La femme aux chiens/Chapitre 6

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Chapitre VI

La reconnaissance inopportune d’un toutou. — Le rendez-vous du satyre — Dérangés par les importuns. — Régine en chaleur. — Les chiens la soulagent. — Enculée pour la seconde fois. — Jeux érotiques.


Si le saut, dans ces désordres érotiques, fut brusque, Régine n’en lutta pas moins le lendemain et les jours suivants pour réagir contre cet odieux entraînement. D’ailleurs, la prudence le lui commandait.

Le dimanche, à l’aller et au retour de la messe, bien des toutous la reniflèrent et lui firent des grâces, au grand étonnement de tout le monde, et à son grand embarras.

Chez l’épicier qui la fournissait, et chez qui elle se rendit avec Coralie, elle ne pensait pas au chien mouton, lorsque tout à coup elle eut un haut-le-corps et poussa un cri. Le chien, qui l’avait sentie sans qu’elle s’en aperçut, s’était glissé sous ses jupes. À son mouvement et à son cri, l’épicier se précipita, un balai à la main ; Coralie voulut donner un coup de pied à l’animal qui se recula en grognant.

Régine accueillit froidement les excuses de l’épicier, une certaine anxiété la saisissait, que les autres, s’ils la rencontraient, ne montrassent autant de reconnaissance.

Dans son parc, peu lui importait toutes leurs audaces ; ailleurs il s’agissait de ne pas se compromettre. Il ne lui en survint aucun autre ennui et, en rentrant, elle s’informa auprès de Gernaque si les chiens stationnaient toujours près de la grille.

— Bien moins, Madame, de temps en temps, un, deux, mais ils ne s’arrêtent plus.

— Ne leur faites pas de mal, et s’ils veulent entrer, laissez-les passer. Peut-être flairent-ils quelque plante salutaire, il ne faut pas les en priver.

— Et s’ils causent des dégâts ?

— On les réparera.

Revenait-elle sur sa résolution d’éviter une chute irrémédiable ? Non, elle subissait ses époques, et elle n’allait pas au gymnase pour ne pas se fatiguer.

De plus, elle approchait du mercredi où elle avait promis de revoir le satyre, et elle tenait à se rendre compte si l’influence de l’homme la disputerait à celle des bêtes. Si dangereuse et si scabreuse que fût cette expérience, elle n’y manquerait pas.

Ce mercredi soir, en effet, elle arriva de Paris par le dernier train, comme la fois précédente, et un employé de la gare lui ayant demandé si elle n’avait pas peur et si elle désirait qu’on l’accompagnât, elle répondit que cela n’en valait pas la peine. Et elle partit toute seule.

Elle était très surexcitée. Après avoir vécu plusieurs jours dans la continence, les exigences de la chair recommençaient à la dominer. Habitué aux liqueurs fortes, un ivrogne ne peut s’en passer bien longtemps, accoutumée à des jouissances excessives, quoique anti-naturelles, Régine ne pouvait jeûner davantage.

Elle avait soif du mâle, d’un être qui la dominât, homme ou chien. Écœurée par les fadaises des amoureux de salon qu’elle venait de quitter, elle aspirait à la brute qui la courberait sous son désir, qui la brutaliserait au besoin, qui la violerait dans un rut formidable.

À cette seule pensée, elle sentait ses cuisses se mouiller et, marchant avec des enjambées assez longues, elle s’arrêtait de temps en temps pour se frotter par dessus ses robes, résistant avec peine à l’envie de passer la main sous sa chemise pour se caresser, se branler le bouton qui se dressait sous ses désirs.

Elle arriva enfin à l’endroit où se tenait le satyre tapi dans le fossé. Il la prit par le bras et l’attira à lui. Dans un geste spontané, elle lui saisit la tête de ses deux mains et lui planta sa langue dans la bouche, murmurant :

— Toi, au moins, tu es un homme ! Fais-moi ce que tu voudras. Touche-moi, je n’ai pas de pantalon.

— Je veux t’enculer, fit-il.

— Oui. Tout ce que tu voudras !

