vous met en liberté, vous serez vraiment libres.[127]

37. Je sais que vous êtes fils d’Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne prend pas en vous.

38. Pour moi, ce que j’ai vu en mon Père, je le dis ; et vous, ce que vous avez vu en votre père, vous le faites.

39. Ils répliquèrent et lui dirent : Notre père est Abraham. Jésus leur dit : Si vous êtes fils d’Abraham, faites les œuvres d’Abraham.

40. Mais loin de là, vous cherchez à me faire mourir, moi homme qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu ; c’est ce qu’Abraham n’a pas fait.[128]

41. Vous faites les œuvres de votre père. Ils lui répliquèrent donc : Nous ne sommes pas nés de la fornication ; nous n’avons qu’un père. Dieu.

42. Mais Jésus leur repartit : Si Dieu était votre père, certes vous m’aimeriez ; car c’est de Dieu que je suis sorti et que je suis venu ; ainsi je ne suis point venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé.

43. Pourquoi ne connaissez-vous point mon langage ? parce que vous ne pouvez pas écouter ma parole.

44. Vous avez le diable pour père, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été homicide dès le commencement, et il n’est pas demeuré dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui ; lorsqu’il parle mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu’il est menteur et le Père du mensonge.[129]

45. Pour moi, si je dis la vérité, vous ne me croyez point.

46. Qui de vous me convaincra de péché ? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous point ?

47. Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu. Et si vous ne les écoutez point, c’est parce que vous n’êtes point de Dieu.[130]

48. Mais les Juifs répondirent et lui dirent : Ne disons-nous pas avec raison que tu es un Samaritain, et qu’un démon est en toi ?[131]

49. Jésus repartit : Il n’y a pas de démon en moi ; mais j’honore mon Père, et vous, vous me déshonorez.

50. Pour moi, je ne cherche point ma gloire ; il est quelqu’un qui la cherchera et qui jugera.

51. En vérité, en vérité, je vous le dis : Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort.

52. Mais les Juifs lui dirent : Maintenant nous connaissons qu’il y a un démon en toi. Abraham est mort et les prophètes aussi, et tu dis : Si quelqu’un garde ma parole, il ne goûtera jamais de la mort.

53. Es-tu plus grand que notre père Abraham qui est mort ? et les prophètes sont morts aussi ? Qui prétends-tu être ?

54. Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites qu’il est votre Dieu.

55. Et vous ne l’avez pas connu ; mais moi je le connais ; et si je disais que je ne le connais point, je serais semblable à vous, menteur. Mais je le connais, et je garde sa parole.

56. Abraham, votre père, a tressailli pour voir mon jour ; il l’a vu, et il s’est réjoui.

57. Mais les Juifs lui répliquèrent : Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham ?[132]

58. Jésus leur dit : En vérité, en vérité, avant qu’Abraham eût été fait, je suis.[133]

59. Ils prirent donc des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se cacha, et sortit du temple.

CHAPITRE 9.


1. Et comme il passait, Jésus vit un homme aveugle de naissance ;

2. Et ses disciples l’interrogèrent : Maître, qui a péché, celui-ci ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ?[134]

3. Jésus répondit : Ni celui-ci n’a péché, ni ses parents, mais c’est pour que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui.

4. Il faut que j’opère les œuvres de celui qui m’a envoyé, tandis qu’il est jour ; la nuit vient, pendant laquelle personne ne peut agir ;

5. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.

6. Lorsqu’il eut dit cela, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, et frotta de cette boue les yeux de l’aveugle,

7. Et il lui dit : Va, lave-toi dans la piscine de Siloé (ce qu’on interprète par Envoyé). Il s’en alla donc, se lava, et revint voyant clair.[135]

8. De sorte que ses voisins et ceux qui l’avaient vu auparavant mendier, disaient : N’est-ce pas celui-là qui était assis et mendiait ? D’autres disaient : c’est lui.

9. Et d’autres : Point du tout, seulement il lui ressemble. Mais lui disait : C’est moi.

10. Ils lui demandaient donc : Comment tes yeux ont-ils été ouverts ?

11. Il répondit : Cet homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il a frotté mes yeux, et m’a dit : Va à la piscine de Siloé, et lave-toi. J’y suis allé, je me suis lavé, et je vois.

12. Ils lui demandèrent : Où est-il ? Il répondit : Je ne sais.

13. Alors ils amenèrent aux pharisiens celui qui avait été aveugle.

14. Or c’était un jour de sabbat que Jésus fit de la boue et ouvrit ses yeux.

15. Les pharisiens lui demandèrent donc aussi comment il avait vu. Et il leur dit : Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois.

16. Alors quelques-uns d’entre les pharisiens disaient : Cet homme n’est point de Dieu, puisqu’il ne garde point le sabbat. Mais d’autres disaient : Comment un pécheur peut-il faire de tels miracles ? Et il y avait division entre eux.

17. Ils dirent donc encore à l’aveugle : Et toi, que dis-tu de celui qui t’a ouvert les yeux ? Il répondit : C’est un prophète.

18. Mais les Juifs ne crurent point de lui qu’il eût été aveugle et qu’il eût recouvré la vue, jusqu’à ce qu’ils eussent appelé les parents de celui qui avait recouvré la vue ;

19. Et ils les interrogèrent, disant : Est-ce là votre fils, que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ?

20. Ses parents leur répondirent et dirent : Nous savons que c’est notre fils et qu’il est né aveugle ;

21. Mais comment il voit maintenant, nous ne le savons pas ; ou qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas ; interrogez-le : il a de l’âge, qu’il parle pour lui-même.

22. Ses parents dirent cela, parce qu’ils craignaient les Juifs ; car déjà les Juifs étaient convenus ensemble que si quelqu’un confessait que Jésus était le Christ, il serait chassé de la synagogue.[136]

23. C’est pourquoi ses parents dirent : Il a de l’âge, interrogez-le lui-même.

24. Ils appelèrent donc de nouveau l’homme qui avait été aveugle, et lui dirent : Rends gloire à Dieu ; pour nous, nous savons que cet homme est un pécheur.

25. Mais il leur dit : S’il est pécheur, je ne sais ; je sais une seule chose, c’est que j’étais aveugle, et qu’à présent je vois.

26. Ils lui répliquèrent donc : Que t’a-t-il fait ? Comment t’a-t-il ouvert les yeux ?

27. Il leur répondit : Je vous l’ai déjà dit, et vous l’avez entendu, pourquoi voulez-vous l’entendre encore ? Est-ce que, vous aussi, vous voulez devenir ses disciples ?

28. Ils le maudirent donc, et dirent : Sois son disciple, toi ; mais nous, nous sommes disciples de Moïse.

29. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-ci, nous ne savons d’où il est.

30. Cet homme reprit et leur dit : Mais il y a en cela une chose étonnante, c’est que vous ne sachiez d’où il est, et il a ouvert mes yeux ;

31. Cependant nous savons que Dieu n’écoute point les pécheurs ; mais si quelqu’un honore Dieu et fait sa volonté, c’est celui-là qu’il exauce.

32. Jamais on n’a ouï dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né.

33. Si celui-ci n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire.

34. Ils répliquèrent et lui dirent : Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous enseignes ! Et ils le jetèrent dehors.

35. Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors ; et, l’ayant rencontré, il lui demanda : Crois-tu au Fils de Dieu ?

36. Celui-ci répondit et dit : Qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ?

37. Et Jésus lui dit : Mais tu l’as vu, et c’est lui-même qui te parle.

38. Et celui-ci reprit : Je crois. Seigneur ; et se prosternant, il l’adora.

39. Alors Jésus dit : C’est en jugement que je suis venu dans ce monde, afin que ceux qui ne voient pas, voient, et que ceux qui voient, deviennent aveugles.[137]

40. Or quelques-uns d’entre les pharisiens, qui étaient avec lui, l’entendirent et lui demandèrent : Est-ce que nous sommes aveugles, nous aussi ?

41. Jésus leur répondit : Si vous étiez aveugles, vous n’auriez point de péché. Mais vous dites au contraire : Nous voyons. Ainsi votre péché subsiste.[138]

CHAPITRE 10.


1. En vérité, en vérité, je vous le dis : Celui qui n’entre point par la porte dans le bercail des brebis, mais y monte par ailleurs, est un voleur et un larron.[139]

2. Mais celui qui entre par la porte, est le pasteur des brebis.

3. C’est à celui-ci que le portier ouvre, et les brebis entendent sa voix, et il appelle ses propres brebis par leur nom, et les fait sortir.

4. Et lorsqu’il a fait sortir ses propres brebis, il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix.

5. Elles ne suivent point un étranger, mais elles le fuient, parce qu’elles ne connaissent point la voix des étrangers.

6. Jésus leur dit cette parabole. Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.

7. Jésus leur dit donc encore : En vérité, en vérité, je vous le dis, c’est moi qui suis la porte des brebis.

8. Tous ceux qui sont venus sont des voleurs et des larrons, et les brebis ne les ont point écoutés.[140]

9. C’est moi qui suis la porte. Si c’est par moi que quelqu’un entre, il sera sauvé ; et il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages.

10. Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi je suis venu pour qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient plus abondamment.

11. Moi je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.[141]

12. Mais le mercenaire, et celui qui n’est point pasteur, dont les brebis ne sont pas le bien propre, voyant le loup venir, laisse là les brebis et s’enfuit ; et le loup ravit et disperse les brebis ;

13. Or le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il n’a point de souci des brebis.

14. Moi, je suis le bon pasteur, et je connais mes brebis et mes brebis me connaissent,

15. Comme mon Père me connaît, et que moi-même je connais mon Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.[142]

16. Mais j’ai d’autres brebis qui ne sont point de cette bergerie ; et il faut que je les amène, et elles entendront ma voix, et il n’y aura qu’un bercail et qu’un pasteur.[143]

17. Et si mon Père m’aime, c’est parce que je quitte ma vie pour la reprendre.[144]

18. Personne ne me la ravit ; mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la reprendre. C’est le commandement que j’ai reçu de mon Père.

19. Une dissension s’éleva de nouveau parmi les Juifs à cause de ces paroles.

20. Beaucoup d’entre eux disaient : Il a en lui un démon, et il a perdu le sens ; pourquoi l’écoutez-vous ?

21. D’autres disaient : Ces paroles ne sont pas d’un homme qui a un démon en lui ; est-ce qu’un démon peut ouvrir les yeux des aveugles ?

22. Or on faisait à Jérusalem la Dédicace ; et c’était l’hiver.[145]

23. Et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon.[146]

24. Les Juifs donc l’entourèrent et lui dirent : Jusqu’à quand tiendras-tu notre esprit en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le-nous ouvertement.

25. Jésus leur répondit : Je vous parle et vous ne croyez point ; les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi ;

26. Mais vous ne croyez point, parce que vous n’êtes point de mes brebis.

27. Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais et elles me suivent ;

28. Et je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main.

29. Quant à mon Père, ce qu’il m’a donné est plus grand que toutes choses, et personne ne le peut ravir de la main de mon Père.

30. Moi et mon Père nous sommes une seule chose.

31. Alors les Juifs prirent des pierres pour le lapider.

32. Jésus leur dit : J’ai fait devant vous beaucoup d’œuvres excellentes par la vertu de mon Père ; pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ?

33. Les Juifs lui répondirent : Ce n’est pas pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais c’est pour un blasphème, et parce que toi, étant homme, tu te fais Dieu.

34. Jésus leur repartit : N’est-il pas écrit dans votre loi : Je l’ai dit : Vous êtes des dieux ?[147]

35. Quand elle appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et que l’Ecriture ne peut être détruite,

36. Vous me dites, à moi que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde : Tu blasphèmes ; parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu ?

37. Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez point.

38. Mais si je les fais, quand bien même vous ne voudriez pas me croire, croyez aux œuvres, afin que vous connaissiez et croyiez que mon Père est en moi, et moi dans mon Père.

39. Ils cherchaient donc à le prendre, mais il s’échappa de leurs mains.

40. Et il s’en alla de nouveau au-delà du Jourdain, dans le lieu où Jean baptisait d’abord ; et il y demeura.[148]

41. Et beaucoup de personnes vinrent à lui, et ils disaient : Jean n’a fait aucun miracle.

42. Mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. Et beaucoup crurent en lui.

CHAPITRE 11.


1. Or il y avait un certain malade, Lazare, de Béthanie, du bourg où demeuraient Marie et Marthe sa sœur.[149]

2. (Marie était celle qui oignit le Seigneur de parfum, et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et Lazare, alors malade, était son frère).[150]

3. Ses sœurs donc envoyèrent dire à Jésus : Seigneur, voilà que celui que vous aimez est malade.[151]

4. Ce qu’entendant, Jésus leur dit : Cette maladie ne va pas à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu en soit glorifié.

5. Or Jésus aimait Marthe et sa sœur Marie, et Lazare.

6. Ayant donc entendu dire qu’il était malade, il demeura toutefois deux jours encore au lieu où il était ;

7. Et après cela, il dit à ses disciples : Retournons en Judée.

8. Les disciples lui dirent : Maître, tout à l’heure, les Juifs cherchaient à vous lapider, et vous retournez là ?

9. Jésus répondit : N’y a-t-il pas douze heures dans le jour ? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne se heurte point, parce qu’il voit la lumière de ce monde ;[152]

10. Mais s’il marche pendant la nuit, il se heurte, parce qu’il n’a point la lumière.

11. Il leur parla ainsi, et ensuite il leur dit : Lazare, notre ami, dort ; mais je vais le tirer de son sommeil.

12. Or ses disciples lui dirent : Seigneur, s’il dort, il guérira.

13. Jésus avait parlé de sa mort, mais eux crurent qu’il pariait de l’assoupissement du sommeil.

14. Alors Jésus leur dit clairement : Lazare est mort ;

15. Et je me réjouis à cause de vous, de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez ; mais allons à lui.

16. Sur quoi Thomas, qui est appelé Didyme, dit aux autres disciples : Allons, nous aussi, afin que nous mourions avec lui.[153]

17. Jésus vint donc, et il le trouva mis dans le sépulcre depuis quatre jours.

18. (Or Béthanie était près de Jérusalem, à environ quinze stades.)[154]

19. Cependant beaucoup de Juifs étaient venus près de Marthe et de Marie, pour les consoler de la mort de leur frère.

20. Marthe donc, dès qu’elle eut appris que Jésus venait, alla au-devant de lui, mais Marie se tenait dans la maison.

21. Et Marthe dit donc à Jésus : Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort ;

22. Cependant, maintenant même, je sais que tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous le donnera.

23. Jésus lui répondit : Votre frère ressuscitera.

24. Marthe lui dit : Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.[155]

25. Jésus lui dit : C’est moi qui suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, quand même il serait mort, vivra ;[156]

26. Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais. Croyez-vous cela ?

27. Elle lui répondit : Oui, Seigneur, je crois que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui êtes venu en ce monde.

28. Après qu’elle eut dit cela, elle s’en alla et appela Marie, sa sœur, en secret, disant : Le Maître est là, et il t’appelle.

29. Ce que celle-ci ayant entendu, elle se leva promptement et vint à lui ;

30. Car Jésus n’était point encore entré dans le bourg, mais il était dans le lieu où Marthe l’avait rencontré.

31. Cependant les Juifs qui étaient dans la maison avec Marie, et la consolaient, lorsqu’ils la virent se lever si promptement et sortir, la suivirent, disant : Elle va au sépulcre pour y pleurer.

32. Et quand Marie fut venue où était Jésus, le voyant, elle tomba à ses pieds, et lui dit : Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort.

33. Mais lorsque Jésus la vit pleurant, et les Juifs qui étaient venus avec elle pleurant aussi, il frémit en son esprit, et se troubla lui-même.

34. Et il dit : Où l’avez-vous mis ? Ils lui répondirent : Seigneur, venez et voyez.

35. Et Jésus pleura.

36. Et les Juifs dirent : Voyez comme il l’aimait !

37. Mais quelques-uns d’eux dirent : Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux d’un aveugle-né, faire que celui-ci ne mourût point ?[157]

38. Jésus donc frémissant de nouveau en lui-même, vint au sépulcre : c’était une grotte, et une pierre était posée dessus.[158]

39. Jésus dit : Otez la pierre. Marthe, la sœur de celui qui était mort, lui dit : Seigneur, il sent déjà mauvais, car il est de quatre jours.

40. Jésus lui répondit : Ne vous ai-je pas dit que, si vous croyiez, vous verriez la gloire de Dieu ?

41. Ils ôtèrent donc la pierre ; alors Jésus, levant les yeux en haut, dit : Mon Père je vous rends grâces de ce que vous m’avez écouté ;

42. Pour moi, je savais que vous m’écoutiez toujours ; mais c’est à cause de ce peuple qui m’environne que j’ai parlé, afin qu’ils croient que c’est vous qui m’avez envoyé.

43. Ayant dit cela, il cria d’une voix forte : Lazare, sors !

44. Et aussitôt sortit celui qui avait été mort, lié aux pieds et aux mains de bandelettes, et le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : Déliez-le et laissez-le aller.[159]

45. Beaucoup d’entre les juifs qui étaient venus près de Marie et de Marthe, et qui avaient vu ce que fit Jésus, crurent en lui.

46. Mais quelques-uns d’entre eux allèrent vers les pharisiens et leur dirent ce qu’avait fait Jésus.

47. Les Pontifes donc et les pharisiens assemblèrent le conseil, et ils disaient : Que faisons-nous, car cet homme opère beaucoup de miracles ?[160]

48. Si nous le laissons ainsi, tous croiront en lui, et les Romains viendront et ruineront notre pays et notre nation.[161]

49. Mais l’un d’eux, nommé Caïphe, qui était le Pontife de cette année-là, leur dit : Vous n’y entendez rien,

50. Et vous ne pensez pas qu’il vous est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple, et non pas que toute la nation périsse.

