La colonie Canadienne-Française de Chicago/Saint-Louis de Pullman

Strombert, Allen & Cie (p. 27-32).

SAINT LOUIS DE PULLMAN





En 1887, les familles canadiennes-françaises de Pullman, de Kensington, de Gano et de Roseland, se trouvaient assez nombreuses pour former une paroisse sous la direction d’un pasteur de notre origine. Le Rév. Père Goulet leur fut envoyé, et, le dimanche, elles se réunissaient dans une salle publique qu’elles avaient louée pour assister à l’office divin.

Quelques temps après, le Rév. T. Ouimet lui succéda. Les difficultés alors étaient nombreuses sous bien des rapports. Leur faire face demandait un pasteur habile et plein de courage et de bonne volonté. Ces qualités ne manquent pas à messire l’Abbé T. Ouimet.

Il se mit à l’œuvre, et c’est lui qui a certainement le mérite d’avoir fondé cette paroisse au prix des plus grandes fatigues et des sacrifices les plus durs aux yeux des hommes. Quoique jeune alors dans le ministère, il avait l’expérience du monde et réussit à surmonter les difficultés. Il acheta les lots et l’église était déjà en voie de construction quand la paralysie vint arrêter sa nature toute vivante et indomptable devant la mort.

Tout alors fut abandonné et la paroisse semblait destinée à disparaître. C’était un malheur. On était content des succès du curé Ouimet. Avec ses paroissiens, il voulait faire renaître de ses cendres sur la rue 114ième la vieille église Saint Louis. Comme messire l’Abbé Ouimet est artiste et s’entend en peinture, il se proposait de faire un chef-d’œuvre de décoration dans son église. Mais la maladie a enchaîné son activité, et il se vit contraint de laisser sa congrégation.

On peut ôter aux canadiens catholiques le fruit des labeurs des premières missions françaises. Mais Saint Louis qui veille sur l’avenir de sa race a permis qu’un autre bon prêtre de notre nationalité vint continuer l’œuvre difficile, patriotique et religieuse commencée par l’Abbé Ouimet.

Le 6 avril 1890, le Rév. Père J. B. L. Bourassa arriva au milieu de nos compatriotes de la paroisse Saint Louis. Il trouva les quatre murs nus d’une église commencée, point d’autel, point de presbytère, et autour de ces murs isolés, une centaine de familles canadiennes. Grâce à son activité, à son énergie et à son ascendant sur les esprits et les cœurs, le Rév. J. B. L. Bourassa réunit tout son monde, fit de tous comme un seul homme, les poussa en avant en marchant lui-même en tête, et aujourd’hui, on voit à Pullman une belle église canadienne toute finie en fresco, un beau maître-autel et deux autels latéraux, un magnifique presbytère bien fini au plâtre avec rosaces et d’autres ornementations valant $5,500. En somme des propriétés pour au-delà de $30,000. Mais aussi il faut dire que tout le monde y a mis bravement la main, le Rév. Père J. B. L. Bourassa donnant lui-même l’exemple en manipulant la scie et le marteau.

C’était vraiment admirable de voir ces braves paroissiens se rendre, après leur journée de travail, à la place de leur église offrir gratuitement leur service pour la terminer le plus tôt possible.

La voûte de l’église est divisée en six panneaux ou arches à fond bleue parsemés d’étoiles en or ; tout autour apparaissent de jolis petits anges, et un magnifique rideau de couleur brillante encadre, au-dessus du maître-autel, un cadre destiné à recevoir l’image de Saint Louis, le titulaire de la paroisse. Le travail à fresque est l’œuvre de M. C. Pruneau, de Montréal, Canada. Ce monsieur s’est initié à l’art de la peinture sous le célèbre Napoléon Bourassa.

Nous ferons remarquer, ici, que le maître-autel avait été ordonné par le Rév. Ouimet, et qu’il était déjà rendu aux lignes lorsqu’il est parti pour le Canada.

