La constitution essentielle de l’humanité/9
APPENDICE
I
SUR L’OUVRAGE INTITULÉ : Les Ouvriers européens.
La première édition a paru en 1855. L’auteur y décrit, dans les moindres détails, la condition de trente-six familles d’ouvriers. Il insiste sur les rapports qui unissent chacune d’elles aux classes supérieures de la société ; et il déduit de ces faits les caractères distinctifs des principales constitutions sociales de l’Europe.
L’ouvrage comprend trois parties : une introduction avec un exposé de la méthode d’observation propre à l’auteur ; un appendice résumant les principales conclusions ; un Atlas comprenant trente-six monographies de familles d’ouvriers.
L’ouvrage, soumis au jugement de l’Académie des sciences de Paris, a été apprécié par une commission composée de MM. Bienaymé, Boussingault, Ch. Dupin, de Gasparin et Mathieu. Le savant rapporteur, M. Ch. Dupin, a bien voulu signaler le plan suivi par l’auteur comme un modèle de méthode ; et il a exprimé le vœu que des observations conçues dans le même esprit fussent étendues à toutes les contrées. Il a proposé, au nom de la commission, d’accorder à l’auteur le prix de statistique fondé par M. de Montyon ; et il a terminé son travail par les réflexions suivantes :
« Les développements dans lesquels nous avons cru devoir entrer montrent le cas que nous faisons de l’ouvrage dont nous rendons compte à l’Académie. Ce travail est nouveau par son point de vue, par ce son ensemble, par son esprit mathématique à l’égard des faits constatés ; par l’esprit de modération avec lequel les idées propres à l’auteur sont présentées, soit à titre d’explications, soit à titre de conséquences. »
Le prix de statistique a été décerné à l’auteur, dans la séance publique de l’Académie des sciences du 28 janvier 1850. La 1re édition est épuisée depuis 1856.
L’auteur a publié, de 1877 à 1879, sur un plan nouveau et avec de nombreux compléments, une 2e édition in-8o, en 6 tomes ou livraisons. Il ne s’est plus borné, comme dans la 1re édition, à l’exposé des faits observés de 1820 à 1855, suivi d’un résumé des conclusions les plus importantes ; il a d’abord complété cet exposé en y joignant les observations recueillies de 1855 à 1870 ; de plus il y a introduit dans son entier la doctrine qui ressort de l’étude raisonnée de tous ces faits.
Le tome Ier forme à lui seul presque un ouvrage à part sous le titre : La Méthode d’observation appliquée, de 1829 à 1879, à l’étude des familles ouvrières, en trois livres ou précis sommaires touchant les origines, la description, l’histoire et les résultats de la Méthode, avec une carte géographique des 57 familles décrites.
Les cinq autres tomes sont consacrés aux 57 monographies ou descriptions méthodiques et comparatives de ces 57 familles ; elles y sont coordonnées suivant les trois régions naturelles qu’indique le caractère des faits sociaux qui s’y présentent.
La première de ces régions est l’Orient, qui se prolonge en Asie et en Afrique sur les rivages de la Méditerranée.
Le tome II a pour titre : Les ouvriers de l’Orient et leurs essaims de la Méditerranée, populations soumises à la tradition, dont le bien-être se conserve sous trois influences dominantes : le décalogue éternel, la famille patriarcale et les productions spontanées du sol. On y trouve les monographies suivantes :
La deuxième contrée sociale de l’Europe est le Nord ; le tome III lui est affecté avec le titre suivant : Les ouvriers du Nord et leurs essaims de la Baltique et de la Manche, populations guidées par un juste mélange de tradition et de nouveauté, dont le bien-être provient de trois influences principales : le décalogue éternel, la famille-souche et les productions spontanées du sol et des eaux. Voici les monographies de cette région contenues dans ce troisième tome :
La troisième et dernière région sociale de l’Europe est l’Occident ; elle ne présente pas l’unité de constitution que l’on trouve dans les deux premières : on y rencontre des populations parmi lesquelles le bien domine encore ; d’autres où les progrès du mal sont arrivés jusqu’à établir, avec le bien, une sorte d’équilibre ; d’autres enfin où la prédominance du mal déchaîne de cruelles souffrances. Aussi les monographies des familles de l’Occident sont-elles classées en trois séries, qui remplissent comme il suit les tomes IV, V et VI :
Tome IV. — Les ouvriers de l’Occident. — 1re série : populations stables, fidèles à la tradition devant les envahissements de la nouveauté, soumises au décalogue et à l’autorité paternelle, suppléant à la rareté croissante des productions spontanées par la communauté, la propriété individuelle et le patronage.
