La folie érotique/La perversion sexuelle

Librairie J.-B. Baillière et Fils (p. 113-115).

III


LA PERVERSION SEXUELLE


Jusqu’ici je vous ai entretenu du délire érotique dans ses diverses manifestations, je vous ai montré les aberrations platoniques du sentiment amoureux ; je vous ai fait connaître ces exagérations insensées du penchant sexuel, qui vont jusqu’à l’extrême frontière qui sépare la raison de la folie, et qui souvent la franchissent. Mais dans toutes les étrangetés que je vous ai signalées, il s’agissait d’un penchant naturel, exagéré, dévié ou travesti, mais qui restait toujours fidèle à son point d’origine.

Je propose aujourd’hui d’aborder la troisième partie du sujet, et de vous montrer les perversions de l’instinct sexuel qui, renversant complètement les données habituelles de la question, se trouvent en contradiction directe avec la nature et semblent aller contre le but qu’elle se propose.

Nous pénétrons ici sur le domaine de la médecine légale. Les actes dont je viens de vous parler, lorsqu’ils parviennent à la connaissance des autorités, amènent devant les tribunaux des prévenus qui souvent ne sont que des aliénés ; nous avons donc, avant tout, à nous préoccuper de leur état mental.

Nous allons donc aborder l’étude des perversions de l’instinct sexuel ; et parmi les sujets qui en sont atteints, nous distinguerons quatre grandes variétés.

Ce sont :

1o Les Sanguinaires ;

2o Les Nécrophiles ;

3o Les Pédérastes ;

4o Les Intervertis ;

À ces variétés on peut ajouter une cinquième qui a fait l’objet d’un travail récent de M. A. Binet[1].

Nous allons successivement examiner les traits psychologiques qui les caractérisent.

  1. A. Binet, Le Fétichisme dans l’amour. (Revue philosophique, 1887.)