51. Or il ne dit pas cela de lui-même ; mais étant le pontife de cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation ;

52. Et non pas pour la nation seulement, mais encore pour rassembler en unies enfants de Dieu qui étaient dispersés.[162]

53. Dès ce jour donc ils pensèrent à le faire mourir.

54. C’est pourquoi Jésus ne se montrait plus en public parmi les Juifs ; mais il s’en alla dans une contrée près du désert, en une ville qui est appelée Ephrem, et il y demeurait avec ses disciples.[163]

55. Or la Pâque des Juifs était proche, et beaucoup d’entre eux montèrent de cette contrée à Jérusalem, avant la pâque, pour se purifier.[164]

56. Ils cherchaient donc Jésus, et se disaient les uns aux autres, étant dans le temple : Que pensez-vous de ce qu’il n’est point venu pour la fête ?

57. Or les pontifes et les pharisiens avaient donné ordre que si quelqu’un savait où il était, il le déclarât afin de le prendre.

CHAPITRE 12.

1. Jésus donc, six jours avant la pâque, vint à Béthanie, où était mort Lazare qu’avait ressuscité Jésus.[165]

2. On lui prépara là un souper ; Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui.

3. Or Marie prit une livre de parfum d’un nard pur de grand prix ; elle en oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux, et la maison fut remplie de l’odeur du parfum.[166]

4. Alors un de ses disciples, Judas Iscariote, qui devait le trahir, dit :

5. Pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu trois cents deniers, et n’a-t-il pas été donné aux pauvres ?[167]

6. Or il dit cela, non qu’il se souciât des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et qu’ayant la bourse, il portait ce qu’on y mettait.

7. Jésus dit donc : Laissez-la réserver ce parfum pour le jour de ma sépulture.

8. Car, les pauvres, vous les avez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’avez pas toujours.

9. Une grande multitude de Juifs sut qu’il était là ; et ils y vinrent, non à cause de Jésus seulement, mais pour voir Lazare, qu’il avait ressuscité d’entre les morts.

10. Les princes des prêtres songèrent donc à faire mourir Lazare lui-même,

11. Parce que beaucoup d’entre les Juifs se retiraient d’eux à cause de lui, et croyaient en Jésus.

12. Le lendemain, une foule nombreuse qui était venue pour la fête, ayant appris que Jésus venait à Jérusalem,[168]

13. Prit des rameaux de palmiers, et alla au-devant de lui, criant : Hosanna, béni celui qui vient au nom du Seigneur, comme roi d’Israël ![169]

14. Et Jésus trouva un ânon, et s’assit dessus, comme il est écrit :[170]

15. Ne craignez point, filles de Sion, voici votre roi qui vient, assis sur le petit d’une ânesse.

16. Ses disciples ne comprirent point ceci d’abord ; mais quand Jésus fut entré dans sa gloire, alors ils se souvinrent que ces choses étaient écrites de lui, et qu’ils les lui avaient appliquées.

17. Or c’est ainsi que rendait témoignage la multitude qui était avec lui lorsqu’il appela Lazare du tombeau et le ressuscita d’entre les morts.

18. C’est pour cela aussi que la foule vint au-devant de lui, parce qu’ils avaient appris qu’il avait fait ce miracle.

19. Les pharisiens se dirent donc entre eux : Voyez-vous que nous ne gagnons rien ? voilà que tout le monde court après lui.

20. Or il y avait quelques gentils, de ceux qui étaient venus adorer à la fête.

21. Ceux-ci s’approchèrent de Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et ils le priaient disant : Seigneur, nous voudrions voir Jésus.[171]

22. Philippe vint et le dit à André ; puis André et Philippe le dirent à Jésus.

23. Et Jésus leur répondit, disant : L’heure est venue que le Fils de l’homme doit être glorifié.

24. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de froment, tombant sur la terre, ne meurt pas,

25. Il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. Celui qui aime son âme la perdra ; et celui qui hait son âme en ce monde, la conserve pour la vie éternelle.[172]

26. Si quelqu’un me sert, qu’il me suive, et où je suis, là sera aussi mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.

27. Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ? Mon Père, délivrez-moi de cette heure. Mais c’est pour cela que je suis venu en cette heure.

28. Mon Père, glorifiez votre nom. Vint donc une voix du ciel : Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore.

29. Or la foule qui était là et qui avait entendu disait : C’est le tonnerre. D’autres disaient : Un ange lui a parlé.

30. Jésus répondit et dit : Ce n’est pas pour moi que cette voix est venue, mais pour vous.

31. C’est maintenant le jugement du monde, maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors.

32. Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tout à moi ;

33. (Or il disait cela, pour marquer de quelle mort il devait mourir.)

34. Le peuple lui répondit : Nous avons appris par la loi que le Christ demeure éternellement ; et comment dis-tu, toi : Il faut que le Fils de l’homme soit élevé ? Qui est-ce Fils de l’homme ?[173]

35. Jésus leur dit donc : C’est pour un peu de temps encore que la lumière est au milieu de vous. Marchez pendant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous surprennent ; celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va.

36. Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez des enfants de lumière. Jésus dit ces choses, puis il s’en alla, et se cacha d’eux.

37. Mais quoiqu’il eût fait de si grands miracles devant eux, ils ne croyaient pas en lui ;

38. Afin que fût accomplie la parole que le prophète Isaïe a dite : Seigneur, qui a cru à ce qu’il a entendu de nous ? Et le bras du Seigneur, à qui a-t-il été révélé ?[174]

39. C’est pourquoi ils ne pouvaient croire ; et parce que Isaïe a dit encore :[175]

40. Il a aveuglé leurs yeux et endurci leurs cœurs, pour qu’ils ne voient des yeux, et ne comprennent du cœur, et qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.[176]

41. Isaïe a dit ces choses quand il a vu sa gloire et qu’il a parlé de lui.

42. Cependant, même parmi les chefs du peuple, beaucoup crurent en lui ; mais à cause des pharisiens, ils ne le confessaient point, de peur d’être rejetés de la synagogue ;

43. Car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu.

44. Mais Jésus s’écria et dit : Qui croit en moi ne croit pas en moi, mais en celui qui m’a envoyé.

45. Et qui me voit, voit celui qui m’a envoyé.

46. Moi, la lumière, je suis venu dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure point dans les ténèbres.

47. Et si quelqu’un entend mes paroles et ne les garde point, je ne le juge pas, moi, car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde.

48. Celui qui me méprise et ne reçoit pas mes paroles, a qui le juge : la parole que j’ai annoncée sera elle-même son juge au dernier jour.[177]

49. Parce que je n’ai point parlé de moi-même, mais mon Père qui m’a envoyé lui-même m’a prescrit ce que je dois dire et ce dont je dois parler.

50. Et je sais que son commandement est la vie éternelle. Ainsi ce que je dis, je le dis comme mon Père me l’a ordonné.

CHAPITRE 13.


1. Avant la fête de la pâque, Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, comme il avait aimé les siens, qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin.[178]

2. Et le souper fini, lorsque déjà le diable avait mis dans le cœur de Judas fils de Simon Iscariote de le trahir ;

3. Sachant que son Père lui avait remis toutes choses entre les mains, et qu’il était sorti de Dieu et retournait à Dieu,

4. Il se leva de table, posa ses vêtements, et ayant pris un linge, il s’en ceignit.[179]

5. Ensuite il versa de l’eau dans un bassin, et commença à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint ;

6. Il vint à Simon Pierre, et Pierre lui dit : Vous, Seigneur, vous me lavez les pieds ?

7. Jésus répondit et lui dit : Tu ne sais pas maintenant ce que je fais ; mais tu le sauras plus tard.

8. Pierre lui dit : Jamais vous ne me laverez les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi,

9. Simon Pierre lui dit : Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête.

10. Jésus lui dit : Celui qui a été lavé n’a besoin que de laver ses pieds, et il est entièrement pur. Vous aussi, vous êtes purs, mais non pas tous.

11. Car il savait celui qui le trahirait ; c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous purs.

12. Après donc qu’il leur eut lavé les pieds, et qu’il eut repris ses vêtements, s’étant remis à table, il leur dit : Savez-vous ce que je viens de vous faire ?

13. Vous m’appelez vous-mêmes Maître et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis.

14. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi votre Maître et votre Seigneur, vous devez, vous aussi, vous laver les pieds les uns aux autres.

15. Car je vous ai donné l’exemple, afin que, comme je vous ai fait, vous fassiez aussi vous-mêmes.

16. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé.[180]

17. Si vous savez ces choses, vous serez heureux, pourvu que vous les pratiquiez.

18. Je ne dis pas ceci de vous tous ; je sais bien ceux que j’ai choisis ; mais c’est pour que s’accomplisse l’Ecriture : Celui qui mange le pain avec moi, lèvera contre moi son pied.[181]

19. Je vous le dis à présent, avant que cela arrive, afin que lorsque ce sera arrivé, vous me croyiez ce que je suis.

20. En vérité, en vérité, je vous le dis : Qui reçoit celui que j’aurai envoyé, me reçoit ; et qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.[182]

21. Lorsqu’il eut dit ces choses, Jésus fut troublé en son esprit ; puis il parla ouvertement et dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, un de vous me trahira.[183]

22. Les disciples donc se regardaient l’un l’autre, incertains de qui il parlait.

23. Or un des disciples de Jésus, que Jésus aimait, reposait sur son sein.[184]

24. Simon Pierre lui fit donc signe et lui dit : Qui est celui dont il parle ?

25. C’est pourquoi ce disciple s’étant penché sur le sein de Jésus, lui dit : Seigneur, qui est-ce ?

26. Jésus répondit : C’est celui à qui je présenterai du pain trempé. Et ayant trempé du pain, il le donna à Judas Iscariote, fils de Simon.[185]

27. Or après une bouchée, Satan entra en lui, et Jésus lui dit : Ce que tu fais, fais-le vite.

28. Mais aucun de ceux qui étaient à table ne sut pourquoi il lui dit cela.

29. Car quelques-uns pensaient que comme Judas avait la bourse, Jésus lui avait dit : Achète ce dont nous avons besoin pour la fête, ou donne quelque chose aux pauvres.

30. Judas ayant donc pris cette bouchée sortit aussitôt. Or il était nuit.

31. Lorsqu’il fut sorti, Jésus dit : Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui.

32. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et c’est bientôt qu’il le glorifiera.

33. Mes petits enfants, je ne suis que pour peu de temps encore avec vous. Vous me chercherez, et comme j’ai dit aux Juifs : Où je vais, vous ne pouvez venir ; je vous le dis aussi à vous maintenant.[186]

34. Je vous donne un commandement nouveau : C’est que vous vous aimiez les uns les autres ; mais que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés.[187]

35. C’est en cela que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.

36. Simon Pierre lui dit : Seigneur, où allez-vous ? Jésus répondit : Où je vais, tu ne peux me suivre à présent ; mais tu me suivras ensuite.

37. Pierre lui dit : Pourquoi ne puis-je vous suivre à présent ? Je donnerai mon âme pour vous.[188]

38. Jésus lui répondit : Tu donneras ton âme pour moi ? En vérité, en vérité, je te le dis, un coq ne chantera pas que tu ne m’aies renié trois fois.

CHAPITRE 14.


1. Que votre cœur ne se trouble point. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.[189]

2. Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père ; sinon, je vous l’aurais dit, car je vais vous préparer un lieu.

3. Et quand je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé un lieu, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous soyez aussi.

4. Or où moi je vais, vous le savez, et vous en savez la voie.

5. Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons où vous allez ; et comment pouvons-nous en savoir la voie ?

6. Jésus lui répondit : Moi je suis la voie, la vérité et la vie. Personne ne vient à mon Père que par moi.[190]

7. Si vous m’eussiez connu, vous auriez donc connu mon Père ; mais bientôt vous le connaîtrez et vous l’avez déjà vu.

8. Philippe lui dit : Seigneur, montrez-nous votre Père, et il nous suffit.

9. Jésus lui répondit : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, qui me voit, voit aussi mon Père. Comment dis-tu, toi : Montrez-nous votre Père ?

10. Ne croyez-vous point que je suis en mon Père, et que mon Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même. Mais mon Père, qui demeure en moi, fait lui-même les œuvres.[191]

11. Ne croyez-vous point que je suis dans mon Père, et que mon Père est en moi ?

12. Croyez-le au moins à cause de mes œuvres. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi lui-même les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes encore, parce que je m’en vais à mon Père.[192]

13. Et quelque chose que vous demandiez à mon Père en mon nom, je le ferai ; afin que le Père soit glorifié dans le Fils.[193]

14. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.

15. Si vous m’aimez, gardez mes commandements.

16. Et moi je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il demeure éternellement avec vous,[194]

17. L’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaîtrez, parce qu’il demeurera au milieu de vous, et qu’il sera en vous.

18. Je ne vous laisserai point orphelins ; je viendrai à vous.

19. Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus. Mais vous, vous me verrez, parce que je vis et vous vivrez aussi.

20. En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous.

21. Celui qui a mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime. Or celui qui m’aime sera aimé de mon Père, et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui.

22. Judas, non pas l’Iscariote, lui dit : Seigneur, d’où vient que vous vous manifesterez à nous, et non au monde ?[195]

23. Jésus répondit et lui dit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure en lui ;

24. Celui qui ne m’aime point ne garde pas mes paroles. Or la parole que vous avez entendue n’est pas de moi, mais de mon Père, qui m’a envoyé.

25. Je vous ai dit ces choses, demeurant encore avec vous.

26. Mais le Paraclet, l’Esprit-Saint que mon Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.[196]

27. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; mais ce n’est pas comme le monde la donne que je vous la donne moi-même. Que votre cœur ne soit pas troublé, et qu’il ne s’effraie point.

28. Vous avez entendu que je vous ai dit moi-même : Je m’en vais, et je reviens à vous. Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais à mon Père, parce que mon Père est plus grand que moi.[197]

29. Et maintenant je vous le dis avant que cela arrive, afin que, quand ce sera arrivé, vous croyiez.

30. Je ne vous parlerai plus guère ; car le prince de ce monde vient, et il n’a rien en moi.[198]

31. Mais afin que le monde connaisse que j’aime mon Père, et que comme mon Père m’a commandé, ainsi je fais. Levez-vous, sortons d’ici.[199]

CHAPITRE 15.


1. Moi je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.[200]

2. Tous les sarments qui ne portent pas de fruit en moi, il les retranchera ; et tous ceux qui portent du fruit, il les émondera, pour qu’ils portent plus de fruit encore.

3. Vous êtes déjà purs, vous, à cause des paroles que je vous ai dites.[201]

4. Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut porter de fruit par lui-même, s’il ne demeure uni à la vigne ; ainsi vous non plus, si vous ne demeurez en moi.

5. Moi je suis la vigne, et vous les sarments. Celui qui demeure en moi et moi en lui portera beaucoup de fruit ; parce que sans moi vous ne pouvez rien faire.

6. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme le sarment, et il séchera ; et on le ramassera, et on le jettera au feu, et il brûlera.

7. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et il vous sera fait.

8. C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit, et que vous deveniez mes disciples.

9. Comme mon Père m’a aimé, moi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.

10. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi-même j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.

11. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit complète.

12. Voici mon commandement, c’est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés.[202]

13. Personne n’a un plus grand amour que celui qui donne sa vie pour ses amis.

14. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande.

15. Je ne vous appellerai plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Mais je vous ai appelés mes amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.

16. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis, pour que vous alliez, et rapportiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom il vous le donne.[203]

17. Ce que je vous commande, c’est que vous vous aimiez les uns les autres.[204]

18. Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a eu en haine avant vous.

19. Si vous aviez été du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n’êtes point du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, c’est pour cela que le monde vous hait.

20. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre.[205]

21. Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom ; parce qu’ils ne connaissent point celui qui m’a envoyé.

22. Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse point parlé, ils n’auraient point de péché ; mais maintenant ils n’ont point d’excuse de leur péché.

23. Qui me hait, hait aussi mon Père.

24. Si je n’avais fait parmi eux les œuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient point de péchés ; mais maintenant, et ils les ont vues, et ils ont haï et moi et mon Père.

25. Mais c’est afin que s’accomplisse la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï gratuitement.[206]

26. Mais lorsque sera venu le Paraclet que je vous enverrai du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi ;[207]

27. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que, dès le commencement, vous êtes avec moi.

CHAPITRE 16.


1. Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez point scandalisés.

2. Ils vous chasseront des synagogues ; et vient l’heure où quiconque vous fera mourir croira rendre hommage à Dieu ;

3. Et ils vous feront ainsi, parce qu’ils ne connaissent ni mon Père ni moi.

4. Or je vous ai dit ces choses, afin que lorsqu’en sera venue l’heure, vous vous souveniez que je vous les ai dites.

5. Mais je ne vous les ai pas dites dès le commencement, parce que j’étais encore avec vous. Et maintenant je m’en vais à celui qui m’a envoyé, et personne de vous ne me demande : Où allez-vous ?

6. Parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur.

7. Cependant moi je vous dis la vérité ; il vous est avantageux que moi je m’en aille, car si je ne m’en vais point, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai.