Tome V. — Les ouvriers de l’Occident. — 2e série : populations ébranlées, envahies par la nouveauté, oublieuses de la tradition, peu fidèles au décalogue et à l’autorité paternelle, suppléant mal à la rareté croissante des productions spontanées par la communauté, la propriété individuelle et le patronage.
Tome VI. — Les ouvriers de l’Occident. — 3e série : populations désorganisées, égarées par la nouveauté, méprisant la tradition, révoltées contre le décalogue et l’autorité paternelle, empêchées par la désorganisation du travail et de la propriété de suppléer à la suppression des productions spontanées.
II
SUR L’OUVRAGE INTITULÉ : La Réforme sociale.
L’auteur a entrepris, en 1858, la rédaction de cet ouvrage, sur la demande réitérée des personnes qui étaient alors en situation de coopérer à la réforme de la France. Il y a groupé, sous une forme analytique, les faits recueillis dans ses voyages et qui n’avaient été exposés que par un petit nombre de spécimens dans les Ouvriers européens. La première édition, publiée en 1864, a été suivie de six autres, en 1865, en 1867, en 1872, en 1874, en 1878 et en 1887. L’auteur, se référant à la pratique des peuples prospères, interprétée par les Autorités sociales, tend à un but qu’on peut résumer en peu de mots : signaler les conditions de l’ordre matériel et moral dans les sociétés de notre temps.
Amendé et complété dans chacune de ses six premières éditions, conformément aux nouvelles observations de l’auteur et aux critiques des hommes compétents, l’ouvrage comprend aujourd’hui une introduction, sept livres et une conclusion. Il est divisé en 69 chapitres et en 754 paragraphes. L’introduction a l’étendue d’un livre : elle expose la méthode qui a guidé l’auteur, puis la distinction du vrai et du faux telle qu’il l’a déduite du rapprochement des faits observés et de l’opinion des Autorités sociales. Les sept livres traitent successivement des principales branches de l’activité humaine : ils ont pour objet la religion, la propriété, la famille, le travail, l’association, les rapports privés et le gouvernement. Dans chacun de ces livres, l’auteur décrit les idées, les mœurs et les institutions qui font le succès des peuples les plus prospères de l’époque actuelle. Selon la déclaration unanime des Autorités sociales de l’Europe, déjà faite par Socrate et reproduite par Montesquieu, il enseigne que chaque pays doit fonder sa réforme sur les coutumes de ses époques de prospérité ou sur les pratiques classées au premier rang par l’opinion des contemporains. Enfin la conclusion donne le résumé des modifications qu’il y a lieu d’introduire successivement dans les idées, les mœurs et les institutions de l’Occident.
Le sommaire suivant résume le plan et indique l’importance relative des diverses parties de l’ouvrage.
Avertissement de la première édition. — Préface de la quatrième édition. — Avertissement des éditeurs sur l’œuvre de M. F. Le Play. = Introduction : Les idées préconçues et les faits, touchant la distinction du bien et du mal. = Livre premier : La Religion ; le scepticisme n’est justifié ni par la science, ni par l’histoire, ni par la pratique des peuples modèles ; la religion en Russie, en Angleterre, aux États-Unis) en France ; la restauration des croyances, commencée par la réforme morale du clergé, sera complétée par l’abstention de l’État et par la pratique de la tolérance. = Livre deuxième : La Propriété ; les régimes de succession rendent fécondes ou stériles la propriété et les familles de propriétaires ; inconvénients et dangers des régimes de contrainte en matière de succession ; bienfaits du régime de la liberté testamentaire complétée par une coutume ab intestat tendant à fonder la vie privée sur le travail et la vertu. = Livre troisième : La Famille ; la stabilité des familles a pour base la propriété continue du foyer domestique : leur prospérité est surtout l’œuvre d’une femme sage et pudique ; l’autorité paternelle et la vieillesse ont pour mission de transmettre aux générations nouvelles la tradition nationale, en les drossant au respect, au travail et à la prévoyance ; la jeunesse, sous cette contrainte indispensable, dompte le vice originel et acquiert les vertus de l’âge mur ; la famille-souche se montre particulièrement efficace pour assurer le bonheur des individus et pour accroître par ses rejetons la puissance de l’État.