La superficie de cette église est de 40 x 60 pieds. Elle peut contenir 300 personnes. Il fallait un presbytère. Le Père


ÉGLISE SAINT LOUIS DE PULLMAN, ILL.

Bourassa et ses paroissiens se mirent encore à l’œuvre. Il mesure 40 pieds sur 24, a deux étages, douze appartements. Cette résidence, dont le plan a été fait par le Père Bourassa, aidé de M. Wilfrid Major, fait honneur à la congrégation de Saint Louis, et le pasteur n’a aucunement à envier les splendides presbytères des vielles paroisses de Chicago.

Les travaux sur l’église furent si rapidement exécutés, que la première messe qui y fut dite précéda celle qui eut lieu pour la première fois à la nouvelle église de Notre-Dame ainsi qu’à l’église Saint Joseph de Brighton Park.

M. le curé Bourassa ne put limiter là son zèle : Il fallait que sa paroisse eût une école. Cette école vient d’être terminée, et trois sœurs de la Congrégation de Notre-Dame doivent en prendre la direction, l’automne prochain.

Voilà encore un jeune prêtre canadien-français qui sait travailler pour l’honneur de l’église et le bien de nos compatriotes confiés à sa charge. Il y a trois ans qu’il est à Pullman, et il a pu réussir à réduire la dette à $11,000,

Dans la paroisse du Père Bourassa existent les sociétés suivantes : La Ligue du Sacré-Cœur pour hommes et jeunes gens, au nombre de 150 membres ; Les Dame de Sainte-Anne, se comptent au nombre de 50 ; Les Enfants de Marie, se trouvent au nombre de 35 membres.




MESSIRE JEAN-BAPTISTE L. BOURASSA.


Le curé actuel de Pullman est du comté de Chateauguay. Le 6 Août 1859, la paroisse de Chateauguay le vit naître de bons parents chrétiens, M. Louis Bourassa ayant pour épouse Delle Caroline Le Pailleur.

Après un solide cours d’étude au collège de Montréal, il étudia la théologie au Grand Séminaire de la même ville et, le 18 Décembre 1886, il fut ordonné prêtre par Mgr  l’Archevêque Fabre.

Il exerça, d’abord, comme assistant, le ministère à Huntingdon et à Saint Jean d’Iberville. Sa faible santé le forçant de prendre du repos, il vint dans l’Ouest, et, après quelques mois passés à Saint Louis, il put accepter le poste de chapelain à l’importante Institution de Feehanville dirigé par les Frères des Écoles Chrétiennes. Il y resta deux ans, y fit beaucoup de bien, et y laissa le meilleur souvenir. C’est de là qu’il fut appelé à remplacer à l’église Saint Louis de Pullman, M. l’Abbé T. Ouimet, devenu gravement malade par suite des nombreux travaux qu’il s’était imposés dans l’établissement de cette paroisse. Messire Bourassa y arriva le 5 Avril


messire jean-baptiste l. bourassa.


1890. L’église n’était pas encore terminée, n’ayant que les murs sans aucune ornementation. Le nouveau curé y célébra cependant la première messe le jour de Pâques, et se mit courageusement à l’œuvre. On peut dire que l’état actuel de cette congrégation est dû à son grand zèle et à ses capacités en matière de finances. L’église possède, maintenant, un bel autel, de magnifiques statues, un orgue remarquable et de riches ornements sacrés.

Les cérémonies durant les offices sont bien conduites. Elles nous rappellent nos belles paroisses du Canada.

M. le Curé Bourassa a aussi dirigé la construction d’un élégant presbytère et d’une bonne école capable de contenir plusieurs centaines d’enfants. Au mois de Septembre prochain, cette école sera sous la direction des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame.

M. le Curé Bourassa mérite sous tous les rapports de figurer parmi les meilleurs prêtres de notre clergé national aux États-Unis. Il a su s’attacher l’affection de tous ses paroissiens et se gagner le respect des protestants. Espérons qu’il vivra encore longtemps pour le bien de la religion et le bonheur de sa congrégation.

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