De ses mains aristocratiques, elle déboutonna la culotte grossière et saisit l’énorme vit qu’elle sortit.

Elle empoigna aussi les couilles dont elle avait peine à enfermer une dans sa main, et, de plus en plus en chaleur, elle tomba sur les genoux, et d’un coup elle engloutit la queue dans sa bouche. Sa langue se mit à travailler le filet avec tant d’ardeur que le satyre trembla sur ses jambes en étouffant un juron.

Tout à coup on entendit parler :

— Ce n’est pas naturel, disait une voix, nous aurions dû la rencontrer, elle marche moins vite que nous et elle devrait être par là.

— Oui, ce n’est pas bien catholique ; elle a disparu.

— D’autant plus qu’à la lueur de la gare je la voyais marcher devant moi. Tiens… j’ai entendu du bruit par là…

— J’ai bien apporté une lanterne, mais je n’ai pas d’allumettes ; allume ton briquet.

— Zut ! Il n’a plus d’essence ! Reste là à veiller, je cours à la gare ; dans cinq minutes je suis de retour… Il y a quelque chose !

C’était deux employés de la gare qui habitaient pas loin de là et qui, leur travail fini, s’en retournaient chez eux.

Le satyre, l’oreille tendue, n’avait perdu ni un son, ni un mot. D’une pesée sur l’épaule, il avait fait s’accroupir Régine sur le sol, puis il avait tiré son couteau et l’avait ouvert ; et c’est le bruit du déclic qu’avaient entendu les deux passants.

Habitué à voir dans les ténèbres, il suivit d’un regard fulgurant l’employé qui s’en allait au pas de course, et il était prêt à bondir sur le second, lorsque celui-ci, pas très rassuré, prit le chemin de son camarade, d’abord lentement, puis en allongeant le pas.

Lorsqu’on ne l’entendit plus, le satyre d’une bourrade releva Régine et lui dit :

— Allez ! Hop ! Au trot ! Faut se barrer ! J’ai ma bécane. Trotte ! la môme ! on se reverra ailleurs. Nom de Dieu ! Pas de veine ! Je te ferai savoir où me trouver. Foutons le camp !

Il ne l’embrassa même pas. Il sauta sur sa bicyclette et pédala à toutes jambes.

Quant à Régine, prise de peur elle-même, elle sortit vivement du fossé, secoua le bas de sa robe et partit en courant chez elle. Elle rentra avec ses clés particulières, car elle avait donné l’ordre qu’on ne l’attendit pas, ne sachant pas si elle reviendrait le soir même.

Elle tremblait du risque d’avoir été surprise, et ses sens surexcités, loin de se calmer, s’exacerbaient encore davantage. L’émotion du danger, l’instinct pervers de se livrer à l’amour de la brute, les premiers attouchements avec la pensée de la victoire toute proche, la proposition de l’enculage, la fuite stupide, tout cela développait son hystérie.

Elle éprouvait un désir insurmontable du contact mâle, et sa chair souffrait. Elle se révoltait contre cette fatalité qui avait brisé ses espérances voluptueuses.

Elle maudissait son amant de s’être dérobé sans la satisfaire. Avec les hommes on ne pouvait compter sur rien. On récolte toujours des ennuis et des chagrins à condescendre à leurs cochonneries.

Dans le vestibule, sous la petite lampe allumée pour l’éclairer dans le cas où elle rentrerait, elle aperçut un billet de Coralie.

Sa femme de chambre l’avisait de se méfier des chiens qui, par deux fois, avaient failli la jeter à terre, avec de sales manières incompréhensibles. Elle n’en était venue à bout qu’à grands coups de badine, et en les enfermant dans leurs pièces.

Régine poussa un gros soupir, les animaux étaient en chaleur, cela arrivait on ne peut mieux, elle allait en user avec la science et l’expérience qu’elle possédait en leur commerce.

Comment n’avait-elle pas prévu qu’ils sauteraient sur Coralie si elle les négligeait ? Et elle les négligeait, eux et les autres ! Elle monta à sa chambre et se dévêtit. S’étant ensuite assurée que ses servantes dormaient d’un profond sommeil, elle redescendit, nue, avec son peignoir sur le bras.