Livre septième : Le gouvernement. — 1re partie : Le choix des modèles ; plus la souffrance s’accroît chez une nation, plus les pouvoirs de la vie publique empiètent sur la vie privée ; la coutume, les mœurs, la loi écrite ; le gouvernement local ; les petites nations sont moralement plus saines que les grandes ; modèles offerts par les États Scandinaves, les petits États allemands, la Suisse, les Pays-Bas et la Belgique, l’Italie, l’Espagne ; le modèle le plus utile pour la réforme en France est la constitution sociale du Royaume-Uni de (Grande-Bretagne et d’Irlande ; aperçu des institutions privées de ce grand État en 1864 ; la paroisse ; le comté ; les agglomérations urbaines ; les régimes provinciaux d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande ; le gouvernement central du Royaume-Uni ; l’esprit de la constitution britannique. — 2e partie : La Corruption et la Réforme en France ; l’antagonisme et l’intolérance, créés par les abus de la monarchie en décadence, aggravés par les erreurs de la Révolution ; la bureaucratie, irresponsable ; les fausses méthodes de réforme ; imperfections de la vie communale ; ruine de la vie provinciale ; le gouvernement central a pour but essentiel le règne de la paix publique.
Conclusion : Les Conditions de la réforme en 1864 ; l’épilogue de 1878.
La Société des études pratiques d’économie sociale s’est constituée, en dehors de tout système politique, pour remplir le vœu qu’a exprimé l’Académie des sciences de Paris, en décernant le prix Montyon à l’ouvrage intitulé : Les Ouvriers européens. Elle[1] applique à l’étude comparée des diverses constitutions sociales la méthode d’observation de F. Le Play. Elle publie le résultat des recherches qu’elle encourage par des prix, dans un recueil ayant pour titre : Les Ouvriers des deux Mondes.
La première pensée de cette institution a été émise dans une réunion de savants, d’agriculteurs et de manufacturiers appelés à Paris par l’Exposition universelle de 1855. La Société a rédigé ses statuts le 11 avril 1856. Elle s’est définitivement constituée le 27 novembre suivant. Elle a exposé, élans une notice spéciale, datée du 1er janvier 1857, le but qu’elle poursuit et les moyens d’action qu’elle emploie. Elle a publié, en 1858, le tome Ier des Ouvriers des deux Mondes. Enfin elle a été classée, en 1869, par décret de l’empereur, comme établissement d’utilité publique ; et, en cette qualité, elle est autorisée à recevoir des dons et legs.
Les Ouvriers des deux Mondes, auxquels le présent ouvrage se réfère par de fréquents renvois, comprennent les monographies indiquées ci-après :
Ces cinq tomes forment une première série de monographies, publiées de 1858 à 1884. En juillet 1885, la Société d’économie sociale a commencé une deuxième série qui parait par fascicules trimestriels et dont le quatrième tome est en cours. La première série comprenait quarante-six monographies ; la deuxième contient déjà trente-cinq descriptions de familles dont voici la liste :
La Société d’économie sociale, pour guider ses collaborateurs et imprimer une direction uniforme à leurs travaux, a publié, en 1862, un document ayant pour titre : Instruction sur la méthode d’observation dite des Monographies de familles, propre à l’ouvrage intitulé : Les Ouvriers européens. Cette Instruction a été, en 1887, revue, développée et augmentée de spécimens de monographies, afin de faire mieux connaître la façon d’établir les budgets de recettes et de dépenses ainsi que les comptes qui y sont annexés.
La Société tient ses séances de novembre à mai, le deuxième lundi de chaque mois, à huit heures et demie du soir. À la fin de chaque session, des séances extraordinaires ont lieu à l’occasion de la réunion annuelle des Unions de la paix sociale. Dans toutes ces séances, la Société discute les questions sociales à la lumière des faits et de l’observation, et en dehors de toute idée préconçue. Elle publie, depuis le 1er janvier 1886[2], le compte rendu de ses discussions dans la revue bi-mensuelle La Réforme sociale, Bulletin de la Société d’économie sociale et des Unions de la Paix sociale. Cette revue, que Le Play avait fondée en 1881, en lui donnant pour titre celui du plus célèbre de ses ouvrages[3], forme par an deux forts volumes in-8o de mille pages chacun, et constitue un répertoire varié d’études morales et de recherches économiques toujours inspirées par les leçons de l’expérience[4].