8. Et lorsqu’il sera venu, il convaincra le monde en ce qui touche le péché et la justice, et le jugement :

9. Le péché, parce qu’ils n’ont pas cru en moi ;

10. La justice, parce que je vais à mon Père, et que vous ne me verrez plus ;

11. Et le jugement, parce que le prince de ce monde est déjà jugé.

12. J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne les pouvez porter à présent.

13. Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité ; car il ne parlera point de lui-même, mais tout ce qu’il aura entendu, il le dira, et ce qui doit arriver, il vous l’annoncera.

14. Il me glorifiera, parce qu’il recevra de ce qui est à moi, et il vous l’annoncera.

15. Tout ce qu’a mon Père est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il recevra ce qui est à moi, et vous l’annoncera.

16. Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je vais à mon Père.

17. Alors plusieurs de ses disciples se dirent l’un à l’autre : Qu’est-ce qu’il nous dit : Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps et vous me verrez, parce que je vais à mon Père ?

18. Ils disaient donc : Qu’est-ce qu’il dit : Encore un peu de temps ? Nous ne savons ce qu’il veut dire.

19. Or Jésus connut qu’ils voulaient l’interroger, et il leur dit : Vous vous demandez les uns aux autres ce que j’ai dit : Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps et vous me verrez.

20. En vérité, en vérité, je vous le dis, vous gémirez et vous pleurerez, vous, mais le monde se réjouira ; vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie.

21. La femme, lorsqu’elle enfante, a de la tristesse, parce qu’est venue son heure ; mais lorsqu’elle a mis l’enfant au jour, elle ne se souvient plus de sa souffrance, à cause de sa joie, de ce qu’un homme est né au monde.

22. Vous donc aussi, vous avez maintenant de la tristesse ; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie,

23. Et en ce jour-là vous ne m’interrogerez plus sur rien. En vérité, en vérité, je vous le dis : Si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera.[208]

24. Jusqu’ici vous n’avez rien demandé en mon nom : Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit complète.

25. Je vous ai dit ces choses en paraboles. Vient l’heure où je ne vous parlerai plus en paraboles, mais où je vous parlerai ouvertement de mon Père ;[209]

26. En ce jour-là vous demanderez en mon nom ; et je ne vous dis pas que je prierai mon Père pour vous ;

27. Car mon Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que c’est de Dieu que je suis sorti.

28. Je suis sorti de mon Père, et je suis venu dans le monde ; je quitte de nouveau le monde, et je vais à mon Père.

29. Ses disciples lui dirent : Voilà que maintenant vous parlez ouvertement, et vous n’employez aucune parabole ;

30. Maintenant nous voyons que vous savez toutes choses, et que vous n’avez pas besoin que l’on vous interroge ; en cela nous croyons que c’est de Dieu que vous êtes sorti.

31. Jésus leur répondit : Vous croyez maintenant ?

32. Voici que vient une heure, et déjà elle est venue, où vous serez dispersés, chacun de son côté, et me laisserez seul ; cependant je ne suis pas seul, parce que mon Père est avec moi.[210]

33. Je vous ai dit ces choses, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde vous aurez des tribulations, mais ayez confiance, j’ai vaincu le monde.[211]

CHAPITRE 17.


1. Jésus parla ainsi ; puis, levant les yeux au ciel, il dit : Mon Père, elle est venue l’heure ; glorifiez votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie ;

2. Puisque vous lui avez donné puissance sur toute chair, afin que, quant à tous ceux que vous lui avez donnés, il leur donne la vie éternelle.[212]

3. Or la vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent, vous seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ.

4. Moi, je vous ai glorifié sur la terre ; j’ai consommé l’œuvre que vous m’avez donnée à faire ;

5. Et maintenant vous, mon Père, glorifiez-moi en vous-même de la gloire que j’ai eue en vous avant que le monde fût.

6. J’ai manifesté votre nom aux hommes que vous m’avez donnés ; ils étaient à vous, vous me les avez donnés, et ils ont gardé votre parole.

7. Maintenant ils ont connu que tout ce que vous m’avez donné vient de vous ;

8. Parce que je leur ai donné les paroles que vous m’avez données ; et ils les ont reçues, et ils ont connu véritablement que c’est de vous que je suis sorti, et ils ont cru que c’est vous qui m’avez envoyé.

9. Moi, je prie pour eux ; je ne prie point pour le monde, mais pour ceux que vous m’avez donnés, parce qu’ils sont à vous ;

10. Car tout ce qui est à moi est à vous, et tout ce qui est à vous est à moi ; et j’ai été glorifié en eux.

11. Et déjà je ne suis plus dans le monde, et eux sont dans le monde, et moi je viens à vous. Père saint, conservez en votre nom ceux que vous m’avez donnés, afin qu’ils soient une seule chose, comme nous.

12. Quand j’étais avec eux, je les conservais en votre nom. Ceux que vous m’avez donnés, je les ai gardés, et pas un d’eux n’a péri, hors le fils de la perdition, afin que l’Ecriture fût accomplie.[213]

13. Mais maintenant je viens à vous ; et je dis ces choses dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie complète.

14. Moi, je leur ai donné votre parole, et le monde les a eus en haine, parce qu’ils ne sont point du monde, comme moi-même je ne suis pas du monde.

15. Je ne demande point que vous les ôtiez du monde, mais que vous les gardiez du mal.

16. Ils ne sont point du monde, comme moi-même je ne suis pas du monde.

17. Sanctifiez-les dans la vérité. Votre parole est vérité.[214]

18. Comme vous m’avez envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.

19. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’eux aussi soient sanctifiés en vérité.[215]

20. Je ne prie pas pour eux seulement, mais encore pour ceux qui, par leur parole, croiront en moi ;

21. Afin qu’ils soient tous une seule chose, comme vous, mon Père, êtes en moi, et moi en vous ; qu’ils soient de même une seule chose en nous, et qu’ainsi le monde croie que c’est vous qui m’avez envoyé.

22. Pour moi, je leur ai donné la gloire que vous m’avez donnée, afin qu’ils soient une seule chose, comme nous sommes une seule chose.

23. Je suis en eux et vous en moi, afin qu’ils soient consommés dans l’unité, et que le monde connaisse que c’est vous qui m’avez envoyé, et que vous les avez aimés comme vous m’avez aimé.

24. Mon Père, je veux que là où je suis, ceux que vous m’avez donnés soient aussi avec moi ; afin qu’ils voient la gloire que vous m’avez donnée ; parce que vous m’avez aimé avant la fondation du monde.

25. Père juste, le monde ne vous a point connu ; mais moi je vous ai connu, et ceux-ci ont connu que c’est vous qui m’avez envoyé.

26. Je leur ai fait connaître votre nom, et je le leur ferai connaître encore, afin que l’amour dont vous m’avez aimé soit en eux, et moi en eux.

CHAPITRE 18.


1. Lorsqu’il eut dit ces choses, Jésus s’en alla avec ses disciples au-delà du torrent de Cédron, où il y avait un jardin dans lequel il entra, lui et ses disciples.[216]

2. Or Judas, qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu, parce que Jésus y était venu souvent avec ses disciples.

3. Judas ayant donc pris la cohorte et des archers des pontifes et des pharisiens, vint là avec des lanternes, des torches et des armes.[217]

4. Mais Jésus sachant tout ce qui devait lui arriver, s’avança et leur demanda : Qui cherchez vous ?

5. Ils lui répondirent : Jésus de Nazareth, Jésus leur dit : C’est moi. Or avec eux se trouvait aussi Judas, qui le trahissait.

6. Mais dès qu’il leur eut dit : C’est moi, ils furent renversés, et tombèrent par terre.[218]

7. Il leur demanda donc de nouveau : Qui cherchez-vous ? Ils répondirent : Jésus de Nazareth.

8. Jésus reprit : Je vous ai dit que c’est moi. Mais si c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci.

9. Afin que fût accomplie la parole qu’il avait dite : Je n’ai perdu aucun de ceux que vous m’avez donnés.[219]

10. Alors Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, et frappant le serviteur du grand prêtre, il lui coupa l’oreille droite. Or le nom de ce serviteur était Malchus.

11. Mais Jésus dit à Pierre : Remets ton épée dans le fourreau. Et le calice que mon Père m’a donné, ne le boirai-je donc point ?

12. Alors la cohorte, le tribun et les archers des Juifs se saisirent de Jésus et le lièrent ;[220]

13. Puis ils l’emmenèrent d’abord chez Anne, parce qu’il était le beau-père de Caïphe, qui était le pontife de cette année-là.[221]

14. Or Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs : Il est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple.[222]

15. Cependant Simon Pierre suivait Jésus, et aussi l’autre disciple. Or comme ce disciple était connu du pontife, il entra avec Jésus dans la cour du pontife.[223]

16. Mais Pierre se tenait dehors à la porte. C’est pourquoi l’autre disciple, qui était connu du pontife, sortit, et parla à la portière, et elle fit entrer Pierre.[224]

17. Alors cette servante, qui gardait la porte, demanda à Pierre : Et toi, n’es-tu pas aussi des disciples de cet homme ? Il lui répondit : Je n’en suis point.

18. Or les serviteurs et les archers se tenaient auprès du feu, et se chauffaient, parce qu’il faisait froid ; et Pierre était aussi avec eux debout et se chauffant.[225]

19. Cependant le pontife interrogea Jésus touchant ses disciples et sa doctrine.

20. Jésus lui répondit : J’ai parlé publiquement au monde ; j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s’assemblent, et en secret je n’ai rien dit.

21. Pourquoi m’interroges-tu ? Interroge ceux qui ont entendu ce que je leur ai dit ; voilà ceux qui savent ce que j’ai enseigné.

22. Après qu’il eut dit cela, un des archers là présent donna un soufflet à Jésus, disant : Est-ce ainsi que tu réponds au pontife ?

23. Jésus lui répondit : Si j’ai mal parlé, rends témoignage du mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?[226]

24. Et Anne l’envoya lié à Caïphe, le grand prêtre.[227]

25. Cependant Simon Pierre était là debout et se chauffant. Ils lui dirent donc : Et toi, n’es-tu pas aussi de ses disciples ? Il le nia et dit : Je n’en suis point.[228]

26. Un des serviteurs du pontife, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, lui dit : Ne t’ai-je pas vu dans le jardin avec lui ?

27. Et Pierre le nia de nouveau ; et aussitôt un coq chanta.

28. Ils amenèrent donc Jésus de chez Caïphe dans le prétoire. Or c’était le matin, et eux n’entrèrent point dans le prétoire, afin de ne point se souiller et de pouvoir manger la pâque.[229]

29. Pilate donc vint à eux dehors et dit : Quelle accusation portez-vous contre cet homme ?[230]

30. Ils répondirent et lui dirent : Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne vous l’aurions pas livré.

31. Alors Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et le jugez selon votre loi. Mais les Juifs lui répondirent : Il ne nous est pas permis de mettre personne à mort.[231]

32. Afin que fût accomplie la parole que Jésus avait dite, montrant de quelle mort il devait mourir.[232]

33. Pilate rentra donc dans le prétoire, appela Jésus, et lui dit : Es-tu le roi des Juifs ?[233]

34. Jésus répondit : Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ?

35. Pilate reprit : Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les pontifes t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ?

36. Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs combattraient certainement pour que je ne fusse point livré aux Juifs ; mais je l’assure, mon royaume n’est pas d’ici.[234]

37. C’est pourquoi Pilate lui repartit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis, je suis roi. Si je suis né et si je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage à la vérité ; quiconque est de la vérité, écoute ma voix.

38. Pilate lui demanda : Qu’est-ce que la vérité ? Et ayant dit cela, il alla de nouveau vers les Juifs, et leur dit : Je ne trouve en lui aucune cause de mort.[235]

39. Mais c’est la coutume parmi vous que je vous délivre un criminel à la Pâque ; voulez-vous donc que je vous délivre le roi des Juifs ?[236]

40. Alors ils crièrent tous de nouveau, disant : Non pas celui-ci, mais Barabbas. Or Barabbas était un voleur.[237]

CHAPITRE 19.


1. Alors donc Pilate prit Jésus et le fit flageller.[238]

2. Et les soldats ayant tressé une couronne d’épines, la mirent sur sa tête, et le couvrirent d’un vêtement de pourpre.[239]

3. Et ils venaient à lui et disaient : Salut, roi des Juifs ; et ils lui donnaient des soufflets.

4. Pilate sortit donc de nouveau, et leur dit : Voici que je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucune cause de mort.

5. (Ainsi Jésus sortit, portant la couronne d’épines et le vêtement de pourpre.) Et Pilate leur dit : Voilà l’homme.

6. Quand les pontifes et les archers remuent vu, ils criaient, disant : Crucifiez-le, crucifiez-le ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et le crucifiez, car moi, je ne trouve pas en lui une cause de mort.

7. Les Juifs lui répondirent : Nous, nous avons une loi, et, selon cette loi, il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu.[240]

8. Lors donc que Pilate eut entendu cette parole, il craignit davantage.

9. Et, rentrant dans le prétoire, il dit à Jésus : D’où es-tu ? Mais Jésus ne lui fit point de réponse.[241]

10. Pilate lui dit donc : Tu ne me parles pas ? Ignores-lu que j’ai le pouvoir de te crucifier et le pouvoir de te délivrer ?

11. Jésus répondit : Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut. C’est pourquoi celui qui m’a livré à toi a un plus grand péché.

12. Et, dès ce moment, Pilate cherchait à le délivrer. Mais les Juifs criaient, disant : Si vous le délivrez, vous n’êtes pas ami de César ; car quiconque se fait roi, se déclare contre César.[242]

13. Or Pilate ayant entendu ces paroles, fil amener Jésus dehors, et il s’assit sur son tribunal, au lieu qui est appelé Lithostrotos, et en hébreu Gabbatha.[243]

14. C’était la préparation de la pâque, vers la sixième heure, et Pilate dit aux Juifs : Voilà votre roi.[244]

15. Mais eux criaient : Otez-le, ôtez-le du monde, crucifiez-le ! Pilate leur demanda : Crucifierai-je votre roi ? Les pontifes répondirent : Nous n’avons de roi que César.

16. Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus et l’emmenèrent.

17. Ainsi, portant sa croix, il alla au lieu qui est appelé Calvaire, et en hébreu Golgotha,[245]

18. Où ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, l’un d’un côté, l’autre de l’autre, et Jésus au milieu.

19. Pilate fit une inscription et la mit sur la croix. Or il était écrit : Jésus de Nazareth, le roi des Juifs.<ref name="jn1919">Jean 19,19 : Jésus de Nazareth. « Saint Jean est le seul qui [mentionne le mot Nazaréen ou de Nazareth dans le titre de la croix], afin de compléter ce que les autres avaient dit ; et, par une circonstance singulière, c’est presque l’unique mot que nous ait conservé

20. Beaucoup de Juifs lurent cette inscription, parce que le lieu où Jésus avait été crucifié se trouvait près de la ville, et qu’elle était écrite en hébreu, en grec et en latin.

21. Les pontifes des Juifs dirent donc à Pilate : N’écrivez point : Le roi des Juifs ; mais : Parce qu’il a dit : Je suis le roi des Juifs.

22. Pilate répondit : Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.

23. Cependant les soldats, après l’avoir crucifié, prirent ses vêtements (et ils en firent quatre parts, une part pour chaque soldat), et sa tunique. Or la tunique était sans couture, d’un seul tissu d’en haut jusqu’en bas.[246]

24. Ils se dirent donc l’un à l’autre : Ne la divisons point, mais tirons au sort à qui elle sera. Afin que s’accomplît l’Ecriture disant : Ils se sont partagés mes vêtements, et sur ma robe ils ont jeté le sort. Les soldats firent donc cela.[247]

25. Cependant étaient debout près de la croix de Jésus, sa mère, et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine.[248]

26. Lors donc que Jésus eut vu sa mère, et, près d’elle, le disciple qu’il aimait, il dit à sa mère : Femme, voilà votre fils.[249]

27. Ensuite il dit au disciple : Voilà ta mère. Et depuis cette heure-là, le disciple la prit avec lui.[250]

28. Après cela, Jésus sachant que tout était consommé, afin d’accomplir l’Ecriture, dit : J’ai soif.[251]

29. Or il y avait là un vase plein de vinaigre. C’est pourquoi les soldats entourant d’hysope une éponge pleine de vinaigre, la présentèrent à sa bouche.[252]

30. Lors donc que Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est consommé. Et, la tête inclinée, il rendit l’esprit.[253]

31. Les Juifs donc (parce que c’était la préparation), afin que les corps ne demeurassent pas en croix le jour du sabbat (car ce jour de sabbat était très solennel), prièrent Pilate qu’on leur rompît les jambes et qu’on les enlevât.[254]

32. Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes du premier, puis du second qui avait été crucifié avec lui.

33. Mais lorsqu’ils vinrent à Jésus, et qu’ils le virent déjà mort, ils ne rompirent point les jambes ;

34. Seulement un des soldats ouvrit son côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau.[255]

35. Et celui qui l’a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai. Et il sait qu’il dit vrai, afin que vous croyiez aussi.

36. Car ces choses ont été faites, afin que s’accomplît l’Ecriture : Vous n’en briserez aucun os.[256]

37. Et dans un autre endroit, l’Ecriture dit encore : Ils porteront leurs regards sur celui qu’ils ont transpercé.[257]

38. Après cela, Joseph d’Arimathie (qui était disciple de Jésus, mais en secret, par crainte des Juifs) demanda à Pilate de prendre le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et enleva le corps de Jésus.[258]

39. Vint aussi Nicodème, qui était d’abord venu trouver Jésus pendant la nuit ; il apportait une composition de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres.[259]

40. Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent dans des linges avec des parfums, comme les Juifs ont coutume d’ensevelir.[260]

41. Or il y avait au lieu où il fut crucifié, un jardin, et dans le jardin, un sépulcre neuf, où personne encore n’avait été mis.[261]

42. Là donc, à cause de la préparation des Juifs, et parce que le sépulcre était proche, ils déposèrent Jésus.

CHAPITRE 20.