Les bêtes semblaient bien tranquilles, on ne les entendait pas. Se seraient-elles assagies ? Qui donc oserait affirmer qu’elles ne pressentent pas les choses ?

Lorsqu’elle entrouvrit bien doucement leur porte, elle les vit toutes les deux debout, comme si elles l’attendaient. Les deux molosses s’apprêtaient à bondir à son cou pour l’embrasser, la lécher, manifester leur joie, elle n’eût qu’à lever la main pour qu’ils rampassent à ses pieds et la suivissent de cette façon jusque dans le salon.

Oh ! la femme est vraiment charmeuse et dompteuse des animaux ! Là, elle ferma la porte à clé, abaissa les tentures, diminua la clarté de la lampe au point d’y distinguer tout juste et, dans cette demi-obscurité qui lui plaisait pour ses obscénités, elle se mit à quatre pattes afin de provoquer et de diriger l’événement. Elle se précipitait ainsi au devant du rut de ses chiens, dans cette posture ; il fallait qu’elle jouit à sa soif.

L’un d’eux la tenait déjà dans ses pattes, la couvrait ; elle se retourna sur le dos, glissant sous lui comme une anguille, le désarçonnant de son cramponnage. Elle sentit son souffle sur le visage ; c’était ce brutal de Fox, elle lui jeta les bras autour du cou, les jambes autour du corps ; il resta sur elle, la léchant, comme elle l’embrassait. Élèverait-elle la bête à agir comme un homme ?

L’autre, Médor, reniflait par côté ; elle lâcha Fox pour se remettre à quatre pattes, et elle en eût un à droite, l’autre à gauche. Alors, changeant brusquement de rôle, elle attrapa Médor par derrière, à sa grande surprise, et fit la manœuvre comme si elle allait le grimper.

Elle le tenait, les bras enlacés sous son ventre, elle pressait sur son dos, y apportait une réelle force qui l’obligeait à baisser sa croupe à terre, et elle l’échellait, donnant des coups de ventre contre son train d’arrière. Médor se prêtait très bien au jeu, se frottait avec onction, tournait la tête et cherchait à lui lécher la sienne. Fox, aussi étonné que son congénère de la voir jouer ce jeu, lui léchait les fesses par derrière, mais, tout en léchant, il reprenait position sur ses reins pour la grimper, parvenait à la faire abandonner Médor et, malgré toute la volonté qu’elle avait de retarder l’affaire, elle devait reconnaître la nécessité de se rendre.

Fox la gardait solidement dans ses pattes quand le foutre bouillonnait dans ses artères. Il l’avait attirée en sa possession, ses pattes de devant la harponnaient ferme à la ceinture, celles de derrière trépidaient avec vigueur et sa pine, pointée droit sur le con, par l’habitude acquise, s’enfonçait sans hésiter.

Elle ne se serait pas hasardée en ces instants, à le contrarier dans son assaut. Il était le mâle, conquérant de la femelle, malgré la différence des espèces, elle devait demeurer passive, comme morte, sous peine de recevoir un dangereux coup de croc.

Fox montait en sauvage. Sa forte pine s’actionnait dans le plaisir, gonflait démesurément, et il ne s’occupait pas si ses harpions déchiraient parfois la peau délicate de sa maîtresse. La langue de Médor cicatrisait ensuite et instantanément les déchirures.

S’il fichait, despotique et intraitable, la pine dans le con de Régine, en revanche, dès qu’il avait joui il devenait sot et mollasse à s’abattre inerte à la moindre bourrade qu’elle lui infligeait.

Sous son emprise actuelle, elle ne bougeait pas, elle frémissait à la pine qui s’agitait dans son vagin. Fox jouissait, il avait joui, il se reculait, elle s’étendit tout de son long sur le tapis.

Elle rêvait à prolonger hors des limites habituelles sa débauche, elle voulait passer la nuit dans le salon, avec ses chiens.