La Société d’économie sociale ne s’est point bornée à poursuivre cet ensemble de recherches et de publications, et à réunir de nombreux matériaux d’études : elle s’est attachée, partout où son action se pouvait faire sentir, soit à encourager l’enseignement scientifique de l’économie sociale, soit à provoquer des enquêtes méthodiques sur la condition morale et la situation matérielle des populations ouvrières, soit à susciter l’application pratique des résultats déduits de l’observation. À cet effet, elle patronne des cours et des conférences pendant chaque session ; elle donne des prix à distribuer dans les écoles de tout rang qui ont organisé un enseignement social ; elle a créé en 1892 des récompenses destinées à honorer, dans les milieux ouvriers, les vertus de famille et l’attachement à l’atelier ; enfin, dans la mesure que lui permettent les donations qu’elle a reçues, elle s’efforce de développer par des concours la connaissance et l’emploi de la méthode d’observation dans les études sociales.
C’est pour obéir aux mêmes préoccupations que la Société a aidé son fondateur F. Le Play dans les travaux relatifs au nouvel ordre de récompenses créé à l’exposition universelle de 1867 en faveur des ateliers qui conservent le mieux la paix sociale. De même, à l’exposition universelle de 1889, un grand nombre de ses membres se sont dévoués, soit dans les commissions et les jurys, soit comme exposants, à celle exposition d’économie sociale qui a si hautement témoigné de la fécondité du patronage volontaire. C’est ainsi encore qu’elle a encouragé de son appui le développement des institutions de prévoyance, de coopération ou de mutualité, aussi bien que les efforts qui, répondant à un généreux appel, ont voulu dans ces dernières années accomplir un grand devoir social en améliorant dans nos cités les logements de l’ouvrier et du pauvre[5].
Parmi les hauts encouragements que la Société d’économie sociale a reçus, elle aime surtout à compter la médaille d’or du Prix Audéoud, décernée par l’Académie des sciences morales et politiques, et le Grand Prix donné par le Jury international d’économie sociale de l’exposition universelle de 1889.
La Société comprend des membres honoraires et des membres titulaires. La cotisation annuelle des membres honoraires est de 100 francs au minimum. La cotisation des membres titulaires est fixée à 25 fr. Les uns et les autres ont droit à assister aux séances de la Société, à prendre part à ses travaux, à user gratuitement de sa bibliothèque, à se procurer à des prix réduits les publications qu’elle édite ou qu’elle patronne, enfin à recevoir la revue bi-mensuelle La Réforme sociale et les fascicules trimestriels des Ouvriers des deux Mondes.
L’étude du passé et l’observation du présent enseignent que certaines institutions sociales engendrent invariablement la paix, tandis que d’autres créent ou entretiennent la discorde. Tout homme de bonne foi, s’il est instruit de ce contraste, tire lui-même la conclusion pratique. Cette étude comparée des constitutions sociales de tous les lieux et de tous les temps a été commencée, il y a un demi-siècle, par F. Le Play et continuée, depuis cette époque, d’après la même méthode, par un groupe considérable d’observateurs. Mais il est nécessaire de propager partout les conclusions ainsi déduites de l’étude des faits et de les mettre en pratique.
C’est pour atteindre ce but que les Unions de la Paix sociale se sont spontanément constituées autour de F. Le Play, à la suite des événements de 1871. Elles sont aujourd’hui réparties en France et à l’étranger, par petits groupes autonomes, unis entre eux par la communauté de la méthode et reliés par la revue la Réforme sociale qui leur sert d’organe. Les plus importants de ces groupes sont aujourd’hui ceux de Lille, Lyon, Bordeaux, Angers, Moulins, etc. Les Unions locales tiennent des séances périodiques, organisent des conférences publiques et des cours dans les écoles de divers degrés et distribuent des prix. Plusieurs assemblées régionales ont lieu chaque année ; les principales ont été celles de Lille, Lyon, Montluçon, Moulins, Angers, Nevers, Bourges, Clermont-Ferrand, Bourges, Bordeaux, etc.