1. Or le premier jour de la semaine, au matin, quand les ténèbres duraient encore, Marie-Madeleine vint au sépulcre, et vit la pierre ôtée du tombeau.[262]

2. Elle courut donc et vint à Simon Pierre et à l’autre disciple que Jésus aimait, et leur dit : Ils ont enlevé le Seigneur du sépulcre, et nous ne savons où ils l’ont mis.[263]

3. Pierre donc sortit avec l’autre disciple, et ils vinrent au sépulcre.

4. Ils couraient tous deux ensemble ; mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre, et il arriva le premier au sépulcre.

5. Or, s’étant penché, il vit les linges posés à terre ; cependant il n’entra pas.

6. Pierre, qui le suivait, vint aussi, et entra dans le sépulcre, et vit les linges posés à terre,

7. Et le suaire qui couvrait sa tête, non point avec les linges, mais plié en un lieu à part.

8. Alors donc entra aussi l’autre disciple qui était venu le premier au sépulcre ; et il vit et il crut.

9. Car ils ne savaient pas encore l’Ecriture : Qu’il fallait qu’il ressuscitât d’entre les morts.[264]

10. Les disciples donc s’en retournèrent chez eux.

11. Mais Marie se tenait dehors près du sépulcre, pleurant. Or, tout en pleurant, elle se pencha, et regarda dans le sépulcre ;[265]

12. Elle vit deux anges vêtus de blanc, assis, l’un à la tête, l’autre aux pieds, là où avait été mis le corps de Jésus.

13. Ils lui demandèrent : Femme, pourquoi pleurez-vous ? Elle leur répondit : Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis.

14. Lorsqu’elle eut dit cela, elle se retourna en arrière, et vit Jésus debout ; et elle ne savait pas que ce fût Jésus.

15. Jésus lui demanda : Femme, pourquoi pleurez-vous ? Elle, pensant que c’était le jardinier, lui répondit : Seigneur, si c’est toi qui l’as enlevé, dis-moi où tu l’as mis, et je l’emporterai.

16. Jésus lui dit : Marie. Elle, se retournant, lui dit : Rabboni (ce qui veut dire Maître).

17. Jésus lui dit : Ne me touchez pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais allez à mes frères ; et dites-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.

18. Marie-Madeleine vint annoncer aux disciples : J’ai vu le Seigneur, et il m’a dit ces choses.

19. Ce jour-là, premier de la semaine, lorsque le soir fut venu, et que les portes du lieu où les disciples se trouvaient assemblés, étaient fermées, de peur des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu d’eux, et leur dit : Paix à vous ![266]

20. Et, lorsqu’il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se réjouirent donc à la vue du Seigneur.[267]

21. Et il leur dit de nouveau : Paix à vous ! Comme mon Père m’a envoyé, ainsi moi je vous envoie.

22. Lorsqu’il eut dit ces mots, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit-Saint ;[268]

23. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.[269]

24. Or Thomas, appelé Didyme, un des douze, n’était pas avec eux quand vint Jésus.

25. Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais lui leur répondit : Si je ne vois dans ses mains le trou des clous, et si je n’enfonce mon doigt à la place des clous, et que je ne mette ma main dans son côté, je ne croirai point.

26. Et huit jours après, ses disciples étaient encore enfermés, et Thomas avec eux. Jésus vint, les portes fermées, et il se tint au milieu d’eux, et leur dit : Paix à vous !

27. Puis il dit à Thomas : Mets ton doigt là, vois mes mains ; approche ta main et mets-la dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais croyant.

28. Thomas répondit et lui dit : Mon Seigneur et mon Dieu.

29. Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, Thomas, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru !

30. Jésus a fait encore en présence de ses disciples beaucoup d’autres miracles qui ne sont pas écrits dans ce livre.[270]

31. Mais ceux-ci ont été écrits afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et afin que, croyant, vous ayez la vie en son nom.

CHAPITRE 21.


1. Après cela, Jésus se manifesta de nouveau à ses disciples près de la mer de Tibériade. Or il se manifesta ainsi.

2. Simon Pierre et Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, qui était de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples, se trouvaient ensemble.[271]

3. Simon Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils lui dirent : Nous y allons aussi avec vous. Ils s’en allèrent donc et montèrent dans la barque, et cette nuit-là ils ne prirent rien.

4. Mais le matin venu, Jésus parut sur le rivage ; les disciples néanmoins ne connurent point que c’était Jésus.

5. Jésus leur dit donc : Enfants, n’avez-vous rien à manger ? Ils répondirent : Non.

6. Il leur dit : Jetez le filet à droite de la barque, et vous en trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne pouvaient le tirer, à cause de la multitude des poissons.

7. Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur. Lorsque Simon Pierre eut entendu que c’était le Seigneur, il se ceignit de sa tunique (car il était nu), et se jeta dans la mer.[272]

8. Les autres disciples vinrent avec la barque (car ils n’étaient éloignés de la terre que d’environ deux cents coudées), tirant le filet plein de poissons.

9. Or dès qu’ils furent descendus à terre, ils virent des charbons préparés et du poisson placé dessus, et du pain.

10. Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des poissons que vous avez pris à l’instant.

11. Simon Pierre monta dans la barque, et tira à terre le filet plein de cent cinquante-trois gros poissons. Et quoiqu’il y en eût tant, le filet ne fut pas rompu.

12. Jésus leur dit : Venez, mangez. Et chacun de ceux qui prenaient part au repas n’osait lui demander : Qui êtes-vous ? sachant que c’était le Seigneur.

13. Et Jésus vint, prit le pain, et le leur donna, et le poisson pareillement.

14. Ce fut la troisième fois que Jésus se manifesta à ses disciples, après qu’il fut ressuscité d’entre les morts.

15. Lors donc qu’ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux.

16. Il lui dit de nouveau : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux.

17. Il lui dit une troisième fois : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Pierre fut contristé qu’il lui eût dit une troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui répondit : Seigneur, vous connaissez toutes choses, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis.[273]

18. En vérité, en vérité, je te le dis : Quand tu étais jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais. Mais quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te conduira où tu ne voudras pas.[274]

19. Or il dit cela, indiquant par quelle mort il devait glorifier Dieu. Et lorsqu’il eut ainsi parlé, il lui dit : Suis-moi.[275]

20. Pierre s’étant retourné, vit venir après lui le disciple que Jésus aimait, qui s’était aussi reposé pendant la cène sur son sein, et dit : Seigneur, qui est celui qui vous trahira ?[276]

21. Pierre donc l’ayant vu, demanda à Jésus : Seigneur, mais celui-ci, que deviendra-t-il ?

22. Jésus lui répondit : Je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne, que l’importe ? Toi, suis-moi.[277][278]

23. Le bruit courut donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant Jésus ne lui dit pas : Il ne mourra point ; mais : Je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ?

24. C’est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses, et qui les a écrites ; et nous savons que son témoignage est vrai.[279]

25. Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; si elles étaient écrites en détail, je ne pense pas que le monde lui-même pût contenir les livres qu’il faudrait écrire.[280]

    la relique du titre [de l’Eglise Sainte-Croix de Jérusalem à Rome ; voir Matthieu, 27, 37], comme pour confirmer le texte de saint Jean, le seul qui n’ait pas quitté Notre-Seigneur un instant pendant sa passion. Il a vu et rapporté littéralement ce dont les autres ont donné l’esprit. » (ROHAULT DE FLEURY.)

