Traduction par Adolphe Landry.
Société Nouvelle de Librairie et d'Édition (p. 108-109).

CONCLUSION

On a cru longtemps, parmi les collectivistes, que le terme fatal de l’évolution de la production capitalistique actuelle était l’écroulement du capitalisme et son remplacement par un régime socialiste. Cette croyance à l’avènement fatal du collectivisme s’est perdue : l’étude minutieuse et complète des faits économiques ne permet pas d’y persister.

En même temps, cette autre thèse est abandonnée que des interprètes avaient tirée, d’ailleurs à tort, des ouvrages de Marx, cette thèse qui, rattachant entièrement l’évolution sociale à l’impulsion du processus économique, refusait à l’action consciente des collectivités la moindre efficacité déterminante sur cette évolution.

Ceux-là donc qui, frappés des vices de l’organisation sociale présente, appellent de leurs vœux une amélioration de la société, ceux-là ne doivent pas attendre que cette amélioration se fasse d’elle-même : ils sont obligés d’agir, et il leur est possible d’agir.

Mais quel programme d’action adopter ?

Un programme qui soit net et précis, tout d’abord. Cette condition est nécessaire pour secouer le découragement et le scepticisme du prolétariat, pour grouper toutes les bonnes volontés.

Un programme, d’autre part, qui tende à la modification des principes juridiques, à une transformation dans la constitution de la propriété : car les principes juridiques sont, dans une société, ce sur quoi la conscience collective a le plus de prise ; et de tous les principes juridiques, ceux qui ont trait à la propriété sont ceux qui influent le plus sur l’ensemble du processus économique.

La proposition développée dans ce volume nous paraît satisfaire à ces desiderata. Son élasticité, en outre, permet qu’elle soit adoptée par des écoles diverses, révolutionnaires ou simplement réformatrices. Nous la soumettons avec confiance à tous ceux que le bien public ne laisse pas indifférents, à tous ceux que tourmente et qu’agite l’idéal de l’équité.