L’action des Unions s’exerce surtout par l’intermédiaire de Correspondants locaux. Le titre de Correspondant est accordé aux membres qui veulent bien entrer en rapport avec le secrétaire général des Unions et prendre l’initiative de la formation d’un groupe dans leur voisinage. Le rôle des Correspondants est de servir d’intermédiaires soit pour transmettre au comité de rédaction de la Réforme sociale, et faire ainsi connaître à tous leurs confrères les faits curieux et les observations spéciales de leur localité ; soit pour provoquer autour d’eux l’application des réformes indiquées par les enseignements de l’expérience ; soit enfin pour recruter des adhésions et présenter des membres nouveaux.
Depuis 1882, un Congrès ressemble chaque année à Paris, dans la seconde quinzaine de mai, les membres des Unions et de la Société d’économie sociale[6]. Chacune de ces sessions comprend des séances générales, des réunions de travail et de discussion, des visites sociales à des établissements industriels, des exploitations agricoles et des œuvres d’assistance. En outre, une réunion spéciale est réservée aux correspondants et aux délégués des Unions locales.
Pour être admis dans les Unions de la Paix sociale, il faut être présenté par un membre, ou adresser directement au secrétaire général une demande d’admission. Cette adhésion aux doctrines des Unions implique l’obligation morale de concourir à leur développement, par la propagande des idées et le recrutement des adhérents. Tous les membres ont donc le devoir : 1° de lire quelques-uns des livres de Le Play, dont rien ne peut remplacer l’étude ; 2° de propager autour d’eux la connaissance de ces mêmes livres et de la revue la Réforme sociale ; 3° de gagner ainsi aux Unions de la Paix sociale de nouveaux membres qui deviendront à leur tour de zélés auxiliaires. Les noms des membres nouvellement admis seront publiés dans la Réforme sociale.
Les Unions se composent de membres associés et de membres titulaires. Les uns et les autres payent une cotisation annuelle de 15 francs (de janvier à décembre) qui leur donne droit à recevoir la Réforme sociale. Mais les membres titulaires concourent plus intimement aux travaux qui servent de base à la doctrine des Unions. Ils payent, outre la cotisation annuelle, un droit d’entrée de 5 francs au minimum au moment de leur admission. Ils reçoivent, en retour, pour une valeur égale d’ouvrages de F. Le Play.
Adresser les communications, envois d’argent ou demandes de livres, au secrétariat, 54, rue de Seine, à Paris.
L’enseignement de la science sociale, dont Le Play signale ci-dessus (§ 1) la place parmi les institutions de l’école, s’est aussi considérablement développé. À la vérité, « le maître formé par quarante années de travaux » (Ouvr. européens, t. Ier, xvii, 10), qui avait été le collaborateur assidu de l’auteur de la Réforme sociale et longtemps le seul professeur en quelque sorte de cet enseignement, M. Ad. Focillon, nous a été enlevé en 1890. Frappé une première fois, au milieu même de ses leçons, en 1883, il avait dû momentanément les interrompre, pour les reprendre ensuite jusqu’à la fin de sa vie. D’autres d’ailleurs s’étaient peu à peu groupés autour de lui, et quelques-uns de ses élèves ont pu prendre part à leur tour aux travaux de cet enseignement. C’est ainsi que nous relevons les noms et les sujets suivants dans les cours donnés sous les auspices de la Société d’économie sociale et des Unions :
M. Ad. Focillon, ancien directeur de l’école municipale Colbert : La famille dans ses rapports avec les autres éléments de la Constitution sociale (1888). — Les réformes des institutions publiques en France d’après l’observation comparée des autres nations (1889). — Le Play, sa vie, sa méthode et son œuvre de reconstitution de la science sociale (1890).
M. E. Cheysson, inspecteur général des ponts et chaussées, professeur à l’École des mines : Les voyages d’études économiques et sociales ; La monographie d’atelier (1887).
M. Claudio Jannet, professeur à la faculté libre de droit de Paris : La méthode d’observation et ses applications (1886). — La fortune mobilière et la spéculation (1893).
M. Urbain Guérin : Les monographies de famille et les voyages d’étude (1886 et 1888). — La propriété et son rôle social sous ses diverses formes ; La communauté (1887) ; La propriété patronale (1889) ; La petite propriété (1891). — Les associations ouvrières dans l’industrie moderne (1890). — Les réformes nécessaires du gouvernement local ; commune et province (1892).
