La nouvelle administration de la Corée/Chapitre 2/01

I. — ÉGALITÉ DE TRAITEMENT POUR LES JAPONAIS ET LES CORÉENS

Au point de vue administratif, il n’y a plus aucune différence entre les Japonais et les Coréens, l’égalité de Traitement étant la base même du nouveau programme.

A. Suppression des inégalités jadis existantes

Naguère les fonctionnaires japonais en Corée jouissaient de certains avantages ; mais les fonctionnaires coréens ayant, à tous points de vie, fait de rapides progrès et amélioré leur mode d’existence, on se vit obligé d’augmenter leur traitement (en 1913 et en 1918). En octobre 1919, gouverneur général, conformément au désir exprimé par sa majesté l’Empereur du Japon, décréta que dorénavant les fonctionnaires coréens auraient, à égalité de fonctions, les mêmes traitements que leurs collègues japonais ; par suite, tous les traitements des fonctionnaires coréens furent augmentés. D’autre part, les honneurs et les décorations sont aujourd’hui conférés sans distinction de nationalité, toutes les années de service faites depuis 1900 (date de l’établissement de la Résidence générale japonaise en Corée) étant prises en considération.

Dix-neuf Coréens ont été récemment nommés directeurs d’écoles publiques et ce nombre sera rapidement augmenté.

Quant aux juges coréens, on n’exigeait pas d’eux jadis la même somme de connaissances que de leurs collègues japonais ; on leur demandait seulement d’être capables d’instruire et de juger toutes affaires relevant du code civil et dans lesquelles les deux parties étaient des Coréens, ainsi que toutes affaires relevant du code pénal et dans lesquelles les prévenus étaient des Coréens. Or, la compétence des magistrats coréens ayant été récemment reconnue, il a été décidé, en mars 1920, que des juges et des procureurs coréens pourraient prendre part à l’instruction et au jugement de toutes affaires dans lesquelles une des parties serait un Japonais ou un étranger. En 1912, on n’avait pas osé complètement supprimer la peine du fouet et on s’était contenté d’en régler l’application ; ce ne fut qu’en 1920 qu’elle fut définitivement abolie, abolition qui nécessita la construction de sept nouvelles prisons.

B. Amnistie

À l’occasion du mariage de Son Altesse le Prince Yi de Corée et de Son Altesse la Princesse Nashimoto-no-Miya du Japon, mariage qui symbolisa l’union des deux peuples, la plupart des condamnés des deux pays furent amnistiés. Plus de trois mille Coréens impliqués dans les troubles de 1920 reçurent, soit leur grâce, soit la remise d’une partie de leur peine. Les prisonniers libérés furent autorisés à regagner leur foyer et beaucoup d’entre eux reçurent à cet effet de l’argent et des vêtements.

C. Institutions ayant pour objet l’établissement de rapports cordiaux entre japonais et coréens

Le Gouvernement ayant reconnu la nécessité pour les Japonais et les Coréens d’apprendre à se bien connaître ;

1o En mai 1920, trente juges et deux conseillers provinciaux coréens furent envoyés au Japon pour étudier l’état du pays, les services administratifs local, les institutions publiques ou privées, etc. En novembre 1920, plusieurs membres du Conseil Central furent invités à visiter Tokio, Kioto, Osaka et quelques autres grandes villes ; on leur fit un excellent accueil, ils furent reçus à Tokio par M. Hara, alors premier ministre, et par ses collègues.

2o On encourage, de toutes les façons possibles, les Coréens à visiter le Japon, les autorités provinciales organisant fréquemment des voyages collectifs. Ainsi l’an dernier, des groupes d’instituteurs, d’institutrices, de fonctionnaires et de notables passèrent quelque temps au Japon.

3o Le Gouvernement général de Corée, ainsi que le Gouvernement japonais, ont recours au cinématographe. En mai dernier, des films très intéressants sur la Corée furent montrés à Osaka, à Kioto, à Nagoya et à Tokio ; d’ailleurs l’usage du film comme moyen d’enseignement va être vulgarisé sous peu.

4o Le Gouvernement général donne à son programme de réformes toute la publicité nécessaire ; il publie à cet effet un journal officiel mensuel et entretien un bureau d’informations chargé de publier des brochures, d’organiser des séries de conférences et de représentations cinématographiques afin de bien faire connaitre aux Coréens les intentions et le travail de l’administration ; ce bureau, dont le personnel est composé de fonctionnaires du Gouvernement, a déjà obtenu d’excellents résultats.

En outre, une commission spéciale actuellement présidée par le Dr. Mitzuno, Directeur des services administratifs, et composée de hauts fonctionnaires et de notables compétents, étudie toutes les mesures jugées nécessaires pour amener les Coréens et les Japonais à se mieux connaître.

5o Afin que les fonctionnaires des deux pays soient au courant des méthodes administratives et des travaux exécutés et en Corée et au Japon, il a été décidé de déléguer des fonctionnaires coréens à toutes réunions, séances ou conférences organisées par les autorités japonaises et de faire assister des représentants japonais aux sessions tenues en Corée. Ainsi des préfets de Corée ont assisté, à Tokio, aux réunions des gouverneurs des diverses provinces du Japon, et des fonctionnaires japonais sont allés à Séoul, lors d’une conférence des préfets coréens.

6o Le Gouvernement général de Corée fournit aux touristes japonais, dont le nombre va sans cesse en augmentant, tous les renseignements nécessaires : il fait même accompagner les voyageurs de marque par des fonctionnaires qui leur servent de guide.

7o L’opinion publique en Corée a évolué dans un sens favorable au Japon, et les Coréens ont cessé de prêter l’oreille aux conseils des agitateurs politiques ; on peut dire en somme que la masse s’est ralliée au nouveau régime. Cet apaisement est dû, d’une part au libéralisme du Gouvernement général et, d’autre part à la réorganisation de la police.

À l’occasion de certaines fêtes, les notables coréens acceptent l’invitation du Gouverneur général, et le club le plus aristocratique de Séoul a révisé ses statuts pour que les Japonais y fussent admis. Lors d’une brillante fête organisée par ce club le 13 janvier 1921, la cordialité la plus franche régna entre les invités japonais et leurs hôtes coréens.