Se souvenant comme elle excita les cinq bêtes qui la suivirent dans la cahute à la paille, elle se promettait bien d’obtenir des merveilles de Fox et de Médor, et de s’en servir pour son propre plaisir jusqu’à plus soif.

Elle était étendue sur le ventre, et Médor ne cessait de la renifler sur tout son corps, essayant de s’accroupir contre ses fesses, sans trouver une posture commode pour l’enfiler à son tour. Elle s’intéressait vraiment à son manège. La bête craignait de lui faire mal, et, plus prévenante que ce méchant Fox, elle passait et repassait, attrapait le cul ou le gras des fesses avec ses babines pour tâcher de soulever les membres, Régine évoluait avec lenteur, tournoyait pour le dépister, Médor la grattait avec ses pattes.

À un certain moment, elle le jeta à terre, courut se tapir contre la tenture de la porte. Déjà il était sur elle debout, ayant le ventre à hauteur de son visage ; sa pine effleurait le nez de Régine qui ouvrit la bouche consciente ou non ; la chaleur moite qui caressait l’organe canin fit osciller les pattes sous le plaisir ressenti.

Elle ne suça pas. Elle ouvrit et referma les lèvres à plusieurs reprises, pinçant la pine sous leur velouté, le chien se laissait faire, elle l’enroula de ses bras autour des reins, et il poussa un gémissement de volupté énervée. À ce gémissement, Fox se rapprocha et vint renifler entre les jambes de son compagnon.

Elle laissa échapper la pine pour se coucher sur le côté, Médor s’abaissa sur-le-champ pour la lécher sur tout le corps, et Fox joignit sa langue à la sienne.

Elle fut secouée de telle façon par ces deux langues qu’elle jouissait, déchargeait, sans désemparer. Elle se remit à quatre pattes et marcha ainsi lentement, suivie par l’un et par l’autre. Médor recommençait à l’attaquer, posant les pattes sur ses fesses, elle les abaissait avec prestesse, et il ne pouvait pas l’enconner. Fox ne le gênait pas, mais trahissait de l’excitation.

Il s’engagea une lutte des plus curieuses et des plus érotiques entre Régine et Médor.

Tandis que le chien se reculait pour renifler les fesses et les repousser en l’air de ses pattes, Régine, semblant suivre son impulsion, se remettait en posture à quatre pattes, le cul très relevé. Médor en profitait pour se jucher, se cramponner, arriver à la couvrir. De nouveau elle rabaissait le derrière sur les talons, et l’animal se butait dans ce mouvement de va-et-vient. Il eut l’intuition d’un changement de tactique, et qu’elle tint le cul en haut, qu’elle le tint en bas, il ne la lâcha plus de ses pattes de devant, la harponnant à la ceinture, sur les épaules, donnant du ventre contre les fesses entre lesquelles il faufilait sa pine, tant et si bien que celle-ci finit par trouver son chemin de Damas dans la fente, pointa le trou, et avant qu’elle ne songeât à s’y opposer, Régine, pour la seconde fois, fut enculée.

Elle avait le fondement étroit, elle se débattit pour chasser l’engin, elle ne réussit qu’à mieux l’agripper, et la petite douleur éprouvée au passage de la pine se calmant, elle se laissa bien manœuvrer. Médor manœuvrait là avec plus de maîtrise, il jouissait et se complaisait dans sa jouissance, quand il s’agit de sortir du trou, il se produisit un réel tirage.

Le cul serrait, Régine se contractait à l’effort du chien, et elle restait vraiment collée, jouissant, coulant comme une fontaine, à se sentir cul à cul et pour de bon avec sa bête. Fox tournait tout autour, geignait doucement, essayant par des coups de langue de détacher Médor. Enfin les organes rentrèrent dans leur état naturel, et les deux combattants en volupté se séparèrent.

Régine goûta ensuite un long moment de repos délicieux, couchée sur son sopha ; elle contemplait avec encore de l’émoi ses deux chiens allongés sur le tapis.

Elle ne résista pas à la tentation de se vautrer au milieu d’eux, pour batifoler et les exciter pendant plus d’une heure.