M. A. Béchaux, professeur à la faculté libre de droit de Lille : L’économie sociale et le Code civil (1890). — Le rôle de l’État d’après la science sociale (1891).
M. Hubert-Valleroux, avocat : Les associations professionnelles ; Corporations d’arts et métiers et syndicats professionnels (1892).
Les cours ont lieu maintenant chaque hiver dans la grande salle de la bibliothèque de la Société d’économie sociale (rue de Seine, 54).
À ce même mouvement d’études, il faut aussi rattacher le cours libre professé depuis quatre ans à l’école de droit de Paris par M. du Maroussem, docteur en droit, sur la Question ouvrière d’après la méthode monographique. Chaque année le cours comprend d’abord l’exposé de la méthode des monographies de familles et d’ateliers, puis l’application de cette méthode à l’étude d’un métier parisien : les Charpentiers (1890) ; les Ébénistes du faubourg Saint-Antoine (1891) ; les Ouvriers du jouet (1892) ; les Halles centrales de Paris (1893)[7].
Des exercices pratiques joints à plusieurs de ces cours ont donné lieu à des distributions de bourses de voyage ou à des concours avec prix.
Il convient enfin de rappeler ici les conférences et les cours organisés par les Unions de la paix sociale. Ce sont tantôt des leçons régulières avec devoirs et exercices, tantôt des conférences dominicales. Cet enseignement, pour lequel la Société et les Unions donnent chaque année des ouvrages à distribuer en prix, a lieu soit dans des écoles primaires supérieures, soit dans des écoles professionnelles. Il s’est multiplié surtout à Lyon, Saint-Étienne, Roanne, Lille, Aubusson… Un prix fondé par la Société encourage les études économiques et sociales à l’École des hautes études industrielles de Lille. Le groupe des Unions du Nord a donné cette année une série de conférences très suivies et terminées par un concours avec deux prix (200 fr. et 300 fr.) et plusieurs mentions.
L’école de la paix sociale, on le voit, appuyée sur sa revue périodique la Réforme sociale, s’applique, selon le vœu de son fondateur, à propager le goût des études sociales, la connaissance des monographies et la pratique de la méthode d’observation.
Principaux collaborateurs : Alb. Le Play, E. Cheysson, J. Michel, Cl. Jannet, A. Delaire, J. Lacointa, Ant. d’Abbadie, P. Allard, F. d’Arligues, G. Ardant, F. Auburtin, A. Babeau, H. Beaune, A. Béchaux, Boycnval, J. Gazajeux, J. Ferrand, A. Fougeroussc, J. de Garidel, A. Gibon, A. Gigot, U. Guérin, Cl. Juglar, Et. Lamy, E. Levasseur, R. Lavollée, L. Lefébure, G. Picot, Ch. de Ilibbe, Eug. Rostand, J. A. des Rotours, A. Silvy, R. Stourm, Ch. Welchc, Y. Bogisic, Yiclor Prants, Ch. Dejace, Dr Kaempfe, Prof. Nagy de Felso-Eor, Santangelo Spoto Ippolito, etc. etc.
En publiant les Ouvriers européens, Le Play a défini, dès 1855, les procédés d’observation propres à l’étude des sociétés et en a montré la féconde application. Plus tard, de terribles désastres ont frappé noire patrie. Par une sorte de prévision scientifique, appuyée sur l’observation, l’auteur de la Réforme sociale en France les avait entrevus et annoncés à une époque où l’horizon était serein et, sur quelques points, radieux. Après ces jours d’épreuves, il a repris avec l’inflexibilité et le calme de la science la démonstration commencée et, de la même voix qui avait prédit la décadence, il s’est efforcé d’indiquer le chemin du salut. À son appel ont répondu de lotîtes parts les hommes de dévouement. De là sont nées, en 1872, les Unions de la paix sociale. Enfin un enseignement s’est organisé pour propager l’emploi de la méthode et en favoriser les applications.
C’est pour servir de lien à cet ensemble d’efforts, et pour satisfaire ainsi à un vœu souvent renouvelé, que la revue bi-mensuelle la Réforme sociale a été créée au mois de janvier 1881 afin de remplacer, en le développant, l’Annuaire[8] qui publiait les travaux des Unions depuis 1875. Les succès si marqués qui l’ont accueillie dès son début prouvent qu’elle répondait à une nécessité et qu’elle arrivait à son heure. Elle a immédiatement groupé autour d’elle, en France et à l’étranger, ce public nombreux et intelligent qui commence à se fatiguer des improvisations hâtives du journalisme, qui éprouve une répugnance secrète pour les agitations sans but et pour les affirmations stériles, et qui désire préparer enfin à la société moderne un avenir de stabilité et de prospérité.
