La nouvelle administration de la Corée/Chapitre 2/11

XI. — FINANCES

Depuis longtemps, le Gouvernement général cherchait à rendre les finances coréennes indépendantes des finances japonaises, et, récemment, il offrit de faire abandon des subventions que, depuis 1919, la Corée recevait de la métropole. Toutefois, l’augmentation des dépenses, due aux nombreuses entreprises publiques nouvelles jugées nécessaires au développement économique du pays, modifia quelque peu l’attitude du Gouvernement général ; ce dernier continua donc à recevoir des subventions de la métropole pour combler le déficit de son budget ; ainsi, en 1920, ces subventions montèrent 10 millions de yen et on 1921 à 15 millions de yen.

A. Résumé du budget pour l’année fiscale 1920

Le budget de 1920 fut soumis à la Diète lors de la session extraordinaire de juillet 1920 ; ce budget se montait à 124 193 529 yen, il fut approuvé par la Diète et reconnu exact par le Gouvernement de la métropole. Le quart des dépenses prévues à ce budget fut consacré à l’instruction publique. Il est à noter ici que le budget de 1919 avait été de 56 411 821 yen.

B. Budget de l’année 1921

Le budget du Gouvernement général de Corée pour l’année fiscale 1921 dépassa 150 millions de yen. Cette augmentation est due surtout aux nouvelles entreprises d’intérêt public décidées depuis la réorganisation du Gouvernement général, et d’autre part à la crise économique qui existe en Corée et qui a certainement fait baisser le rendement des impôts ; d’ailleurs, étant donné l’état d’esprit de la population, le Gouvernement ne pouvait augmenter le chiffre des impôts déjà existants. C’est pourquoi le Gouvernement général décida de faire de la culture et du commerce du tabac un monopole d’État et de demander au Gouvernement de la métropole une subvention plus forte que celle de l’année précédente. Ces mesures n’ayant pas suffi à équilibrer le budget, le Gouvernement général est obligé, à titre temporaire, de continuer à frapper de certains droits les marchandises expédiées du Japon en Corée. Pourtant les travaux en cours n’ont pas été suspendus, bien que le chiffre des appropriations ait été proportionnellement réduit pour chacun d’eux. Il est remarquer que le budget de 1921 est le double de celui de 1919, l’année pendant laquelle le Gouvernement général cherchait à rendre la Corée financière indépendante ; ce budget est le triple de celui de 1912, année qui suivit l’union du Japon et de la Corée.

Le tableau suivant permet de comparer les chiffres des dépenses pour 1920 et 1921 :

1920

1921

Création d’un bureau d’inspecteurs administratifs. 45 353 14 279
Réforme de la police 15 203 147 5 372 959
Création de bureaux et installation de téléphone rendues nécessaires par l’augmentation des forces de police. 2 022 278 0
Abolition de la peine du fouet. 722 056 349 545
Construction de prisons rendue nécessaire par l’abolition de la peine du fouet 1 200 000 0
Entretien des nouveaux systèmes d’administration locale 0 515 727
Création des sous-secrétariats provinciaux (Kijikwan) 73 381 25 770
Organisation des conseils provinciaux, municipaux, de districts et d’iles 226 672 0
Création d’une Commission d’enquêtes pour toutes questions concernant l’enseignement 28 882 4 974
Augmentation des subventions accordées aux écoles primaires japonaises et aux écoles publiques coréennes 668 784 340 672
Perfectionnement du système d’enseignement, bourses de voyage pour les maitres et professeurs 1 475 193 0
Frais de la mission d’études industrielles 0 50 000
Frais occasionnés par diverses enquêtes, études et expériences 0 194 712
Augmentation des subventions accordées aux diverses entreprises industrielles 0 690 639
Enseignement de la langue coréenne aux fonctionnaires 100 000 50 000
Secours aux Coréens résidant à l’étranger 0 241 868
Amélioration de la solde et du traitement des officiers et soldats coréens 0 31 178
Divers 4 828 188 2 835 286
Total

28 648 192

10 337 183
C. Vente des terres appartenant à l’État

Depuis longtemps, certaines terres appelées Yoktunto sont la propriété de l’État. Jusqu’en ces derniers temps leurs revenus étaient affectés à certaines dépenses d’intérêt public tel que, par exemple, l’affichage des proclamations, etc.

Récemment, on a commencé à mettre ces terres en location et les loyers ont été ajoutés aux autres revenus de l’État. Actuellement, le Gouvernement n’a nullement besoin de ces loyers et, comme un grand nombre de métayers ont exprimé le désir d’acheter ces terres, il a été décidé de les vendre aux cultivateurs qui les exploitent en ce moment, le prix d’achat devant être versé en un certain nombre de payements en une période de dix ans.

D. Révision du tarif douanier

Pendant les dix années qui suivirent l’union du Japon et de la Corée, l’ancien tarif coréen resta en vigueur, et ce ne fut que le 28 août 1920 que le Gouvernement général décida, avec l’approbation du Gouvernement japonais, d’appliquer à la Corée les règlements douaniers japonais, certaines exceptions étant faites en raison de la situation économique du pays. La loi con cernant ces exceptions fut approuvée par la Diète Impériale en 1920 et le nouveau tarif entra en vigueur le 29 août 1920. Dans le but d’améliorer les rapports commerciaux entre le Japon et la Corée, il fut décidé d’abolir tous tarifs entre les deux pays. Cependant, comme les droits sur les importations japonaises constituent, pour le Gouvernement général de la Corée, la source la plus importante de revenus, il fut décidé par la suite, à titre temporaire, de continuer à en demander le payement ; par contre, les marchandises coréennes peuvent être exportées au Japon sans payer de droits de douane, à condition toutefois que toutes mesures soient prises pour éviter le passage en franchise de certains articles étrangers soumis à une taxe de consommation.

E. Suppression des impôts sur les pêcheries, les transports par eau, le sel, et le « ginseng »

Ces taxes, qui avaient été créées entre 1906 et 1908, étaient lourdes pour les contribuables et rapportaient au plus 140 000 yen par an, car les frais de perception absorbaient la plus grande partie de leur revenu, c’est pourquoi le Gouvernement décida qu’elles seraient abolies

le 31 mars 1920.
F. Le monopole des tabacs

La création d’un monopole coréen des tabacs était depuis fort longtemps à l’étude, bien qu’on eût autorisé l’établissement de plusieurs manufactures privées, par exemple, celle de la Compagnie des Tabacs Toa (avril 1908). Étant donné les difficultés que présentait la perception de la taxe sur la consommation du tabac et la nécessité dans laquelle se trouvait le Gouvernement d’augmenter ses revenus, il fut décidé que dorénavant en Corée, l’État aurait le monopole de la manufacture du tabac. Le Gouvernement racheta donc les manufactures déjà existantes ; les Coréens peuvent d’ailleurs cultiver du tabac pour leur usage personnel. Un bureau spécial dit « Bureau des Monopoles » fut créé en avril 1921.