La femme d’or/08
CONCLUSION
Il était environ huit heures du matin, quand une main violente frappa à la porte du No. 154 B rue Saint-Hubert. La maîtresse de pension vint ouvrir. Devant elle se dressait la silhouette tirée, livide, chancelante de Paul Lavoie.
Devant cette apparition la femme eut peur.
— Que voulez-vous, monsieur Lavoie ?
— Je viens vous informer d’une mauvaise nouvelle, madame.
— Quoi donc, Seigneur ?
— Mon ami, Alban…
— Eh bien ! il est dans sa chambre et dort encore. Si vous voulez monter ?
— Hein ! il est dans sa chambre ?… Il dort ?…
— Mais d’où sortez-vous, voulez-vous me dire ?
Sans répondre, le jeune homme repoussa presque brutalement la femme de maison, entra, bouscula un pensionnaire qui se trouvait sur son passage, monta quatre à quatre l’escalier, arriva devant une porte et l’enfonça d’un coup d’épaule.
Un jeune homme, qui sommeillait bien paisiblement sur son lit, bondit et hurla ;
— Au voleur !
Puis il poussa un éclat de rire.
— C’est toi, Paul ?
Le jeune architecte se laissa choir sur un siège, essoufflé, anéanti, n’en pouvant ni croire ses yeux ni entendre ses oreilles.
— Eh bien ! M’as-tu attendu longtemps hier soir ?
L’autre regardait le reporter avec des yeux hébétés, incapable de prononcer une parole.
— Mon ami, sais-tu une chose ?… Je suis amoureux !
Lavoie écarquillait les yeux davantage.
— Tu ne peux deviner de qui… de quelle femme ?
Et le reporter, dans un éclat de rire, ajouta :
— De LA PETITE MODISTE DE LA RUE DEMONTIGNY !
Lavoie s’affaissa… évanoui presque !