Toutefois les conditions de son organisation première, décrites ci-dessus par son fondateur (ch. VI, § 11 et Doc. ann. § 7), se sont modifiées avec le temps. L’expérience a montré que la forme « commerciale » adoptée par la « corporation de la réforme sociale » comportait plusieurs inconvénients. Suivant les conseils laissés par Le Play, ceux qui dirigent les diverses institutions de l’école de la paix sociale se sont concertés avec la société commerciale, et d’un commun accord celle-ci s’est liquidée. En janvier 1886, la Réforme sociale est devenue ainsi la propriété de l’aînée des deux sociétés sœurs, la Société d’économie sociale, dont elle remplace le Bulletin. Depuis ce moment, elle continue à étudier les problèmes économiques et sociaux qui prennent aujourd’hui le premier rang dans les préoccupations de l’opinion publique, et elle en demande la solution à l’observation des faits, selon la méthode de F. Le Play, en dehors de tout esprit de parti et de toute théorie préconçue.
En 1891, la Réforme sociale a reçu des agrandissements importants. Au prix d’une très minime augmentation de cotisation, elle a porté chacun de ses fascicules de 48 à 80 pages ; c’est-à-dire qu’au lieu de 1200 pages par an elle en donne maintenant 2000. En même temps elle a commencé la publication régulière d’une analyse critique des recueils économiques de la France et de l’étranger, qui en fait le guide le plus utile pour ceux qui étudient la science sociale.
La Réforme sociale paraît le 1er et le 16 de chaque mois.
Les membres de la Société d’économie sociale et les membres des Unions de la Paix sociale reçoivent la revue en retour de leurs cotisations annuelles.
Les personnes étrangères aux deux Sociétés peuvent s’abonner aux conditions suivantes : France : Un an, 20 fr. ; six mois, 11 fr. — Union postale : Un an, 25 fr. ; six mois, 14 fr. — Les abonnements partent du 1er janvier ou du 1er juillet. — Chaque livraison 1 franc.
Toute demande d’abonnement ou de renouvellement doit être accompagnée d’un mandat-poste au nom de M. Prévost, administrateur de la Réforme sociale.
La première série complète (10 vol.) : 80 fr. — Les tomes I, III, IV, presque épuisés, ne se vendent qu’avec la collection complète. Chacun des autres volumes se vend séparément au prix de 5 fr.
La deuxième série complète (10 vol.) : 80 fr. — Les tomes IX et X, presque épuisés, ne se vendent qu’avec la collection complète. Chacun des autres volumes se vend séparément au prix de 5 fr.
La troisième série (en cours). — Chaque volume, 7 fr.
De 1855 à 1869, les ouvrages composant cette Bibliothèque ont été publiés sous divers formais, avec le concours de plusieurs éditeurs. Dès cette première époque, le principal auteur se préoccupa uniquement de favoriser la diffusion de ces ouvrages dans le public, en obtenant qu’ils lui fussent offerts au meilleur marché possible.
En 1869, les lecteurs habituels de la Bibliothèque commencèrent à émettre l’opinion que l’enseignement déjà constitué pourrait être utile à la réforme sociale de l’Occident. L’idée de fonder sur cet enseignement les Unions de la Paix sociale se fit jour de toutes parts. C’est dans ces circonstances que les Éditeurs actuels de la Bibliothèque vinrent offrir un concours absolument désintéressé.
Ils ont exposé eux-mêmes[9] les motifs de cette généreuse intervention.
Le catalogue suivant donne la composition de la Bibliothèque au 1er mai 1893.Nota. — Parmi ces ouvrages, les uns se composent d’études comparées sur la population ouvrière des diverses régions du globe, et offrent les vrais fondements de la science sociale ; les autres ont pour objet spécial de décrire les idées, les mœurs et les institutions qui offrent les meilleurs modèles, pour la réforme sociale de la France et des autres nations de l’Occident.
Les Ouvriers européens, Études sur les Travaux, la Vie domestique et la Condition morale des populations ouvrières de l’Europe.