  1. Jean 1,1 : Et le Verbe était en Dieu. Comparer à Jean, 14, 10 : Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? ― « Le choix de ce mot, Verbe, Logos, n’a pas été fait au hasard par saint Jean, ni d’une manière arbitraire. Il paraît lui avoir été révélé. Que le Fils de Dieu l’ait fait connaître à saint Jean avant de sortir de ce monde, ou que la révélation en ait été faite à cet Apôtre au moment où il écrivait l’évangile, c’est ce que rien ne détermine avec certitude ; mais nous savons qu’à Patmos, saint Jean reçut des assurances à cet égard : « Le nom dont on l’appelle est le Verbe de Dieu, » lisons-nous dans l’Apocalypse. Certains passages de l’Ancien Testament pouvaient suffire pour en suggérer l’idée. Dans ces textes, la création est attribuée au Verbe ou à la parole de Dieu. Ce Verbe est personnel. Il s’identifie avec la Sagesse et avec l’Ange de Dieu. Quoi d’étonnant qu’au temps du Sauveur ce mot fût employé chez les Juifs pour désigner le Fils éternel de Dieu ? Saint Paul paraît sanctionner cet usage, aussi bien que saint Jean, en parlant de la parole de Dieu vivante et agissante, qui discerne les pensées de l’esprit et les intentions du cœur. Aussi la difficulté pour l’évangéliste n’était pas de faire reconnaître aux Juifs qu’il y a en Dieu un Verbe personnel et tout-puissant, mais de les convaincre que Jésus était ce Verbe. D’ailleurs, la connaissance de la doctrine révélée sur les trois personnes divines était donnée, le nom de Verbe ne devait-il pas s’offrir de lui-même à l’esprit pour désigner la seconde ? Les rapports du Père avec le Fils ont une analogie frappante avec ceux qui existent entre notre esprit et notre parole ou notre verbe. Il était naturel d’appeler le Fils de Dieu, la Parole du Père. Saint Jean n’avait donc pas d’emprunt à faire, ni à Platon (429-348), ni à Philon († 55). Et que leur aurait-il emprunté ? ― Si Platon parle de Logos dans sa théorie de la création ou plutôt de la disposition originelle des choses, il donne à ce terme un sens fort différent de celui de saint Jean. Le Logos du philosophe grec n’est pas une personne, mais une abstraction, la raison de Dieu, réceptacle de toutes ses idées. Il n’a pas conscience de son existence. ― Il en est de même de celui de Philon, autant qu’on peut saisir la pensée de cet auteur, dans les nuages de ses allégories, Philon ne le nomme pas Dieu, le vrai Dieu ; il ne l’identifie pas avec le Messie. Du reste, s’il avait une vraie connaissance du Verbe personnel, on devrait penser qu’il l’a puisée aussi dans la révélation, c’est-à-dire dans les écrits des prophètes et dans les traditions de leurs écoles. » (L. Bacuez.)
  2. Jean 1,6 : Voir Matthieu, 3, 1 ; Marc, 1, 2.
  3. Jean 1,9 : Voir Jean, 3, 19.
  4. Jean 1,10 : Voir Hébreux, 11, 3.
  5. Jean 1,13 : La chair et le sang indiquent, dans l’Ecriture, la nature humaine qui s’oppose à la grâce.
  6. Jean 1,14 : Voir Matthieu, 1, 16 ; Luc, 2, 7. ― Le Verbe a été fait chair, non que sa substance se soit changée en chair mais parce que le Verbe, en demeurant ce qu’il était, a pris la forme de serviteur (saint Chrysostome).
  7. Jean 1,15 : Parce qu’il était avant moi ; puisque comme Verbe, il était de toute éternité. ― D’autres traduisent : Parce qu’il était au-dessus de moi, bien plus que moi.
  8. Jean 1,16 : Voir1 Timothée, 6, 17.
  9. Jean 1,18 : Voir1 Timothée, 6, 16 ; 1 Jean, 4, 12.
  10. Jean 1,19 : Le témoignage de Jean Baptiste.
  11. Jean 1,21 : Es-tu Elie ? Et il dit : Non. « Dans un autre endroit (voir Matthieu, 11, 13-14), le Seigneur étant questionné par ses disciples sur la venue d’Elie, répondit : Elie est déjà venu, et si vous voulez le savoir, c’est Jean qui est Elie. Jean interrogé dit au contraire : Je ne suis pas Elie… C’est que Jean était Elie par l’esprit qui l’animait, mais il n’était pas Elie en personne. Ce que le Seigneur dit de l’esprit d’Elie, Jean le nie de sa personne. » (Saint GREGOIRE-LE-GRAND.)
  12. Jean 1,23 : Voir Isaïe, 40, 3 ; Matthieu, 3, 3 ; Marc, 1, 3 ; Luc, 3, 4. ― Dans le désert de Judée. Voir Matthieu, 3, 1.
  13. Jean 1,26 : Voir Matthieu, 3, 11.
  14. Jean 1,27 : Voir Marc, 1, 7 ; Luc, 3, 16 ; Actes des Apôtres, 1, 5 ; 11, 16 ; 19, 4. ― Qui a été avant moi. Voir au verset 15. ― Délier la courroie, etc. Voir Matthieu, 3, 11. ― * La courroie de sa chaussure, de ses sandales. Voir Marc, 6, 9.
  15. Jean 1,28 : * Béthanie, sur la rive orientale du Jourdain, à un endroit où le fleuve était guéable et qui, d’après plusieurs, s’appelait Bethabara ou maison du passage.
  16. Jean 1,32 : Voir Matthieu, 3, 16 ; Marc, 1, 10 ; Luc, 3, 22.
  17. Jean 1,35 : * Jean Baptiste avec deux de ses disciples, André et saint Jean l’Évangéliste. André est nommé au verset 40. Saint Jean, par humilité, ne se nomme jamais par son nom ni dans son Évangile, ni dans ses Épîtres, et quand il a besoin de parler de lui, il se désigne par une périphrase.
  18. Jean 1,38 : * Rabbi, qui veut dire Maître. C’est le titre que l’on donnait aux docteurs de la loi en Palestine et nous voyons par saint Jean, qui répète ce titre huit fois dans son Évangile, que c’était celui que les Apôtres donnaient à Jésus. Saint Matthieu et saint Marc ont rarement conservé le mot sémitique Rabbi : ces deux évangélistes ont ordinairement, et saint Luc a toujours traduit la signification de ce mot : Maître.
  19. Jean 1,39 : La dixième heure ; c’est-à-dire environ quatre heures après midi.
  20. Jean 1,43 : En Galilée. Voir la note 29 à la fin du volume.
  21. Jean 1,44 : Bethsaïde de Galilée. Voir Matthieu, 11, 21.
  22. Jean 1,45 : Voir Genèse, 49, 10 ; Deutéronome, 18, 18 ; Isaïe, 40, 10 (?) ; 45, 8 ; Jérémie, 23, 5 ; Ezéchiel, 34, 23 ; 37, 24 ; Daniel, 9, 24-25. ― Nathanaël, c’est-à-dire Dieudonné. On croit communément que c’est celui qui devint l’apôtre saint Barthélémy, Nathanaël étant son nom propre et Barthélémy étant un surnom qui veut dire fils de Tolmaï.
  23. Jean 1,48 : Sous le figuier. Le figuier peut atteindre une grande hauteur en Palestine et son feuillage serré et touffu produit une ombre très épaisse. Les rabbins juifs allaient volontiers étudier la loi de Moïse à l’ombre des figuiers.
  24. Jean 1,49 : Rabbi ; c’est-à-dire Maître.
  25. Jean 2,1 : Cana en Galilée est célèbre non seulement par le miracle de l’eau changée en vin, mais aussi par un autre miracle raconté dans Jean, 4, 46-54. C’est là qu’était né Nathanaël, voir Jean, 21, 2. ― « Aujourd’hui, la Cana évangélique s’appelle Kafr-Kenna, sur le chemin de Nazareth à Tibériade. Les chrétiens y ont une église bâtie des débris d’une autre plus magnifique, changée plus tard en mosquée et détruite aujourd’hui. On y [montre] deux des hydries dans lesquelles l’eau fut changée en vin. Elles sont en calcaire compact du pays et travaillées assez grossièrement. Elles n’ont absolument aucune sculpture. Voici leurs dimensions : la grande urne, de forme plus arrondie a 1 mètre 20 centimètres sur 80 centimètres ; la seconde, plus allongée, a 90 centimètres sur 75. Chacun des hydries contenait, dit l’évangéliste, deux ou trois métrètes, or cette mesure vaut près de 39 litres. La capacité des urnes de l’Evangile variait de 78 à 117 litres. Or la plus grande des urnes actuelles peut contenir 100 litres et la plus petite 60 litres. Il y a donc complète coïncidence. Elles ont été vues à la fin du VIe siècle par Antonin le Martyr. ― On montre encore à Kenna les ruines de la maison de l’un des douze Apôtres, Simon, [que plusieurs croient être l’époux des noces de Cana]. ― Saint Jérôme nous apprend qu’il y a deux Cana. L’une du côté de Sidon, et celle-ci il l’appelle la Grande ; l’autre, qu’il appelle la Petite. Aujourd’hui les Arabes appellent Kenna-el-Djalil la Cana voisine de la Phénicie. Or, el-Djalil en arabe signifie la Grande. Cet accord du nom moderne avec le texte de saint Jérôme tranche la question. » (J.-H. MICHON.)
  26. Jean 2,4 : Femme. Ce mot ne renfermait jamais chez les Hébreux une idée de mépris comme en français. Jésus attaché à la croix s’en sert, lorsqu’il recommande, de la manière la plus tendre, sa mère à son disciple bien-aimé. Les Romains et les Grecs donnaient le titre de femme à des princesses et à des reines, en leur adressant la parole. ― « Plusieurs traduisent, sur le latin : « Que nous importe à l’un et à l’autre ? » Mais la plupart entendent ces mots autrement : « Qu’avons-nous à faire ou à concerter ensemble ? Laissez-moi la liberté que demande mon ministère. » Ce second sens paraît mieux en harmonie avec l’acception de ces mots dans la Bible et avec l’esprit du quatrième évangile. Puisque saint Jean écrit pour prouver que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, il doit plutôt relever en lui un sentiment qui implique la conscience de sa divinité qu’un autre, où l’on verrait seulement un indice de sa nature humaine. « Un miracle, semble-t-il dire à sa Mère, est une œuvre toute divine : la chair et le sang n’y doivent avoir aucune part. C’est comme homme que je suis votre fils ; c’est comme Dieu que je dois agir en ce moment. » En parlant ainsi, Notre-Seigneur ne fait que répéter ce qu’il a déjà dit, en sortant du temple : que la volonté de son Père était la seule règle qu’il eût à suivre dans l’exercice de son ministère. Du reste, il n’y a dans ces paroles aucun reproche ni aucun blâme pour Marie, qui partage les sentiments de son Fils et qui entre dans sa pensée ; mais pour ceux qui l’entendaient, pour les Apôtres surtout, il y a une instruction importante : c’est que le Sauveur n’est pas avec sa Mère dans les mêmes rapports qu’un enfant ordinaire ; c’est que, dans l’exercice de leur ministère, les ministres de Dieu ne doivent avoir aucun égard aux inspirations de la chair et du sang. ― Quant au mot : « Femme, » c’est en hébreu comme en grec une appellation respectueuse, qui n’a rien de dur ni de dédaigneux. Sans exclure la tendresse filiale, elle réserve au Sauveur l’indépendance que son œuvre réclame. Il n’en emploiera pas d’autre quand il cherchera à consoler sa Mère au Calvaire, ni lorsqu’il se révélera à Madeleine, après sa résurrection. » (L. BACUEZ.)
  27. Jean 2,6 : Deux ou trois mesures, dans l’original, metretas. La metreta était la même chose que le bath, lequel avait une capacité de 38 litres 88. ― Pour la purification des Juifs, parce qu’ils se lavaient pour se purifier avant et après le repas.
  28. Jean 2,8 : Le maître d’hôtel est appelé dans l’original architriclin, mot qu’on a francisé et qui vient d’archê, commandement et de triclinion, lit où l’on se couchait pour prendre ses repas. L’architriclin était l’intendant du festin, il était chargé de tout surveiller et de tout diriger.
  29. Jean 2,11 : Cela signifie que Jésus ne fit pas de miracles dans sa jeunesse (saint Chrysostome).
  30. Jean 2,12 : Ses frères ; c’est-à-dire ses parents (saint Augustin). Voir Matthieu, 12, 46. ― À Capharnaüm. Voir Matthieu, 4, 13.
  31. Jean 2,13 : La Pâque des Juifs. Voir Matthieu, 26, 2. C’est la première Pâque du ministère public de Jésus.
  32. Jean 2,14 : Et il trouva dans le temple, etc. Voir Matthieu, 21, 12.
  33. Jean 2,17 : Voir Psaumes, 68, 10.
  34. Jean 2,19 : Voir Matthieu, 26, 61 ; Marc, 14, 58 ; 15, 29. ― Le Sauveur répond aux Juifs d’une manière énigmatique, parce qu’il connaît leur incrédulité et la malice de leur cœur. ― Voilà le signe que donne le Christ : sa victoire sur la mort (saint Chrysostome). ― Ce temple, en grec naos. Voir Matthieu, note 21.12 et 27, 40.
  35. Jean 2,20 : On a mis quarante-six ans. Hérode-le-Grand fit rebâtir et embellir le temple de Jérusalem, vers l’an 20 avant Jésus-Christ. Le temple proprement dit fut achevé en un an et demi et les bâtiments accessoires en huit ans, mais la décoration n’en fut achevée que l’an 64 de notre ère, c’est-à-dire plusieurs années après la mort de Jésus-Christ. Les Juifs disent à Notre-Seigneur qu’il y a 46 ans qu’on travaille au temple, sans prétendre par là que tout est terminé.
  36. Jean 2,22 : Voir Psaumes, 3, 6 ; 56, 9.
  37. Jean 3,1 : Un des chefs des Juifs. Voir Jean, 7, 50. ― Nicodème, un des chefs des Juifs, c’est-à-dire, membre du Sanhédrin. Le Talmud mentionne un Nicodème, fils de Gorion, homme riche et pieux, qui est peut-être le même que celui dont parle saint Jean. D’après la tradition, Nicodème se fit chrétien et fut banni du sanhédrin et de Jérusalem.
  38. Jean 3,3-5 : Il ne suffit pas d’être enfants d’Abraham pour appartenir au royaume des cieux, mais il faut mourir au péché et renaître par le baptême. La renaissance spirituelle a un principe extérieur dans l’eau et un principe intérieur dans l’Esprit-Saint. C’est la régénération, par le baptême, dont la nécessité est affirmée (Concile de Trente, session VII, canon 2 ; voir Matthieu, 28, 19).
  39. Jean 3,8 : Voir Psaumes, 134, 7. ― L’esprit. Dans l’original, le mot employé signifie esprit et vent. L’action régénératrice du Saint-Esprit, dans les âmes, est aussi invisible et mystérieuse que le mouvement et les effets de l’air, dans la nature. La grâce est donnée, selon la libre volonté du Saint-Esprit (saint Bède). Les choses spirituelles, invisibles comme le vent, se remarquent par leurs effets.
  40. Jean 3,14 : Voir Nombres, 21, 9.
  41. Jean 3,16 : Voir 1 Jean, 4, 9.
  42. Jean 3,19 : Voir Jean, 1, 9.
  43. Jean 3,22 : Voir Jean, 4, 1. ― Et il baptisait, par les mains de ses apôtres, comme il est dit à Jean, 4, 2.
  44. Jean 3,23 : Ennon « Œnon, dit saint Jérôme après Eusèbe, est un endroit qu’on montre encore aujourd’hui à 8 milles de Scythopolis, au sud, près de Salim et du Jourdain. » Ennon, Aenon signifie sources. ― Salim, que l’Evangéliste mentionne pour fixer la situation d’Ennon, est malheureusement inconnu. On a trouvé un Salim à l’est et non loin de Naplouse (Samarie) et il y a là deux sources très abondantes. On a découvert un ouadi Selam ou Seleim, au nord-est de Jérusalem, à environ deux lieues, près de l’ouadi Farah, où les sources abondent.
  45. Jean 3,24 : Mis en prison. Voir Matthieu, 14, 3.
  46. Jean 3,25 : La purification, le baptême de saint Jean-Baptiste.
  47. Jean 3,26 : Voir Jean, 1, 19.
  48. Jean 3,28 : Voir Jean, 1, 20.
  49. Jean 3,29 : Se réjouit de joie ; hébraïsme, pour éprouver une grande joie, être ravi de joie. ― L’ami de l’époux. Voir Matthieu, 9, 15.
  50. Jean 3,33 : Voir Romains, 3, 4.
  51. Jean 3,36 : Voir 1 Jean, 5, 10.
  52. Jean 4,1 : Voir Jean, 3, 22.
  53. Jean 4,5-6 : Sichar, près de l’héritage que Jacob donna à son fils. Là était le puits de Jacob. Sichar est d’après les uns, Sichem, aujourd’hui Naplouse, à trois kilomètres du puits de Jacob ; d’après d’autres qui jugent la distance de Sichem bien grande, Sichar était un village situé entre le puits et Naplouse, peut-être l’Askar actuel. ― « Le champ donné par Jacob à Joseph est au nord de la Fontaine de Jacob, à environ mille mètres. On y voit le tombeau de Joseph dont les restes furent rapportés par les Hébreux de l’Egypte. La Fontaine de Jacob est presque à l’angle du chemin de Naplouse, se bifurquant pour aller à Jérusalem au midi, et au levant vers le Jourdain. Un monument chrétien fut élevé sur l’emplacement de la Fontaine de Jacob. Il n’en reste que quelques colonnes de granit. [Il reste d’une église qui succéda à la première basilique] un chevet carré avec voûte à arêtes, sous lequel est le puits lui-même. L’orifice de la fontaine est aujourd’hui fermé par une énorme pierre. En Orient les fontaines non coulantes, comme celles-ci, étaient autrefois accessibles par un immense escalier droit au moyen duquel on atteignait l’eau. » (MICHON.)
  54. Jean 4,5 : Voir Genèse, 33, 19 ; 48, 22 ; Josué, 24, 32.
  55. Jean 4,6 : La sixième heure ; c’est-à-dire environ midi.
  56. Jean 4,9 : Les Juifs n’ont pas de commerce avec les Samaritains. Voir Matthieu, 10, 5.
  57. Jean 4,19 : Touchée au vif, à cause de sa vie peu recommandable, la Samaritaine cherche à faire dévier la conversation, elle fait intervenir une question religieuse. « Jésus ne répond pas à la question de la femme, mais il s’élève plus haut. » (saint Augustin).
  58. Jean 4,20 : Voir Deutéronome, 12, 5. ― Sur cette montagne, le mont Garizim, où les Samaritains avaient élevé un temple schismatique, près de Sichem, avec l’autorisation du roi perse Darius Nothus. Jean Hyrcan détruisit ce temple, mais du temps de Notre Seigneur, les Samaritains avaient encore un autel sur cette montagne.
  59. Jean 4,22 : Voir 4 Rois, 17, 41.
  60. Jean 4,24 : Voir 1 Corinthiens, 3, 17.
  61. Jean 4,25 : Les Samaritains lisaient et vénéraient les livres de Moïse et attendaient le Messie.
  62. Jean 4,27 : Les rabbins estimaient indigne d’un homme de parler avec une femme.
  63. Jean 4,35 : Voir Matthieu, 9, 37 ; Luc, 10, 2. ― Il y a encore quatre mois et la moisson viendra. Comme la moisson commence en Palestine vers le milieu d’avril, il résulte de ces paroles que les faits racontés dans ce chapitre se passèrent vers le milieu du mois de décembre.
  64. Jean 4,36 : Les prophètes et les justes répandirent la semence et les apôtres moissonneront (saint Chrysostome).
