La gueuse parfumée/Le clos des Ames/03

Bibliothèque-Charpentier, Eugène Fasquelle (p. 239-240).

III

sube le blanc et sube le rouge

Et cependant le propre père de M. Sube, Sube le Rouge, comme on l’appelait, avait en sa verte jeunesse travaillé aux œuvres de la révolution. Mais personne à Canteperdrix ne se doutait plus de ces choses. Sube le Rouge, d’ailleurs, s’était repenti, une fois riche. Les grandes guerres de l’empire emportèrent et roulèrent bien des souvenirs. La restauration, sur le peu qui restait, déposa sa couche de fin limon. Un grain de dévotion placé à propos, quelques alliances avec des hobereaux ruinés achevèrent de faire oublier le passé du vieil huissier révolutionnaire. Portant les boucles d’argent, le petit tricorne et la grande canne, ce vieillard apparaissait pur comme un lis, et M. Sube fils croyait avec tout le monde que si monsieur son père avait été surnommé Sube le Rouge, c’était uniquement pour la couleur de ses cheveux, lesquels, très-bruns jadis, étant, à la fin de ses jours, devenus d’une vénérable couleur blanche, rendaient plausible cette supposition.

D’ailleurs, au moment où se passe cette histoire, depuis longtemps Sube le Rouge était mort.