Tome Ier. — La Méthode d’observation. = Tome II — Les ouvriers de l’orient = Tome III. — Les Ouvriers du Nord. = Tome IV. — Les ouvriers de l’occident, 1re série (Populations stables). = Tome V. — Les ouvriers de l’occident, 2e série (Populations ébranlées). = Tome VI. — Les ouvriers de l’occident, 3e série (Populations désorganisées).
N° 1. L’Urgence de l’Union politique en France, lettre de M. le comte de Butenval. — N° 2. L’accord des partis politiques, lettre de M. Lucien Brun. — N° 3. Le Retour au vrai et le rôle du Clergé, lettre de Mgr Isoard. — N° 4. La Question sociale et l’Assemblée nationale, réponse aux questions des députés membres de l’Union. — N° 5. Le Principe et Les Moyens du salut en France, lettres de lord Denbigh et de lord Robert Montagu. — N° 6. La Presse périodique et la Méthode ; à propos de l’œuvre de M. F. Le Play ; lettre-conférence, par M. Emm. de Curzon. — N° 7. Prélude aux Unions locales, notice sur la Bibliothèque de la paix sociale, avec, le précis historique des travaux qui en ont préparé la fondation. — N° 8. La Méthode expérimentale et la Loi divine, lettre de M. P. Pradié, député à l’Assemblée nationale.
Nota. — On trouvera de plus amples renseignements au secrétariat de la Société d’Économie sociale, rue de Seine, 51, à Paris.
Les Ouvriers des deux mondes, publiés sur la demande de l’Académie des sciences de Paris par la Société des études pratiques d’économie sociale, pour faire suite aux Ouvriers européens.
(Par souscription 1 fr. 50.)
La Réforme sociale, revue bi-mensuelle, fondée par F. Le Play en 1881.
La Réforme sociale parait le 1er et le 16 de chaque mois, et forme par an deux forts volumes de 900 à 1 000 pages chacun, avec tables analytiques.
Les membres de la Société d’économie sociale et les membres des Unions de la paix sociale reçoivent la Réforme sociale en retour de leurs cotisations. Les personnes étrangères à ces deux sociétés peuvent s’abonner aux conditions suivantes : France : un an, 20 fr. ; six mois, 11 fr. — Union postale : un an, 25 fr. ; six mois, 14 fr. — Bureaux et secrétariat, rue de Seine, 54, à Paris.
Enquête sur l’application des lois de succession.
1re série : I. Dauphiné ; Pays basques. — II. Provence.
2e série : I. Rapport général ; Enquête dans les Cévennes, les pays basques, la Guienne, la Franche-Comté. — II. La petite propriété, les lois d’Homestead exemption, etc. — III. L’autorité paternelle : Enquête dans la Creuse, le Limousin, le Pas-de-Calais, etc.
- ↑ Voir ci-dessus, I.
- ↑ De 1856 à 1864 les procès-verbaux des séances sont restés manuscrits ; de 1805 à 1885 ils ont été publiés dans un Bulletin qui forme 9 volumes in-8o, avec tables analytiques. En janvier 1880, la Société est devenue propriétaire de la revue la Réforme sociale, qui depuis lors remplace le Bulletin. Les deux premières séries de la Réforme sociale (1881-1890) constituent une collection de 20 volumes in-8o, dont plusieurs sont presque épuisés.
- ↑ Voir ci-dessus, II.
- ↑ On peut se procurer au secrétariat de la Société, 51, rue de Seine, le Bulletin, la Réforme sociale et les Ouvriers des deux-Mondes, à des conditions dont on trouvera le détail ci-après, III, 5 ; la Bibliothèque de la paix sociale.
- ↑ Pour cette partie spéciale de ses travaux, la Société a reçu une médaille d’or du Jury d’économie sociale (sect. XI, habitations ouvrières), à l’exposition universelle de 1889.
- ↑ Les compagnies de chemins de fer accordent la faveur des billets à demi tarif aux membres qui prennent part à ces congrès.
- ↑ Les leçons de chaque année tonnent un volume avec plusieurs monographies. Les deux premiers volumes ont paru (A. Rousseau, édit.).
- ↑ Annuaires des Unions et de l’Économie sociale, 1875-1880 ; 5 volumes, prix 15 francs.
- ↑ La Réforme sociale en France : Avertissement des Éditeurs, t. Ier, p. xxii, et ci-dessus, 4.