  65. Jean 4,44 : Voir Matthieu, 13, 57 ; Marc, 6, 4 ; Luc, 4, 24.
  66. Jean 4,45 : Voir Matthieu, 4, 12 ; Marc, 1, 14 ; Luc, 4, 14. ― Pendant la fête ; c’est-à-dire pendant la fête de Pâque, qui était la grande solennité des Juifs.
  67. Jean 4,46 : Voir Jean, 2, 9. ― Cana de Galilée. Voir Jean, 2, 1. ― Capharnaüm, voir Matthieu, 4, 13.
  68. Jean 4,52 : La septième heure ; vers une heure après midi.
  69. Jean 5,1 : Voir Lévitique, 23, 5 ; Deutéronome, 16, 1. ― La fête des Juifs ; c’est-à-dire la fête de Pâque (saint Irénée). Voir Jean, 4, 45. Jésus va à la fête pour ne pas se montrer opposé à la Loi et encourager la multitude qui accourait de toutes parts (saint Chrysostome).
  70. Jean 5,2 : Une piscine probatique. On croit qu’elle était ainsi appelée parce qu’on y lavait les animaux (probata) que l’on devait offrir en sacrifice dans le temple de Salomon. Elle est située au nord-ouest de la porte d’entrée de l’église actuelle de Sainte-Anne, non loin de la porte Saint-Etienne, dans la partie nord-est de Jérusalem. Cette piscine porte aujourd’hui le nom de Birket Israil. Elle était probablement alimentée par les eaux amenées au temple au moyen d’un aqueduc des environs de Bethléem.
  71. Jean 5,10 : Voir Exode, 20, 10 ; Jérémie, 17, 24.
  72. Jean 5,27 : « Parce que…, étant le Fils de Dieu, le Verbe éternel, il a voulu se faire fils de l’homme, s’incarner, pour être le Sauveur du monde. Le jugement est comme le dernier mot de l’incarnation ; car ce sera par le jugement que s’opérera la séparation définitive entre la partie sainte de l’humanité, unie à Jésus-Christ, comme le corps à son chef, et la partie mauvaise, gâtée par le péché, qui ne sera pas arrivée à la sainteté et au salut. Il convient donc que ce soit le Verbe incarné, l’Homme-Dieu, le Libérateur, qui soit chargé de porter la sentence finale. » (CRAMPON)
  73. Jean 5,29 : Voir Matthieu, 25, 46.
  74. Jean 5,32 : Voir Matthieu, 3, 17 ; Jean, 1, 15.
  75. Jean 5,33 : Vers Jean Baptiste.
  76. Jean 5,37 : Voir Matthieu, 3, 17 ; 17, 5 ; Deutéronome, 4, 12.
  77. Jean 5,39 : Il faut s’aveugler volontairement, pour trouver ici un ordre donné à tous de lire les Ecritures. C’est évidemment un reproche fait aux pharisiens, de ce que lisant les Ecritures, et pensant y trouver la Vie éternelle, ils ne voulaient pas reconnaître Jésus-Christ, lui à qui toutes les Ecritures rendaient témoignage, et par qui seul ils pouvaient avoir cette véritable vie.
  78. Jean 5,46 : Voir Genèse, 3, 15 ; 22, 18 ; 49, 10 ; Deutéronome, 18, 15.
  79. Jean 6,1 : Voir Matthieu, 14, 13 ; Marc, 6, 32 ; Luc, 9, 10. ― Jésus s’en alla de l’autre côté de la mer de Galilée. Voir Matthieu, note 14.13. ― Sur Tibériade, voir au verset 23.
  80. Jean 6,3 : Sur la montagne ; c’est-à-dire sur la montagne voisine.
  81. Jean 6,4 : La Pâque. Voir Matthieu, 26, 2.
  82. Jean 6,10 : Il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu. L’herbe pousse abondamment sur certaines montagnes de la Palestine. Le P. de Géramb dit de celle des Béatitudes : « Arrivés au pied de cette montagne, nous fûmes arrêtés par la hauteur de l’herbe. Elle était si élevée qu’elle atteignait presque la tête de nos chevaux, et si épaisse qu’elle obstruait tout le passage. Nos janissaires furent obligés de la faucher avec leurs sabres pour nous ouvrir un chemin. »
  83. Jean 6,15 : Voir Matthieu, 14, 23 ; Marc, 6, 46.
  84. Jean 6,17 : Vers Capharnaüm. Voir Matthieu, 4, 13.
  85. Jean 6,19 : Vingt-cinq à trente stades équivalent à cinq ou six kilomètres.
  86. Jean 6,23 : Tibériade, sur les bords du lac auquel elle a donné son nom, fut bâtie, d’après Josèphe, par Hérode Antipas, et ainsi nommée par son fondateur en l’honneur de l’empereur Tibère. Cette ville fut la capitale de la Galilée depuis sa fondation jusqu’au règne d’Hérode Agrippa II qui rétablit le siège de son gouvernement à Séphoris, ancienne capitale de la province. Plusieurs de ses habitants étaient Grecs et Romains. Dans le voisinage, il y avait des eaux thermales célèbres chez les Latins. Le Sanhédrin s’y fixa vers le milieu du second siècle de notre ère, et des écoles juives très renommées y fleurirent pendant longtemps.
  87. Jean 6,27 : (?) Voir Matthieu, 3, 17 ; 17, 5 ; Jean, 1, 32.
  88. Jean 6,29 : Voir 1 Jean, 3, 23. (?) ― « La foi à laquelle Notre-Seigneur réduit ici (et souvent ailleurs) tous ses préceptes, ne consiste pas seulement à croire à la parole du Christ ; c’est la foi qui se livre à lui sans réserve, la foi pénétrée de charité, s’unissant à son objet et communiant à tout ce qu’il est. » (CRAMPON)
  89. Jean 6,31 : Voir Exode, 16, 14 ; Nombres, 11, 7 ; Psaumes, 77, 24 ; Sagesse, 16, 20. ― Dans le désert du Sinaï.
  90. Jean 6,35 : Voir Ecclésiastique, 24, 29.
  91. Jean 6,37 : Tout ce que ; c’est-à-dire tous ceux que. Voir, pour cette énallage, Matthieu, 18, 11 (?).
  92. Jean 6,42 : Voir Matthieu, 13, 55 ; Marc, 6, 3.
  93. Jean 6,45 : Voir Isaïe, 54, 13.
  94. Jean 6,46 : Voir Matthieu, 11, 27.
  95. Jean 6,49 : Voir Exode, 16, 13.
  96. Jean 6,54 : Et ne buvez, etc. Voir Matthieu, 26, 27. « “Celui, dit saint Basile, qui est régénéré, qui a la vie par le baptême, doit l’entretenir en lui par la participation aux mystères sacrés.” C’est pour cela que l’Eglise fait un devoir rigoureux de s’approcher, au moins une fois chaque année, de la table du Seigneur. Il ne suit pas, d’ailleurs, de ces paroles, que tous doivent nécessairement recevoir Notre-Seigneur sous les deux espèces du pain et du vin ; car comme il arrive souvent dans le style biblique, la conjonction et est mise ici pour ou ; en outre, on sait que Jésus-Christ est présent tout entier sous chaque espèce. La communion sous les deux espèces n’est de rigueur que pour les prêtres qui offrent le sacrifice de la Messe, où l’immolation du Sauveur et l’effusion de son sang sont représentées par la distinction des espèces sacramentelles. » (CRAMPON)
  97. Jean 6,56 : Voir 1 Corinthiens, 11, 27.
  98. Jean 6,60 : Enseignant dans la synagogue. Voir Matthieu, 4, 23 et Luc, 4, 16.
  99. Jean 6,62-63 : Vous ne croyez pas maintenant que je puisse vous donner ma chair à manger, et mes paroles à cet égard vous scandalisent ; mais en serait-il de même, si vous me voyiez monter au ciel ? Ce miracle ne vous prouverait-il pas la vérité de ce que je vous assure ?
  100. Jean 6,64 : La chair seule sans l’esprit ne sert à rien. C’est en vain que l’on reçoit le corps de Jésus-Christ d’une manière sensible et corporelle, si l’on ne le reçoit en esprit et par la foi. ― Les paroles de Jésus-Christ sont en effet esprit et vie, puisqu’elles contiennent la promesse d’un sacrement dans lequel on peut recevoir d’une manière miraculeuse, l’esprit la grâce et la vie dans sa source.
  101. Jean 6,70 : Voir Matthieu, 16, 16 ; Marc, 8, 29 ; Luc, 9, 20.
  102. Jean 7,2 : Voir Lévitique, 23, 34. ― La Scénopégie : c’est-à-dire la fête des Tabernacles. ― La fête des Tabernacles se célébrait tous les ans en mémoire du temps que les Hébreux, après avoir quitté l’Egypte, avaient vécu sous la tente dans le désert du Sinaï, voir Lévitique, 23, 40, et aussi pour remercier Dieu de la moisson et de la vendange, voir Deutéronome, 16, 13. Elle commençait le 15 du mois de Tischri (fin septembre) et durait sept jours. Pendant la semaine de la fête, les Juifs habitaient dans des tentes de feuillage, construites sur les toits plats des maisons ou dans les cours ou sur les places publiques, et c’est de là que venait le nom de Scénopégie.
  103. Jean 7,3 ; 7.5 ; 7.10 : Ses frères. Voir Matthieu, 12, 46.
  104. Jean 7,19 : Voir Exode, 24, 3.
  105. Jean 7,20 : Voir Jean, 5, 18.
  106. Jean 7,21 : Jésus parle ici de la guérison qu’il avait opérée sur le paralytique de la piscine un jour de sabbat. Voir Jean, 5, verset 9 et suivants.
  107. Jean 7,22 : Voir Lévitique, 12, 3 ; Genèse, 17, 10.
  108. Jean 7,24 : Voir Deutéronome, 1, 16.
  109. Jean 7,34 : Voir Jean, 13, 33.
  110. Jean 7,35 : Chez les nations dispersées. Le texte porte littéralement : dans la dispersion des gentils, ce qui chez les Juifs signifiait les Israélites dispersés et vivants au milieu des païens. C’est le sens qu’a ici cette locution. Plus tard les Apôtres appliquaient cette dénomination aux chrétiens ou Juifs convertis dispersés au milieu des Gentils, voir Jacques, 1, 1 ; 1 Pierre, 1, 1.
  111. Jean 7,37 : Voir Lévitique, 23, 27. ― Le dernier jour de la fête des Tabernacles, un lévite allait puiser de l’eau à Siloé (voir sur cette fontaine Jean, 9, 7) dans une urne d’or et on versait cette eau, dans le temple, sur la victime du sacrifice, en mémoire du miracle de Moïse faisant jaillir l’eau du rocher au Sinaï. C’est sans doute à cet usage, à cette eau et à cette fontaine que fait allusion le Sauveur, quand il dit : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive.
  112. Jean 7,38 : Voir Isaïe, 44, 3 ; 58, 11 ; Joël, 2, 28 ; Actes des Apôtres, 2, 17.
  113. Jean 7,42 : Voir Michée, 5, 2 ; Matthieu, 2, 6. ― Où était David ; c’est-à-dire où avait habité David.
  114. Jean 7,45 : Les archers. Le texte porte les serviteurs.
  115. Jean 7,50 : Voir Jean, 3, 2. ― Nicodème. Voir plus haut, Jean, 3, 1.
  116. Jean 7,51 : Voir Deutéronome, 17, 8 ; 19, 15.
  117. Jean 7,52 : Et tu verras ; littéralement et vois ; ce qui est un pur hébraïsme.
  118. Jean 8,1 : À la montagne des Oliviers. Voir Matthieu, 21, 1.
  119. Jean 8,5 : Voir Lévitique, 20, 10. ― Dans la loi. Voir Deutéronome (?), 20, vv. 22, 24.
  120. Jean 8,7 : Voir Deutéronome, 17, 7.
  121. Jean 8,12 : Voir 1 Jean, 1, 5.
  122. Jean 8,13 : N’est pas vrai ; c’est-à-dire n’est pas valable, n’est pas acceptable.
  123. Jean 8,17 : Voir Deutéronome, 17, 6 ; 19, 15 ; Matthieu, 18, 16 ; 2 Corinthiens, 13, 1 ; Hébreux, 10, 28.
  124. Jean 8,20 : Où est le trésor, le tronc pour recevoir les aumônes. Voir Marc, 12, 41.
  125. Jean 8,26 : Voir Romains, 3, 4.
  126. Jean 8,34 : Voir Romains, 6, verset 15 et suivants ; 7, verset 14 et suivants ; 2 Pierre, 2, 19.
  127. Jean 8,36 : Le Fils de Dieu. Bossuet : « Et quelle liberté vous donnera-t-il, sinon celle qu’il a voulu pour lui-même ? C’est-à-dire d’être dépendant de Dieu seul, dont il est si doux de dépendre, et le service duquel vaut mieux qu’un royaume, parce que cette même soumission qui nous met au-dessous de Dieu, nous met en même temps au-dessus de tout. »
  128. Jean 8,40 : Loin de là ; c’est-à-dire loin de faire les œuvres d’Abraham, vous cherchez, etc. C’est le seul sens conforme à la Vulgate aussi bien qu’au texte grec.
  129. Jean 8,44 : Voir 1 Jean, 3, 8.
  130. Jean 8,47 : Voir 1 Jean, 4, 6.
  131. Jean 8,48 : Un Samaritain, terme injurieux, puisque les Samaritains étaient schismatiques et ennemis des Juifs.
  132. Jean 8,57 : Cinquante ans. « Notre-Seigneur était beaucoup plus jeune, mais la cinquantième année était chez les juifs le terme fixé pour l’âge viril, l’âge parfait. C’est comme s’ils avaient dit : Vous n’avez pas encore atteint l’âge parfait, et vous avez vu Abraham ! » (CRAMPON)
  133. Jean 8,58 : Avant qu’Abraham eût été fait. La traduction ordinaire : Avant qu’Abraham fût, est, selon la remarque judicieuse de Bossuet, tout à fait inexacte, puisque l’être d’Abraham et celui de Jésus-Christ n’étaient ni les mêmes en soi ni expliqués par le même mot. Ajoutons que le grec, comme la Vulgate, emploie pour Abraham le verbe être fait, et pour Jésus-Christ, être, exister.
  134. Jean 9,2 : « Beaucoup de Juifs étaient imbus de la fausse opinion que tout mal physique était la peine d’un péché personnel ou des parents (comparer à Exode, 20, 5). Mais comment un aveugle-né pourrait-il avoir mérité de naître ainsi ? Quelques rabbins enseignaient qu’un enfant pouvait pécher dès le sein de sa mère ; d’ailleurs, comme le remarque Denys le Chartreux, les Apôtres pouvaient s’imaginer que l’aveugle avait reçu ce châtiment par anticipation, pour des fautes qu’il devait commettre plus tard, fautes déjà présentes à la préscience divine. » (CRAMPON)
  135. Jean 9,7 : Va à la piscine de Siloé. La fontaine de Siloé est située au pied du mont Ophel, regardant l’est et le village de Siloam qui fait face à Jérusalem, sur le versant septentrional de la vallée de Ben-Hinnom. On descend par un escalier de dix-sept marches sur un palier voûté en ogive et long de 3 m. 50 sur autant de largeur et de hauteur et ayant pour fond le rocher. Un autre escalier de quinze marches taillées dans le roc conduit à la fontaine même. Elle est irrégulièrement intermittente et l’eau en est légèrement saumâtre. Le réservoir est rectangulaire ; il a seize mètres de long environ, sur six mètres de large et six mètres de profondeur. L’eau arrive par un canal creusé dans le roc. Une inscription hébraïque découverte en 1880 et datant vraisemblablement du règne d’Ezéchias nous apprend que le tunnel qui a été percé dans la montagne pour amener l’eau à Siloé fut entrepris par les deux extrémités à la fois. Il fait des zigzags et a 535 mètres de longueur. La source qui alimente la piscine de Siloé en passant par cet aqueduc souterrain est celle qu’on appelle aujourd’hui la Fontaine de la Vierge, la seule source naturelle qui soit proche de Jérusalem, cette ville n’ayant en outre que les citernes recueillant l’eau de pluie et les eaux conduites autrefois à grands frais des vasques de Salomon au sud de Bethléem. La Fontaine de la Vierge est située au fond d’une excavation taillée dans le roc, sur le versant oriental du mont Ophel. On y descend par un escalier de trente marches. La grotte est à environ huit mètres de profondeur. Le bassin a trois mètres et demi de long et un mètre soixante centimètres de large. La source est intermittente ; pendant l’hiver, à la saison des pluies, l’eau coule de trois à cinq fois par jour, à intervalles irréguliers ; pendant l’été elle ne coule que deux fois, et une fois seulement pendant l’automne. On suppose que l’eau provient d’un réservoir naturel caché sous le mont Moriah, au-dessous du temple.
  136. Jean 9,22 : Il serait chassé de la synagogue ; c’est-à-dire qu’on ne lui permettrait plus d’entrer dans aucune synagogue pour y entendre la lecture de l’Ecriture et y prier avec les autres Israélites.
  137. Jean 9,39 : C’est en jugement ; c’est pour exercer un jugement, et par ce jugement manifester les desseins de Dieu sur les hommes.
  138. Jean 9,41 : Au contraire. La traduction maintenant est inexacte. Comparer à Jean, 8, 40. (?)
  139. Jean 10,1 : Le bercail en Orient est ordinairement un enclos en plein air, dont l’enceinte consiste en un mur grossièrement fait de pierres ou en une palissade. C’est là qu’on enferme les troupeaux la nuit. Le berger entre par la porte avec ses brebis, mais le voleur pour y pénétrer monte par dessus le mur ou la palissade.
  140. Jean 10,8 : « Tous ceux qui sont venus avant moi » et en dehors de moi : la plupart des Scribes et des Pharisiens. Ces deux mots manquent dans la Vulgate. ― Les brebis, les pieux Israélites.
  141. Jean 10,11 : Voir Isaïe, 40, 11 ; Ezéchiel, 34, 23 ; 37, 24. ― On sait que dans les catacombes les premiers chrétiens ont représenté des milliers de fois Notre-Seigneur sous la forme du Bon Pasteur.
  142. Jean 10,15 : Voir Matthieu, 11, 27 ; Luc, 10, 22.
  143. Jean 10,16 : D’autres brebis, les Gentils. ― Il n’y aura plus, après ma mort, qu’un bercail : le mur de séparation entre le judaïsme et le paganisme sera renversé (voir Ephésiens, 2, verset 14 et suivants ; Colossiens, 2, 15).
  144. Jean 10,17 : Voir Isaïe, 53, 7.
  145. Jean 10,22 : Voir 1 Machabées, 4, vv. 56, 59. ― « La fête de la dédicace remontait à l’an 164, où Judas Machabée, ayant délivré Jérusalem, avait brisé l’idole de Jupiter Olympien, placée dans le sanctuaire, et purifié le temple des profanations commises trois ans auparavant par Antiochus Epiphane. Elle durait huit jours et se célébrait à l’entrée de l’hiver, comme saint Jean en fait la remarque pour ses lecteurs, étrangers à la Judée. » (L. BACUEZ.)
  146. Jean 10,23 : « La galerie couverte où se promenait Notre-Seigneur s’appelait portique de Salomon parce qu’elle était bâtie sur une terrasse élevée par Salomon. Peut-être y voyait-on encore quelques restes de l’ancien temple. [Elle s’étendait parallèlement à la vallée de Josaphat et formait le côté oriental de l’enceinte du temple.] On découvrait de là la colline des Oliviers et toute la vallée du Cédron. Le Sauveur et les Apôtres s’y tenaient de préférence, parce qu’elle était ouverte aux Gentils aussi bien qu’aux Juifs. » (L. BACUEZ.)
  147. Jean 10,34 : Voir Psaumes, 81, 6.
  148. Jean 10,40 : Jean Baptiste.
  149. Jean 11,1-2 : Béthanie, voir Matthieu, 21, 17. ― Marie Madeleine, voir Matthieu, 27, 56. ― Marthe, voir Luc, 10, 38. L’Evangéliste suppose connus de ses lecteurs les détails donnés par saint Matthieu et saint Luc sur cette famille aimée du Seigneur. Voir les concordances.
  150. Jean 11,2 : Voir Matthieu, 26, 7 ; Luc, 7, 37 ; Jean, 12, 3.
