Éditions Édouard Garand (p. 20).

CONCLUSION


Il était environ huit heures du matin, quand une main violente frappa à la porte du No. 154 B rue Saint-Hubert. La maîtresse de pension vint ouvrir. Devant elle se dressait la silhouette tirée, livide, chancelante de Paul Lavoie.

Devant cette apparition la femme eut peur.

— Que voulez-vous, monsieur Lavoie ?

— Je viens vous informer d’une mauvaise nouvelle, madame.

— Quoi donc, Seigneur ?

— Mon ami, Alban…

— Eh bien ! il est dans sa chambre et dort encore. Si vous voulez monter ?

— Hein ! il est dans sa chambre ?… Il dort ?…

— Mais d’où sortez-vous, voulez-vous me dire ?

Sans répondre, le jeune homme repoussa presque brutalement la femme de maison, entra, bouscula un pensionnaire qui se trouvait sur son passage, monta quatre à quatre l’escalier, arriva devant une porte et l’enfonça d’un coup d’épaule.

Un jeune homme, qui sommeillait bien paisiblement sur son lit, bondit et hurla ;

— Au voleur !

Puis il poussa un éclat de rire.

— C’est toi, Paul ?

Le jeune architecte se laissa choir sur un siège, essoufflé, anéanti, n’en pouvant ni croire ses yeux ni entendre ses oreilles.

— Eh bien ! M’as-tu attendu longtemps hier soir ?

L’autre regardait le reporter avec des yeux hébétés, incapable de prononcer une parole.

— Mon ami, sais-tu une chose ?… Je suis amoureux !

Lavoie écarquillait les yeux davantage.

— Tu ne peux deviner de qui… de quelle femme ?

Et le reporter, dans un éclat de rire, ajouta :

— De LA PETITE MODISTE DE LA RUE DEMONTIGNY !

Lavoie s’affaissa… évanoui presque !