La sainte Bible selon la Vulgate (J.-B. Glaire)/Avis

(introductions, notes complémentaires et appendices)
La sainte Bible selon la Vulgate
Traduction par Jean-Baptiste Glaire.
Texte établi par Roger et Chernoviz, Roger et Chernoviz (p. V-VI).

AVIS

Comme on le voit dans le Rescrit apostolique qui figure parmi les pièces suivantes, Sa Sainteté Pie IX a daigné charger Son Éminence le Cardinal archevêque de Bordeaux, Mgr l’archevêque de Paris et Mgr l’archevêque de Bourges, d’examiner notre traduction et d’en permettre la publication, pourvu qu’elle soit entièrement conforme à l’ancienne Vulgate latine authentique ; qu’elle ne contienne rien de contraire à la foi et aux mœurs, et qu’elle soit accompagnée de notes ou de commentaires tirés des saints Pères de l’Église, ou de savants interprètes catholiques. Les trois prélats, après examen fait, ayant reconnu que notre version réunissait ces diverses conditions exigées par le Saint-Père, ont donné leur approbation reproduite un peu plus bas. Mais, il faut bien le remarquer, cette commission du Saint-Père ne doit pas être considérée comme une approbation solennelle et proprement dite du Saint-Siège. Disons, en effet, que cette approbation solennelle n’a été jamais donnée dans l’Église qu’à la Vulgate latine, déclarée authentique par le Concile de Trente.

Que le lecteur nous permette d’ajouter ici un mot à ce qui a été dit sur la littéralité de notre version dans l’Avertissement. Quelques nouvelles objections rendent cette addition nécessaire.

Ainsi on a prétendu qu’en voulant calquer quelquefois les mots sur la tournure ou sur l’expression latine, nous ne nous sommes pas souvenu de la règle posée par saint Jérôme lui-même : Magis sensum è sensu, quâm ex verbo verbum transferre (Præfat. in lib. Judith). Bossuet, Sacy, cités dans le même avertissement, ont déjà parfaitement répondu à cette objection. De notre côté, nous dirons que, sans avoir oublié ce texte, nous nous sommes souvenu de cet autre du même Père : Melius est in divinis libris transferre quod dictum est, licet non intelligas quarè dictum sit, quâm auferre quod nescias (In Ezech. xx) ; et nous répéterons, avec D. Calmet, expliquant ce passage : « Il est de trop grande conséquence, dans la traduction d’un texte, de déterminer un sens que peut-être l’auteur a voulu exprès laisser suspendu : ce n’est point exprimer son sens, c’est agir contre ses fins et ses intentions (Comm. littér. Præf. génér., t. I, p. 4). »

On nous a reproché encore d’avoir reproduit avec un soin minutieux dans nos notes les différences les plus légères qui se trouvent entre le latin et le français, comme, par exemple, notre remarque : sont des biens, littéralement et par hébraïsme, sont en biens, ou pour biens (Eccli., xxxix, 32). Nous l’avouons franchement, nous nous serions bien gardé de les faire, si nous n’avions eu un but utile en les faisant. Or, ce but, c’est de montrer contre les détracteurs de la Vulgate la fidélité avec laquelle saint Jérôme s’est attaché à reproduire, dans toutes ses nuances les plus fines et les plus délicates, le texte original. Ainsi, dans le passage de l’Ecclésiastique, le grec porte à la lettre sont en biens ou pour biens, ce qui est un pur hébraïsme que l’auteur lui-même de ce livre a cru devoir respecter dans le texte grec, et que saint Jérôme, à son tour, a voulu conserver dans le latin.

En terminant sa lettre qui accompagne le Rescrit, le R. P. Sacchéri dit qu’il espère que les vœux de M. Glaire seront enfin remplis, et que sa version produira dans l’Eglise des fruits très abondants. S’il en est ainsi, nous n’aurons, en effet, rien de plus à désirer en ce monde ; nos derniers jours seront pleinement satisfaits ; et dans le cas où il ne nous sera pas permis d’achever nos autres travaux, nous n’en bénirons pas moins Dieu jusqu’au dernier soupir, de ce qu’il a bien voulu nous accorder la grâce insigne de contribuer à répandre sa divine parole.

J.-B. GLAIRE.
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