  151. Jean 11,3 : « Souvent, on dit à Jésus dans son Evangile : venez Seigneur, et guérissez ; imposez vos mains, touchez le malade, ici on dit simplement : Celui que vous aimez est malade. Jésus entend la voix du besoin d’autant plus que cette manière de le prier a quelque chose, non seulement de plus respectueux et de plus soumis, mais encore de plus tendre. Qu’elle est aimable cette prière ! Pratiquons-la, principalement pour les maladies de l’âme. » (BOSSUET.)
  152. Jean 11,9 : N’y a-t-il pas douze heures dans le jour ? Les Juifs partageaient le jour de différentes manières.
  153. Jean 11,16 : Didyme signifie en grec jumeau. Thomas a en hébreu le même sens. Une tradition dit qu’il avait une sœur jumelle appelée Lydie.
  154. Jean 11,18 : À environ quinze stades, un peu moins de trois kilomètres.
  155. Jean 11,24 : Voir Luc, 14, 14 ; Jean, 5, 21 (?).
  156. Jean 11,25 : Voir Jean, 6, 40. ― C’est moi qui suis, etc. ; c’est-à-dire c’est moi qui ressuscite et qui vivifie. Pour donner plus d’énergie au discours, les Hébreux employaient souvent les noms abstraits pour les noms concrets.
  157. Jean 11,37 : Voir Jean, 9, 6.
  158. Jean 11,38 : C’était une grotte. « Le tombeau de saint Lazare fut vénéré dès les premiers temps du Christianisme. La petite porte du tombeau regarde le nord. L’entrée est obscure et difficile. [On y descend par] vingt-trois marches toutes usées. Le tombeau est une grotte souterraine pratiquée dans le rocher, mais ce rocher est dissous depuis longtemps, de sorte qu’on le prendrait facilement pour de la terre argileuse, excepté la partie avoisinant l’entrée où il a conservé toute sa dureté primitive. Ce changement est cause que nous trouvons aujourd’hui ce monument revêtu d’une maçonnerie dont la voûte est en ogive. [Il] se compose de deux chambres carrées, presque de même grandeur, d’à peu près trois mètres de long sur autant de large, et revêtues d’une maçonnerie assez grossière. La première est la chambre où se trouvait Notre-Seigneur quand il ressuscita Lazare. Du côté de l’est, on remarque une porte cintrée qui est murée depuis des siècles. Cette porte est précisément à l’entrée primitive du tombeau. Par une ouverture qui se trouve dans la paroi nord, on peut regarder dans le sépulcre proprement dit. De cette chambre on descend par un escalier bas et étroit de trois marches dans la chambre sépulcrale. La voûte en est légèrement ogivale. Quant à la couche funèbre de saint Lazare, nous ne savons plus si elle avait la forme de four à cercueil, d’auge ou de banc ; mais si l’on considère la forme carrée de la chambre, il paraît probable que cette couche était un banc surmonté d’un arceau. Cette chambre était disposée pour en contenir encore deux autres, ainsi qu’on en voit d’ailleurs en grand nombre, chacune des trois parois ayant son banc, tandis que celle où se trouve la porte d’entrée reste libre. » (LIEVIN DE HAMME.) ― Une pierre était posée dessus. « Selon l’usage, une pierre fermait l’entrée de la grotte ; mais le corps de Lazare était au fond de la grotte, dans une chambre sépulcrale. Une pierre recouvrait la tombe proprement dite creusée dans le roc où était le corps de Lazare. Il y avait donc deux pierres à ôter : l’une qui permettait d’entrer dans la grotte, dans le monument ; l’autre, la véritable pierre tombale, dont l’encastrement dans le roc vif se voit encore. Ce fut celle-ci que Jésus ordonna de lever et qui laissa voir Lazare les pieds et les mains enveloppés de ses suaires. L’Evangéliste n’a mentionné naturellement que la pierre tombale qui recouvrait Lazare. Jésus avait dû descendre d’abord dans le monument par un escalier profond taillé dans le roc, puis de là descendre dans la chambre sépulcrale où Lazare avait été mis. » (J.-H. MICHON.)
  159. Jean 11,44 : De bandelettes. On enveloppait les cadavres d’une grande quantité de bandelettes à la façon des Egyptiens.
  160. Jean 11,47 : Le conseil, le sanhédrin. ― Les pontifes et les pharisiens assemblèrent le conseil. Suivant une ancienne tradition, le conseil fut assemblé à la maison de campagne de Caïphe, située sur le mont du Mauvais Conseil, qui a tiré de là son nom. Ce mont est à l’ouest de Jérusalem et forme la limite méridionale de la vallée de Ben-Hinnom.
  161. Jean 11,48 : Les Romains viendront et ruineront notre pays. ― Les Romains viendront, et ils détruiront notre ville, notre temple et toute notre nation. C’est le prétexte dont ils couvraient leur intérêt caché et leur ambition. Le bien public impose aux hommes, et peut-être que les pontifes et les pharisiens en étaient véritablement touchés, car la politique mal entendue est le moyen le plus sûr pour jeter les hommes dans l’aveuglement et les faire résister à Dieu.
  162. Jean 11,52 : Les enfants de Dieu : l’Évangéliste appelle ainsi les Gentils par anticipation.
  163. Jean 11,54 : Ephrem, ville dont la situation n’est pas bien connue. Elle était dans le voisinage de Béthel, d’après Josèphe, et par conséquent au nord de Jérusalem.
  164. Jean 11,55 : La Pâque des Juifs. Voir Matthieu, 26, 2. ― Pour se purifier : ceux qui avaient commis quelque faute, encouru quelque impureté légale, désiraient se purifier d’avance à Jérusalem, afin de pouvoir, immédiatement après, célébrer convenablement la Pâque.
  165. Jean 12,1 : Voir Matthieu, 26, 6 ; Marc, 14, 3.
  166. Jean 12,3 : Une livre de parfum. Voir Matthieu, note 26.7. La livre valait 326 grammes. Les vases à parfum trouvés à Saïda peuvent contenir plus d’une livre de parfum. ― Nard. Voir Marc, note 14.3.
  167. Jean 12,5 : Voir Marc, 14, 5.
  168. Jean 12,12 : Le lendemain, dimanche ; c’était le jour où, d’après la Loi (voir Exode, 12, 3-6), on choisissait l’agneau qui devait être immolé pour la Pâque. Notre-Seigneur voulut entrer triomphalement dans la capitale, afin de montrer à tous qu’il était le Messie annoncé par les Prophètes, et d’attirer sur sa personne, sur sa passion et sa mort l’attention de tous ceux qui étaient alors à Jérusalem.
  169. Jean 12,13 : Comme roi d’Israël. C’est le vrai sens du texte. Comparer à Luc, 19, 38. ― Hosanna. Voir Matthieu, 21, 9.
  170. Jean 12,14 : Voir Zacharie, 9, 9 ; Matthieu, 21, 7 ; Marc, 11, 7 ; Luc, 19, 35.
  171. Jean 12,21 : Bethsaïde en Galilée. Voir Matthieu, 11, 21.
  172. Jean 12,25 : Voir Matthieu, 10, 39 ; 16, 25 ; Marc, 8, 35 ; Luc, 9, 24 ; 17, 33. ― Sa vie, littéralement son âme (anima), principe de la vie terrestre. Haïr son âme, c’est faire toute espèce de sacrifices, accepter toutes espèces de souffrances, pour rester fidèle à Dieu et conserver sa grâce. Ces fortes expressions renferment à la fois le précepte et le conseil. ― Il reste seul. Belle expression pour rendre l’idée d’infécondité, de stérilité complète.
  173. Jean 12,34 : Voir Psaumes, 109, 4 ; 116, 2 ; Isaïe, 40, 8 ; Ezéchiel, 37, 25.
  174. Jean 12,38 : Voir Isaïe, 53, 1 ; Romains, 10, 16.
  175. Jean 12,39 : Ils ne pouvaient croire. Voir Marc, 4, 12. ― Isaïe a dit encore, voir Isaïe, 6, 9.
  176. Jean 12,40 : Voir Marc, 4, 12 ; Luc, 8, 10 ; Actes des Apôtres, 28, 26 ; Romains, 11, 8. ― « Dans le style biblique, ce que Dieu permet seulement, ou ce dont il fournit l’occasion est souvent présenté comme s’il l’avait fait lui-même. Le passage cité revient donc à dire que les Juifs ne seront amenés ni par la doctrine, ni par les miracles de Jésus, à le regarder comme le Messie. Quoiqu’Isaïe (voir Isaïe, 6, 9-10) semble parler de ses contemporains, l’Evangéliste nous apprend que ses paroles ont un sens prophétique et regardent les Juifs du temps de Notre-Seigneur, trop semblables à leurs pères. Comparer à Matthieu, 13, 14-15. » (CRAMPON)
  177. Jean 12,48 : Voir Marc, 16, 16. (?)
  178. Jean 13,1 : Voir Matthieu, 26, 2 ; Marc, 14, 1 ; Luc, 22, 1. ― La fête de la Pâque. Voir Matthieu, note, 26.2.
  179. Jean 13,4 : Ses vêtements. L’ample vêtement qu’on portait par dessus la tunique, son manteau, comme dit le texte original. ― Un linge, une serviette de lin, dit le texte.
  180. Jean 13,16 : Voir Matthieu, 10, 24 ; Luc, 6, 40 ; Jean, 15, 20.
  181. Jean 13,18 : L’Ecriture. Voir Psaumes, 40, 10. ― Mange le pain. Voir sur le sens de cette expression, Matthieu, 15, 2.
  182. Jean 13,20 : Voir Matthieu, 10, 40 ; Luc, 10, 16.
  183. Jean 13,21 : Voir Matthieu, 26, 21 ; Marc, 14, 18 ; Luc, 22, 21.
  184. Jean 13,23 : Les Juifs alors se mettaient à table couchés sur des lits, et placés les uns au-dessous des autres, en sorte que saint Jean, placé au-dessous de Jésus, devait avoir la tête sur le sein du Sauveur.
  185. Jean 13,26 : Du pain trempé. Les Orientaux mangent sans cuillers et sans fourchettes. Le pain leur tient lieu de cuiller pour prendre la sauce ou les légumes que tous les convives puisent directement pour chaque bouchée dans le plat. Jésus trempa un morceau de pain de cette manière dans le plat et l’offrit à Judas.
  186. Jean 13,33 : Voir Jean, 7, 34.
  187. Jean 13,34 : Voir Matthieu, 22, 39 ; Jean, 15, 12. ― « L’Ancien Testament disait : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (voir Lévitique, 19, 18) ; l’amour de soi était donc la mesure du prochain. Mais le type et la règle de la charité chrétienne, c’est l’amour même que Jésus a eu pour les hommes, un amour généreux, désintéressé, qui affronte le mépris et la souffrance, et va jusqu’à donner même sa vie. C’est donc là un commandement nouveau, si l’on considère la mesure et le degré de charité. Ces paroles du Sauveur ont eu leur réalisation. « Voyez comme ils s’aiment », disaient les païens à la vue des premières communautés chrétiennes (Tertullien). » (CRAMPON)
  188. Jean 13,37 : Voir Matthieu, 26, 35 ; Marc, 14, 29 ; Luc, 22, 33. ― Mon âme ; d’autres traduisent : ma vie ; mais la première expression, qui est celle de la Vulgate et du texte grec, dit bien plus que la première.
  189. Jean 14,1 : Les discours contenus dans les chapitres 14 à 17 comptent parmi les plus beaux morceaux de l’Evangile. « Il y a un sermon de la Cène qui me paraît contenir toute notre religion, dit La Harpe, où chaque parole est un oracle du ciel ; je ne l’ai jamais lu sans une émotion singulière, et que de fois je me suis dit ce que disait aux Pharisiens cet agent de la Synagogue, en s’excusant de n’avoir pas fait arrêter Jésus-Christ (voir Jean, 7, 46) : Que voulez-vous ? jamais homme n’a parlé comme cet Homme ! et c’est un juif qui disait cela. Quel terrible arrêt contre les chrétiens infidèles ! Il m’est impossible, à chaque verset de ce sermon, de ne pas entendre un Dieu, et j’en suis aussi sûr que si je l’avais entendu en personne. »
  190. Jean 14,6 : « Comment Notre-Seigneur est-il la voie, la vérité et la vie ? ― Etant homme et Dieu tout ensemble, Notre-Seigneur est à la fois médiateur et fin. Il possède tout ce qui nous manque, la gloire comme la grâce ; mais son office propre est de nous mettre en possession de tous les biens. Ainsi il est : 1o La voie ; puisqu’il nous offre le moyen de parvenir au ciel, soit en nous dirigeant par sa doctrine et ses exemples, soit en nous attirant par sa grâce, soit en nous y introduisant par ses mérites. 2o La vérité. Vérité absolue comme Verbe, il est devenu pour nous, comme Verbe incarné, la vérité révélée, la lumière de la foi. C’est lui seul qui connaît le Père, qui le fait connaître et qui peut mener à lui. 3o La vie. Vie essentielle et infinie, comme Dieu, il est notre vie surnaturelle, comme Homme-Dieu ; car il possède en son humanité la plénitude de la vie divine, et son but en venant parmi nous est de nous y associer, par sa grâce d’abord et par la gloire ensuite. Tous les biens sont donc réunis en sa personne et il n’y a rien à chercher hors de lui. Quand on le possède, on échappe à tous les périls, aux précipices, aux ténèbres, à la mort. Qu’on juge quelle grâce c’est de le bien connaître et pourquoi l’Apôtre ne voulait pas d’autre science. » (L. BACUEZ.)
  191. Jean 14,10 : Les œuvres ; que vous me voyez faire, et que vous admirez. Ainsi c’est mon Père qui parle et qui agit en moi.
  192. Jean 14,12 : « Des œuvres plus grandes : a. Notre-Seigneur ne sortit pas de la Palestine : les Apôtres évangéliseront le monde et étendront par toute la terre la doctrine de Jésus-Christ ; b. Les miracles de Jésus rendant la vue aux aveugles, ressuscitant les morts, etc., n’étaient que la figure des œuvres plus excellentes que devaient faire les Apôtres en administrant les sacrements, dans lesquels, non [seulement] le corps, mais l’âme est éclairée, guérie, etc. ― Parce que : Jésus donnera du haut du Ciel ce pouvoir à ses Apôtres. » (CRAMPON, 1885)
  193. Jean 14,13 : Voir Matthieu, 7, 7 ; 21, 22 ; Marc, 11, 24 ; Jean, 16, 23.
  194. Jean 14,16 : Paraclet ; c’est-à-dire avocat, comme l’explique la Vulgate elle-même dans 1 Jean, 2, 1. ― Eternellement avec vous. Ce qui prouve que l’Esprit-Saint a été promis non seulement aux apôtres, mais encore à leur successeurs dans la suite des générations.
  195. Jean 14,22 : Judas, non pas l’Iscariote. Ce Judas, frère de Jacques, est communément appelé Jude, précisément pour qu’on ne le confonde pas avec Judas l’Iscariote.
  196. Jean 14,26 : Mais le Paraclet. Voir au verset 16.
  197. Jean 14,28 : Mon Père est plus grand que moi. Jésus-Christ, en tant qu’homme, est inférieur à son Père ; mais il lui est égal en tant que Dieu.
  198. Jean 14,30 : Vient, pour exercer sa cruauté contre moi. ― Et il n’a, etc. Et il ne trouvera rien en moi qui lui appartienne.
  199. Jean 14,31 : Voir Actes des Apôtres, 2, 23. ― Mais je veux bien m’abandonner à sa fureur et à sa rage, afin que le monde, etc. ― Levez-vous, sortons d’ici. « Cette expression : levez-vous, sortons d’ici, ferait croire, et cela très vraisemblablement, que le reste du discours de Jésus a été tenu en chemin depuis la maison où se fit la Cène jusqu’à Gethsémani. La distance est de plus d’un kilomètre, le chemin très abrupt. » (H.-J. MICHON.)
  200. Jean 15,1 : Je suis la vraie vigne. L’image de la vigne est très fréquente dans l’Ecriture Sainte, parce que c’était une des cultures principales de la Palestine.
  201. Jean 15,3 : Voir Jean, 13, 10.
  202. Jean 15,12 : Voir Jean, 13, 34 ; Ephésiens, 5, 2 ; 1 Thessaloniciens, 4, 9.
  203. Jean 15,16 : Voir Matthieu, 28, 19.
  204. Jean 15,17 : Voir 1 Jean, 3, 11 ; 4, 7.
  205. Jean 15,20 : Voir Jean, 13, 16 ; Matthieu, 10, 24 ; 24, 9.
  206. Jean 15,25 : Voir Psaumes, 24, 19. ― Cette citation peut être empruntée de Psaumes, 68, 5 (?) ou 39, 9 (?).
  207. Jean 15,26 : Voir Luc, 24, 49 ― Le Paraclet. Voir, Jean, 14, 16.
  208. Jean 16,23 : Voir Matthieu, 7, 7 ; 21, 22 ; Marc, 11, 24 ; Luc, 11, 9 ; Jean, 14, 13 ; Jacques, 1, 5.
  209. Jean 16,25 : Sous le nom de parabole, les Hébreux comprenaient tout discours figuré ou énigmatique.
  210. Jean 16,32 : Voir Matthieu, 26, 31 ; Marc, 14, 27.
  211. Jean 16,33 : J’ai vaincu le monde ; et par ma victoire, je vous ai mérité les grâces nécessaires pour le vaincre aussi vous-mêmes.
  212. Jean 17,2 : Voir Matthieu, 28, 18. ― Toute chair. Voir Matthieu, 24, 22.
  213. Jean 17,12 : Voir Jean, 18, 9 ; Psaumes, 108, 8. ― Le fils de la perdition ; hébraïsme, pour : celui qui aime, qui recherche la perdition. Judas, en effet, s’est perdu volontairement par sa propre malice et par l’abus qu’il a fait de tous les services qu’il pouvait tirer de la présence du Sauveur, de ses instructions et de ses miracles, pour s’affermir dans la foi et dans la charité, comme les autres apôtres. Comparer à une locution semblable à Luc, 16, 8.
  214. Jean 17,17 : Votre parole est vérité ; hébraïsme, pour très vraie. Comparer à Jean, 11, 25.
  215. Jean 17,19 : En vérité ; véritablement, d’une véritable et parfaite sanctification, ou selon d’autres : Dans la vérité, c’est-à-dire en moi qui suis la vérité ; mais la première interprétation est plus conforme à la lettre du texte.
  216. Jean 18,1 : Voir 2 Rois, 15, 23 ; Matthieu, 26, 36 ; Marc, 14, 32 ; Luc, 22, 39. ― Un jardin. Gethsémani. Voir Matthieu, note 26.36. ― Au-delà du torrent de Cédron. Pour aller de Jérusalem au jardin de Gethsémani, il faut nécessairement franchir le Cédron, auprès et au-delà duquel le jardin est situé, à l’est, au bas du mont des Oliviers. Le mot Cédron signifie noir. Le torrent coule dans une gorge profonde à l’époque des pluies de l’hiver. Il recueille les eaux des trois vallées situées au nord et au nord-ouest de Jérusalem. En dehors des temps d’orage ou de pluie, il est à sec. Les eaux ne coulent guère qu’une journée ou une demi-journée, mais elles sont quelquefois très abondantes et roulent avec elles des pierres, des racines et des troncs d’arbres. Le lit du Cédron est parsemé de silex-agathes tombés des hauteurs du mont des Oliviers. Certaines années, les graviers et les terres charriés par les eaux sont suffisants pour qu’on puisse ensemencer le fond du torrent. Comme la gorge aux pieds du Temple est très encaissée et que sa pente est très considérable, elle forme en quelques endroits un fossé très profond et rend la ville inexpugnable de ce côté. La vallée du Cédron porte aussi le nom de vallée de Josaphat.
