La sainte Bible selon la Vulgate (J.-B. Glaire)/Épitre de saint Paul aux Galates (Introduction)

(introductions, notes complémentaires et appendices)
La sainte Bible selon la Vulgate
Traduction par Jean-Baptiste Glaire.
Texte établi par Roger et Chernoviz, Roger et Chernoviz (p. 2779-2780).


ÉPÎTRE DE SAINT PAUL

AUX GALATES

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INTRODUCTION


La Galatie était la Gaule de l’Orient. Des Gaulois, ayant quitté leur pays trois siècles avant Jésus-Christ, passèrent d’abord dans le nord de la Grèce, puis, bientôt après, allèrent s’établir en Asie, et se fixèrent aux environs d’Ancyre, où on leur donna le nom de Galates. Assez restreint d’abord, leur territoire s’agrandit peu à peu. Au temps de S. Paul la Galatie était une province romaine, qui occupait le centre de l’Asie Mineure. L’Apôtre y était venu deux fois, d’abord au commencement de sa seconde mission apostolique, pour y prêcher l’Évangile et y établir la foi, ensuite au début de la troisième, pour compléter et perfectionner son œuvre. C’est peu de temps après, vers 57, pendant son dernier séjour à Corinthe, qu’il écrivit cette lettre. Elle se rattache ainsi par sa date à son troisième voyage, aussi bien que l’Épître aux Romains et les Épîtres aux Corinthiens, avec lesquelles elle a des rapports visibles. Celles-ci la précédèrent ; et celle-là paraît l’avoir suivie d’assez près.

Les Galates étaient intelligents, d’une grande franchise, mais d’une mobilité d’esprit et d’une impétuosité de caractère qui les exposaient à des démarches irréfléchies et à des déceptions. On venait de faire à l’Apôtre un rapport très inquiétant à leur sujet. On lui apprenait que depuis son passage, des Docteurs judaïsant étaient venus de Jérusalem, et avaient pris sa place en Galatie ; que, sous prétexte de compléter son œuvre, il altéraient son enseignement et imposaient à ses disciples de nouvelles pratiques, empruntées au rituel judaïque. Peut-être étaient-ce les mêmes qui avaient déjà soulevé les esprits contre lui à Antioche. Au moins prêchaient-ils, aussi hautement qu’on avait jamais fait, la nécessité des œuvres légales et de la circoncision pour les Gentils comme pour les Juifs. « C’est là, disaient-ils, ce qui s’enseigne et ce qui se pratique à Jérusalem, dans l’Église-mère, sous les yeux et par les soins des principaux Apôtres. Sans ces observances, on ne fait pas partie du peuple de Dieu et l’on ne peut avoir par aux biens promis à Abraham. »

Les Galates avaient d’abord opposé à cette prédication l’autorité de celui qui leur avait apporté l’Évangile ; mais ces nouveaux venus la récusaient, ou du moins ils disaient qu’elle était loin d’égaler celle des Apôtres de Judée avec lesquels ils étaient en relations, celle de Pierre, de Jacques et de Jean, que le Seigneur avait instruits en personne et à qui il avait révélé tous ses mystères. Ils affirmaient que saint Paul lui-même avait reconnu la supériorité de leurs lumières et de leur pouvoir, et qu’en leur présence, à Jérusalem, il avait dû renoncer à ses principes et se déclarer pour la circoncision. Ebranlés par ces raisons ou séduits par ces artifices, un certain nombre de fidèles semblaient disposés à joindre l’observation des lois de Moïse à la profession de la religion chrétienne.

A cette nouvelle, l’Apôtre prend la plume pour revendiquer son autorité et rétablir la vraie doctrine ; et il écrit, comme d’un seul trait, cette lettre où son caractère se peint avec tant de vivacité, et où respire toute l’ardeur, toute la sollicitude, toute la tendresse de son zèle. Il traite ces prédicants, non comme des hommes de bonne foi involontairement égarés, mais comme des séducteurs, des docteurs de mensonge, qui ne cherchent qu’à surprendre et à asservir les âmes crédules. Pour les fidèles, il les rappelle à lui, les reprend et les encourage tour à tour. Nulle part il n’est plus concis dans ses raisonnements, plus sévère dans ses reproches, plus affectueux dans ses exhortations.

On distingue trois parties en cette Epître : — 1o La première est apologétique, i, 11-ii, 16. L’Apôtre établit la réalité de son apostolat et la conformité de sa doctrine avec celle de ses collègues. — 2o La seconde est dogmatique, ii, 17-v, 13. Il montre que la justification est attachée à la foi en Jésus-Christ, non à la loi de Moïse, dont l’observance est superflue et même nuisible ou dangereuse. — 3o La troisième est morale, v, 14-vi : elle a pour objet de corriger quelques abus et d’affermir les esprits dans la foi. (L. Bacuez.)