  217. Jean 18,3 : Voir Matthieu, 26, 47 ; Marc, 14, 43 ; Luc, 22, 47. ― La cohorte romaine était composée de six cent vingt-cinq hommes. ― Le procurateur romain conduisait tous les ans à Jérusalem une cohorte à l’époque de la fête de Pâque pour maintenir l’ordre au milieu de la multitude qu’attirait cette solennité. Les soldats romains étaient logés dans la forteresse Antonia au nord-ouest du temple.
  218. Jean 18,6 : Par terre. « Avant que l’Agneau de Dieu se livre aux loups, sa voix laisse deviner qu’il est aussi le lion de la tribu de Juda (voir Apocalypse, 5, 5). » (saint Augustin).
  219. Jean 18,9 : Voir Jean, 17, 12.
  220. Jean 18,12 : Le tribun était le chef de la cohorte.
  221. Jean 18,13 : Voir Luc, 3, 2. ― Anne. Voir Luc, note 3.2. ― Caïphe, voir Matthieu, 26, 3. ― Ils l’emmenèrent d’abord chez Anne. Saint Jean, qui est plus circonstancié sur cette partie de la passion que les autres évangélistes, nous apprend que Jésus fut conduit chez Anne avant d’être conduit chez Caïphe. La maison d’Anne, d’après la tradition, était sur le mon Sion, tout près et au nord-est de celle de Caïphe (voir Matthieu, 26, 57), à l’est du grand couvent des Arméniens et à peu de distance de la porte de Sion. Sur son emplacement s’élève aujourd’hui l’église du couvent des sœurs de charité arméniennes, appelé Deir Zéitoun. L’église se compose de deux oratoires séparés, mais communiquant ensemble. Dans l’un est une citerne à fleur de terre dont l’eau est fort bonne. Dans l’autre on montre aux pèlerins une chapelle latérale placée à gauche en entrant, où l’on suppose qu’eut lieu l’interrogatoire de Notre-Seigneur et où il fut souffleté. Hors de l’église, dans une petite cour située au nord, on voit plusieurs petits oliviers qu’on considère comme les rejetons d’un grand arbre auquel le Sauveur aurait été attaché pendant que les Juifs délibéraient sur son sort.
  222. Jean 18,14 : Voir Jean, 11, 49-50.
  223. Jean 18,15 : L’autre disciple, saint Jean l’évangéliste.
  224. Jean 18,16 : Voir Matthieu, 26, 58 ; Marc, 14, 54 ; Luc, 22, 55.
  225. Jean 18,18 : Auprès du feu. Voir Marc, 14, 54.
  226. Jean 18,23 : Me frappes-tu ? Littéralement me déchires-tu ? Comparer à Matthieu, 21, 35.
  227. Jean 18,24 : Voir Matthieu, 26, 57 ; Marc, 14, 53 ; Luc, 22, 54.
  228. Jean 18,25 : Voir Matthieu, 26, 69 ; Marc, 14, 67 ; Luc, 22, 56.
  229. Jean 18,28 : Voir Matthieu, 27, 2 ; Marc, 15, 1 ; Luc, 23, 1 ; Actes des Apôtres, 10, 28 ; 11, 3. ― Les Juifs croyaient qu’en entrant dans la maison d’un païen, ils contractaient une souillure légale qui les empêchaient de prendre part aux cérémonies de la religion, au moins jusqu’au soir du même jour. ― Dans le prétoire. Voir Matthieu, 27, 27.
  230. Jean 18,29 : Pilate. Voir Matthieu, 27, 2.
  231. Jean 18,31 : Les Romains avaient ôté aux Juifs le pouvoir de vie et de mort, et se l’étaient réservé.
  232. Jean 18,32 : Voir Matthieu, 20, 19.
  233. Jean 18,33 : Voir Matthieu, 27, 11 ; Marc, 15, 2 ; Luc, 23, 3.
  234. Jean 18,36 : Je l’assure ; sens de la particule (nunc autem regnum meum non est hinc), traduite généralement par maintenant, et qui est ici, comme en bien d’autres passages analogues, purement enclitique. Certains l’ont rendue par maintenant, pour le moment… (Comparer à Jean, 19, 21). Jésus-Christ était vraiment roi ; mais il n’avait pas reçu son pouvoir des hommes : « C’est pourquoi, remarque saint Augustin, il ne dit pas ici : Mon royaume n’est pas en ce monde, mais n’est pas de ce monde ; » idée que rend parfaitement saint Chrysostome quand il dit : « Il s’exprime ainsi, parce qu’il ne tient pas de royaume, comme le tiennent ici-bas les rois de la terre, et qu’il a reçu d’en haut sa principauté qui n’est pas humaine, mais qui est bien plus grande et plus illustre. » Voir Luc, note 17.21. Le royaume de Dieu est au dedans de vous…
  235. Jean 18,38 : De mort. Comparer à Luc, 23, 22.
  236. Jean 18,39 : Voir Matthieu, 27, 15 ; Marc, 15, 6 ; Luc, 23, 17.
  237. Jean 18,40 : Barabbas. Voir Matthieu, 27,16.
  238. Jean 19,1 : Voir Matthieu, 27, 26 ; Marc, 15, 15.
  239. Jean 19,2 : Une couronne d’épines, un vêtement de pourpre. Voir Matthieu, 27, 28-29.
  240. Jean 19,7 : Voir Lévitique, 24, 14-16.
  241. Jean 19,9 : Dans le prétoire. Voir Matthieu, 27, 27.
  242. Jean 19,12 : De César, de Tibère. Voir Luc, 3, 1.
  243. Jean 19,13 : Lithostrotos vient de deux mots grecs qui signifient pavé avec des pierres ; il s’emploie surtout pour désigner un pavé en mosaïque. Josèphe nous apprend que la colline du temple était pavée en mosaïque du côté où était le prétoire. Le mot hébreu ou araméen Gabbatha désigne le même lieu que Lithostrotos, mais il n’a pas la même signification ; il a le sens de lieu élevé, estrade. Le siège de Pilate, qui lui servait pour juger les causes déférées à son tribunal, fut porté en cet endroit.
  244. Jean 19,14 : La préparation de la pâque ; c’est-à-dire la veille de pâque, le vendredi. ― La sixième heure, c’est-à-dire midi.
  245. Jean 19,17 : Voir Matthieu, 27, 33 ; Marc, 15, 22 ; Luc, 23, 33. ― Calvaire, Golgotha. Voir Matthieu, note 27.33 ― Sur la croix, voir Matthieu, 27, 32.
  246. Jean 19,23 : Voir Matthieu, 27, 35 ; Marc, 15, 24 ; Luc, 23, 34. ― Après l’avoir crucifié. Voir Matthieu, note, 27.35 ― Or la tunique était sans couture. « La tunique était le principal vêtement de dessous ; elle se rapproche fort par son usage de la chemise et par sa forme de la blouse moderne. [La tradition rapporte que Charlemagne reçut la sainte Tunique en présent de l’impératrice de Constantinople Irène et qu’il la déposa à Argenteuil. Elle a été divisée au moment de la Révolution]. Le tissu est en poil de chameaux assez lâche et ressemble à du canevas dont les fils seraient très tors. Elle est tissée depuis le haut dans toute son étendue, sans couture, et faite à l’aiguille sur le plus simple des métiers tel qu’une tablette recevant sur ses deux faces la chaîne et la trame. C’était un vêtement descendant jusqu’au-dessous des genoux, près des pieds, avec deux manches qui ne pouvaient couvrir les bras qu’à moitié. Elle avait 1 m. 45 de hauteur et 1 m. 15 de largeur. » (ROHAULT DE FLEURY.)
  247. Jean 19,24 : Voir Psaumes, 21, 19.
  248. Jean 19,25 : Marie, femme de Cléophas. Voir Matthieu, 27, 56. ― Marie-Madeleine, voir Matthieu, 27, 56.
  249. Jean 19,26 : Le disciple qu’il aimait, saint Jean l’Evangéliste.
  250. Jean 19,27 : Le disciple saint Jean la prit avec lui dans sa maison, comme le signifie le texte original.
  251. Jean 19,28 : Voir Psaumes, 68, 22.
  252. Jean 19,29 : Entourant d’hysope. « Il existe, dit Benoît XIV, deux espèces d’hysope, l’une, plante parasite qui s’attache aux murs, l’autre qui croît dans les champs et s’élève jusqu’à deux mètres de hauteur. On ne sait pas si le suc de cette plante a été mêlé au vinaigre, ou si sa tige a servi de support pour approcher l’éponge, ou si ses rameaux flexibles ont composé un panier léger dans lequel se trouvait l’éponge ; enfin si de sa tige on a pu tirer un bâton qui n’avait pas besoin de plus de 60 à 65 centimètres de longueur pour atteindre la tête du Crucifié. »
  253. Jean 19,30 : Jésus boit du vinaigre pour accomplir les prophéties de la passion. « Jésus avait tout prévu, et sachant les prophéties, il les accomplissait toutes avec connaissance. C’est ce qu’il fit jusqu’à la mort ; et c’est pourquoi, jusque sur la croix, voyant que tout s’accomplissait, et qu’il ne lui restait plus rien à accomplir durant sa vie que cette prophétie de David : Ils m’ont donné du fiel à boire, et, dans ma soif, ils m’ont abreuvé avec du vinaigre, il dit : J’ai soif. On lui présenta le breuvage qui lui avait été prédestiné ; il en goûta autant qu’il fallait pour accomplir la prophétie ; après il dit : Tout est accompli ; il n’y a plus qu’à rendre l’âme ; à l’instant il baissa la tête, et se mit volontairement en la posture d’un homme mourant, et il expira. Jésus donc savait ce qu’il voulait, qui était l’accomplissement des prophéties ; mais une vertu cachée exécutait tout le reste. Il se trouva précisément un vaisseau où il y avait du vinaigre [mêlé de fiel] ; il se trouva une éponge dans laquelle on lui pouvait présenter à la croix le vinaigre où on la trempa ; on l’attacha au bout d’une lance et on la lui mit sur la bouche. La haine implacable de ses ennemis, que le démon animait, mais que Dieu gouvernait secrètement, fit tout le préparatif nécessaire à l’accomplissement de la prophétie. » (BOSSUET.) ― Il rendit l’esprit. Voir Matthieu, 27, 50. ― Tout est consommé : « Les prophéties sont réalisées, les décrets éternels de mon Père sont exécutés, l’œuvre de la rédemption du monde est accomplie. Ce fut un vendredi que le premier homme fut créé, un vendredi que Jésus naquit, un vendredi qu’il expira et racheta l’humanité. » (CRAMPON, 1885)
  254. Jean 19,31 : La préparation. Voir le verset 14. ― Etait très solennel, à cause de la fête de pâque qui tomba cette année-là en ce même jour. ― Qu’on leur rompît les jambes. « Le brisement des os était le complément ou la fin du supplice. Chez les Romains, le brisement des os était en usage, peut-être comme un adoucissement à la peine, puisqu’il accélérait la mort. Mais pour Notre-Seigneur, les Juifs étaient devenus plus cruels que les Romains, et ce ne fut pas chez eux un motif d’humanité qui les fit agir, ce fut la crainte que les corps ne restassent exposés pendant la Pâque. » (ROHAULT DE FLEURY)
  255. Jean 19,34 : Un des soldats ouvrit son côté avec une lance. D’après une tradition consignée dans le martyrologe romain, au 15 mars, ce soldat s’appelait Longin et se convertit plus tard au christianisme. ― Avec une lance. « La lance, longue et légère, avec une tête large et plate servant à la fois de pique et de trait, avait une bride en cuir attachée au bois. » (RICH.)
  256. Jean 19,36 : Voir Exode, 12, 46 ; Nombres, 9, 12.
  257. Jean 19,37 : Voir Zacharie, 12, 10.
  258. Jean 19,38 : Voir Matthieu, 27, 57 ; Marc, 15, 43 ; Luc, 23, 50. ― Joseph d’Arimathie. Voir Matthieu, note 27.57. ― Demanda… le corps de Jésus. Voir Matthieu, 27, 58.
  259. Jean 19,39 : Voir Jean, 3, 2. ― Nicodème. Voir Jean, 3, 1. ― Une composition de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres. « La myrrhe et l’aloès, dont les sucs [sont] très amers, ont la propriété de préserver les corps de la putréfaction. Quatre ou cinq livres eussent suffi à la rigueur. Cette grande quantité d’aromates fait voir qu’il n’était pas seulement enduit, mais plongé dans les parfums pour accélérer l’opération, en évitant de toucher au corps. » (ROHAULT DE FLEURY.) Sur la myrrhe, voir Matthieu, 2, 11.
  260. Jean 19,40 : L’enveloppèrent dans des linges dont un grand Linceul, le Saint Suaire, exposé à Turin ; précieuse relique conservée jusqu’à nos jours, et dont l’authenticité est désormais scientifiquement bien établie. « Les observations les plus scrupuleuses s’accordent à faire reconnaître jusqu’à deux et trois cent mètres superficiels de linges en lin sur une seule momie [égyptienne]. Un grand nombre de linges ont dû être employés à l’ensevelissement du Sauveur. La respectueuse prodigalité indiquée dans l’emploi des aromates prouve qu’on n’a pas dû épargner davantage les linges et les bandelettes, d’ailleurs nécessaires pour les maintenir. » (ROHAULT DE FLEURY.)
  261. Jean 19,41 : Un sépulcre neuf. Voir Matthieu, 27, 60-61.
  262. Jean 20,1 : Voir Matthieu, 28, 1 ; Marc, 16, 1 ; Luc, 24, 1. ― Le premier jour de la semaine est le dimanche.
  263. Jean 20,2 : L’autre disciple, saint Jean l’Evangéliste.
  264. Jean 20,9 : L’Ecriture. Voir Psaumes, 15, 10 ; Isaïe, chapitre 53.
  265. Jean 20,11 : Voir Matthieu, 28, 1 ; Marc, 16, 5 ; Luc, 24, 4.
  266. Jean 20,19 : Voir Marc, 16, 14 ; Luc, 24, 36 ; 1 Corinthiens, 15, 5. ― La même puissance qui faisait passer le corps entier de Jésus-Christ dans toute sa dimension à travers les portes fermées, rend le même corps réellement présent dans le sacrement de l’Eucharistie, quoique ces deux choses surpassent notre intelligence.
  267. Jean 20,20 : Son côté. Ses mains et ses pieds (voir Luc, 24, 39-40). « Notre-Seigneur voulut, dit saint Ambroise, porter dans son corps glorieux les cicatrices de ses plaies, comme des trophées de sa victoire sur la mort, l’enfer et le péché ; il les conserve jusque dans les ciel, afin de montrer continuellement à son Père le prix de notre rédemption, et de nous obtenir tout, en intercédant par elles en notre faveur. »
  268. Jean 20,22 : Jésus emploie le souffle de sa bouche comme un signe extérieur pour marquer qu’il leur communiquait son esprit.
  269. Jean 20,23 : Voir Matthieu, 18, 18. ― Il faut nécessairement ou rejeter l’authenticité de ces paroles, ou reconnaître l’origine divine de la confession sacramentelle.
  270. Jean 20,30 : Voir Jean, 21, 25.
  271. Jean 21,2 : Nathanaël, l’apôtre saint Barthélémy. Voir Jean, 1, 45. ― Les fils de Zébédée, saint Jacques le Majeur et saint Jean l’Evangéliste.
  272. Jean 21,7 : Nu ; c’est-à-dire, sans son vêtement de dessus.
  273. Jean 21,17 : Pais mes brebis. Pierre a réparé son triple reniement par une triple protestation d’amour. Le Sauveur avait promis à saint Pierre la suprématie spirituelle (voir Matthieu, 16, 19) : et il remplit ici sa promesse, en le chargeant de paître toutes ses brebis sans exception, par conséquent tout son troupeau, c’est-à-dire toute son Eglise.
  274. Jean 21,18 : Voir 2 Pierre, 1, 14.
  275. Jean 21,19 : Saint Pierre mourut sur une croix, à Rome, la tête en bas, l’an 67 de notre ère. Ce n’est que plusieurs années après le martyre du prince des apôtres que saint Jean rappelait dans son Evangile cette prophétie du Sauveur.
  276. Jean 21,20 : Voir Jean, 13, 23. ― Le disciple que Jésus aimait, saint Jean l’Evangéliste.
  277. Jean 21,22-23 : Je veux qu’il demeure ainsi… Le texte grec porte : Si je veux, et laisse ainsi la chose dans le doute. il demeure ainsi : qu’il reste en vie, par opposition à suivre Jésus par le martyre. ― Jusqu’à ce que je vienne… Les chrétiens croyaient que saint Jean vivrait jusqu’à la venue du Christ (saint Théophile). « Cette parole montre bien que le Christ pouvait revenir en Gloire dès la 1re génération chrétienne et que ce n’était pas une erreur de la part des Apôtres d’y avoir cru. Saint Pierre le dit explicitement dans les Actes (voir Actes des Apôtres, 3, 19-21, et note), s’adressant aux Juifs : « Faites donc pénitence et convertissez-vous pour que vos péchés soient effacés, afin que viennent des temps de rafraîchissement de la part du Seigneur, et qu’il envoie celui qui vous a été prédit, Jésus-Christ, que le ciel doit recevoir jusqu’au temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes, depuis le commencement du monde. (vérifier concordance) » Saint Pierre (Jean ?) montre bien ici que la conversion des Juifs était encore possible au temps des Actes des Apôtres et qu’elle aurait mérité à l’humanité le Retour en Gloire du Christ. CRAMPON dit à ce sujet : « La venue de ces temps heureux dépend de la conversion des hommes : elle est d’autant plus prochaine que les hommes seront plus tôt convertis (comparer à 2 Pierre, 3, 9). » Ce qui montre que la Parole du Christ à saint Jean peut s’entendre de manière obvie et littérale. Voir Matthieu, 16, 28 et 10, 23, qui annonce pareillement : « En vérité, je vous le dis : Vous n’aurez pas fini d’évangéliser toutes les villes d’Israël jusqu’à ce que vienne le Fils de l’homme. » ― Que t’importe ce qui doit arriver à tes frères dans l’apostolat ? Songe à bien remplir la tâche qui t’est assignée. ― Toi, suis-moi : Jésus invite Pierre à le suivre dans sa mort sur la croix. Jésus prédit le crucifiement à Pierre (saint Augustin). Saint Pierre fut en effet crucifié à Rome en l’an 67 la tête en bas. Bien des années après la mort de saint Pierre, saint Jean fit remarquer que la prophétie de Jésus s’était accomplie.
  278. Jean 21,22 : Voir Matthieu, 24, 34 ; Marc, 8, 39 ; 13, 30 ; Luc, 9, 27. ― Qu’
  279. Jean 21,24-25 : « Ces versets sont un nouvel épilogue de l’Evangile de saint Jean (comparer à Jean, 20, 30), devenu nécessaire après l’addition du chapitre 21. ― À cause la formule plurielle, nous savons, quelques-uns pensent que ces versets ne sont pas de saint Jean, mais qu’ils ont été ajoutés soit par des disciples de Notre-Seigneur, entre autres saint André, soit par les prêtres de l’Eglise d’Ephèse. Mais rien n’oblige à admettre cette conclusion. Saint Jean, dans sa première épître, emploie aussi le pluriel : ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons ; cette forme que les rhéteurs appellent communicative, était familière aux grecs dans le style épistolaire. Or, la première Epître, comme nous l’avons dit plus haut, est la préface et la lettre d’envoi de l’Evangile : pourquoi donc saint Jean n’aurait-il pu terminer par une conclusion qui rappelât la préface, et dont le style, par conséquent, prit le caractère épistolaire ? » (CRAMPON, 1885)
  280. Jean 21,25 : Voir Jean, 20, 30.